Chapitre 6

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Löwenn

A la surface, Löwenn traversait les rues propres et lumineuses d’Orald. Le jeune épéiste pouvait ressentir l’ambiance hyperactive et pesante de la capitale.

Le prince Karsten avait instauré une police “anti-précarité”, ainsi qu’un couvre-feu et des visas pour circuler. Selon le dossier que Jérémiah lui avait fourni, la jeune Reila aux cheveux argentés, se serait volatilisée dans l’Underworld grâce à une passeuse, connue de leur service.
Löwenn, passa nerveusement sa main dans ses cheveux.

- Ce serait comme trouver une aiguille dans une meule de foin ! Avec un peu de chance, en croisant les anciens plans, je retrouverai peut-être sa trace, se dit-il en reprenant courage.

Un peu plus tard, Löwenn faisait route vers la frontière entre l’Underworld et la capitale. Les anciens plans en poche, Löwenn examina les remparts de la ville. En vérifiant sur ses plans, il s’approcha de l’un d’eux. Il aperçut un passage dissimulé derrière un buisson et décida de l’emprunter, salissant ses bottes et son manteau bleu nuit.

- Jérémiah va me tuer pour ça, se dit-il écœuré par l’odeur.

Il poursuivit jusqu'à l’étroit tunnel sombre où il alluma son briquet.

- Avec mes un mètre quatre-vingt, cela va être compliqué, mais jouable ! se dit – il, en retirant son manteau qu’il enroula autour de son bras.

Puis il se faufila comme il put dans ce tunnel réduit. Lorsqu’ il arriva au bout, il aperçut une échelle rouillée qui avait cédé. Il descendit ce qu’il put et se lâcha complétement, roulant sur le sol à l’atterrissage. En observant les alentours à la lueur de sa flamme, il aperçut un petit objet métallique qui scintillait dans la pénombre. Il s’approcha de cet intriguant objet et l’examina de plus près.
C’était un briquet en argent, Löwenn sentit qu’il y avait quelque chose de graver à sa surface, mais ne put rien distinguer dans l’obscurité. Il poursuivit ses investigations jusqu'à déboucher dans une ruelle de l’Underworld.

- Qu’est ce que je fais maintenant ? se demanda-t-il, découragé.

Haydée

Blake emmena Haydée, sur les toits surplombant le point de rendez-vous où elle l’avait attendu.

Le regard de la petite Reila se perdit devant l'immensité de l'Underworld. Blake le sentit et l'interpella. Celle - ci écrivit une note qu'elle lui remit.

- Comment allons-nous nous y prendre pour traverser l'Underworld ? lut-il à voix haute. Blake se posa une seconde préparant son sac remplit de masque.

- Avant d’être une ville souterraine, l’Underworld était une gigantesque mine, les gens venaient des quatre coins du pays pour y trouver de l’or. A force de miner, ils finirent par la vider de toutes ses ressources. Puis il y a eu la guerre contre Orfenheim. Faute de place, le bon roi a eu l’idée d’envoyer les migrants sous terre, expliqua-t-il avec sarcasme.

Haydée l’écouta, songeuse de son ancienne vie à la surface. Le commerce de son oncle était prospère, se sentant privilégiée, elle vivait dans le confort sans se préoccuper des conséquences de la guerre.

- Il existe différents tunnels qui t'emmèneront directement à la surface ou vers la mort. Et c'est mon travail de t'indiquer ceux à suivre, lui dit -il en fouillant son sac.

Haydée resta peu convaincue, le regard pensif.

- Relax ! Je connais l'Underworld comme ma poche ! Mais pour le moment, j'ai des clients qui m'attendent ! lui dit - il en remettant son masque.

La petite Reila aperçut une famille qui attendaient au point de rendez-vous. Près d'un poteau où ils y nouèrent un foulard rouge. Il lui fit signe et elle se rapprocha de lui.

- Cette famille veut regagner la surface, lui dit-il, avant de rejoindre ces clients.

Will

Pendant ce temps au bar-restaurant, Will termina de débarrasser les dernières tables lorsqu' Hàlcon l’interpela.

- Tu vas venir avec moi, nous avons des courses à faire, lui dit-il.

Will laissa son tablier puis le suivit jusque à la frontière entre l’Underworld et la surface.

Plus précisément, à la poste qui permettait les correspondances entre l’Underworld et la surface. Il était possible d’envoyer que des courriers, l’envoi de colis étant proscrit. Ce gigantesque bâtiment était séparé par des grilles en deux parties distinctes. D’un côté, il y avait les personnes de la capitale, de l’autre les personnes de L’Underworld. Les transactions se déroulaient sous haute surveillance.

Hàlcon et Will, patientaient dans la longue file d’attente, sous les sifflements de quelques soldats Orféniens, intrigué par la chevelure écarlate de Will. Celle-ci prit sur elle pour les ignorer.

