Chapitre 1 (3ème partie)

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Je fis la connaissance de Drong peu après, Ilya me le désigna parmi le groupe de chasseurs. Mais je ne pus empêcher deux choses : la première fut une impression peu agréable qu'il me laissa, la seconde fut que mon intérêt se porta bien plus vers le jeune chasseur aux yeux bleus.

Maintenant que tous les clans étaient arrivés et s'étaient installés, Grak annonça qu'une première grande fête se déroulerait dans deux jours. Cela laissait ainsi le temps à chacun de retrouver des amis, de la famille, répartis dans d'autres clans, mais aussi aux Grandes Mères de s'entretenir pour appeler les esprits et leur demander de veiller sur nous tous. Au fil du rassemblement seraient aussi organisées d'autres réjouissances, dont deux cérémonies d'union, la première dans quelques jours pour permettre à ceux qui étaient prêts à l'engagement de s'unir, la deuxième, à la fin du rassemblement pour permettre à celles et ceux qui auraient trouvé leur compagne ou compagnon de quitter le rassemblement sans devoir attendre encore une année pour ce faire.

Les Grandes Mères procèderaient aussi aux cérémonies de protection des enfants nouveaux-nés et se déroulerait également une cérémonie d'initiation aux rites du plaisir pour les jeunes gens pubères, filles et garçons.

Durant les deux journées qui précédèrent la première grande fête, les chasseurs partirent sur les traces du gibier, de grands feux furent allumés et entretenus y compris la nuit. La viande cuisait déjà. Avec Ilya et quelques autres, nous partions vers la plaine, mais dans une autre direction que les chasseurs pour ne pas les gêner. Nous ramassions quantité de baies, de grains, de fruits que nous rapportions au campement. Nos mères préparaient alors des galettes avec la farine des grains pilés, et certaines les agrémentaient avec nos petites baies. C'était délicieux et il fallait constamment surveiller les plus jeunes enfants qui ne manquaient pas de vouloir y goûter avant l'heure.

Au fil des heures, cependant, je vis le visage d'Ilya devenir plus grave : Drong n'avait pas cherché à la retrouver, même s'il l'avait saluée avec sympathie. Elle m'avait présentée à lui à cette occasion, mais son regard insistant un peu trop sur moi-même plutôt que sur mon amie ne m'avait pas particulièrement plu. Néanmoins, je ne m'étais pas attardée à cette sensation.

Ilya s'inquiétait, se demandant déjà s'il aurait toujours envie d'elle. De ce que nous avions appris, il n'était encore engagé avec aucune autre femme, Ilya conservait donc, à mon avis, toutes ses chances. J'espérais pour mon amie que, le soir de la grande fête, il se montrerait à nouveau entreprenant et qu'elle pourrait alors être plus sûre de son choix.

**

Dès le milieu de l'après-midi, on sentait déjà dans l'air toute la joie et l'animation du campement pour cette première grande fête. Les enfants étaient encore plus excités que d'habitude, mais les adultes n'étaient pas en reste. Pour échapper un peu à toute cette agitation et surtout parce ma tunique me collait à la peau car j'avais passé plusieurs heures à surveiller la cuisson de nombreux morceaux de viande autour d'un foyer, je me rendis à la rivière.

J'y nageai longtemps. Je savourai ces sensations de calme, de plénitude. Même si je prenais grand plaisir à être avec tous les miens - et ce serait le cas ce soir -, j'appréciais aussi, par moment, de pouvoir m'isoler un peu. Je ne pensais à rien, étendue ainsi dans l'eau, sur le dos, flottant langoureusement au gré du courant. Mon regard se perdait dans le ciel, suivant sans les voir les volutes de nuages blancs qui se formaient au-dessus de la montagne et s'effilochaient ensuite jusqu'à disparaître.

Le bleu du ciel me fit penser à celui des yeux du jeune chasseur. Quel âge pouvait-il avoir ? Etait-il engagé ? Parmi les gens de son clan, Lorg comptait quelques connaissances. Mon frère pourrait-il en apprendre plus sur lui ? Cette idée me fit sourire. Mon frère aurait d'autres occupations et, après tout, je pouvais bien, moi aussi, désormais, aller vers ce jeune homme sans que cela posât le moindre problème. J'étais initiée, je pouvais inviter n'importe quel homme qui me plaisait et à qui je plaisais.

