Chapitre 4 (3ème partie)

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Dès le retour des chasseurs, la grande fête prévue s'organisa. Je n'eus pas à participer à ces préparatifs, mais à d'autres. Le Conseil des Grandes Mères avaient annoncé que la cérémonie des rites initiatiques aurait lieu le jour précédant la grande fête et les jeunes filles qui allaient être initiées se trouvaient déjà sous leur protection. Elles étaient en effet très fragiles, car très désirables, et pour éviter que tout homme ne partageât le plaisir trop tôt avec elles, elles étaient isolées dans une grande tente. Plusieurs Grandes Mères se trouvaient en permanence avec elles, ainsi que des femmes expérimentées. Souvent, leurs propres mères venaient les voir, passaient un moment avec elles. Je n'allais pas tarder, moi aussi, à passer du temps avec elles.

Les Grandes Mères annoncèrent aussi le nom des hommes qui avaient été choisis pour les rites. Lors de cette annonce, nous nous trouvions tous rassemblés autour des grands feux, au centre du campement. Arouk se tenait près de moi et il fut très surpris d'entendre son nom. Il avait jusqu'au lendemain pour faire connaître son choix, mais il se rendit avec les autres désignés auprès des Grandes Mères. Elles tinrent avec eux une sorte de conseil, leur expliquant ce qu'on attendait d'eux. La plupart avaient déjà participé aux rites initiatiques et seuls Arouk et un autre homme ne l'avaient jamais fait.

Après cette rencontre, nous nous retrouvâmes tous les deux à la rivière. Il s'assit près de notre petit feu et me dit :

- Ourga, j'ai besoin de parler avec toi.

Je hochai la tête. Je n'étais pas surprise de sa demande et je m'en réjouissais également.

- Je ne m'attendais pas à être appelé pour les rites initiatiques, me dit-il. Je sais qu'il s'agit d'une grande marque de confiance de la part des Grandes Mères, mais... je ne pensais pas qu'elles m'auraient appelé. Je ne sais pas encore si je vais accepter. C'est pour cela que je veux parler avec toi.

Je m'étais assise en face de lui, je me penchai et lui pris les mains.

- C'est un grand honneur pour toi, et une grande responsabilité qui va t'incomber, dis-je. Mais je pense que tu sauras faire ce qu'on attend de toi. J'ai grande confiance en toi pour réussir à initier la jeune fille. Je ne te l'avais pas encore dit, car je ne savais pas ce que le Conseil des Grandes Mères déciderait et je devais me taire tant qu'elles n'avaient pas fait leur annonce, mais le matin où ma Grande Mère m'a appelée, c'était pour me dire qu'elles pensaient à toi pour les rites. Elle voulait mon avis et je lui l'ai donné. Je lui ai dit que tu étais toujours attentif à moi et à mon plaisir et que tu saurais l'être aussi pour la jeune fille.

- Tu le crois vraiment ? me demanda-t-il avec un soupçon d'inquiétude. Avec toi, c'est bien autre chose... Tu as été initiée et tu es toujours prête pour moi. Tu as toujours envie du plaisir avec moi. Là... ce sera totalement différent !

Je réfléchis un moment avant de parler et dis :

- Tu te souviens du premier soir où nous sommes revenus ici, après la chasse ? Tu m'as dit que tu voulais t'occuper de moi à ta façon. Que je devais prendre le temps de savourer. Je pense que tu pourras agir pareillement avec la jeune fille. Prendre le temps de la caresser, de lui faire découvrir le plaisir dans chaque partie de son corps, lui montrer, par exemple, combien il est agréable d'être embrassée et caressée sur les seins. Mais qu'elle possède aussi d'autres endroits très sensibles. Elle les découvrira avec toi, mais elle devra les expérimenter plus profondément avec d'autres par la suite. Mais ce sera toi qui lui auras appris.

- Oui... bien sûr..., fit-il d'un air songeur et réfléchi à la fois. Mais... mais il y a le risque que je lui fasse mal, la première fois.

Je souris. Je comprenais parfaitement cette crainte. Tous les hommes qui étaient désignés pour les premiers rites l'avaient. Même les plus expérimentés, même ceux qui avaient déjà participé aux rites. La première pénétration d'une jeune fille pouvait être douloureuse, car elle était étroite et fermée. Il fallait beaucoup de douceur, d'attention, à l'homme pour l'ouvrir sans la blesser. Il se devait aussi de maîtriser parfaitement son propre désir.

