Chapitre 1 (2/2)

4 minutes de lecture

 La mise en place faisait que seules deux personnes pouvaient s'installer sur les tables, face à face. Une rose y trônait au milieu des assiettes et des couverts. Le cadre idéal pour passer un moment très romantique. Le serveur les guida vers une table au fond de la pièce, écartée des autres. Thomas ne s'était pas foutu de sa gueule pour une fois : ils avaient la vue sur la grande dame de fer, brillante de mille feux. Marie semblait émerveillée par la mise en scène.

  — C'est magnifique ! dit la jeune femme en regardant l'extérieur.

  — Ça va, c'est juste la tour Eiffel. On ne va pas en faire toute une histoire.

  — Tu n'as pas choisi la table pour la vue ?

  — Non, je m'en fous. On est loin de tout le monde ici, personne ne viendra nous emmerder.

 Elle haussa les épaules avant de s'asseoir. Avait-il vraiment envie d'être ici ou se forçait-il pour lui faire plaisir ? Les deux options prouvaient ses sentiments ; même s'il n'avait pas envie, il le faisait pour elle. Le sourire lui revint aux lèvres et elle posa ses yeux sur son tendre amant. Rasé de près, pas un seul poil n'était oublié. Il avait choisi un costume noir des plus banals ; même dans un si simple accoutrement, elle le trouvait extrêmement beau. Il n'avait rien à voir avec le jeune adolescent que Marie avait connu.

 Le repas était interminable et dénué d'amour et de sens. Marie essayait tant bien que mal de capter le regard de son homme sans y parvenir, le sien était accroché à l'écran de son téléphone et ne semblait pas prêt à le quitter. La solitude s'empara de l'esprit de la jeune femme qui se laissa aller à regarder les personnes qui se trouvaient dans la salle.

 Un jeune couple d'une vingtaine d'années se trouvait à quelques tables à leur gauche, riant aux éclats tout en se tenant la main. La fille semblait boire les paroles de son interlocuteur alors que lui la dévorait des yeux. On pouvait voir dans leur regard que ce qu'ils avaient en face d'eux représentait tout l'or du monde. Ils étaient amoureux.

 Plus loin, deux personnes d'un certain âge arrivaient pour s'installer. Le vieil homme tira une des deux chaises et attendit que son épouse s'y assoit pour la rabattre sous la table. Il prit soin de lui enlever son manteau et de l'accrocher précieusement sur le porte-manteaux. Lorsqu'il eu à son tour prit place, il attrapa immédiatement la main de sa compagne, caressant délicatement ses phalanges meurtries par la vie. Ils ne parlèrent pas durant le repas, tout se passait dans le regard. Celui du vieil homme racontait tellement de choses, et celui de la vieille dame hurlait tout l'amour qu'elle portait à son mari.

  — Thomas ! dit-elle en montrant le vieux couple. J'espère qu'on sera encore aussi heureux et amoureux à leurs âges !

 Elle attendit quelques minutes avant de comprendre qu'elle n'aurait aucunes réponses. Thomas avait l'air absorbé par son mobile, discutant très certainement avec les autres chefs du magasin ; ils étaient devenus ses meilleurs amis et faisaient partis de ses priorités numéro une ! Marie baissa la tête sur son plat de pâtes fraîches et y plongea sa fourchette, essayant d'étouffer un sanglot à l'aide de la bouchée qu'elle fourra dans sa bouche. Un mouvement en face d'elle la fit relever immédiatement la tête, c'était son homme qui venait de se lever.

  — Où tu vas ? demanda Marie.

  — Passer un coup de fil, c'est pour le boulot. Tu me rejoins dehors ?

 Il contourna la table pour déposer un doux baiser sur le front de sa compagne, pressant doucement son épaule contre lui. Une vague de chaleur et de réconfort conquit le corps de la jeune femme, malgré les manières de faire de Thomas, elle savait qu'il l'aimait profondément. Elle lui répondit d'un hochement de tête et lui fit un joli sourire. Elle le regardait s'éloigner de la table, le téléphone à l'oreille.

 Marie finit son assiette rapidement, trouvant la situation un peu triste : une belle fille seule à une table en ce jour ci sacré. Elle savait que le premier mec en chien viendrait s'asseoir en face d'elle pour trouver du réconfort pour la nuit. Elle enfila sa veste et se dirigea rapidement vers la sortie. Un regard se fit insistant, elle le sentait, n'osant pas se retourner elle quitta la pièce sans même voir qu'un homme la regardait.

  — Mon amour, dit Thomas en voyant sa fiancée sortir. J'ai failli t'attendre.

  — Désolée, je voulais finir mon plat. Tu sais très bien que...

  — Tu n'aimes pas le gaspillage, l'interrompit Thomas. Oui, je le sais, Marie. On y va ? On ne doit pas rentrer trop tard, je suis attendu demain.

 Marie acquiesça et ils partirent tous deux à la découverte des rues parisienne. Elles étaient magnifiquement bien décorées, transportant les voyageurs dans un autre monde pleins d'amour et de grâce. Les commerces encore ouverts arboraient des vitrines pleines de roses et de fleurs en tous genres. Les personnes dans les rues étaient toutes souriantes et pleines de joies et d'enthousiasme. Une seule d'entre elles venait gâcher ce magnifique tableau : Thomas qui restait encore bloqué sur son téléphone. Marie soupira et essaya, d'un geste maladroit, de le sortir de ses rêveries. Elle empoigna sa main libre et mêla ses doigts aux siens, un geste que l'intéressé ne sembla pas apprécier. Il repoussa vivement la main de sa compagne, lui tordant un doigt dans la violence du geste.

  — Je n'ai pas le temps pour ces gamineries. J'ai fait un effort ce soir, à venir dans ce foutu restaurant, ne m'en demande pas trop, lança Thomas avant de continuer sa route sans même l'attendre.

Annotations

Vous aimez lire Nymphangie ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0