Chapitre 19

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Grant Kodyn se trouvait toujours face au Léonéen. Ce dernier portait un bouclier pare-balle de la main gauche et dégaina de la main droite un immense couteau. Pour eux, il s'agissait d'un couteau. Dans les mains d'un Humain, moins impressionnants que les premiers en terme de gabarit, il s'agirait presque d'une épée ou d'un sabre.

—Je reconnais les symboles de ton casque... Tu n'es pas n'importe quel MOCH... T'es leur chef.

En effet, les deux bandes rouges partant du bas de la visière, rouge elle aussi, du Commando pour terminer au bas du casque, ainsi que la petite cape pourpre, ne trompaient pas. Tous ces attributs étaient ceux du commandant des légendaires guerriers du Mouvement Chevaleresque.

—On se connait ? demanda l'intéressé, surpris de découvrir que son interlocuteur connaissait si bien les MOCH.

—Il y a presque dix ans, toi et tes hommes, vous avez attaqué une fabrique d'arme à Katalonia. Une fabrique appartenant à Arator Krait, qui ce jour-là, se trouvait dans la fabrique pour contrôler en personne l'avancement de sa production. Dans votre assaut, vous l'avez tué.

Kodyn connaissait bien cette mission. Elle concernait une fabrique d'armes clandestine qui servait à fournir certaines organisations criminelles partenaires d'Arator Krait, qui lui-même était un associé du grand Orko. Le Léonéen avait raison, à un détail près. Contrairement à ce qu'il pouvait croire, Grant Kodyn n'avait pas participé à l'opération. À cette époque-là, il n'était même pas encore le chef des Commandos MOCH. Son père en revanche, oui. Et c'est sûrement avec lui que le léonéen était en train de le confondre.

—Ce n'était pas moi... à l'époque je ne dirigeais pas les MOCH. C'était mon père. Et il a fait ce qu'il fallait faire pour empêcher les pourritures de ton genre de nuire aux kataloniens, lui dit-il avant de s'intéresser plus particulièrement à l'individu en face de lui. Et toi ? Qui es tu ?

—Je suis Simus Krait... fils d'Arator Krait, Et tu vas payer pour la mort de mon père ! répondit le Léonéen fièrement avant de charger vers sa cible.

Kodyn dégaina son pistolet et tira à trois reprises sur l'assaillant qui bloqua les tirs avec son bouclier. Le MOCH était littéralement dos au mur, il ne pouvait pas reculer. Son adversaire arriva sur lui et lui asséna un puissant coup de bouclier qui le fit tomber au sol, après quoi il lui arracha le pistolet de ses mains pour le jeter hors de sa portée. Après ça, le Léonéen lacha son bouclier afin de libérer son bras gauche et soulever Kodyn par le cou.

—Les Humains... dit-il d'un air las. Si fragiles. Je ne comprend pas pourquoi les miens vous apprécie tant...

—Peut-être... commença à répondre Grant qui avait du mal à parler à cause de la pression qu'exerçait Krait sur sa gorge. Peut-être parce que... nous sommes imprévisibles.

Le MOCH lui donna un coup de pied dans le ventre, lui faisant perdre prise. Puis enchaîna avec un coup de poing en plein dans la mâchoire du félin humanoïde.

—Tu crois que ça m'a fait mal ?! lui demanda ironiquement Krait.

—Non... répondit Kodyn en sortant son couteau de combat qu'il portait toujours au niveau de son plastron. Mais ça oui.

Il l'envoya en plein dans le torse de Simus qui poussa un hurlement bestial. Après quoi, Kodyn ramassa son pistolet puis tira deux balles vers son ennemi qui n'avait plus son bouclier en main pour s'en protéger. La première balle se planta dans l'épaule droite du Léonéen, la seconde en plein torse. Krait s'écroula.

—La force physique ne fait pas tout... dit Grant avant de rengainer son pistolet. Et ça... Nous, les Humains, l'avons bien compris.

Après avoir triomphé de son adversaire, Grant rechercha son fusil, le ramassa et continua son chemin vers la sortie, n'ayant pas vu que Simus Krait était toujours vivant. Ce dernier se releva silencieusement, passant au dessus de sa douleur, ramassa son couteau, puis courut vers le MOCH avec la ferme intention d'en finir avec lui en le prenant par surprise.

Lorsque Kodyn entendit les bruits de pas lourds du Léonéen, il était déjà trop tard. Simus Krait n'était plus qu'à deux ou trois foulées de lui.

