Chapitre 18

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Harmonia était un petit royaume assez peu peuplé et peu ouvert sur l'extérieur, à l'exception de quelques Etats amis. La faute aux récentes guerres qui avait mis le royaume sur la méfiance vis à vis des autres pays. Il avait néanmoins fait construire plusieurs longues pistes d'atterrissage pour permettre aux aéronefs alliés de se poser. Ce qui incluait des appareils militaires et commerciaux.

Harmonia n'était pas très avancé technologiquement et pas assez peuplé pour disposer d'une armée conséquente. Sa défense reposait en grande partie sur des Etats tiers. Il s'agissait d'ailleurs d'un problème commun à presque tous les royaumes limitrophes et environnants. De petites entités territoriales et des nains démographiques.

C'était sur la piste de la capitale harmonienne, Delys, que les navettes DragonFly Impériales terminèrent leur route. Une enceinte entourée par de vastes espaces verts. Harmonia étant réputé pour ses jardins magnifiquement ornés et entretenus, ainsi que ses forêts denses, abritant parfois des villages forestiers, semblables à ceux des Elfes sylvains du grand royaume Elfique, Pacifia.

La déléguation Impériale fut accueillie par le couple royal lui-même accompagné de sa garde d'honneur. Cette dernière était équipée de fusils STAS-1 chromés, à la crosse plus raffinée que le modèle standard. Une version plus cérémonielle que pratique. Le roi quant à lui, revêtait un très long manteau pourpre. Tellement long qu'il effleurait presque le sol. Le monarque, tout comme son épouse, était coiffé de sa couronne en or. Entre les deux se trouvait une petite fille à la mine triste. Il s'agissait de la sœur de la défunte héritière.

— Votre altesse royale, commença le colonel Robb. L'Empire vous présente ses sincères condoléances.

— Harmonia vous remercie et vous est reconnaissant pour votre soutien, répondit le roi. La princesse... Ma fille, était trop jeune. Pourquoi s'en prendre à elle ?

— Vous avez une idée que qui pourrait être l'assassin ?

— Non. Il pourrait aussi bien être Harmonien que Efdéèmois ou de n'importe quelle origine qui sait ? Mais si c'est un Efdéèmois pourquoi le Efdéème aurait tué l'héritière de mon royaume ?

— Pour affaiblir le royaume. Mais le Efdéème n'est peut-être pas le seul à vouloir affaiblir votre lignée, votre majesté.

— J'imagine que vous pensez à Jack Lorage ?

— Oui. Dans... sa folie il pourrait bien avoir des vues sur votre royaume. Pour des raisons qui nous échapperaient. Les motivations et les objectifs de Lorage ne sont pas très claires je vous l'accorde. À vrai dire, il ne doit pas exister énormément de personnes capables de le comprendre.

— Mais si Lorage est ici, nous n'auront pas la force de l'arrêter. Nous sommes un petit royaume, avec des moyens limités. Notre armée compte à peine deux mille hommes et femmes. Nous ne pourrons rien face à ses légions robotiques.

— Avec votre permission votre majesté, l'Empire pourrait installer une garnison provisoire à Harmonia. Le temps que la guerre se termine.

— Mon peuple serait rassuré. Au nom d'Harmonia, je vous en donne la permission.

— Et nous pourrions utiliser certaines de vos pistes pour y stationner quelques avions de combat.

— Bien évidement.

L'allié traditionnel d'Harmonia était le Véerème. Le royaume acceuillait par conséquent quelques avions et bombardiers Hirondelles de l'armée de l'air Véerème. Dès lors, les chasseurs Impériaux viendraient s'y ajouter.

Pendant que les enquêteurs Impériaux suivirent la famille royale et son cercle rapproché, Lucy, s'occupa des enfants. Elle n'était en effet pas là pour enquêter sur la mort de la princesse et organiser la défense du royaume, mais pour la formation des futurs agents Impériaux.

— Bienvenue à Harmonia, fit-elle.

— C'est comme sur les photos, répondit sa fille.

— Oui. C'est très beau c'est vrai. Regardez tout ce qui se trouve autour de vous. Quelles différences y-a-t-il avec l'Empire ?

L'obeservation était une composante essentielle du programme. Développer le sens de l'observation et la curiosité étaient deux objectifs primordiaux. Les Agents Impériaux devaient à terme, être attentif aux détails.

La question posée par Lucy entraîna un temps de silence suivi d'une vague de mains levées.

— Oui Jenny.

— Il y a plus d'arbres que chez nous.

La connaissance de l'environnement était fondamentale. Les agents devaient avoir conscience de l'environnement les entourant. Impulser cet intérêt chez les jeunes du programme était déjà une grande victoire.

