Chapitre 17

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Adrième, Nord-Véerème, Utopia, 10 avril 1993, début de soirée.

La navette MOCH atterrit sur une des pistes d'un aéroport qui avait été reconvertit en zone de refuge pour les rescapés de l'attaque. Dans la ville, c'était le chaos. Les bâtiments étaient pour certains d'entre-eux, détruits, des corps gisaient au sol, il y avait des dizaines de blessés, des personnes cherchaient leurs proches disparus. Certains pleuraient un parent décédé. Jack avait l'impression d'être à Seed, la capitale dalkienne trois ans plus tôt. Bien que la situation à Adrième semblait être pire encore. D'après ce qu'avait dit Kodyn pendant le trajet, le Front de Libération Pacifique avait, par on ne savait quel moyen, réussi à déployer des centaines d'hommes armés jusqu'aux dents. Ces dernières années, l'organisation avait apparemment réussi à recruter parmi des personnes du continent qui étaient en accord avec l'idée selon laquelle il fallait se débarrasser de la trop forte présence véerème sur le continent Pacifique. Ou du moins qui avaient été endoctriné par la propagande du Front de Libération. La présence Véerème avait volontairement été exagérée par l'organisation et par le Efdéème, dont le rôle dans la création et la gestion de ce groupe terroriste était encore ignoré.

—On se déploie ! cria Kodyn à ses hommes. Aidons les nord-véerèmois à établir un périmètre de sécurité autour de la zone refuge !

Sur ses paroles, les MOCH s'exécutèrent. La zone refuge était l'endroit où la navette MOCH avait atterri et où les locaux avaient établi un camp pour aider les réfugiés. A la vue des légendaires Commandos, les soldats nord-véerèmois semblaient rassurés. Jack avait l'impression de se revoir lui et ses amis il y a presque trois ans lorsque Kodyn et ses hommes vinrent les aider dans leur lutte contre l'invasion efdéème.

Des militaires nord-véerèmois étaient en train de sécuriser le secteur tout en aidant les survivants. L'infanterie nord-véerème avait un équipement d'apparence assez ancien : Un casque qui ressemblait à une soucoupe, un uniforme assez basique avec des ceinturons contenant les munitions pour le fusil standard de l'armée Nord-Véerème, le STAS 1, une arme robuste, fiable, tirant au coup par coup. Rien à voir avec l'équipement des soldats véerèmois, Impériaux ou encore des efdéèmois.

Jack avait littéralement l'impression d'être face à des hommes de la dernière guerre entre le Véerème et le Efdéème, il y a quarante ans.

—C'est vous le chef des commandos MOCH ? demanda timidement un soldat nord-véerèmois à Grant Kodyn.

Jack se tourna vers eux pour écouter la conversation.

—Oui, répondit simplement Kodyn.

—On a pris cher, repris le soldat. Le Front de libération nous a bombardé avec de l'équipement de pointe. Je ne sais pas où ils ont trouvé du matériel aussi précis et efficace. On a réussi à stopper leur avancée mais ils continuent à faire des dégâts et de nombreux civils sont encore en danger. Le Véerème et Dalkia nous ont envoyé des troupes qui devraient arriver d'ici peu.

—Dalkia ? s'étonna Jack.

—Oui. Ils ont tenu à nous aider. Je sais... ça sera la première fois depuis un bail qu'on verra des soldats dalkiens. Mais toute l'aide est la bienvenue.

—Mes hommes et moi allons vous aider à déloger ces ordures de terroristes, repris le chef des MOCH avant de désigner du pouce Naturia et Jack qui se trouvaient derrière lui. Ces deux-là sont avec nous. Ne les sous-estimez pas, ils vous serons d'une grande aide. Ce sont des paranormaux, ils vous aiderons à secourir les civils ensevelis.

"Des paranormaux". Plusieurs soldats nord-véerèmois avaient entendus eux aussi la conversation. Pour la quasi totalité d'entre-eux, c'était la première fois qu'ils voyaient des individus dotés de pouvoirs. Certains murmuraient entre-eux des choses que Jack ne pouvait entendre. Il essayait de s'imaginer ce qu'ils pouvaient bien se dire. Et ça l'énervait.

—Ça va Jack... le rassura Naturia voyant qu'il était gêné par le comportement des soldats. Ils n'ont pas l'habitude de voir des gens comme nous. Ils sont impressionnés, c'est tout.