- Arouk... Tu es capable d'attendre que je sois prête, même si je reconnais que je le suis vite avec toi. Souviens-toi encore... Ce soir dont je te parlais tout à l'heure. Tu m'avais donné un tel plaisir que j'étais incapable de te recevoir en moi avant un moment. Tu as été très patient, et quand j'ai voulu te prendre en moi, que je n'étais pas tout à fait prête, tu m'as demandé de venir sur toi. C'était beaucoup mieux ainsi. Tu pourras faire quelque chose de semblable avec la jeune fille.

Il hocha la tête et soupira. Je vis à son front plissé qu'il réfléchissait toujours. Pour le rassurer totalement, je lui dis :

- Je serai chargée d'accompagner la jeune fille avant le rite. Je lui parlerai de toi. De la confiance que j'ai pour toi. Je la rassurerai aussi.

- C'est vrai, me dit-il. J'avais oublié que tu joueras aussi un rôle. Les choses se passent un peu différemment chez ton peuple que chez le mien, ajouta-t-il.

- Quelles sont ces différences ? demandai-je avec curiosité.

- Et bien, globalement, le rituel est assez semblable, mais une femme demeure dans la tente, avec l'homme et la jeune fille, et non en-dehors. Elle s'installe dans un coin, très discrète, mais veille à ce que tout se passe bien. Sa présence rassure la jeune fille, mais aussi l'homme. C'est la principale différence. Les autres sont plus de l'ordre des préparatifs et de la cérémonie qui entoure les rites.

- Je comprends. Et pour l'initiation des hommes, qu'en est-il ?

Il me sourit. Je le sentis se détendre.

- J'ai été initié deux étés avant la chasse au cours de laquelle j'ai été blessé par l'ourse. Cela fait déjà six étés, précisa-t-il. Si les jeunes filles de mon peuple sont initiées par un seul homme, les jeunes hommes en revanche le sont par deux femmes.

Il sourit plus franchement de mon air étonné.

- Oui. Leur rôle est non seulement d'initier le jeune homme à son plaisir, mais surtout, de lui apprendre à en donner à une femme. C'est ainsi que j'ai appris beaucoup de choses, que j'ai découvert combien le corps d'une femme cache de mystères, mais aussi de zones sensibles. Elles ne sont pas toutes identiques, d'une femme à l'autre, et celles qui m'ont initié étaient pour cela très différentes. Elles sont aussi désignées du fait de leurs différences. Pour que le jeune homme puisse acquérir une plus grande expérience. Le rite d'initiation d'un jeune homme dure aussi plus longtemps que chez vous : le jeune homme et les deux femmes demeurent ensemble durant une demi-lune. Alors que chez vous, cela dure une à deux journées, pas plus.

- Oui, il faut éviter que le jeune homme ne s'attache trop à la femme qui l'initie. Il doit comprendre que son rôle auprès de lui est certes très important, mais surtout limité. Il devra compléter son expérience auprès d'autres femmes. C'est pour cela aussi que les jeunes hommes changent souvent de partenaires avant de s'engager. Et qu'ils sont très attirés par les jeunes filles tout juste initiées car ils les trouvent très désirables.

- J'ai pu mesurer tout cela depuis que je vis avec ton peuple, me fit-il remarquer avant d'ajouter : et je garde un très bon souvenir de mon rite d'initiation.

- Alors, je suis certaine que la jeune fille que tu initieras en gardera aussi un très bon de son propre rite.

Son regard sur moi devint à mes mots plus intense. Il se pencha vers moi et déposa un baiser sur mes lèvres.

- Si, par moment, je doute de moi quand je serai avec la jeune fille, alors, j'imaginerai que c'est toi que j'initie. Mais je ne lui apprendrai pas le baiser, dit-il avec sérieux. Cela, je le garde pour toi.

Il m'attira alors à lui pour m'embrasser cette fois profondément. Je répondis à son baiser et nous basculâmes bien vite au sol. Si, demain, il décidait d'accepter la demande des Grandes Mères, alors nous ne pourrions plus nous voir durant quelques jours, jusqu'à la fin de la cérémonie des rites. Je devrais me consacrer entièrement à la jeune fille qu'il initierait et passer les quelques jours nous séparant de la cérémonie avec elle et avec les autres femmes qui l'entoureraient. Je ne pourrais me consacrer à rien d'autre et ma famille devrait veiller à mes propres repas, mes propres besoins. La cérémonie des rites demandait la contribution de tous ou presque, même de manière indirecte. Quant à lui, il devrait aussi s'isoler, suivre certains rituels préparatoires avec les autres hommes choisis.