Le léonéen fut coupé dans son élan par un puissant coup de feu après quoi il tomba sur les genoux avant de s'effondrer au sol, cette fois-ci, pour de bon, laissant apparaître la silhouette de Bénédicte Caldéra épaulant sont fusil de précision.

—Je t'avais dis de continuer... lui dit Grant.

—Et moi j'ai senti que vous aviez besoin d'aide, ajouta Caldéra en abaissant son arme.

La jeune femme avait raison. Si elle n'était pas venue, Krait aurait pu le tuer.

—Ouais... en tout cas, merci.... Où sont les autres ?

—Les autres ? Eux par contre ont suivis vos ordres... Ils marchent vers le "point de rassemblement ennemi".

—Très bien... on a plus qu'à les rejoindre.

Bénédicte accompagna Grant par là où elle était entrée, la bouche de métro elle-même. Une fois sortis, il leur resterait alors plus qu'à regagner le reste de leur équipe, comme l'a dit Grant.

***

Au même moment, à quelques centaines de mètres de là, Akeba Léonas était, avec d'autres mercenaires, sur le chemin vers les navettes qui devaient les évacuer. Stone quand à lui, ne semblait pas vouloir partir. Il prenait un profond plaisir à décimer les rangs des troupes nord-véerèmes. Depuis son arrivé en ville, des dizaines de soldats nord-véerèmois avaient péris sous ses balles. La mort de ses victimes avait sur lui un effet comparable à l'adrénaline. Chaque cible abattue l'encourageait à éliminer la suivante. Beaucoup de mercenaires du sois disant "Front de Libération pacifique" considéraient secrètement Stone comme un fou. Mais tous étaient heureux de le savoir dans leur camp plutôt que contre eux.

—Stone ! cria Léonas. Il faut partir !

—C'est ça ?! Demanda Stone en hurlant. C'est ça l'armée nord-véerème ?! Une bande de petits cons incapables de tirer à plus de dix mètres ?!

Ce que disait Stone était exagéré. L'armée nord-véerème était classée parmi les armées les plus puissantes d'Utopia, loin derrière son voisin du sud et le Efdéème. Voyant que son "ami" ne voulait pas partir, Akeba se dirigea vers lui et posa sa main sur son épaule, comme pour l'inciter à le suivre.

—Stone ! Il faut partir ! C'est un ordre ! La mission est finie !

Soudain, il vit arriver au loin, une escouade de soldats en armures qu'il identifia comme étant les commandos MOCH que lui avait signalé l'unité destrier 2, quelques minutes plus tôt. Ils étaient accompagnés de soldats dalkiens qui venaient d'être déployés.

—Les MOCH... Qu'on m'amène un lance roquette ! cria Léonas avant de s'adresser à Stone. Finalement, toi et moi on va encore rester s'amuser un peu.

Le mercenaire fou le regarda en souriant.

—Distribution de plomb gratuit ! cria t-il.

L'elfe arracha un lance-roquette des mains d'un mercenaire Komitose qui venait le lui apporter.

—Tu vas voir si les MOCH sont les meilleurs guerriers... se dit-il pour lui-même en épaulant le lance-roquette. Stone ! Couvre moi !

Akeba tira une roquette vers les MOCH. Ceux-ci n'eurent pas tous le temps de se mettre à couvert à temps. Deux d'entre-eux périrent dans l'explosion. Le chasseur de prime Elfe et Stone éclatèrent de rire.

—Allez ! On vous attends ! hurla Stone tout en tirant sur ses adversaires, les poussant à se mettre à couvert. On vous attend... On vous att...

Un obus de char nord-véerèmois explosa juste à côté de Stone. Ce dernier fut projeté dans les airs avant de retomber quelques mètres plus loin.

—Stone ! Cria Akeba en courant vers lui.

Ce qui s'offrit à ses yeux lui donna la nausée. L'explosion avait arraché la jambe gauche et l'avant-bras droit du mercenaire. Toute la partie gauche de son visage était plus ou moins brûlée. Y compris l'œil. Mais malgré ça, Stone était toujours en vie et conscient. Il hurlait de douleur.

—Ramza ! N'importe qui ! aidez moi ! fit Akeba.

La jeune femme entendit l'appel de son supérieur et se précipita vers lui avec un autre mercenaire humain.

—Bordel... fit-elle.

—Il faut le ramener à la navette... ordonna Léonas.

—Il ne tiendra pas, ajouta Mallick Ramza, septique. Il ne...

—Fais ce que je te dis !

Les trois mercenaires portèrent Stone qui continuait de crier tant la douleur devait être horrible.

