Chapitre 10 (5ème partie)

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Dans la nuit, j'avais bien senti les bras d'Arouk m'enlacer, mais je ne m'étais pas vraiment réveillée. Au petit matin, ce furent les bruits du camp qui s'éveillait, les uns et les autres qui commençaient à aller et venir, qui me tirèrent du sommeil. J'avais perdu l'habitude de cette agitation, à avoir passé plusieurs lunes, seule avec Arouk.

Je me tournai lentement, mon ventre alourdi m'entraînant sur le côté. Arouk somnolait encore, mais ses bras se refermèrent sur moi, avant qu'une de ses mains ne vienne caresser mes rondeurs. Le bébé bougea un peu. Je souris. La présence d'Arouk avec moi, sentir que mon bébé allait bien, la douce lumière de ce matin d'hiver, la vie du camp, tout cela contribuait à me rendre heureuse et à me faire éprouver un bien agréable sentiment de sécurité.

Il m'était arrivé d'avoir peur, quand nous n'étions que tous les deux, surtout après la rencontre avec le banni et lorsque la meute de loups tournait autour de notre abri. Mais j'avais confiance en Arouk pour me protéger. Aujourd'hui, le sentiment de sécurité était plus profond, apporté par le fait d'être entourée par tous les miens, et aussi par l'aura de ma Grande Mère. J'avais d'ailleurs prévu de lui rendre visite dans la journée, peut-être avec ma mère. Mais je savais aussi qu'Arouk voulait lui parler.

J'entendis ma mère, puis Gourn se lever et sortir. Kari, fidèle à son habitude, devait encore dormir. Sans doute Arouk le comprit-il aussi, car il posa sa tête contre mon épaule, remonta un peu nos fourrures, et me murmura à l'oreille :

- Es-tu réveillée ?

- Oui..., soufflai-je à son oreille en réponse. Mais... il est encore tôt. Et nous pouvons partager le plaisir. J'en ai envie, ajoutai-je dans un sourire.

- Je n'en suis pas étonné, me répondit-il en laissant sa main aller de mon ventre à ma toison, avant d'y glisser un doigt.

Sa caresse accentua mon désir et son doigt se couvrit bien vite de mon humeur. Une douce chaleur m'envahissait, contribuant encore à augmenter le sentiment de sécurité que j'avais éprouvé au réveil.

Les mains d'Arouk couraient maintenant dans mon dos, chatouillant de ma nuque jusqu'au creux de mes reins. Je l'entourai moi aussi de mes bras, autant que mon ventre me le permettait.

- Il prend vraiment beaucoup de place, ce bébé, dis-je à l'oreille d'Arouk. Cela devient plus difficile de nous serrer l'un contre l'autre.

- Mes bras sont encore assez grands pour te tenir contre moi. Ils le seront toujours. Je t'aime si fort, Ourga !

Ses mots me firent sourire et je mordillai sa joue, avant de venir chercher un baiser. Une de ses mains caressa ma poitrine, faisant vite durcir mon téton. L'envie que j'avais de lui grandissait et notre baiser étouffa mes premières plaintes.

- Tourne-toi, Ourga, me souffla-t-il à l'oreille. Ca va être plus facile... ou alors, viens sur moi.

Mais il savait bien, en me proposant cela, quelle position je choisirais, et, sans attendre, je lui présentai ma croupe. Mon ventre reposa sur une fourrure, ma tête sur une autre, et Arouk me couvrit de son corps. Mais alors que je m'attendais à sentir déjà son membre envahir mon antre, il prit d'abord le temps d'embrasser ma nuque, puis de laisser des baisers courir sur toute mon échine, avant de mordiller mes fesses. Mes cuisses étaient déjà humides de mon humeur. Des frissons couvraient ma peau, au fur et à mesure que les lèvres d'Arouk se rapprochaient de ma fente.

- Hum... Ourga... Ce que tu sens bon..., dit-il alors que ses lèvres effleuraient mes fesses. J'aime t'embrasser partout, Ourga, mais là... Là, c'est encore meilleur, ajouta-t-il en glissant sa langue dans ma fente.