- Que faisons-nous ici ? lui demanda-t-elle

- Nous avons un contact qui peut nous aider à se procurer des armes et la poudre noire des Orfèniens, lui répondit -il

Will acquiesça et s’étonna de voir autant de mixité raciale et de misère de l’autre côté de la grille.

- C’est parce que sous terre, les habitants ont d’autres mœurs et fonctionnent avec d’autres logiques. Pendant que certaines personnes se prélassent dans le luxe et l'opulence, d'autres meurent de faim tous les jours, lança-t-il avec dédain.

Will se crispa, énervée.

- Cela faisait un moment que je voulais venir ici, voir la misère de mes propres yeux ! Voir la raison pour laquelle je me bats contre Orfenheim ! expliqua-t-il résolu.

- Je suppose que tu te bats pour récupérer ton dû ? demanda-t-il curieux

- Le trône ne m'intéresse pas ! La princesse d'Orald est morte cette nuit-là, avec toute la famille Royale. Je me bats pour Ondal, pour l'aider à se venger d'Orfenheim ! affirma-t-elle sans hésitations

- Jusqu’où es-tu prête à aller pour aider ton sauveur ? demanda-t-il avec attention

- Je ferais tout ce qu’il faut pour lui rapporter la tête du prince ! répondit-elle résolue

- Même à coucher ? lui lança-t-il avec dédain.

Will se figea, offusquée et abasourdie, ne sachant plus quoi répondre. Son corps bouillonnait de colère.

- Vois-tu ce matin tu as attiré l’attention d’un officier haut gradé ! Mais pas n'importe qui, Jérémiah Stoltz, garde royal du prince Karsten, lui lança-t-il en se remettant les plumes.

- En êtes-vous sûr ? demanda-t-elle, en le dédaignant.

- Je me fiche que tu sois vierge, ou promise ou qu’importe ! Je veux que tu nous ouvre une brèche et que tu te débrouilles pour rencontrer Karsten, ordonna-t-il.

Will ne répondit pas, serrant le poing prête à le lui balancer dans le bec.

- Si tu n’es pas contente, tu peux toujours partir ! lança-t-il en partant devant.

- Je vais le faire ! affirma-t-elle, ses propres paroles lui écorchaient la bouche.

Hàlcon sourit puis s’avança dans la file.

Will sortit du bâtiment puis s'isola dans une ruelle. Explosant de rage, elle lança ses poings contre le mur qui se fissura sous l’impact de ses poings. Will éclata de rire, ses nerfs lâchant.

- Va falloir payer pour ça ! ma jolie ! s’exclamèrent des soldats Orféniens

- Je ne suis pas d’humeur ! leur lança-t-elle le regard noir en sortant sa bourse.

- On voulait dire en souvenirs ! lui dit-l’un des soldats.

Will resta sur ses gardes, le corps tendus prête à en découdre. Ils étaient deux, au vus de leur uniforme, des recrues. Elle remarqua que leurs fusils n’étaient pas chargés. En jaugeant la distance, elle avança d’un pas, faisant un sourire à l’un des soldats qui se rapprocha d’elle sans crainte, la main sur son pantalon.

Lorsqu’elle bondit sur lui, l’attrapant par la tête, fracassant son nez contre l’os de son genou, l’assommant sur le coup. Avant de fondre sur le second qui essayait de charger son fusil, le frappant dans sa pomme d’Adam, le faisant tomber sur les fesses. Celui-ci suffoquait, en rampant vers la sortie.

- Je me suis entraînée mentalement et physiquement, pour tabasser des raclures dans ton genre ! lui lança t-elle en se rapprochant de lui.

Puis Will attrapa son fusil et l’assomma avec.

- Tout ça pour rien ! lui dit-elle, en lui crachant à la figure.

Blake

Pendant ce temps, ils arrivèrent tous les deux auprès de leur client. Haydée se mit légèrement en retrait, observant toute la scène.

- Nous aimerions rejoindre la surface, au plus vite, lui demanda le père de famille.

- Vous avez quelqu’un à la surface qui peut se porter garant pour vous ? questionna Blake à travers son masque.

- Notre fille aînée, qui a été placé dans une famille noble, répondit le père de famille stressé.

Blake observa les gouttelettes qui s’écoulait du front de l’homme. Sa petite fille se cachant derrière ses jambes, intimidée.

- Avez-vous mon paiement ? demanda-t-il d’un air hautain.

L’homme lui sortit une bourse, remplit de pièces d’or que Blake s’empressa de compter.

- Il n’y a que la moitié ! Où est le reste ? grogna-t-il

- C’est tout ce que nous avons pu obtenir ! Pitié ! Aidez-nous ! implora le père de famille.

Blake soupira lasser de ces lamentations.

- Suivez-moi ! lança-t-il.

