Lettre À toi qui m'a volé...

2 minutes de lecture

Je n'ai jamais pris le temps d'extérioriser ce qui a pu se passer en Janvier 2017.
A peine 1 mois après mon 16ème anniversaire.
J'avais une vie compliquée et tu le savais. Je me confiais à toi parce que je te faisais confiance.

J'étais encore naïve avec un soupçon d'optimisme. Je savais encore rire et sourire sans avoir l'impression que ça soit faux. Je ne me sentais pas bien dans ma peau ni dans ma tête d'ailleurs. Rien n'y aidait. Je passais mon temps à materner ma mère et à subir mon père. J'ai toujours été le punching-ball de ce dernier maintenant que j'y pense. Bien-sûr, il n'a jamais levé la main sur moi. Il n'a jamais eu besoin de le faire. Le coup de ses mots était bien plus violents de toute façon... Est-ce que je lui en veux ?

Ce n'est pas le sujet de cette lettre.

Ici, c'est de toi que je veux parler. Tu étais supposé être mon ami. Tu savais déjà tout ça. Je t'avais fait part de ma crainte au sujet de ma santé mentale. Tu savais pour mes pensées suicidaires. Tu savais combien je souffrais... Alors je t'ai cru quand tu m'as invité chez toi pour me remonter le moral...

Ce n'était pas la première fois que je venais chez toi. Je connaissais ta famille et eux, me connaissaient aussi. Je connaissais ta maison. Ta chambre m'était familière. Pourtant, après cet après-midi. Je voulais fuir cette maison comme la peste.

Ce que tu m'as volé ce jour-là... Jamais je ne pourrais le récupérer.

Tes mains sur moi. Au début, j'aime bien, ce n'était pas la première fois que j'experimentais les préquels de l'acte. Mais il a fallu que tu franchisses une limite que je ne voulais pas franchir. Aucun son ne pouvait sortir de ma bouche.
Tes mains sur mon corps étaient devenues aussi brûlantes que de la lave. Je voulais t'éloigner, mais je n'ai jamais été connu pour ma force. Ma main sur ton torse qui faisait fantasmer l'adolescente que j'étais, je voulais te tenir éloigné alors que tu te couchais sur moi...

Tes doigts habituellement si doux... On fini par saisir mes poignets pour les immobiliser. Mes pensées se sont figées...

"Détends-toi..."

"Laisse-toi aller..."

Tu me fais mal. Arrête.

Voilà ce que j'aurais voulu te dire. Mais j'étais paralysée. Mon propre corps était en train de me trahir tout comme tu étais en train de le faire.
Les minutes étaient interminables. Mon esprit a dijoncté... J'ai déconnecté.

Et tu veux savoir le pire ? Je t'ai vu chaque jour pendant 6 mois dans les couloirs du lycée. On se disait bonjour, on riait, comme si rien ne s'était passé...

Je devais dramatiser la situation. Peut-être que j'avais voulu que ça se passe comme ça ? Alors pourquoi je n'arrivais plus à supporter la foule ? Pourquoi l'air me manquait en plein milieu des couloirs ? Pourquoi je ne dormais plus ? Pourquoi je ne supportais plus la proximité physique ?

6 mois. 6 mois de déni. 6 mois d'incompréhension.

Je ne t'en veux même pas, je m'en veux davantage à moi-même de ne pas avoir su communiquer pour me sauver d'un traumatisme et sauver notre amitié.

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