Chapitre 16

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Chapitre 16


    " Je suis allongée aux côtés de Sophie. Je ne dors pas, je n'y arrive pas. J'entends sa respiration ; tantôt rapide, tantôt lente.

    Je décide de me lever. D'autres femmes se lèvent aussi, ou n'ont pas encore été se coucher. Elles sont nues. Elles se grattent partout. Leur peau est rouge vif, pleine de boutons, de piqures. Certaines de leurs plaies sont ouvertes, couvertes de pus et de sang.

    Par réflexe, je me mets nue et vérifie l'état de la peau. Heureusement, je n'ai rien.

    Je sors dehors, il y a des SS partout autour du dortoir. L'un d'eux m'attrape. Je me débats.

    Un autre arrive. Il me frappe violemment au visage avant de s'en prendre à mon ventre. Je suis étourdie, prête à m'évanouir.

    Il continue et continue de me frapper sans cesse, à coup de pieds de poings et de crosse. Je m’évanouis.

    Lorsque que je me réveille, je suis debout sur une estrade. Tout est flou. Je ne distingue presque rien mis à part des formes mouvantes.

    J'entends rire, j'entends chanter.

    Le voile devant mes yeux se lève petit à petit. Je distingue l'endroit où je suis. Je me trouve toujours à Auschwitz, devant le crématorium. A mes côtés, il y a d"autres personnes, des prisonnières juives. Elles sont mortes, pendues. PENDUES ?!

    Je percute. Je percute que moi aussi j'ai la corde au coup. Mais je ne suis pas encore morte.  J'ai mal à mes parties intimes, extrêmement mal. Je baisse ma tête. Mes intestins sont à l'air, je suis ouverte de l'utérus jusqu'à mon ventre. Mon sang coule abondamment.J'ai extrêmement mal.

    Je hurle.

    Les Allemands rient aux éclats alors que moi, je pleure de peur et de douleur.

    L'un deux s'avance jusqu'à moi, tête basse.

    Lorsqu'il la relève, mes yeux s’écarquillent. Franz est là. Il me sourit, il se moque.

    Je le supplie de m'aider, de me laisser partir. Il me crache à la figure. Il me tire par les cheveux et enfonce son poing à l'intérieur de mon corps mutilé. Je hurle de douleur. Je lui crache dessus. Je crache du sang. Il m'enfonce de plus bel son poing jusqu'à ce que je vomisse. La flaque atterrit sur ses bottes. Il recule et me regarde comme possédé par une force obscure. Il me gifle à plusieurs reprises avant de se positionner à côté d'un manche non loin de moi. Il me regarde, me sourit et pousse le manche.

    Une trappe s'ouvre sous mes pieds. Je tombe dans le vide, retenue par la corde qui me lacère le coup.

    J'étouffe. Je suffoque. Je fais des bruits de déglutition, de vomis, des bruits rauques. J'étouffe. Je ne peux plus respirer.

    Ma tête se gonfle. Le sang ne circule plus. Je tente de desserrer la corde avec mes mains mais elles sont mutilées. je n'ai plus de doigts. Ils m'ont complètement détruite.

    Je suffoque toujours, j'étouffe, je vois flou, ma tête va exploser. Je commence à partir. Je ne distingue plus rien. J'étouffe, j'étouffe....

    Et je les entends toujours se moquer de moi.

    Je pars, je pars... Je suffoque, je m... "

    Ahhhhhhhhhhh ! Je hurle !

    Je me réveille en sueur. J'ai des palpitations. Mon cœur bat tellement fort que l'ai l'impression qu'il va sortir de mon corps. Quel cauchemar mon Dieu !

    Je prends une bonne bouffée d'oxygène. Je réalise que je suis encore vivante.

    Mes parties intimes et mes intestins sont toujours là. Je suis rassurée.

    Bizarrement, l'alarme retentit peu de temps après mon réveil. Il est l'heure de se rendre dehors et de rester des heures debout.


    Sept heures. Une partie de la torture se termine enfin.

    Ce matin là, dix femmes meurent sous les coups de feu, dont Sophie,  ou emportées par maladie. Je n'ai pas vu le temps passer. J'étais trop préoccupée par ce cauchemar et par ce que Franz m'avait dit la veille.

    Pour moi, ce cauchemar est une évidence. Il m'avertit de ce qui va m'arriver si je fais confiance à ce nazi. Il fait partie de ces nombreux montres qui approuvent et participent à la Solution Finale.

    Je le hais. Jamais je ne lui ferai confiance. Jamais.



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