Chapitre 49

14 minutes de lecture

À bord du Décimeur, en vol vers Katalonia, 23 novembre 1999

Aramis Neg était dans la salle de commandement, assis face à un écran, en train de lire les rapports de certains officiers sous son commandement. Certains rendaient compte de victoires, d'autres, de déroutes. Il n'avait même pas terminé que les portes automatiques de la pièce s'ouvrirent, dévoilant l'un de ses subalternes paniqué, qui venait lui annoncer une information capitale.

—Amiral, fit l'officier. Un message du capitaine Trebor. Il mentionne la présence d'une armée robotique menée par un paranormal, près de la frontière katalo-mextrienne, là où nous avons subis de lourdes pertes.

—Lorage ! fit l'amiral Neg en tapant le poing sur l'accoudoir de son fauteuil. Akeba est proche de cet endroit il me semble ?

—Euh... oui. Ils sont à quelques dizaines de kilomètres des combats.

—Alors informez le de ce rapport et qu'il se déploie lui et son équipe ! Je veux qu'ils me rapportent le corps de Lorage !

—À vos ordres Amiral.

Neg regarda le jeune officier quitter la pièce. Lorsque les portes automatiques se refermèrent, il se leva et serra ses poings. Lorage commençait à l'ennuyer profondément. A lui seul, il mettait en péril l'avancée des troupes efdéèmes sur le continent pacifique. Même si le paranormal avait montré qu'il était également contre le Véerème, c'est au Efdéème qu'il avait, jusque là, causé le plus de tort.

Il se rassit et contacta l'empereur. Ce dernier apparut sur l'écran, il semblé fatigué. Peut-être parce qu'au Efdéème il était tard.

—Oui amiral.

—Nous avons des nouvelles sur la position de Jack Lorage. L'armée de capitaine Trebor a engagé le combat. J'ai ordonné le déploiement immédiat de Leonas et son équipe, sur les lieux. Espérons que le capitaine Trebor ait déjà éliminé Lorage avant leur arrivé. Je me dirige moi-même vers Katalonia, pour le rejoindre.

—Très bien amiral. Parfait. Lorage est fini. Il est pris au piège. Cette fois-ci, il ne pourra pas nous échapper. Il ne pourra rien face à la puissance de nos vaisseaux.

—Oui monsieur.

—Recontactez moi lorsqu'il sera... mort.

—À vos ordres.

***

Pendant ce temps, à des milliers de kilomètres de l'endroit que survolait le Décimeur, Jack Lorage avait depuis quelques dizaines de minutes, engagé le combat face à l'armée efdéème. Il était à la tête d'une armée de bots comptant mille unités. Ou plutôt qui en comptait mille avant de début de l'affrontement. Les bots étant certes, faciles à produire, ils étaient aussi très inférieurs aux soldats organiques, mieux entraînés et plus précis. Mais Lorage réussissait à compenser cet inconvénient par sa seule puissance. Ses pouvoirs étaient tellement grands qu'il arrivait à stopper à lui seul des escouades entières, à détruire des chars, des blindés, des hélicoptères, et bien d'autres engins encore. A un tel point que le capitaine Trebor, l'officier en charge de l'assaut efdéèmois avait décidé d'engager son vaisseau directement dans la bataille. Ainsi, Jack ne tarda pas à voir apparaître au ciel un engin de plusieurs dizaines de mètres de long.

—"Jack !" cria Elena par communication radio. "Le Efdéème envoie des renforts... Tu penses pouvoir gérer ?"

—Mais c'est une frégate Efdéème ! Cria Jack. Comment veux-tu que je gère ça ? T'as vu la taille ?! Et... et la puissance ? On n'a pas le choix, il faut se replier ! Ordonne le repli !

—"La météo", fit Elena, ignorant l'ordre de son ami. "Tu m'as montré que tu étais capable de déclencher les orages et manipuler la foudre".

—Où tu veux en venir ?

—"Le temps est à l'orage... Si tu arrivais à envoyer un éclair suffisamment puissant sur les réacteurs du vaisseau... ça devrait le faire s'écraser".

Jack observa le ciel. Il était effectivement très couvert et les premiers éclairs commençaient à jaillir. Il esquissa un léger sourire avant de répondre à sa complice.

—Ça vaut le coup d'essayer.

Le paranormal fit face à la frégate qui continuait de pilonner les forces robotiques. Il leva les bras et se concentra pour déclencher la foudre.