Je me tendis, creusant mes reins, retenant une plainte qui gronda dans ma gorge. Je ne voulais pas réveiller Kari et je songeais à mordre mes fourrures quand viendrait le plaisir.

Sa langue éveillait déjà mes chairs intimes, le plaisir montait en moi. Je fermai les yeux, savourant cette chaleur qui m'envahissait, ces sensations délicieuses. Mes plaintes s'étouffaient maintenant à chacune de mes respirations et Arouk ne tarda pas à me couvrir de son corps. Son membre dur entra en moi, lentement, mais avec assurance. Je me sentis bien instantanément. Bien de m'unir à lui si intimement, bien de me retrouver parmi les miens, bien de me sentir protégée et aimée. Aimée des miens, mais aimée de cet homme qui deviendrait bientôt l'homme de mon foyer, cet homme avec lequel j'avais appris à vivre, à survivre même, au cours de cet hiver. Cet homme qui attendait avec autant de joie que moi l'arrivée de l'enfant. Cet homme qui, à cet instant, me donnait tant et tant de plaisir.

Maintenant bien ancré au fond de moi, Arouk s'était redressé. Ses mains entouraient mes hanches, me tenant fermement. Mais je pouvais autant percevoir la douceur de ses paumes quand elles passaient sur mon ventre, que leur fermeté quand elles devenaient caresses. Son souffle devenait plus court, plus rauque et, quand il se pencha au-dessus de moi, je sus que son plaisir n'allait pas tarder à éclater. Moi, j'étais toute proche de m'abandonner et je n'attendais plus que le coup de reins décisif, la caresse précise, le baiser qui m'emporterait.

Mon plaisir éclata, lumineux comme les rayons de ce soleil d'hiver, et je mordis fort ma fourrure alors qu'Arouk s'unissait à moi dans le même élan, m'entraînant ensuite sur le flanc, pour pouvoir rester en moi encore un petit peu. Je me laissai emporter par ces vagues chaudes qui distillaient le plaisir dans tout mon corps, avant de reprendre mon souffle tranquillement, enlacée par Arouk, emboîtée à lui, mon dos contre son torse.

**

Arouk fut le premier de nous deux à se rendre auprès de Grak et de la Grande Mère. Il avait demandé, au cours du repas de fête de la veille, la possibilité de s'entretenir avec eux. Il avait quitté notre abri peu après notre lever, et alors que Kari me posait plein de questions sur le bébé, qu'elle voulait déjà toucher mon ventre pour le sentir bouger, il avait pris dans ses affaires le talisman du banni. Malgré sa discrétion, son geste ne m'avait pas échappé et je le regardai sortir avec une pointe d'inquiétude. Je ne pus retenir un frisson alors que me revenaient en mémoire les terribles circonstances de sa mort et de l'agression dont j'avais fait l'objet.

Je compris alors mieux pourquoi Arouk voulait parler avec Grak et la Grande Mère avant que je ne la voie, afin qu'elle puisse me rassurer et que je n'aie pas à évoquer toute cette histoire avec elle, mais qu'elle en soit déjà informée. Peu après, ma mère qui s'activait au-dehors revint dans l'abri et toutes deux nous entreprîmes alors de ranger au mieux mes affaires et celles d'Arouk. Je laissai cependant de côté un sac dans lequel il avait transporté ses outils, mais nous entreposâmes aussi avec soin la viande que nous avions ramenée. Il serait idiot de la perdre.

Arouk revint peu après et je compris d'emblée à ses traits qu'il était serein. Il s'assit à mes côtés, m'entoura de son bras et dit contre mon oreille :

- Tout va bien, Ourga. L'esprit du banni ira en paix, la Grande Mère va y veiller. Mais elle aimerait te voir dans la journée. Pour le bébé.

Je répondis à son étreinte et je me promis d'aller la voir après le repas.

**

L'abri du campement d'hiver de notre Grande Mère était plus vaste que la tente qu'elle occupait durant les rassemblements d'été, mais une atmosphère similaire s'en dégageait. Quand j'y pénétrai, elle était assise près de son petit foyer et faisait brûler quelques herbes odorantes. Il y faisait très bon, et je ressentis à nouveau, là encore, ce même sentiment de profonde sécurité que j'éprouvais depuis que j'avais retrouvé les miens.

