Chapitre 4

6 minutes de lecture

Dans le TransPacifique, Utopia, 12 juillet 1990, presque 16h00

Le train s'approchait d'Elétria. Bientôt, Anata allait descendre et Jack continuerait alors son voyage seul.

— Vous avez besoin de quelque chose ? demanda une hôtesse, jeune, assez grande, la peau mate, les cheveux bruns, vêtue de la tenue réglementaire des employés du TransPacifique.

— Vous avez du café au chocolat ? demanda Jack.

— Oui bien sûr...

— Alors j'en voudrais un s'il vous plait, ajouta le jeune paranormal avant de se tourner vers Anata. Et toi, je t'offre quelque chose ?

— Euh... la même chose s'il vous plait.

L'hôtesse prit la commande et s'en alla pour continuer sa prise de commande auprès des autres passagers du wagon.

— Merci, dit Anata à Jack. C'est gentil.

— Pas de quoi... Tu descends bientôt ?

— Oui... encore deux gares...

— Veinarde... Il me reste encore pas mal d'heures à passer ici.

Anata se mit à rire... C'est vrai que pour Jack, le voyage était loin de s'achever.

— Pourquoi tu vas à Sylvestria ? demanda t-elle.

Jack ne s'attendait pas à cette question. En fait, il avait jusque là espéré que la Komitose ne lui demande pas la raison de son voyage. Il ne voulait pas lui dire que Sylvestria n'était qu'une étape pour se rendre au "Pays des Rêves", au risque de passer pour un imbécile. Même si Anata aurait très bien pu comprendre, voire même croire elle aussi en l'existence de cet endroit.

— Je... Je vais rendre visite à une amie.

— Oh... un dalkien qui a des amis jusqu'à Pacifia ! C'est plutôt rare.

— Oui, sans doute.

La réponse semblait convenir à Anata puisqu'elle ne creusa pas pour en savoir plus.

— En même temps, tu en profiteras pour voir Sylvestria, repris la jeune femme. Sauf si... tu y es déjà allé ?

— Non.. c'est la première fois.

— Je t'ai déjà dit que je voulais trop y aller... J'essaierais pour l'année prochaine.

— Oui... Pacifia, ça doit vraiment être... différent de chez nous.

— Dalkia c'est pas si mal non plus, lui répondit Anata.

Jack fixa son amie dans les yeux cherchant à voir si ce qu'elle venait de dire n'était pas ironique.

— Je veux dire, qu'avant la guerre, c'était plutôt agréable.

— Ok... je croyais que tu plaisantais...

— Non, ajouta Anata. Je sais bien qu'actuellement, certaines villes sont partiellement détruites. Mais avant l'invasion et la guerre, Dalkia était magnifique.

— Tu y est déjà allé ?

— Une fois. Mais j'étais petite. Je devais avoir six ans. Je me souviens que ça m'avait marqué.

— Ah bon ? s'étonna Jack.

— Oui, les bâtiments, les voitures... ça paraissait tellement...

— ...Futuriste ? coupa Jack.

— Oui. Un peu comme le Véerème et l'Empire il parait. D'ailleurs, j'aimerais bien y aller également.

— Au Véerème ou l'Empire ?

— Les deux...

Jack marqua une courte pause avant de répondre :

— Ok... Toi ton truc c'est vraiment les voyages hein, pas vrai ?

— Exact. J'adore visiter, découvrir des nouveaux pays, rencontrer des nouvelles personnes.

Jack Fixa Anata en souriant.

— Bah écoutes, tu as parfaitement raison... mais si tu veux un conseil, essaie d'éviter le Efdéème, Amal'Gur et la Mortalie.

Anata éclata de rire.

— T'inquiètes, je ne suis pas folle. Surtout la Mortalie... Là bas ça craint encore plus. Surtout pour les femmes.

— Ah bon ? s'étonna une nouvelle fois Jack.

— Oui, c'est un pays sur liste noire pour nous. Les femmes étrangères qui passent par la Mortalie sont souvent capturées, vendues et réduites à l'esclavage...

— Je ne savais pas... Je savais que c'était un pays hostile mais pas à ce point-là...

Jack ignorait des tas de choses sur certains endroits du monde. Pour lui, le Efdéème incarnait le mal absolu, mais il était vrai que la Mortalie, royaume situé au sud de Pacifia était l'un des endroits où il ne faisait pas bon vivre lorsque l'on était étranger et en particulier une femme. La Mortalie était une nation de guerriers, tous les hommes passaient au minimum dix années de leur vie à servir la grande armée mortalienne, composée de brutes sanguinaires dont l'objectif n'était que de servir l'intérêt millénaire de la Mortalie : éradiquer son voisin, Mandalia. Mais depuis près de deux cent ans, Mandalia était protégée à la fois par sa propre armée mais aussi par la présence constante d'une garnison Véerème. Donc depuis deux siècles, les ambitions expansionnistes mortaliennes étaient figées. La Mortalie étant très en retard sur le plan technologique, elle ne pouvait rien face à la puissance et la supériorité technique du Véerème.

