Chapitre 2 (2/2)

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 Le vent soufflait encore fort dans les rues de la ville, glaçant les personnes qui osaient se trouver sur son passage. Les bonnets et les grosses vestes à capuches étaient de sorties, toutes plus belles et diversifiées les unes que les autres, allant du classique noir au plus excentrique jaune moutarde. Au milieu de tous ces passants qui essayaient tant bien que mal de se protéger du froid, se trouvait un groupe de quatre jeunes femmes qui se déplaçaient gaiement, sans être effrayées par les bourrasques.

 — Bordel ! s'exclama la plus grande des quatre. Ça fait quand même trop plaisir, ça fait combien de temps qu'on ne s'était pas fait quelque chose ensemble ?

 — Je ne sais pas, réfléchit la plus ronde des quatre, ça doit bien faire un an quand même.

 — Clémence, intervint Vanessa, ça ne fait pas si longtemps que ça !

 — Moi, je crois bien que si ! enchérit Laura, baissant la tête pour mieux voir son interlocutrice.

 — Pas la peine de me regarder de haut, hein, madame la girafe. Je me demande s'il fait plus froid, là-haut, plaisanta Vanessa.

 Laura était la plus grande des quatre, du haut de son mètre quatre-vingts, elle avait bien du mal à ne pas se faire remarquer. Elle avait une silhouette très fine et n'avait pas beaucoup de formes, ce qui lui avait valu le surnom d'Allumette au lycée. Malgré les mauvaises remarques et les moqueries, elle avait gardé un état d'esprit sain et savait apprécier la vie. Clémence était tout son opposé, très petite et extrêmement, voir trop, ronde. Depuis sa plus tendre enfance, elle vivait mal son obésité et n'avait jamais réussi à s'en sortir, même avec les entraînements intensifs et les régimes stricts imposés par les diététiciennes. Elle pouvait compter sur ses amies. Vive le lycée, endroit où le culte de la perfection était beaucoup trop fort. Quant à Vanessa et Marie, vous les connaissez déjà, plus ou moins.

 Les quatre jeunes dames flânaient dans les rues, inspectant quelques vitrines sans jamais y entrer. Leur attention se porta plus particulièrement sur un magasin de sous-vêtements et d'accessoires coquins. Vanessa entra la première dans l'antre de la luxure, rapidement suivit par Clémence et Laura. Marie eue plus de mal à rentrer dans cette boutique, gênée par l'ambiance et les produits qu'elle y trouverait. La lingerie pour elle se limitait à plusieurs ensembles noirs qui étaient tous identiques. Pourquoi mettre de telles sommes dans des vêtements qu'elle serait la seule à voir ? Vanessa pointa le bout de son nez, tendant sa main vers son amie.

 — Alors Mimie ! cria-t-elle à l'autre bout de la rue. Tu ne viens pas ?

 — Non, ce n'est pas mon genre de boutiques... Et ne m'appelle pas comme ça !

 — C'est vrai, tu es plutôt du genre à commander toutes tes culottes sur La Redoute !

 — Je les aime bien moi, mes culottes.

 — C'est toi qui vois... conclut Vanessa en retournant dans le magasin.

 La curiosité fut plus forte que la peur. Ses pas la guidèrent vers la fameuse boutique, sans pour autant y entrer. Elle voulait d'abord jauger les lieux, savoir si elle pouvait s'y risquer ou non. Elle avait une image à tenir auprès de ses clients, si jamais l'un d'eux la voyait sortir d'un tel endroit, elle n'aurait plus aucunes crédibilité. Elle plissa les yeux pour mieux y voir, elle pouvait distinguer des étales pleins de sous-vêtements plus diversifiés que jamais, dans toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. De loin, elle vit un soutien-gorge qui attira son regard, d'un bleu métallique comme une nuit d'été. Ce bleu lui rappela la couleur du ciel lors de sa première fois avec Thomas. Peut-être que ça pourrait raviver quelques souvenirs en lui, elle n'aurait rien à perdre. Marie finit par prendre son courage à deux mains et pénétra dans la pièce tant redoutée. Elle y fut accueillie par des acclamations et des hurlements de joie. Ca va, elle n'avait rien fait d'exceptionnel.

 — Tu vois, dit Clémence les mains chargées d'articles coquins en tous genres.

 — Je suis fière de toi, continua Laura.

 — Je savais que tu pouvais le faire, Mimie, enchérit Vanessa.

 — Oh, c'est bon... Ce n'est rien d'exceptionnel... répondit-elle.

 Avant même de finir ou de continuer sa phrase, elle se précipita vers l'ensemble qui lui faisait de l'oeil, et qui lui rappelait tant de souvenirs. Elle le prit en main pour l'inspecter de plus près, la dentelle était vraiment détaillée, comme si des dizaines de petites roses parcouraient le tissu. Elle remarqua également la présence de petites paillettes qu'elle n'avait pas remarquée plus tôt. Une des filles se faufila derrière elle et lui arracha l'objet des mains.

 — Oh ! La dentelle, du bleu métallique et une touche de paillettes. On dirait... commença Vanessa.

 — Un ciel de nuit d'été, répondit Marie, émue.

 — Comme celle que vous aviez passé, Thomas et toi ?

 — Oui, c'était tellement magique... (Une larme se fraya un chemin sur le visage de la banquière.) Cette époque me manque tellement. Nous étions tellement insouciants, je n'avais peur de rien à ses côtés. Je savais que rien de mal ne pourrait m'arriver...

 — Ne pense pas au passé, la réconforta Laura, même s'il était plus joyeux que le présent.

 — Elle a raison ! continua Clémence. La flamme ne s'est pas totalement éteinte ! J'en suis sûre. Il te suffit d'ajouter quelque chose, de l'étoffer pour la rallumer et qu'elle reparte de plus belle !

 — Vraiment ? demanda Marie.

 Les trois jeunes femmes acquiescèrent à l'unisson. Marie avait une chance inouïe de les compter dans sa vie, sans elles, elle serait certainement au fin fond d'un gouffre de peur, d'angoisse et de tristesse, seule à tout jamais.

 Suite aux supplications de ses camarades, elle se décida enfin à chercher sa taille et à partir en cabine essayer l'ensemble. Marie se faufila derrière deux rideaux qui communiquaient directement avec une autre cabine, dans laquelle s'étaient rendues ses trois amies. Elle enleva délicatement ses vêtements, évitant à tout prix le grand miroir qui lui faisait face. Ses mains l'habillèrent de la culotte en dentelles et du soutien-gorge. La douceur du tissu venait caresser sa peau, c'était tellement différent de la lingerie qu'elle avait l'habitude de mettre. Ce changement de tissu était extrêmement confortable et rassurant, sa confiance en elle avait augmenté.

 — Marie ! s’égosilla Vanessa.

 — On veut te voir !

 Les trois jeunes femmes claquaient leurs mains les unes contre les autres, voulant encourager leur amie. Après plusieurs minutes d'hésitation, elle finit par ouvrir le rideau qui la séparait de ses juges, qui furent émerveillés par ce qu'ils avaient en face d'eux.

 — Alors là, s'étonna Laura, s'il ne te saute pas dessus en te voyant...

 — Tu es magnifique, ma belle, dit Clémence, émue.

 — Tu es une vraie femme, maintenant, finit Vanessa.

 Marie finit par se tourner vers le miroir tant redouté, et elle fut étonnée par ce qu'elle avait devant elle. Pas une seule fois dans sa vie, elle aurait pu s'imaginer être aussi belle et sexy.

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