Chapitre 39

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Palais impérial efdéèmois, Chérron Efdéème, Utopia, 14 janvier 1994

L'empereur Emilien avait reçu un appel venant du capitaine Kérode, du croiseur Le Finisseur. Selon lui, un soldat l'aurait contacté avant de mourir pour l'avertir que le paranormal qui était censé avoir été tué lors du bombardement de Raenimor, était toujours en vie.

Emilien n'en revenait pas. Comment avait-il pu survivre à ça ? Comment avait-il pu avoir le temps de partir ? Il se souvint aussi lorsque ce Jack Lorage lui avait dit de le laisser partir. Et que s'il tentait quoi que ce soit pour l'arrêter, il reviendrait le tuer.

Après l'intrusion de Jack dans son palais, l'empereur avait fait fortifier sa demeure. Encore plus qu'elle ne l'était avant. Désormais, près de cinq-cent hommes gardaient le palais. Des tourelles anti-aériennes avaient été entreposés aux quatres coins du palais.

—Amiral Neg...

—"Oui majesté ?"

—C'est à propos de Lorage... Il semblerait qu'il soit encore en vie.

—"Comment ? Mais... c'est impossible."

—Le petit groupe de la Force Ecarlate que j'ai fait envoyé à l'emplacement de la fontaine d'Icarus, mentionnée dans les écrits de Chiméra, a été décimé. L'un des soldats, avant de mourir a eu le temps de contacter le capitaine Kérode pour lui annoncer la nouvelle.

—"Mais... Raenimor a été détruite. Il n'y a pas eu de survivant..."

—Pas de survivant à part lui, amiral.

Aramis Neg attendit quelques instants le temps de réaliser, avant de reprendre.

—"Quels sont vos ordres majesté ?"

—Le petit commando que vous avez constitué, l'équipe de Léonas... je veux qu'ils traquent Lorage.

—"Qu'ils le traquent ?"

—Jack Lorage est sans doute actuellement le paranormal le plus dangereux du monde. Et la guerre de Dalkia et les événements d'Adrième nous on clairement fait voir qu'il était rangé dans le camp de nos ennemis. C'est un atout pour nos ennemis. Il doit être éliminé.

L'empereur ignorait que Jack Lorage n'en avait que faire du Véerème. Bien qu'il s'était dressé contre l'envahisseur efdéèmois durant la guerre de Dalkia et qu'il avait pris le parti des nord-véerèmois lors de l'attaque d'Adrième par le "Front de Libération pacifique", il avait tourné le dos à tout ça. Aujourd'hui, il agissait pour sa propre cause. Chose qu'Emilien ignorait.

—"Bien monsieur." Répondit l'Amiral Neg.

***

En vol au dessus de Pacifia, en direction du Pays des Rêves, 14 janvier 1994, vers 23h00

Après avoir vu ce que la fontaine d'Icarus lui donnait à voir, Jack avait décidé aussitôt de se rendre au Pays des Rêves afin d'y récupérer la fameuse "épée de l'Amour". Bien entendu, ni Elena ni le pilote de la navette ne connaissait l'existence de ce pays. C'est donc Jack qui dû guider le pilote. Pour deux raisons, il lui ordonna de se poser à quelques kilomètres du pays et non pas dans le pays directement. La première raison était que s'il se posait au Pays des Rêves, Naturia le saurait. La deuxième raison était une volonté de la protectrice du pays, que Jack voulait respecter.

Une fois la navette au sol, Jack enfila un manteau gris et endossa un sac.

—Jack... fit Elena. Il te faut une escouade de Bots. Laisse moi appeler du renfort.

—NON ! cria fermement Lorage. PAS de présence armée. C'est la volonté de Naturia.

—Mais...

—Même si elle n'est pas dans notre camp, coupa Jack. C'est elle qui m'a appris tout ce que je sais faire. Et je la respecte autant que je respecte ce pays.

Lorage attendit quelques secondes avant de reprendre plus calmement.

—Naturia m'a dit que ce pays n'a jamais connu la guerre de toute son histoire. Je n'ai donc pas envie de déclencher une guerre ici.

Même si Naturia n'était pas du tout d'accord avec ce que faisait Jack, ce dernier éprouvait un profond respect pour elle. Comme il venait de le dire à Elena, c'était grâce à elle qu'il savait maîtriser ses dons. Lorage se déploya au Pays des Rêves. Seul, comme il le souhaitait.