- Assieds-toi, Ourga.

- Merci, Grande Mère, dis-je en prenant place face à elle, sur une épaisse fourrure.

- J'ai beaucoup parlé avec Arouk, ce matin, poursuivit-elle. Mais je dois t'entendre aussi. Parle-moi de ton bébé.

- J'ai commencé à douter dès la première lune qui a suivi votre départ, et le nôtre aussi, du campement d'été. Cela ne faisait pas très longtemps que nous avions construit notre abri pour l'hiver et nous étions encore en train d'en arranger l'intérieur. Mais ce fut à la lune suivante que je fus alors certaine de porter un bébé : à nouveau, je ne saignais pas.

- Tu t'es souvenue de ce que j'avais dit lors de vos rites ?

- Oui. Et puis... au début, il n'y avait pas de différence, puis mon ventre a commencé à grossir pour devenir maintenant bien rond.

- Cela fait donc plus de six lunes, dit la Grande Mère d'un ton affirmatif : elle n'attendait pas vraiment de réponse de ma part.

Je hochai simplement la tête. Elle continua :

- Ton bébé sera là avant le rassemblement d'été. Nous n'irons pas bien loin, de toute façon, puisque nous nous retrouverons près du camp du Clan de la Louve. Tu sens bouger ton bébé ?

- Oh oui ! Beaucoup ! Il me donne des petits coups aussi et, parfois, j'ai l'impression qu'il nage dans mon ventre. Arouk le sent bouger aussi. Il... Il est très heureux que je porte ce bébé, même si nous ne sommes pas encore unis.

- Vous le serez bientôt et c'est un signe fort des esprits que de t'avoir accordé si vite cet enfant, Ourga.

- Arouk a pris grand soin de moi et du bébé, Grande Mère. Il allait chasser aussi souvent que possible, il veillait à ce que les feux soient toujours allumés et quand les loups se sont approchés, il en a allumé d'autres pour les éloigner. Certaines nuits, il dormait peu pour qu'ils ne nous attaquent pas.

- Il a aussi tué un homme qui s'attaquait à toi, me dit-elle d'une voix à la fois douce et grave.

- Oui, répondis-je simplement, avec une certaine émotion dans la voix.

Je me tus un instant, puis ajoutai :

- Il est arrivé à temps.

La Grande Mère bougea lentement ses mains au-dessus du feu, comme si elle avait voulu se les réchauffer, mais j'eus intuitivement le sentiment qu'il s'agissait plus de signes qu'elle faisait, peut-être pour parler aux esprits. Elle reprit, après un moment de silence que je n'osai rompre :

- L'esprit de cet homme va maintenant en paix dans les grandes terres sauvages des chasseurs. Il n'y commettra aucune violence, il est apaisé. Il ne viendra pas te tourmenter, ni tourmenter ton enfant. Tu peux penser à ton bébé sereinement, Ourga.

Ses mots eurent un effet apaisant sur moi. Non que j'avais été inquiète, depuis notre rencontre avec le banni et l'agression que j'avais subie, car j'avais été préoccupée par d'autres choses, les loups d'abord, puis notre retour vers les miens avec la crainte d'être séparée d'Arouk. Mais cet homme, bien que méchant, n'avait pu bénéficier d'aucune cérémonie de notre part pour que son esprit aille en paix. Il était important qu'Arouk puisse l'évoquer avec la Grande Mère - et certainement avec Grak aussi - pour qu'elle puisse le guider dans le monde des esprits, vers les grands territoires de chasse. Ainsi, son esprit ne reviendrait plus parmi nous.

- Merci, Grande Mère, dis-je simplement.

Elle me sourit et ajouta :

- Ta mère va veiller sur toi, Arouk et Gourn aussi. Mais j'irai te voir de temps en temps, comme je vais voir Ilya et aussi Atania et Gania qui attendent un enfant. Mais ton bébé sera le premier de tous. Il sera là au printemps, quand il n'y aura plus de neige. Va maintenant, Ourga. Tu as encore beaucoup de choses à partager avec les tiens.