"Incroyable que les autres nations n'y sont pas intervenus pour y faire tomber le régime." pensa Jack.

— Le Efdéème, reprit la jeune Komitose, n'est pas le pire pays du monde tu sais... Mais parmi les pays dangereux, c'est lui qui est le plus avancé, le plus riche et qui a la plus grande ambition. D'où le fait qu'il a tendance à occulter certains autres pays dangereux également.

L'hôtesse revint vers eux avec les deux tasses de café au chocolat. Elle les déposa sur la table qui séparait les deux amis.

— Merci, répondirent Jack et Anata quasiment en même temps.

— Il vous fallait autre chose ? demanda la jeune hôtesse.

— Pour moi ça ira, répondit Jack avant de se tourner vers Anata.

— Pareil pour moi...

— Alors ça vous fera cinq unités.

Jack sortit son portefeuille de sa veste. En l'ouvrant, il dévoila un nombre impressionnant de billets à Anata. Jack tendit un billet de dix unités à l'hôtesse. Cette dernière lui rendit aussitôt la différence avant de remercier le jeune homme et de s'en aller servir les autres commandes.

— Tu as braqué une banque ? demanda Anata sous le ton de l'humour.

Jack se mit à rire.

— C'est un peu ça oui.

Anata le fixa du regard, pensant que Lorage venait de lui avouer qu'il était un criminel.

— Nan t'inquiètes, reprit Jack. Je n'ai tué personne. L'argent, je l'ai pris lors de l'invasion. Après la première bataille de Seed, celle où les efdéèmois ont pour la première fois prit le contrôle de la capitale. Ils ont, volontairement ou pas, détruit une banque lors des affrontements avec l'armée dalkienne. Il y avait des billets partout. Je ne suis pas le seul à m'être servis ce jour-là... Je pensais que ça m'aiderait à tenir lors des jours difficiles... durant l'invasion. Le truc c'est qu'au final, les dalkiens n'étaient pas maltraités par l'envahisseur. Même s'il y avait des couvre-feux et d'autres mesures de ce genre, on n'était pas réduit à l'esclavage, les dalkiens continuaient à être payés normalment... C'est comme si le Efdéème avaient besoin de nous.

— Même si on peut reprocher un tas de chose au Efdéème à commencer par leur caractère expansionniste, ajouta Anata , au final, ce ne sont pas des barbares. Ils ne pratiquent ni l'esclavage, ni la peine de mort. Dalkia était riche et prospère, ils avaient sûrement besoin de votre main d'oeuvre pour s'enrichir.

— Oui c'est ça, lui répondit Jack alors que ça n'était qu'à moitié vrai.

Jack savait bien que le Efdéème avait avant tout choisit d'envahir Dalkia pour le retrouver lui. L'idée d'en profiter pour s'enrichir et voler les ressources dalkiennes leur était venu après. Mais Jack n'avait pas envie de dévoiler à Anata qu'il était différent, qu'il avait des dons et qu'il était l'une des raisons de l'invasion de Dalkia par l'armée efdéème.

Il prit sa tasse de café et commença à la boire. Et Anata fit de même.

— Merci pour le café, dit cette dernière.

— De rien... ça me fait plaisir.

***

Une heure plus tard, le TransPacifique arriva à Elétria. La gare ressemblait très fortement à celle d'Adellia. Il était temps pour Anata de quitter le train et de laisser Jack.

— C'est ici qu'on se sépare... dit Jack un peu triste de devoir continuer le chemin seul.

— Oui, répondit Anata en prenant son sac. J'ai été heureuse de faire ta connaissance. Surtout n'hésite pas à m'appeler quand tu le pourras.

— Oui, pas de problème, répondit Jack.

Anata lui fit signe de la main pour lui dire au revoir avant de descendre du train. Le flot incessant de passagers montants et descendants montrait le succès de la ligne TransPacifique.

Jack regardait la jeune Komitose s'éloigner jusqu'à ce qu'elle disparaisse dans la foule. Quelques minutes plus tard, le train reprit sa route. Jack commençait vraiment à regretter d'avoir si peur de l'avion... Sans quoi il aurait pu le prendre et serait déjà arrivé à Sylvestria depuis longtemps. Il serait peut-être même déjà au Pays des Rêves. Mais il n'aurait jamais rencontré Anata.

— Je peux vous débarrasser de tout ça ? demanda l'hôtesse en désignant les deux tasses.

— Oui, bien sûr, merci, lui répondit le jeune homme.

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