Arouk passa les mains sous ma tunique, vint chercher mes seins qui se tendirent aussitôt vers lui, gonflés et durs. Je gémis sous son baiser, déjà impatiente de nos caresses. Mes mains avaient soulevé sa propre tunique et je laissai mes doigts courir sur les muscles de ses épaules, de son dos.

- Ourga, me murmura-t-il à l'oreille. Je n'ai entendu parler que de rites, que de caresses, que de plaisir depuis ces dernières heures. J'ai très envie de toi... d'être en toi. Es-tu prête ?

J'écartai légèrement mon visage du sien et dis :

- Oui...

Il se redressa alors, je suivis son mouvement et lui ôtai sa tunique, puis la mienne. Il s'occupa de nos jambières et je découvris alors son membre tendu et dur, le gland rougi et les petites veines saillantes. Je pouvais mieux comprendre encore son envie. Et rien qu'à le regarder, je sentis mes cuisses se couvrir de mon humeur : moi aussi, j'avais envie de lui.

Je le fis basculer sur le dos et vins m'empaler sur lui, les cuisses bien écartées. Il s'empara aussitôt de mes seins, les caressa à faire pointer mes tétons vers lui. Se redressant légèrement, il prit l'un d'entre eux en bouche et le suça avec avidité. Des ondes délicieuses parcoururent mon corps, et, déjà, mes petits muscles se refermaient autour de son membre, le maintenant au fond de moi. Mon petit bouton était sorti de sa peau protectrice et, tout en ondulant des hanches, je le frottai contre le pubis d'Arouk, ajoutant de nouvelles ondes à celles qui me parcouraient déjà. En se redressant, il s'était aussi enfoncé un peu plus en moi, jusqu'à toucher ma zone sensible. Je gémis, puis criai, me cambrant plus nettement encore. Que c'était bon ! Lui en moi, ses mains pétrissant mes seins, sa bouche les suçant l'un après l'autre, faisant descendre un feu ardent jusque dans mon ventre.

Je n'étais pas en reste et caressai son torse, ses épaules, faisant tourner mes paumes sur ses propres tétons que je savais aussi sensibles que les miens. Sa plainte se perdit sur mon sein, puis sa bouche en parcourut la rondeur comme s'il avait été affamé.

- Ourga... Ourga..., répétait-il en poursuivant ses baisers passionnés.

- Arouk... Oui... Oh, oui ! Oh, viens, viens... maintenant !

Je n'en pouvais déjà plus. Je voulais cet éclatement de nos corps, cet enchaînement déchaîné, cette incandescence délicieuse. Je voulais la ressentir et la lui donner tout autant.

Ses mains abandonnèrent ma poitrine, se posèrent sur mes hanches, me maintenant fermement sur lui. Je ne pouvais presque plus bouger mon bassin tant il me rivait à lui, tant il se plantait en moi. Je sentis monter le frisson violent et mon plaisir éclata dans mon ventre. L'instant d'après, Arouk me rejoignit en un râle profond.

Je retombai sur lui, comblée et heureuse.

**

Dès notre retour au campement, le lendemain matin, Arouk fit savoir aux Grandes Mères qu'il était prêt à participer aux rites initiatiques. De mon côté, je gagnai notre tente et parlai un moment avec ma mère, lui disant que je devrais suivre l'accompagnement de la jeune fille qu'Arouk allait initier. Elle me prépara rapidement quelques affaires et provisions et je me rendis alors dans la grande tente où les jeunes filles avaient été rassemblées. Ma Grande Mère s'y trouvait et elle me salua avec plaisir.

- Ourga, je suis heureuse de te voir dès ce matin. Nous avons deux longues journées devant nous pour achever les préparatifs des futures initiées. Tu as vécu ton propre rite l'été dernier, ce n'est pas si loin dans ton souvenir. Je vais te présenter Oda. C'est elle qu'Arouk initiera. Elle est sous la responsabilité de sa Grande Mère, celle du Clan de la Louve. Elle est aussi la seule de son clan à connaître cet été les rites. Et elle sera aussi sous ta responsabilité.

- Bien, répondis-je simplement.