Puis il emmena ses clients près d'un cul de sac, d’où il déplaça des ordures pour y soulever une trappe. Il sortit une lanterne de son sac qu’il alluma, les invitant à descendre dans le tunnel qui s’offrait à eux. Une forte odeur de moisissures s’émanait du conduit. Blake ouvrit la voie, suivit du père, de sa fille et Haydée.

Ils progressèrent un long moment dans ce sombre conduit vaseux où les champignons et les moisissures avaient recouvert le long des parois. Lorsqu’ils arrivèrent devant un embranchement où le tunnel se séparait en deux.

- C’est ici que je vous laisse ! lança Blake

- VOUS ne pouvez pas nous abandonner ! Nous avons payé ! hurla l’homme

- Moitié du salaire, moitié du taf, coupa Blake excédé.

L’homme s énerva puis commença à marchander implorant sa pitié.

Haydée se figea sur place, choquée par ses dires.

- Ma fille aînée pourra vous payer le reste je vous assure !! implora le père de famille.

- Avec son salaire d’esclave ? J’en doute ! Je vous conseille de prendre le tunnel de gauche avant que les champignons libèrent leurs spores, affirma Blake en rebroussant chemin.

L’homme attrapa sa petite fille puis disparut dans la pénombre. Haydée indignée empêcha Blake de repartir. Elle sortit son carnet griffonnant frénétiquement.

- Tu ne peux pas les laisser comme ça ils vont mourir !

- C’est pas mon problème ! répondit Blake avec détachement.

Haydée s’emporta et se précipita en leur direction.

Haydée

Haydée accourut sans hésiter dans le tunnel. Ses pas brisaient les nombreux ossements qui jonchaient le sol, les champignons pullulant de plus en plus. Une brume verdâtre s’échappait de leur chapeau. Envahie par ce gaz qui lui brûlait la gorge et les yeux, Haydée perdit son souffle, en toussant fortement. Elle arracha un morceau de sa robe qu’elle noua autour de son nez.

Progressant d’un pas sûr et déterminée, elle chercha désespérément le père et sa petite fille. Lorsqu’ elle les trouva à terre, le visage violacé à cause des spores. Elle les tira de toutes ses forces mais ses jambes faiblirent et sa tête vacilla.

Haydée était sur le point de tomber. Lorsque Blake la rattrapa, lui mettant un masque par la même occasion. Il sortit deux autres masques et du sérum.

- Tu prends la petite ! affirma-t-il excédé. Haydée porta la petite fille pendant que Blake traina l’homme, hors des spores des champignons.

Une fois hors de danger, Blake leur administra une dose de son sérum bleu.

- Où suis-je ? s’exclama l’homme en reprenant connaissance.

- En sécurité, gardez vos masques jusqu'à ce qu’on ait atteint la surface ! répondit Blake en rangeant le sérum dans son sac.

- Merci beaucoup ! affirma l’homme

- C’est plutôt elle qu’il faut remercier ! lança Blake, en désignant Haydée

- Merci beaucoup mademoiselle ! remercia-t-il en lui prenant les mains.

- Il nous reste un bout de chemin à parcourir ! dit-il en remettant son masque, blasé.

Blake ouvrit la marche suivit de Haydée accompagné du père de famille et de sa petite fille.
Ils parcoururent le fond du tunnel, jusqu'à ce qu’ils aperçussent des rayons de lumières, qui traversaient le conduit de part en part. Blake grimpa sur une échelle et poussa de toutes ses forces sur une trappe. Il l’ouvrit, faisant jaillir la lumière du soleil. Celui-ci se plaqua contre les parois du conduit dans la pénombre.

- Allez-y ! fit-il avec dédain.

Le père et sa fille les remercia puis emprunta l’échelle. Blake mit sa main devant les rayons du soleil qui traversaient le tunnel. Laissant la chaleur, se propager sur sa main. Haydée se plaça devant la sortie, les saluant tout en prenant un dernier bain de soleil, avant de refermer la trappe. Elle passa devant Blake avec un léger sourire, ce qui irrita le jeune voleur.

- Merci de m’avoir fait perdre mon temps ! lança-t-il, en la dépassant.

Celle-ci l'agrippa par le bras l'arrêtant.

- J'avais besoin de cet argent ! et s'ils ne pouvaient pas payer, tant pis ! J'aurais pu compenser cette perte, en récupérant leurs affaires sur leur cadavre... marmonna-t-il.

Haydée, choquée par ce qu'elle venait d'entendre, lâcha le bras du jeune voleur.

- Traverser la mer asséchée demande beaucoup de ressources et d'argent qu’on n’a pas ! affirma-t-il en lui tournant le dos.

Elle se rapprocha de lui et lui tendit les boucles d'oreille en argent des Reilas.

- Tu es sûr de toi ? demanda-t-il faussement concerné. Haydée hocha de la tête sûre d'elle.

- Ce n'est que du matériel, répondit-elle en écrivant dans son carnet.

- Merci, lui dit-il avec son meilleur sourire. Puis tous deux regagnèrent le refuge de Blake.

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