—Faites les payer ! cria Léonas aux autres mercenaires tout en portant Stone vers l'une des navettes de repli. Faites les payer !

Akeba, Mallick et le troisième mercenaire réussièrent à transporter Stone jusqu'à une navette de transport.

—On décolle ! ordonna l'elfe aux pilotes. Ramenez-nous au centre médical le plus proche... à Pacifia, Narfilonia... N'importe où !

—Chef, intervint Mallick Ramza. La médecine elfique est réputée mais pas au point de faire des miracles... Je crains qu'ils ne soient pas capables de sauver Stone sans la technologie de pointe. Et vu qu'on est recherchés par tous les pays les plus avancés, Il faudrait l'amener au Efdéème...

—Mais c'est à plus de dix heures de navette ! On y sera jamais à temps !

***

Pendant ce temps, en face de la position des hommes du Front de libération, les troupes nord-véerèmes, aidées par les forces dalkiennes et les quelques Commandos MOCH, faisaient pression sur l'ennemi pour les empêcher de fuir. Les tirs de fusils, les tirs de canons et de char contre le Front de libération n'en finissaient plus. Sachant que plus aucun civil ne se trouvaient dans ce quartier, l'armée nord-véerème avait décidé de passer à la vitesse supérieure.

Après ce qui venait d'arriver à Stone, Akeba avait pris la décision de stopper un moment le repli pour tenter de faire encore plus de victimes, bien que l'effectif de ses hommes se réduisaient drastiquement de minute en minute. Certains mercenaires trouvèrent néanmoins un moyen de contourner les forces nord-véerèmes et leurs alliés pour prendre position sur le toit d'un petit immeuble, tel ce petit groupe cosmopolite constitué d'Humains, de Komitoses et d'un Léonéen. Dans le feu de l'action, personne ne les avait vu s'y rendre. Ils étaient au nombre de sept. Tous armés de mitrailleuses et de fusils d'assaut ARK-45. Ils ouvrirent le feu sur un petit groupe de nord-véerèmois, de dalkiens et de MOCH.

Les tireurs furent désemparés lorsqu'ils réalisèrent que leurs projectiles furent stoppés net sans aucune raison apparente avant d'apercevoir, mêlée dans le groupe, une jeune elfe qui tendait les bras vers eux. Il s'agissait de Naturia. Elle avait fini par se dire qu'elle serait plus utile auprès des militaires pendant que Jack, continuait de secourir les victimes. Elle venait d'utiliser ses pouvoirs pour stopper les balles des assaillants. C'est comme si elle avait réussi à créer une espèce d'écran de protection autour de ses alliés. Et le tout, sans le montrer le moindre signe de faiblesse ou de fatigue.

—Par tous les Saints... se dit un mercenaire qui n'en revenait pas de ce qu'il voyait.

Nord-véerèmois et dalkiens étaient étonnés eux aussi. Tous le monde l'était, sauf les MOCH qui, par leurs nombreuses interventions réalisées avec le soutien de la protectrice du Pays des Rêves, avaient sûrement l'habitude de la voir réaliser de telles prouesses. Ils profitèrent de la situation pour répliquer et éliminèrent une bonne partis des mercenaires en quelques secondes seulement. Certains d'entre-eux réussirent tout de même à se mettre à couvert.

L'escarmouche fut stoppée lorsque arriva dans le ciel à toute allure, un croiseur efdéèmois. Tous le monde était surpris. Même les membres du Front de Libération Pacifique étaient étonnés de voir le Efdéème ici. Même ceux qui savaient que leur organisation était un pion créé par le Efdéème, se demandaient pourquoi leur véritable employeur avait décidé d'envoyer un vaisseau.

Soudain, Akeba reçut un appel radio de la part du croiseur. Une mystérieuse voix lui ordonna de sonner définitivement le repli de ses hommes, ce qu'il se pressa de faire, craignant de s'être mis ses employeurs à dos. D'un autre côté, l'arrivée du croiseur efdéèmois permettait à la navette dans laquelle il se trouvait de s'y poser afin que Stone puisse avoir accès à l'unité médicale embarquée.

Quelques minutes plus tard, à la surprise générale, le croiseur fit demi-tour et s'en alla, sans avoir tiré le moindre coup de canon dans la ville. Les quelques mercenaires encore en vie avaient soit rejoint les navettes pour embarquer à bord du croiseur, soit étaient encore en ville et se retrouveraient alors entre les mains des troupes nord-véerèmes et leurs alliés.

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