Je la saluai et quittai son abri. Au-dehors, le jour déclinait déjà et le soleil ne tarderait pas à disparaître derrière la colline, le long de la rivière. Je regagnai notre abri, mais tout en traversant le camp, je croisai plusieurs personnes et amis et chacun me dit un petit mot, ce qui fit que j'arrivai déjà tard parmi les miens. Gourn s'activait autour du foyer avec Arouk, ce dernier ajoutant du bois au fur et à mesure afin de permettre à Gourn de faire cuire un cuisseau de chevreuil tout doucement, sans le brûler. La viande me paraissait juteuse et tendre et cela me mit l'eau à la bouche. Mais c'était loin d'être prêt et, pour patienter car mon ventre grondait déjà, je piochai dans des fruits secs.

- Ce sont des noisettes que tu avais ramassées, Ourga, me dit Gourn en jetant juste un oeil vers moi, car il voulait demeurer concentré sur la cuisson.

- Ah, oui, dis-je.

Et à ce moment-là, mon ventre fit un bruit très sonore ce qui déclencha aussitôt un rire de Gourn et Kari s'exclama :

- Le bébé d'Ourga a faim ! Il réclame à manger !

- Comme toi, petite oursonne, dit Gourn avec un sourire tendre.

- Oui ! Oui, moi aussi, j'ai faim ! Mais je ne fais pas autant de bruit...

Mon regard quitta le visage de ma petite soeur pour croiser celui d'Arouk. Il souriait aussi et dit :

- Ourga a beaucoup plus faim qu'avant, mais c'est normal : elle nourrit aussi le bébé.

Il faisait vraiment trop chaud à mon goût près du foyer, aussi m'éloignai-je un peu pour m'asseoir confortablement dans un renfoncement creusé spécialement pour cela. J'emportai avec moi une provision de noisettes et j'en cassai quelques-unes avec un galet plat. J'en donnai à Kari, mais j'en mangeai aussi beaucoup. Ma mère rentra alors que la viande était presque cuite et elle fit quelques préparatifs, puis nous nous regroupâmes autour du foyer. Arouk vint s'asseoir à mes côtés, et Kari avait pris place à ma droite. Gourn et ma mère se tenaient face à nous.

Nous mangeâmes avec plaisir, c'était effectivement délicieux. Même si nous nous étions bien nourris, que nous avions agrémenté nos viandes avec des herbes, des grains écrasés ou des petits fruits au cours de notre isolement, nos repas n'avaient pas la saveur de ceux que ma mère ou Gourn préparaient. Nous n'avions pas autant d'herbes, pas non plus autant d'ustensiles qu'eux pour bien faire. Tout le repas, nous échangeâmes à nouveau, Kari ne cessant de nous poser encore et toujours des questions sur la façon dont nous avions vécu.

Mais la fatigue me terrassa vite et je gagnai ma couche alors qu'il n'était pas si tard. Comme j'étais allongée et que je regardais encore en direction du foyer, Kari s'approcha, passa ses bras autour de mes épaules et me demanda tout bas, comme si nous avions échangé un secret :

- Est-ce que je t'ai manqué, Ourga ? Toi, tu m'as beaucoup manqué et Lorg aussi. Je suis contente que tu sois revenue.

- Oui, Kari, bien sûr que tu m'as manqué... Et je suis très heureuse de te retrouver.

- Bonne nuit, grande soeur.

- Bonne nuit, ma Kari. Dors bien toi aussi.

Et je la suivis du regard alors qu'elle se rapprochait du foyer, allant prendre place entre les genoux de Gourn, qui l'installa confortablement contre lui. Elle se laissa aller contre son torse et, avant de plonger dans le sommeil, je me dis qu'elle allait certainement s'endormir là.

Au cours de la nuit, j'eus une vision, celle d'un jeune enfant blond, aux cheveux mi-longs, assis de même entre les jambes d'Arouk. Il avait les mêmes yeux bleus que lui, mais je fus incapable de dire s'il s'agissait d'un petit garçon ou d'une petite fille, car ses traits ne m'étaient pas apparus bien nets. Souvent, désormais, le soir comme le matin, la nuit quand je me réveillais, le jour quand je portais les mains à mon ventre car je sentais le bébé bouger, j'allais avoir cette image à me revenir à l'esprit et ce, jusqu'à la naissance.

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