Mais est-ce que je lui plairais ?

Je poussai un long soupir alors qu'une de mes mains soupesa mes seins détendus. A l'idée qu'il pourrait y poser ses lèvres ou sa paume et aussitôt, je sentis mes tétons se raffermir quelque peu. Poursuivant mes lentes caresses, je fermai les yeux, faisant naître dans mon ventre un désir lancinant. Oui, il me plairait vraiment de passer une nuit et de goûter au plaisir avec lui.

Je me redressai soudain et, constatant que le courant m'avait entraînée un peu plus loin que je ne le pensais, je me mis à nager vivement vers l'amont. Bientôt, je retrouvai le rocher près duquel j'avais déposé mes vêtements. Je renfilai prestement ma tunique, ne remis pas mes jambières, mais seulement les petites peaux souples qui couvraient mes pieds : je me changerais à la tente, pour pouvoir revêtir ma tenue de fête.

Quand j'arrivai au campement, les préparatifs avaient bien avancé et, déjà, des groupes se formaient autour des grands feux. Je me rendis prestement à notre tente et constatai qu'Ilya se trouvait dans la sienne. Je l'appelai :

- Ilya ?

- Ourga ?, fit-elle en sortant juste la tête par l'ouverture de peau. Où étais-tu ?

- Je me suis lavée à la rivière. Je vais enfiler ma tenue. Tu es prête ?

- Presque, mais j'hésite sur quelques perles...

- Laisse-moi le temps de me préparer et j'arrive.

Mes vêtements étaient soigneusement rangés, comme mes autres affaires - dont les petits cadeaux que j'avais apportés - à la tête de ma couche. J'avais réalisé celle-ci avec un bon matelas de mousse et d'herbe et j'avais déposé dessus une première peau un peu ancienne, mais très agréable au toucher. Une fourrure, plus grande, me couvrait pour la nuit. Je sortis soigneusement ma tenue de fête et l'enfilai. C'était une longue tunique de peaux de rennes, sur laquelle Gourn avait cousu de petites bandes de fourrure d'ours. Je la portais avec une ceinture décorée de petits cailloux qu'avec habileté, il était parvenu à insérer dans le cuir. J'y fixai mon petit sac, choisis un collier auquel pendait une longue dent d'ours, rappel du clan auquel j'appartenais. Puis je sortis de la tente et gagnai celle d'Ilya. Je l'aidai dans son choix. Mon amie avait vraiment belle allure et j'espérais bien que Drong la remarquerait à nouveau.

Ma mère me sollicita ensuite pour aider Kari à se préparer, alors qu'elle-même s'habillait pour la fête. Je ne savais pas trop si ma mère avait l'intention d'inviter un autre homme que Gourn pour la nuit, ces grandes fêtes étant souvent l'occasion de choisir un nouveau partenaire. Mais même si elle restait avec Gourn, je savais qu'elle passerait une nuit agréable.

**

Lorg avait quitté notre abri le premier, nous invitant Ilya et moi à le retrouver. D'autres amis seraient là. Mais avant, mon amie et moi convînmes de cheminer d'un feu à l'autre. Elle avait à l'esprit de chercher Drong, moi, je songeais à revoir le jeune chasseur aux yeux bleus, croisés près de la rivière. Mais, ni l'une ni l'autre nous ne vîmes notre souhait exaucé et nous fûmes de toute façon bien vite arrêtées dans notre déambulation par Kaarg, un des amis de Lorg, qui avait déjà pris place près d'un feu. Là était déjà réuni tout le petit groupe dans lequel se trouvaient mon frère et quelques autres de ses compagnons. Deux autres jeunes femmes étaient avec eux. Nous nous retrouvâmes bien vite à une bonne dizaine et nous nous installâmes près du feu. Les premiers chants s'élevèrent, puis, bientôt, l'atmosphère fut toute à la fête. Nous dévorâmes de délicieux morceaux de viande, des galettes aux fruits, chantâmes avec les autres. La nuit était tombée lorsque les danses commencèrent.