Il avait peur que la protectrice ressente sa présence. C'est pourquoi il décida de se dépêcher. Il se pressa d'atteindre le petit village où il avait passé une grande partie de son séjour au pays. De là, il se souvenait très bien du chemin à prendre pour atteindre le Domaine des Héros.

—Dans ce cas, bonne chance, lui fit la jeune femme avant de tapoter du doigt son oreillette. On reste en contact radio.

—Ouais, la rassura Jack en tapotant à son tour sa propre oreillette. T'en fait pas.

De là, il commença sa marche vers l'endroit où était conservée la fameuse épée : le Domaine des Héros. En chemin, il repensa à toutes ces statues qui y étaient présentes. Tout ces Héros, ces Vilains qui avaient suffisamment marqué le monde pour que le Pays des Rêves les immortalisent en réalisant leurs statues. Jack s'imaginait voir la sienne être ajoutée à la collection. Il était persuadé de faire le bien. Il se voyait être ajouté du côté des bons. Il était persuadé d'agir pour le bien, et pour lui, il fallait juste que le monde s'en rende compte.

Une fois entré dans le pays des rêves, même s'il faisait nuit et qu'il avait peu de chance d'être vu, il dissimula sa tête sous la capuche de son manteau puis continua d'avancer. Il savait où se situait le domaine des Héros. Il était encore assez loin de là où il était, s'il devait y aller à pied. Mais il n'avait pas le choix. il ne pouvait pas emprunter l'un de ces "transports-nuages" au risque d'être vu et reconnu. Il devait donc faire le trajet à pied. Ce qui lui prendrait une bonne heure, en marchant vite.

***

Lorsqu'il arriva dans le Domaine des Héros, Jack constata que l'épée n'était plus là. Il comprit que Naturia savait qu'il viendrait un jour pour la voler. Pour lui ça ne faisait aucun doute. Même s'il la respectait, il était furieux contre elle.

—Elle l'a déplacé... se dit-il à lui-même, oubliant qu'Elena était en liaison avec lui.

—"Quoi ?" demanda cette dernière.

—L'épée... Elle n'est plus là. Elle savait que je viendrais, répondit Jack avec rage. Elle le savait.

Lorage était d'autant plus furieux qu'il n'avait pas le temps de fouiller de fond en comble le Domaine. Si toutefois l'épée y était toujours, ce qui selon lui, était peu probable. Si Naturia savait qu'il viendrait un jour pour prendre l'épée, elle ne l'aurait pas déplacé pour la cacher dans un autre endroit du Domaine des Héros. Non. Pour Jack elle était forcement ailleurs. Peut-être même qu'elle n'était plus au Pays des Rêves. Peut-être l'avait elle confiée aux MOCH ou remise à cet "Archangel". En tout cas, il savait qu'il ne mettrait pas la main dessus aujourd'hui.

—"Alors la mission est un échec..." fit Elena.

—Non, dit Jack. Pas encore. Il y a autre chose... Pas aussi intéressant que l'épée... Mais quelque chose qui en vaut quand même la peine.

Il s'approcha d'une autre vitrine, celle où était le chaperon rouge. Il se souvint de ce que lui avait raconté Naturia, lorsqu'elle le lui présenta. Il était maudit et dangereux pour quiconque l'endossait. Il était donc hors de question pour Jack de l'enfiler. Mais il avait une autre idée en tête. Il brisa la vitre et s'en empara. Il le mit dans le sac qu'il avait emporté avec lui. Naturia avait peut-être deviné que son ancien élève viendrait pour prendre l'épée de l'Amour... En revanche elle ne s'attendait probablement pas à ce qu'il soit suffisamment fou pour s'emparer du chaperon. Tout simplement parce qu'elle n'avait aucune idée de ce qu'il aurait pu en faire.

Une fois cette "chose" rangée dans son sac, Jack décida qu'il était temps pour lui de quitter ce pays. Il reprit donc la même route qu'il avait prise pour arriver au domaine des Héros, mais cette fois-ci, en sens inverse.

Après quelques minutes, il tomba sur un Gnome. Petit, la barbe assez longue pour un être de sa taille, blanche, vêtu chaudement, qui s'apprêtait à rentrer dans sa petite maison en forme de champignon.

—Oh... bonsoir, fit-il.

