Chapitre 1.5

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1.5

Cinq ans... qu'elles sont mortes

C'est le crépuscule. Une froide journée de février.

Je me sens pas bien, j'ai la nausée. Sûrement à cause des bières que j'ai bues et de ce que j'ai fumé.

La radio est branchée et la musique hip-hop me claque aux oreilles. J'ai les mains moites, le volant glisse sous mes doigts.

La voix de Ray perce par-dessus la musique. Ses paroles sont confuses, ses mots pâteux. Il n'est pas en meilleure forme que moi.


Ray n'arrête pas de rire. Et moi non plus. Qu'est-ce qui nous rend hilares, au juste ? J'avoue que je l'ignore. Mais la sensation est grisante. Le paysage défile à toute vitesse derrière les vitres. L'adrénaline coule dans mes veines. Ça fait longtemps que je ne me suis pas senti aussi heureux.

Je suis libre.

Plus pour très longtemps.


Je ne sais pas combien de temps il s'est écoulé, mais il fait déjà plus sombre. Il n'est pas très tard, Karen ne s'inquiète pas encore.

Ray a une cigarette coincée entre les lèvres. Une simple cigarette. Avec du tabac. Beaucoup moins fort que ce qu'on a fumé tout à l'heure.

Ray, marmonné-je d'une voix rauque. Ray, faut que j'te dise un truc.

Mon ami regarde devant lui, les yeux voilés. Un sourire niais étire ses lèvres.

Zach, regarde la route, dit-il en me tapotant le bras. Je voudrais pas qu'on ait un accident.

Ray... Tu m'écoutes ? (Il se marre tout seul et se laisse aller dans le siège.) Ray ? Raylen !

Il sursaute en entendant son prénom. Je fais de mon mieux pour regarder devant moi, mais je me sens de moins en moins bien. Ma tête tourne, mes bras tremblent et mes jambes sont comme du coton.

Faut qu'on s'arrête, je gémis en agrippant le volant plus fort comme pour m'assurer que je ne le lâche pas. J'ai envie de...

Je dois cesser de parler pour réprimer un haut-le-cœur. Raylen me jette un regard en coin puis pousse un grognement.

Zach... Tu devais conduire une heure. Ça doit faire quarante-cinq minutes.

Je ne suis pas rassuré d’apprendre qu’il ne sait pas non plus depuis combien de temps nous sommes dans la voiture.


Quelques minutes se sont écoulées – peut-être plus, peut-être moins, j'en sais fichtrement rien ! – lorsque Ray plisse les yeux en observant la route. Je fais de mon mieux, mais la fatigue plombe mes paupières, la nausée me remonte dans la gorge, des tremblements agitent mes membres.

Je sursaute violemment quand Ray pousse un cri de détresse. Par réflexe, je tourne la tête vers lui. Grossière erreur.

Il aurait fallu que je regarde devant moi.


ZACH ! beugle Raylen d'une voix cassée.

Mais c'est trop tard.

Il y a un brusque choc qui fait claquer mes dents sur ma langue, la coupant un peu au passage. Je lâche le volant, mon corps part en avant, mais j'ai eu la sagesse – sagesse... non, pas vraiment en fait – de mettre ma ceinture, ce qui me retient d'aller m'emplâtrer dans le pare-brise. Au bruit de verre cassé que j'entends, je comprends vite que Ray n'a pas mis sa ceinture.

Moi qui croyais que c'était fini, je me trompe lourdement. Un violent soubresaut agite la voiture, cognant ma nuque contre le cale-tête et me faisant perdre totalement le contrôle du véhicule.

Malheureusement, mon pied ne s'est pas décollé de la pédale. Je vois le mur arriver à toute allure.

J'ai l'impression de crier, à moins que ce ne soit un rêve.


Un bruit infernal, une douleur atroce, puis... le noir total.

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