— C'est vrai. Harmonia est très attaché à la Nature. Ici, pas de grandes villes comme chez nous. Harmonia a un paysage rempli de forêts. On appelle ça un paysage forestier.

— Sophie ?

— À part nos navettes, il n'y a rien, répondit la petite fille en désignant la longue piste d'atterrissage.

— Harmonia n'a pas d'avion, en effet. Le royaume a construit ces pistes d'atterrissage pour permettre aux pays amis en ayant, de pouvoir s'y poser. Harmonia a d'autres pistes que celle-ci où il y a des avions du Véerème.

— Ils n'ont pas de voitures ? demanda Camilla.

La curiosité.

— Non. Les Harmoniens vivent dans un petit royaume. Ils vivent seuls. Ils ne s'intéressent pas trop à ce qui se passe en dehors de leur royaume. Et ils sont très attachés à leurs traditions. Le roi et la reine se déplacent encore en carosse. Tiré par de magnifiques chevaux blancs.

Lucy savait que dans le groupe d'enfants, un particulièrement était à surveiller. En raison des évènement récents de sa vie, Jo pourrait en effet manifester certains comportements compromettant son avenir au sein du programme. Après ce qu'il avait vécu, on craignait qu'il ne puisse être trop violent ou se renfermer sur lui-même. Et bien qu'il eut observé, comme les autres, ce qu'il y avait autour de lui, il était le seul à ne pas avoir levé la main.

— Jo ? Tu as remarqué quelque chose d'autre ?

Le petit garçon garda le silence un instant. Tout ce que venait de dire ses amis, il l'avait lui aussi remarqué. Mais il n'y avait accordé aucune importance. Des forets ? Il en avait déjà vu lorsqu'il vivait au Pays des Rêves. Même chose en ce qui concerne les carosses tirés par des chevaux. Une piste d'aterrissage quasi vide ? Oui et alors ? Tout ça ne l'intéressait pas. Et ses amis avaient déjà mentionné tout ces détails. Alors à quoi bon les mentionner une seconde fois ? En revanche, personne n'avait abordé la question des gens. C'était pourtant la première chose qu'il avait regardé.

Le visage des harmoniens, leur mine mélancholique. Comme s'ils venaient de vivre quelque chose de triste. un peu comme lui lorsqu'il avait dû quitter Naturia et le Pays des Rêves. Même chose lorsque les robots attaquèrent le vaisseau MOCH et qu'il dut une nouvelle fois se séparer des personnes avec qui il avait partagé un temps de sa vie. Il pouvait presque ressentir la tristesse des Harmoniens.

— Les gens... Ils sont tristes.

Lucy ne s'attendait pas à une telle observation de la part de l'enfant. Avoir grandi au Pays des Rêves, là où les gens étaient, d'après les histoires, les plus heureux du monde, avait dû développer chez lui cette sensibilité.

— Oui... C'est vrai, répondit-elle. Ils sont tristes parce qu'ils viennent de perdre leur princesse.

— Oui mais, reprit Jo. Ils ne la connaissait peut-être pas. Alors pourquoi ils sont tristes ?

— Tu sais, même si certains n'ont jamais vu la princesse, les harmoniens savent qu'il y en avait une. Et ils sont très attaché à la famille royale.

— Pourquoi ?

— Parce que c'est elle qui dirige le royaume. La princesse aurait dû un jour remplacer le roi. Imagine un royame où le roi et la reine n'auraient pas d'enfant. Qui dirigerait le royaume après eux ?

— Quelqu'un d'autre.

Lucy se mit à rire. La réponse apportée par Jo était somme toute logique. Mais dans la réalité, la succession était plus compliqué que ça.

— Lorsqu'une famille royale n'a aucun enfant ça pose beaucoup de problèmes tu sais. On ne peut pas choisir n'importe qui pour remplacer un roi ou une reine. Les Harmonniens n'accepteraient pas.

— Mais si c'est quelqu'un de bien ? demanda Sophie. Alors qu'est-ce que ça peut faire ?

— Pour prendre la place du roi ou de la reine, il faut être de la même famille. Si vraiment, il n'y a plus personne de la famille, alors il peut arriver qu'on aille chercher quelqu'un d'autre. Proche de la famille et capable de diriger le royaume. Ça peut être le frère ou la sœur du roi. Son oncle ou sa tante. Son neveu ou sa nièce. Certains royaume refusent que ce soit des femmes qui dirigent. Et d'autres refusent que ce soit les hommes. Même si c'est plus rare.

Lucy vit la mine perdue des enfants qui n'étaient pas sûr de bien comprendre.

— Ça ne fait rien. Un jour, vous comprendrez. Vous avez tous le temps pour apprendre ces choses-là.

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