Par chance, notre groupe se trouvait à proximité d'un des feux où étaient rassemblés plusieurs membres du Clan du Lynx. Ilya pouvait donc espérer que Drong y passerait. Ce dernier ne tarda pas à nous rejoindre et je m'en réjouis pour mon amie, mais secrètement, j'espérais aussi trouver le jeune chasseur aux yeux bleus dont je n'étais pas encore parvenue à connaître le nom. Hélas pour moi, il ne se trouvait pas dans ce groupe.

Un homme distribua une boisson un peu forte, mon frère et ses amis en prirent, nous aussi. La tête nous tourna bien vite, mais après quelques danses, nous fûmes dégrisées. Ilya riait maintenant et Drong la regardait avec envie. Nul doute qu'ils passeraient la nuit ensemble. De mon côté, je prenais plaisir à parler avec plusieurs des jeunes hommes qui se trouvaient avec nous et je me disais que même si je ne croisais pas ce soir celui qui m'intéressait plus particulièrement, je ne finirais pas la nuit seule pour autant.

Les groupes de jeunes gens attiraient toujours quelques aînés au cours des fêtes. Non seulement pour l'ambiance qu'ils mettaient, mais aussi parce qu'ils offraient l'opportunité de trouver un ou une partenaire jeune et non engagé pour une nuit. Ce fut ainsi que deux hommes du Clan de la Jument se mêlèrent à nous et que l'un d'entre eux, Korn, me fit danser plus d'une fois. Mes yeux devaient briller en réponse à son regard qui me faisait bien comprendre qu'il me trouvait à son goût. Après tout, ce n'était que la première fête du grand rassemblement et je n'avais pas encore goûté au plaisir depuis notre arrivée. Korn était plutôt plaisant et sa compagnie agréable, aussi acceptai-je de le suivre au-delà des feux, alors que, déjà, les rangs commençaient à s'éclaircir : les anciens s'étaient occupés de coucher les plus petits, des couples s'éloignaient eux aussi soit vers une tente, ou un abri de fortune, et, déjà, dans la nuit, pouvaient s'entendre les premières plaintes de jouissance. Mais ces cris étaient encore rares et couverts par le bruit des chants, de la musique, le crépitement des feux, le brouhaha des conversations.

Korn me mena vers un endroit un peu isolé. N'entendant pas d'autres bruits que ceux de la nuit et de la fête, nous pûmes nous estimer tranquilles. Il trouva sans peine un endroit confortable, sur de l'herbe épaisse. Je m'allongeai au sol et il se coucha près de moi, caressant doucement ma poitrine à travers mon vêtement.

- Tu es belle, Ourga. Je suis un homme chanceux ce soir, me dit-il avec gentillesse.

- Tu ne me déplais pas, Korn, répondis-je en poussant un premier soupir.

Il effleura ma tempe, puis mon front, de ses lèvres. Je commençai à caresser ses bras nus, puis glissai mes mains sous sa tunique. Son torse était très poilu, mais je pouvais sentir les muscles rouler sous sa peau. Il m'embrassa plus longuement dans le cou, pinçant légèrement ma peau entre ses lèvres. Avant même de m'avoir ôté le moindre vêtement, j'étais déjà excitée. Je dénouai ma ceinture et il put glisser ses mains sous ma longue tunique, s'emparant d'un de mes seins. Avec habileté, il fit durcir mon téton et comme je haletais, il repoussa sur mon visage une partie de mon vêtement pour pouvoir accéder plus librement à ma poitrine. Sa langue tournoya autour de mon autre sein, des sensations délicieuses naquirent dans mon ventre.

Mais mon vêtement me gêna bien vite et je me redressai, le passant par-dessus ma tête, lui dévoilant alors tout mon corps. Prestement, il fit glisser mes jambières et sa tête se posa aussitôt sur mon ventre, ses mains parcourant mes cuisses, ma poitrine.

Je n'étais pas en reste et je cherchai à ouvrir sa tunique, fermée par un lacet de cuir. Il s'agenouilla pour m'aider et, bien vite, j'eus accès à son propre corps. Curieuse et un rien affamée de plaisirs, je le caressai autant qu'il m'était possible, dans son dos, sur son ventre et le sentant dur contre ma cuisse, je saisis son membre entre mes deux mains. Il poussa un long râle et me souffla à l'oreille :

- Doucement, Ourga... Je ne voudrais pas venir trop vite...