—Bonsoir, lui répondit simplement Jack tout en continuant sa route.

—Attendez, le retint l'autochtone.

Jack s'arrêta net, craignant d'avoir été reconnu.

—Vous n'êtes pas...

—Qui ? Demanda froidement le paranormal.

—L'ami de la protectrice ?

Un flot d'énergie parcouru Jack. A son arrivée, il avait peur d'être reconnu, et à présent c'était le cas. Si la scène ne s'était pas déroulée dans le Pays des Rêves, il aurait probablement tué le pauvre Gnome pour éviter tout risque qu'il aille parler de lui à Naturia. Mais il ne voulait pas. Pas ici. Il ne voulait pas verser le sang dans ce magnifique pays où il avait appris à être ce qu'il était de son point de vue : l'être le plus puissant d'Utopia. De plus, le fait que le petit être ne se soit pas enfui en courant en le voyant, montrait que Naturia ne leur avait pas raconté ce qu'il avait fait. Il prit une profonde inspiration, puis expira avant de répondre.

—Je m'en vais... J'étais juste passé récupérer quelque chose que j'avais oublié.

—Oh... Alors permettez moi de vous souhaiter bonne route.

—Merci... Prenez soin de vous.

Après quelque secondes, Elena qui avait entendu son ami converser, l'interrogea.

—"Qui c'était ?"

—Un Gnome.

—"Un Gnome ?"

Elena n'avait entendu parler de ces êtres que dans les contes pour enfants. Tout comme Jack quelques années avant, elle ne savait pas qu'ils existaient réellement.

—Oui, les habitants du pays des rêves... Enfin... les habitants parmi d'autres.

—"Mais... il t'a reconnu ?"

—Ouais.

—"Et s'il informe cette "Naturia" de ta présence ?"

—Raison de plus pour que je me tire d'ici le plus vite possible.

***

Lorsqu'il arriva au vaisseau, Elena fut surprise de le voir revenir les mains vides.

—Mais... tu n'avais pas dit que tu reviendrais avec "autre chose" ?

—Si, répondit Lorage en posant son sac avant de l'ouvrir pour y prendre le chaperon. Avec ça, termina-t-il.

La jeune femme regarda le vêtement avec scepticisme. Elle ne voyait pas en quoi une espèce de manteau leur serait utile dans leur quête d'apporter la paix sur Utopia.

—Et en quoi un "manteau" rouge pourrait nous être utile ? Demanda-t-elle.

—Ce n'est pas un simple manteau, répondit Lorage, en le dépliant devant elle. D'après Naturia, il serait maudit et renfermerait une puissance infernale.

—Maudit ? Vraiment ? interrogea la jeune femme qui se demandait pourquoi son ami avait tenu à rapporter avec lui un objet "maudit".

—Celui qui l'enfile perd le contrôle de lui-même et devient un tueur des plus dangereux, compléta le paranormal. C'est ce qu'elle m'a dit, oui.

—Ah oui ? Il parait donc plus dangereux qu'utile. A qui voudrait tu refiler ce truc au juste ? S'il est maudit, personne ne voudra l'enfiler...

—D'une part, tout le monde ne sait pas qu'il est maudit... Ceux qui l'ont enfilé l'ignoraient... Et ça s'est retourné contre-eux. D'autre part, c'est à un bot que je voudrais le refiler.

—Quoi ? à un Bot ? Parce que ce truc fonctionne aussi sur les robots ?

—Je n'en sais rien... mais imagines un instant que oui... tes robots étant programmés pour nous obéir, si on équipe l'un des Bots avec ça, et que ça fonctionne, on aura un Bot optimisé en quelque sorte... Un tueur hors-pair.

Elena esquissa un léger sourire.

—Tu veux dire qu'on aurait une espèce de... "Mégabot" ou un truc du genre ?

—Bien que je trouve le nom ridicule, tu as compris l'idée.

Elena réfléchit un instant. Elle avait confiance en Jack, c'est pourquoi elle accepta de le suivre sur ce plan.

—J'apprécie l'idée... à condition que ça ne se retourne pas contre nous.

—Je te le promet, Elena. S'il tente quoi que ce soit contre nous, on l'élimine.

—Ok, fit Elena avant de se tourner vers le pilote. On décolle, direction la base.

—Compris madame, fit le pilote avant de démarrer les moteurs de l'appareil. On retourne à la base.

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