Elle me mena alors vers le milieu de la tente. Là, de chaque côté, avaient été aménagées comme des alcôves, séparées par des peaux. Dans chacune se trouvait une des jeunes filles. Je fis ainsi la connaissance d'Oda. Elle n'était pas très grande et devait être un peu plus jeune que moi-même lorsque j'avais connu mon rite initiatique, ce que me confirma d'ailleurs ma Grande Mère. Elle n'avait en effet que 13 printemps. Elle avait, un peu comme Ilya, de longs et beaux cheveux noirs, plus souples cependant que ceux de mon amie. Son visage était fin et ses traits bien dessinés, même si ses yeux étaient un peu grands pour son visage. Je lui souris en m'asseyant face à elle. Sa Grande Mère était présente et je la saluai avec respect.

- Voici Ourga, dit ma Grande Mère. Elle connaît bien Arouk pour partager le plaisir avec lui depuis le début du rassemblement. Oda, elle va pouvoir te parler de lui et t'aider à te préparer à ton rite.

- Merci. Bonjour, Ourga, ajouta-t-elle en me regardant avec timidité.

- Bonjour, Oda. Je suis très heureuse de te rencontrer et très honorée de t'aider à vivre ton rite.

Je lui tendis alors un petit cadeau, un collier de coquillages jaunes et blancs, que j'avais disposés en alternance. Elle me remercia avec reconnaissance. Puis commença alors tout un rituel, fait de discussions, de repas divers avec une nourriture adaptée. Je dormis aussi dans la tente et, le dernier matin avant le rite, nous partîmes toutes avec les jeunes filles jusqu'à la rivière. Nul homme ne devait nous suivre et nous regarder pendant que nous les baignerions et les masserions.

Nous restâmes un bon moment à la rivière. Je n'étais pas mécontente pour moi-même de pouvoir aussi me laver. Les jeunes filles furent lavées, puis massées par les Grandes Mères d'une façon qui les préparerait à ressentir le plaisir. Puis nous leur fîmes revêtir leur tenue de cérémonie, ainsi que quelques bijoux. Enfin, je fus autorisée, comme la plupart des femmes qui accompagnaient une jeune fille en particulier, à la coiffer. Au départ, j'avais pensé lui faire une tresse, puis je décidai de laisser ses cheveux libres, en nouant simplement deux mèches que je pris sur ses tempes, vers l'arrière et en les tressant. Je savais qu'elle pourrait trouver agréable qu'Arouk passât ses doigts dans ses cheveux.

Enfin, nous passâmes un moment, seules, Oda et moi. Je lui parlai d'Arouk, du plaisir que je prenais avec lui, de la façon dont il me caressait, m'embrassait, des sensations que j'éprouvais avec lui. Je la rassurai aussi sur l'attention qu'il me portait et qu'il lui porterait de même. Qu'il mesurait pleinement l'importance de ce qu'il allait faire et que cela compterait beaucoup dans sa vie à elle, comme dans sa vie à lui.

Puis l'heure de la cérémonie arriva. Une sorte de petit campement avait été dressé un peu à l'écart du grand camp et nous y menâmes les jeunes filles. Elles étaient accompagnées par de très beaux chants que tous les clans entonnèrent.

Ce campement était constitué de petites tentes, les hommes se trouvaient déjà là, chacun y attendant la jeune fille qu'il devrait initier. Tout un cercle de femmes entoura le campement, afin que nul ne vienne déranger la cérémonie. La plupart était des mères ou des femmes expérimentées. La mienne en faisait partie, celle d'Ilya de même. Les Grandes Mères firent entrer chaque jeune fille dans la tente qui lui était destinée. Elles restèrent un petit moment avec elle et avec l'homme, puis les laissèrent. Certaines Grandes Mères comptaient plusieurs jeunes filles de leur clan à vivre leur premier rite, aussi ne pouvaient-elles pas veiller sur toutes et s'installèrent-elles un peu partout dans le petit campement, très attentives et prêtes à intervenir si nécessaire. Mais auprès de chaque tente demeuraient plus particulièrement deux femmes. Je m'installai donc près de celle où se trouvaient Oda et Arouk.

Je les entendis parler un peu, puis il y eut un moment de silence, avant que je ne perçoive les premiers soupirs d'Oda et, de temps en temps, quelques mots rassurants d'Arouk. Je me laissai porter par cette atmosphère si particulière, si émouvante aussi, et je revécus alors ma propre initiation.

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