À bord de la frégate, l'un des hommes de bord remarqua le jeune homme. Il ne comprenait pas pourquoi il se tenait debout face au vaisseau, les bras levés vers lui.

—Euh...Monsieur, fit-il, appelant son supérieur, le capitaine Trebor. Regardez. Un type lève les bras vers nous.

Le capitaine s'avança vers l'écran et reconnut l'ennemi public de sa nation. Un sourire se dessina sur ses lèvres. Sûr de lui, et de la puissance de feu qu'il avait à sa disposition, il donna ses ordres à son équipage.

—C'est lui... C'est Lorage. Et il croit pouvoir faire quelque chose contre nous, dit-il en ricanant avant d'hausser le ton. A tous les artilleurs ! Feu à volonté sur cet homme !

La frégate braqua ses canons sur Jack. Ce dernier n'avait plus le temps, il devait toucher l'engin avant qu'il n'ouvre le feu. Il se concentra quelques secondes lorsque jaillit un immense éclair qu'il envoya en plein dans ses réacteurs. Une énorme explosion eut lieu, détruisant une partie du vaisseau.

L'équipage fut secoué par l'explosion. A bord, c'était l'incompréhension la plus totale.

—On est touché ! hurla le pilote.

—C'est impossible... Fit le capitaine Trebor. Comment est-ce possible ? Ils n'ont pas pu...

Trebor comprit son erreur. Celle d'avoir sous-estimé son ennemi. Lorage était bel et bien aussi puissant qu'on lui avait dis. Même plus encore. Personne n'aurait imaginé qu'il réussirait à détruire, à lui seul, une frégate efdéème.

L'engin commença sa chute lorsque le capitaine ordonna sans grand espoir à son équipage d'évacuer.

Très peu eurent le temps de regagner les capsules de sauvetage. A vrai dire, seuls ceux qui s'y trouvaient à proximité lors de l'explosion eurent le temps. La frégate s'écrasa au sol, en pleine forêt, avec encore à son bord, le capitaine Trebor, dans un vacarme comme jamais Jack n'en avait entendu.

Le jeune paranormal s'agenouilla au sol. Il n'en revenait pas de ce qu'il venait de faire. Il venait, à lui tout seul, de détruire un vaisseau de guerre efdéèmois.

—"Jack ! S'exclama Elena. Tu as réussi !"

—Ouais... Mais combien de bots étaient en dessous ?

—"La quasi totalité probablement... Mais ils étaient perdus de toute façon. La frégate les aurait détruits. Et puis ne t'inquiète pas, nous en avons suffisamment. Et les usines tournent toujours.

—Heureusement que Gary n'était pas là... Ou on l'aurait perdu.

—"L'essentiel c'est que tu sois sain et sauf... et que l'on a gagné cette bataille."

—Ouais... ça c'est sûr, on l'a bien gagné, fit Lorage en regardant au loin l'épave du vaisseau dans laquelle il continuait d'y avoir des explosions.

Jack venait de montrer qu'il était capable, avec son armée personnelle, de vaincre l'une des plus puissantes forces militaires utopiennes. Il en été fier et il voyait l'image qu'il avait de lui se renforcer. Il se considéra comme l'être le plus puissant qui n'ait jamais existé sur ce monde.

—"Je demande à ta navette de te récupérer", Reprit Elena.

—D'accord. J'attend.

Quelques minutes plus tard, une navette arriva au dessus de la potion de Jack. L'engin n'ayant pas assez de place pour atterrir, une femme ouvrit les portes et déroula une échelle que Jack utilisa pour monter. Une fois Jack à bord, la femme remonta l'échelle avant de refermer les portes.

—C'est bon on peut y aller ! Cria-t-elle au pilote qui était également une femme avant de s'adresser à Jack. C'est vous qui avez fait ça ? Je veux dire... la frégate efdéème... c'est vous ?

—Oui.

La femme regarda le paranormal d'un air impressionné. Quand soudain, la pilote leur adressa la parole.

—On a un problème ! On est suivis !

—Quoi ?! fit Jack en se dirigeant vers le cockpit. Mais par qui ?

—J'en sais rien, fit le pilote. Mais une navette s'est positionné derrière nous.

Lorage et les deux femmes ignoraient qu'à bord de l'engin qui les poursuivait, se trouvait le chasseur de prime le plus dangereux d'Utopia. Et qu'il n'était pas seul.

La navette d'Akeba ouvrit le feu sur celle de Lorage et endommagea ses réacteurs.

—On est touchés ! hurla la pilote. On va s'écraser !