Je souris avec amusement et dis :

- Je suis prête...

Et je me tournai aussitôt, lui offrant ma croupe pour qu'il puisse me prendre par derrière, position que j'appréciais particulièrement. Je l'entendis souffler et respirer plus rapidement alors qu'il se saisissait de mes hanches pour me rapprocher de lui. Son membre se glissa entre mes cuisses humides. Je savais mon antre chaud et prêt à le recevoir. Il me pénétra avec vigueur en râlant et ma première plainte ne tarda pas à jaillir. Il allait et venait à un rythme soutenu, échauffant mon ventre et faisant monter en moi les prémices du plaisir. Mais l'accélération de ses mouvements comme de sa respiration me fit vite comprendre qu'il ne tarderait pas à jouir. Me concentrant sur mes propres sensations, j'espérais jouir aussi, mais alors que je me sentais partir, poussant déjà de petits cris, j'eus soudain à l'esprit le regard bleu perçant du jeune chasseur et ce fut comme si tout mon corps se refroidit d'un coup. Korn jouit et sa semence inonda mon ventre, son sexe se retira du mien et finit de se vider sur mes cuisses. Il roula sur le côté, gémissant et soufflant encore un moment. Je tombai en avant, frustrée et étonnée de mes propres réactions. Cherchant mon souffle, les yeux ouverts sur la nuit, je tentai de comprendre ce qui m'arrivait. La voix de Korn me fit me tourner vers lui :

- Ourga... Je suis désolé... Tu n'as pas eu ton plaisir...

- C'était bien, Korn. Ca va.

Il se mit sur le flanc et, malgré l'obscurité, je pus deviner qu'il me fixait.

- Laisse-moi un peu de temps et je veillerai à toi.

- Ca ira, Korn, dis-je en caressant son visage du bout des doigts.

Je ne me sentais pas l'envie de recommencer avec lui. Mais sa main se posa sur mon ventre, se glissa entre mes cuisses et écarta les lèvres de mon sexe. Elles étaient gonflées et quand son pouce frôla mon petit bouton sensible, je compris que je n'étais finalement pas si loin que cela de la jouissance. Il me caressa avec précision et je sentis bien vite renaître le plaisir en moi. J'eus un petit orgasme, bien loin de ce que j'avais espéré, mais j'en profitai agréablement.

- Tu es une jeune femme sensible, me dit Korn quand je retrouvai mes esprits. Tu combleras l'homme qui voudra s'unir à toi. Mais j'espère qu'il sera attentif et moins empressé que moi..., rit-il en prononçant ses derniers mots.

Je m'assis et, tâtonnant quelque peu, je cherchai mon vêtement, car le vent frais, bien que léger, me faisait frissonner. Korn poursuivit :

- Y a-t-il quelqu'un qui t'intéresse, Ourga ? Tu me sembles encore un peu jeune pour vouloir dessiner le cercle de pierres, mais après tout...

- Je ne songe pas encore à le faire, répondis-je simplement.

J'aurais pu parler du jeune chasseur avec Korn, il le connaissait peut-être, même si son clan n'était pas proche du Clan du Lynx. Mais je préférai me taire. Nous parlâmes encore un petit peu, puis nous décidâmes de retourner au campement. La fête s'y prolongeait. Je cherchai Ilya des yeux, près du feu où nous avions passé la soirée, mais je ne la vis pas, de même que Drong. Je m'assis un moment aux côtés de mon frère, mais il ne tarda pas à s'éloigner à son tour avec une jeune femme. Un de ses amis s'installa auprès de moi, tenta de m'attirer à nouveau vers l'extérieur du campement, mais je refusai et gagnai finalement notre abri où seule ma petite soeur Kari dormait. Alors que j'arrangeais mes fourrures, je sentis une violente douleur me déchirer le bas-ventre. Je grimaçai, m'allongeai, mais je ne fus pas surprise, au petit matin, de voir des traînées rouges sur mes cuisses : ma période sanguine commençait.

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