—Ou alors ils ont peur, l'interrompit Jack en parlant à voix basse. Et n'ont pas confiance en nous.

—J'ai déjà suivi Kodyn dans certaines de ses missions... Au départ les gens ne savent pas trop quoi penser de nous et ils ont une réaction similaire à ce que tu vois ici. Et après, ils nous sont reconnaissant d'être venus les aider. Crois-moi.

Un soldat nord-véerèmois s'avança vers les deux paranormaux. Il s'agissait du caporal Thibaut Kolat, comme l'indiquait le nom brodé sur son uniforme et son insigne de grade, dans l'armée nord-véerème le grade de Caporal était représenté par deux barres verticales.

—Suivez-nous... on est en train de déblayer les décombres d'un hôtel... ou plutôt de ce qu'il en reste. Si ce que dit le MOCH est vrai, alors on aura grandement besoin de vous.

Naturia dévia son regard sur Grant Kodyn. Celui-ci avait tout entendu et devina que la jeune Elfe cherchait son approbation. Non pas parce qu'elle était sous ses ordres. Mais parce qu'elle voulait être sûre qu'il n'aurait pas besoin d'elle. D'un geste de la tête, il lui fit comprendre qu'elle et Jack pouvaient y aller et fit signe à deux MOCH de les accompagner.

—On vous suit, répondit Naturia au caporal Kolat.

—Très bien, ajouta ce dernier avant de s'adresser à quatre soldats. Suivez-moi !

***

Après quelques minutes de marche, Naturia et Jack, accompagnés de quelques soldats nord-véerèmois et de deux Commandos MOCH, arrivèrent près des restes de l'hôtel. Les secours déblayaient petit à petit pour porter secours aux survivants encore coincés dans les décombres, mais aussi pour retrouver les corps des malheureuses victimes.

—Par là ! cria un pompier. J'ai quelqu'un !

Un véhicule arriva pour extraire des blocs de béton afin de libérer le passage et porter secours à la personne repérée par le pompier. À peine le premier bloc retiré que les autres bougèrent et menacèrent de s'effondrer, ce qui anéantirait alors toute chance de récupérer la personne vivante.

—Merde ! cria un Pompier. Ça va s'effondrer.

Alors que les secours commençaient à paniquer à l'idée de ne pas pouvoir secourir la personne à temps, Naturia usa de ses dons pour retenir le bloc qui menaçait de s'écraser sur la survivante, une jeune fille d'une quinzaine d'années que les pompiers aidèrent à sortir.

Tous étaient étonnés de ce que venaient de faire l'elfe. Certains applaudirent.

—Tu vois, dit Naturia à Jack. Ils sont contents qu'on soit là.

Un homme et une femme se précipitèrent vers l'enfant. Ils s'agissaient apparemment de ses parents, heureux de la retrouver saine et sauve. Ce qui n'était pas le cas d'un petit garçon à quelques mètres qui pleurait ses parents. Probablement étaient-ils parmi ces dizaines de corps recouverts de draps blancs à quelques dizaines de mètres des restes de l'hôtel.

Quelque chose tracassait Jack. Il repensa à cette organisation, le "Front de Libération Pacifique". Il savait qu'elle voulait émanciper le continent de la "trop forte présence" véerème. Mais pourquoi s'attaquer au Nord-Véerème ? Tout ça n'était pas logique. Et d'après le soldat qui avait accueillis Kodyn tout à l'heure, les terroristes étaient trop bien organisés et trop bien armés. "D'où venait cet armement ?" se questionna Jack.

Au loin des coups de feux retentirent, rappelant que les terroristes étaient encore présents.

—Ok ! commença un militaire nord-véerèmois, de taille moyenne et moustachu, en s'adressant à ses pairs. On évacue tous les civils de la zone. On les amène au refuge.

Après avoir entendu les coups de feux, Jack s'adressa à son amie.

—J'aurais dû aller avec Kodyn... Un Paranormal ça aurait pu lui être utile.

—Tu l'as entendu Jack. Il veut qu'on apporte notre soutien aux secours. Pas que l'on participe à la sécurisation de la ville.

—Mais s'il avait besoin d'aide ? Si les... terroristes étaient trop nombreux ?