Jack fut prit de panique. Il se souvint qu'autrefois il avait peur de prendre l'avion, ou un quelconque transport aérien. Il se souvenait alors pourquoi.

Il se précipita vers les portes de la navette avant de les ouvrir. Il savait qu'il pouvait utiliser ses pouvoirs pour amortir sa chute. Il resta agripper à une barre en attendant que l'engin soit suffisamment bas pour qu'il puisse sauter. Pendant ce temps, le pilote tenter le tout pour le tout, en essayant de reprendre le contrôle de l'appareil et le faire atterrir le plus en douceur possible.

Lorsque la navette fut suffisamment basse, Jack sauta. Après quoi il vit l'autre navette ouvrir à nouveau le feu sur sa navette qui fut désintégrée avant de toucher le sol. Il réalisa qu'il venait d'échapper à la mort. Ce qui n'était pas le cas du pilote et de l'autre femme.

À bord de l'autre navette, Kleon Dragonoff et Leho Lanissa criaient déjà victoire, pensant que Lorage était mort.

—Amenez nous, à côté de l'épave de cette navette, ordonna Akeba au pilote.

—Quoi ? fit Mallick Ramza. Mais il est mort... C'est bon là, non ?

—Neg veut qu'on lui apporte une preuve. Alors on descend, on retrouve un morceau de son corps ou n'importe quoi qui pourrait être à lui et on le rapporte à Neg.

Le pilote s'exécuta et conduit l'escouade de Leonas à proximité du lieu du crash. La ville ayant été évacuée lors des premiers affrontements, il ne restaient plus beaucoup de civils. Et les rares qui étaient encore présents, étaient soit calfeutrés chez eux, soit dehors en train de crier de panique après que Lorage eut vaincu la frégate efdéème et après le crash de la navette.

Akeba et son équipe posèrent le pied au sol et coururent vers les restes de la navette de Lorage.

—Il ne doit plus en rester grand chose... fit Lanissa. Le seul capable de résister à une telle explosion c'est Stone.

—Je t'emmerde, fit ce dernier.

—Putain... j'en reviens pas qu'on en soit enfin débarrassé et qu'on va enfin toucher notre prime, fit Akeba.

Kleon Dragonoff et Eldiir Fel-Venar furent les premiers à arriver à l'épave de la navette. Très vite, ils constatèrent que quelque chose clochait.

—Leonas ! On a un problème ! Cria Fel-Venar.

—Quoi ?!

—Il y a que deux corps ! précisa Dragonoff.

—Et alors ?! Lorage et le pilote !

—Je ne crois pas, fit le second elfe. À moins que Lorage ne se soit transformé en femme...

—Quoi ?! Fit Leonas qui comprit que sa cible n'était pas à bord au moment du crash. Putain !

L'explosion occasionnée par le crash avait fait s'effondrer une partie du sol, donnant alors accès à ce qui semblait être le réseau de canalisation de la ville.

—Il a peut-être survécu et il s'est barré par là ! dit Dragonoff.

—Impossible ! Pourquoi aurait-il survécu ? Répondit Akeba. Il n'était pas dans la navette, c'est tout !

—Oh que si j'y étais ! cria une voix masculine. Mais j'ai sauté avant le crash.

Akeba et son équipe se tournèrent vers l'individu en braquant leurs armes sur lui. Il s'agissait de Lorage qui s'avança vers eux.

—Vous avez rater votre coup.

—Feu à volonté ! hurla Leonas.

Toute l'équipe ouvrit le feu et n'arrêta de tirer que lorsque leurs chargeurs étaient vides. Jack arrêta et dévia certaines balles le temps d'atteindre le trou qui donnait vers le réseau de canalisation. Il s'y engouffra, espérant que ses assaillants le poursuivent.

—Il est entré là-dedans ! cria Stone.

—Alors on va le suivre, répondit Akéba. Rechargez vos armes et suivez-moi.

Toute l'équipe s'exécuta. Tous rechargèrent leur fusil avant d'entrer par là où avait fui leur cible. Akéba ouvrit la marche et Fel'Venar était le dernier de la file.

—Surtout, ajouta Léonas. Quoi qu'il arrive, on reste en contact radio, c'est compris ?

L'équipe acquiesça.

—Alors en avant. On trouve ce fils de pute, on l'abat, et on empoche la prime.

Après quelques pas, la lumière se faisait de plus en plus rare. Les mercenaires durent allumer leurs lampes torches, fixées sur leurs armes.

—Putain... Quelle idée on a eu de l'attaquer de nuit, fit Lého Lanissa.

—Ta gueule, lui répondit Ramza. Restons sur nos gardes.

Après quelques pas, Fel'Venar fut saisit par une force invisible et disparut après avoir poussé un cri. L'équipe se retourna et constata que l'elfe avait disparu.

Ils entendirent au loin un autre cris. Ils reconnurent celui de Fel'Venar.

-Eldiir, dit Ramza tout bas.

—Putain... on fait quoi ? demanda Lanissa qui commençait à paniquer.

—On ne baisse pas la garde, lui répondit Leonas.

—Putain... et on voit rien, reprit le Komitose avant de s'adresser à Cyberstone. Toi... t'as pas un mode de vision nocturne dans ton putain d'œil bionique ?

—La ferme, fit Akeba. Je crois qu'il vaut mieux qu'on se sépare... Ramza... Toi, Dragonoff et Stone, vous prenez à droite. Lanissa et moi, nous continuons tout droit.

—Ok, dit Ramza avant de faire signe à Stone et Dragonoff de la suivre.

Les trois mercenaires prirent alors à droite, comme leur avait ordonné Leonas, pendant que ce dernier, accompagné du tireur d'élite Komitose continuèrent tout droit. Ils avaient déjà affronté de nombreux ennemis. Ils étaient réputés être des tueurs hors pair, ne craignant rien ni personne. Mais pourtant, ils avaient peur. Jamais ils n'étaient tombé sur un être comme Jack Lorage.

Quelques minutes plus tard, alors que le groupe de Ramza avançait lentement dans le réseau souterrain, ils entendirent le rire glaçant d'un homme. Ils devinèrent qu'il s'agissait de Lorage et qu'il prenait cette "traque" pour un jeu.

Il tombèrent sur le corps de Fel'Venar. Il furent tétanisé par ce qui s'offrait à eux. Mallick Ramza contacta Akeba.

—Chef, on a retrouvé le corps d'Eldiir. Ou plutôt ce qu'il en reste. Il lui a retourné la tête... et le bassin aussi.

—"Ne vous arrêtez pas, continuez."

Ramza ravala sa salive et continua d'avancer. Des perles de sueur coulaient sur son front. Elle était tiraillée entre son désir de tuer Lorage et d'empocher la prime et son instinct de survie qui lui disait de fuir.

Soudain, ce fut au tour de Dragonoff de connaître le même sort que Eldiir Fel'Venar. Ramza et Stone entendirent quelque chose craquer, comme des os. Et lorsqu'ils se retournèrent, ils virent leur camarade avec une barre de métal traversant son crâne.

Ils ouvrirent le feu sans savoir si leur cible se trouvait derrière Dragonoff. Ramza s'arrêta vite de tirer pour recontacter Akéba.

—Léonas... On a perdu Dragonnof. Lorage... il...

—"zzzt liez vous.

—Merde, la liaison est mauvaise.

—"J'arrive zzers votre zzzition".

—Ok, termina Ramza avant de ranger son communicateur et de reprendre le feu.

Soudain, elle et Stone entendirent un autre cri, au loin et reconnurent Lého Lanissa. Lorage était donc sur la position d'Akéba. Ramza et Stone se retournèrent vers l'origine du cri et épaulèrent leurs armes tout en se mettant en position de tir. Il restèrent dans cette position pendant plusieurs secondes avant que Mallick n'entende un bruit venant de derrière elle. Elle se tourna et rien. Il n'y avait rien. Elle et Stone était dos à dos. Lorage donnait littéralement l'impression d'être à plusieurs endroits en même temps.

—Stone... Tu... tu ne vois rien avec ton œil cybernétique ? T'es pas censé avoir un mode de vison infrarouge ou un truc du genre.

—Si... mais je ne vois rien.

—Comment ça "tu ne vois rien"?

—Je ne vois personne.

—Merde !

Soudain, un corps fut projeté sur eux. Ils eurent à peine le temps de l'éviter, avant de se rendre compte qu'il s'agissait de celui de Lanissa, le visage figé dans l'horreur. Comme s'il était mort de peur. Ramza se sentit mal. Elle se sentait impuissante et ne voulait pas finir comme le Komitose ou comme Dragonnof, quoi qui lui soit arrivé.

Il y avait une traînée de sang, montrant que le corps du Komitose avait été trainé jusqu'à eux.

—Il a traîné son corps jusqu'à nous. Il joue avec nous, dit Mallick à elle même avant de s'adresser à son coéquipier. Stone... On ne peut rien contre lui.