Naturia regarda un instant les deux Commandos MOCH qui les accompagnaient avant de tourner à nouveau vers Jack.

—Les MOCH avoir besoin d'aide ? Tu te fais du souci pour rien. C'est plutôt le front de Libération qui devrait s'inquiéter pour ses hommes. Crois-moi, même à mille ils ne seraient pas assez nombreux.

—Oui bah en parlant de ça... Tu trouves pas qu'il a particulièrement trop bien réussi son coup le... "Front de Libération Pacifique" ?

Naturia regarda Jack en fronçant les sourcils, se demandant où il voulait en venir.

—Ce que je veux dire, reprit Jack. C'est qu'ils ont l'air assez bien équipés pour une organisation paramilitaire clandestine. Regarde les dégâts qu'ils ont fait. Et en plus... Comment ont-ils pu réussir à se frayer un chemin jusque dans cette ville sans que les nord-véerèmois ne voient le coup venir ? Je sais que l'armée nord-véerème, c'est pas celle du Véerème ou de l'Empire, mais quand même...

"Jack a raison" pensa l'Elfe. Elle aussi trouvait ça étrange. D'ailleurs, personnes ne les avaient pour le moment renseigné sur la façon dont les assaillants étaient en effet parvenus à infiltrer la ville.

—Excusez moi... dit la gardienne du pays des rêves, en s'adressant au caporal Kolat.

Celui-ci se tourna vers elle, prêt à l'écouter.

—Comment le Front de Libération a fait pour entrer dans la ville ?

—On est à la frontière... Apparemment, ils ont préparé leur coup dans la forêt neutre. Ils nous ont bombardé avec des pièces d'artilleries depuis cette forêt. C'est tout ce que l'on sait. Notre aviation semble avoir détruit leur artillerie mais leurs hommes sont restés ici. Apparemment ils n'ont même pas de cible précise si ce n'est de faire le maximum de dégât, répondit le soldat avant de reprendre l'évacuation des civils.

La forêt neutre était une bande de cinquante à cent kilomètres de large qui séparait le Nord-Véerème, le Véerème et l'Empire de Narfilonia, Pacifia et des Royaumes-Unis. Elle datait d'un arrangement entre les Elfes et les Humains, lorsque les premiers avaient décidés d'établir une frontière entre leur monde et celui des Humains, les pensant trop dangereux pour eux et leur culture. Aujourd'hui, cette forêt était toujours "neutre" mais, les relations entre les deux espèces s'étant améliorés au fil des siècles, des voies de communications la traversaient. C'était le cas de la ligne TransPacifique par exemple.

—La "Forêt Neutre", dit Jack à Naturia. Ouais ok... Mais ça n'explique pas comment ils ont réussi à y ramener tout leur matos, et encore moins où ils l'ont trouvé.

—C'est assez facile en fait. Narfilonia et Pacifia sont assez peu peuplés dans cette région du continent, je veux dire... au niveau de la frontière avec la forêt neutre. C'est donc facile de faire passer ce qu'on veux par-là pour l'amener dans la forêt...

"Ouais" pensa Jack. "Si seulement les Elfes savaient mieux protéger leurs terres".

Pacifia et Narfilonia étaient deux royames principalement peuplés d'Elfes. Et la différence technologique entre les Elfes et les Humains était énorme. Militairement parlant, les Elfes étaient en retard. Très en retard.

—Par contre, reprit Naturia. Je suis d'accord... Tout ça n'explique pas comment ils se sont procurés leur matériel de guerre.

Des colonnes de chars nord-véerèmois passèrent devant eux et semblaient se diriger vers l'origines des coups de feu qui étaient en train de retentir. Là encore, il s'agissait de véhicules assez anciens. Jack avait l'impression de voir les chars dalkiens d'il y a cinquante ans. Il s'agissait de véhicules à chenilles, équipés d'un canon principal sur le dessus et de canons latéraux, plus légers sur les côtés dont le roulement des chenilles passaient au-dessus. Rien à voir avec les chars véerèmois que Jack avait pu voir lors de la guerre de Dalkia.

—Ils se dirigent vers les coups de feu... dit Naturia.

—Ouais, ajouta Jack. S'ils envoient des chars... c'est certainement pas pour rien. À croire que le Front de Libération aussi a déployé des véhicules de combat.

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