—Quoi ?! s'exclama le cyborg. Mais tu proposes quoi alors ?

—Il faut fuir.

—En voilà une bonne idée, fit une voix. Mais il est trop tard pour ça.

Stone et Ramza furent stoppés net par une force invisible. Ramza comprit que le paranormal les avait sans doute pris à revers. Ils furent pivotés à cent-quatre-vingt degrés par cette même force et se retrouvèrent face au paranormal qui les observa quelques secondes.

—Un Cyborg... Intéressant, fit Jack en parlant de CyberStone. Qu'est-ce que ça te rapporte toutes ces prothèses bioniques ? Force ? Vitesse ? Précision ? En tout cas, je connais quelqu'un qui serait ravie de te rencontrer. Que dirais tu de travailler pour moi ?

—Ne l'écoute pas Stone, fit Ramza. Il cherche à te manipuler.

—Silence toi ! lui dit Jack. C'est à lui que je m'adresse. Pas à toi. D'ailleurs, contrairement à lui, tu ne m'est d'aucune utilité.

Jack brisa la nuque de la mercenaire avant de la relâcher au sol. CyberStone assista impuissant à la scène. Il était impressionné et terrifié par l'aisance avec laquelle le jeune homme utilisait ses pouvoirs.

—Alors ? lui demanda Jack en lui tendant la main.

Stone se débattait. Il essayait de reprendre contrôle de son propre corps. Mais en vain. Ses muscles et ses membres cybernétiques répondaient, mais étaient bloqués par cette force invisible.

—Tu ne peux rien contre moi, lui dit Lorage. Personne n'est de taille face à moi. Je pourrais te tuer aussi aisément que j'ai tué cette femme. Mais je t'offre une chance de me rejoindre. De connaître la vérité sur ce qui risque d'arriver au monde si je ne fais rien. Qu'en dis-tu ? Tu pourrais être beaucoup plus important que tu ne l'es aujourd'hui.

Le cyborg laissa passer quelques secondes avant de de répondre.

—D'accord...

—Bien, fit Jack en le relâchant. Comme je l'ai dis, tu me seras utile. J'ai des projets pour toi mon ami. Tu es un grand combattant, non ?

—Ouais, fit Stone. Le meilleur.

—Tu auras l'occasion de te battre pour moi. Je te le promet.

Jack marqua une pause avant de reprendre.

—Tu es Cyborg... Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ? demanda Lorage.

La question gênait un peu Stone qui avait encore au travers de la gorge ce qui s'était passé. Il ne se souvenait plus vraiment de l'instant où il avait failli mourir. Mais on lui avait raconté.

—Adrième, répondit le mercenaire. J'étais à Adrième il y a quelques années, quand une ordure à tiré au lance-roquette sur moi. J'ai survécu. Mais j'étais dans un piteux état.

—J'imagine... C'est le Efdéème qui t'as rafistolé ?

—"Amélioré"... ils disent qu'ils m'ont amélioré. Et... oui, c'est eux.

—Bon, fit Jack. Vous avez abattu ma navette. J'ai dû en appeler une autre. Elle n'arrivera pas avant quelques heures probablement. En attendant, il faut qu'on sorte d'ici et qu'on trouve un coin tranquille. Àl'abri des forces efdéèmes.

Akeba était adossé contre un mur, et écoutait la conversation. Il était furieux de la traîtrise de Stone, mais il était conscient qu'il venait d'avoir une chance incroyable en échappant à Lorage et que ça ne se reproduirait sans doute jamais. Il savait qu'il valait mieux les laisser filer que de tenter quoi que ce soit. Lorage lui avait montré qu'il ne faisait pas le poids face à lui. Il attendit quelques minutes, le temps d'être certain que Stone et son nouvel ami soient sortis, pour en faire de même.

Lorsqu'il sortit du réseau souterrain, Akeba se prit la pluie en pleine figure. Il fonça vers la navette efdéème, qui l'avait déposé à cet endroit, avant d'abattre les deux pilotes. Après quoi il s'installa aux commandes de l'appareil et le fit décoller au quart de tour. Il voulait quitter l'endroit le plus vite possible. Partir loin, très loin. Là où il serait hors de portée de ce monstre. Au diable la prime qui lui avait été promise en cas de réussite de sa mission. Pour la première fois de sa carrière de malfrat, il tenait plus à sa vie qu'à l'argent. Il ne savait pas comment le Efdéème réagirait face à son échec. Et il ne tenait pas à le savoir. Il préférait se faire passer pour mort.

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