Chapitre 3 (deuxième partie)

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La chasse avait commencé. Les hommes s'étaient répartis en petits groupes le long du troupeau, cherchant à en isoler une petite partie pour les mener vers le piège que d'autres avaient construit. J'avais aidé à la réalisation de ce piège, de même qu'Ilya et la plupart des femmes qui nous accompagnaient. Arouk était parti avec les rabatteurs. Drong se trouvait avec nous, derrière les grands pieux de bois grossièrement dressés. Enfin, nous entendîmes la charge des animaux et les cris des chasseurs les poussant devant eux en portant de grandes torches enflammées. Il y avait là une quinzaine d'animaux, mais, déjà, les plus faibles tombaient sous les lances de leurs poursuivants. Les autres furent abattus à l'abord du piège, par des chasseurs cachés sur les côtés, et les derniers dans son enceinte. Drong fut un des derniers à donner le coup de grâce à un grand mâle puissant.

Nous débitâmes la viande sur place, mettant les peaux de côté sans nous en occuper vraiment : il serait toujours temps, une fois au campement, voire durant l'hiver, de le faire, alors que la viande, elle, ne pouvait attendre. Dès le lendemain matin, un petit groupe repartit vers le campement pour ramener déjà une partie de la viande. Arouk participa à ce groupe alors que je restais sur place. Gourn, Lorg, Ilya et Drong restèrent également.

Mon frère et mon amie profitèrent tous deux de l'occasion que j'étais seule pour me parler d'Arouk, mais chacun de façon un peu différente. Lorg fut le premier à le faire alors que nous nous occupions tous deux d'une partie d'un jeune bison.

- Alors, Ourga, tu as fait une belle rencontre cet été. Arouk est un bon chasseur. Tu l'as bien choisi.

- Je ne connaissais pas ses capacités à la chasse, dis-je, quand je l'ai choisi.

- Il possède d'autres qualités, dit mon frère en me souriant avec malice.

Je haussai les épaules légèrement, mais je souris en réponse.

- Oui, bien sûr. Je suis bien avec lui. Bien mieux qu'avec d'autres.

- Tu n'as cependant pas essayé beaucoup d'hommes, Ourga. Et tu sais qu'il n'est pas tout à fait de notre peuple.

- Il a été adopté par le Clan du Lynx, émis-je. Et il a accepté toutes nos coutumes.

- Ne te fâche pas, me dit-il. Je ne lui fais aucun reproche, je te rappelle juste une réalité à laquelle certains pourraient trouver à redire. Cela ne plaît que moyennement à quelques-uns de notre clan que tu sois avec lui. As-tu l'intention de dessiner le cercle de pierres pour lui ?

Je ne répondis pas tout de suite et m'absorbai un moment dans mon travail de dépeçage. Enfin, je relevai la tête et dis :

- Je ne le sais pas encore, sincèrement. Mais je sais qu'il me donne bien plus que ceux à qui cela pourrait déplaire. Si, parmi eux, tu comptes Nark et Otan, alors oui, Arouk me donne bien plus qu'eux. Il veille déjà sur moi et m'aide dans ce que je fais au quotidien. Il n'est pas uniquement bon chasseur, il est aussi excellent pêcheur et sait nager bien mieux que la plupart d'entre nous. Il est rapide aussi, et ne rechigne pas à la tâche. Si tu vois ce que je veux dire...

Mon frère hocha la tête. J'avais mentionné devant lui deux jeunes hommes appartenant à notre clan, dont Nark qui était particulièrement fainéant. Nark avait tenté de me séduire à la fin de l'été dernier et si j'avais passé quelques bons moments avec lui, j'avais vite renoncé à poursuivre notre relation car je voyais bien qu'il ne participait pas autant au travail commun qu'il était en mesure de le faire et qu'il s'arrangeait toujours pour laisser les tâches les plus pénibles ou les plus ingrates aux autres. Quant à Otan, j'avais passé quelques nuits avec lui au cours de l'hiver, plus par désoeuvrement que par réel intérêt. S'il m'avait donné quelques plaisirs, ce n'était rien comparé à ce que j'éprouvais avec Arouk.

Une fois que nous eûmes terminé de nous occuper de notre morceau de viande, je me relevai et, regardant où en étaient les autres dans leur ouvrage, je vis que je ne pouvais qu'aider à replier des peaux, ce qui ne me prit pas beaucoup de temps. Je gagnai alors une petite rivière, affluent de celle qui coulait près de notre campement. Je me déshabillai et me lavai, regrettant simplement que son lit ne soit pas plus profond et de ne pouvoir y nager. Je trouvai cependant des saponaires et fut bien contente de pouvoir me laver plus qu'un débarbouillage, y compris les cheveux. J'écrasai les bulbes et passai la mousse sur tout mon corps. J'étais debout dans le lit de la rivière, avec de l'eau jusqu'à mi-cuisses. C'était l'endroit le plus profond que j'avais pu trouver, sans avoir à chercher trop loin.

L'air était doux, je n'avais pas froid, aussi décidai-je de profiter au mieux de ce petit moment de repos, avant de retrouver tout le groupe de chasseurs pour préparer le repas du soir. J'étalai lentement la mousse sur mon ventre, mes épaules, mes bras. J'empaumai mes seins pour les enduire. Je songeai alors à Arouk et cela fit durcir mes tétons. Je soupirai : je ne le retrouverais au mieux que dans trois nuits, s'il pouvait repartir aussitôt du campement. Il m'avait manqué la nuit précédente, mais comme nos journées étaient bien chargées et le travail assez fatigant, je n'avais pas mis trop de temps à m'endormir, mais je me demandais bien ce qu'il en serait ce soir. Parviendrais-je à trouver le sommeil même sans sa présence ?

Mes mains continuaient à parcourir mes seins. Je fermai les yeux, laissant ma tête partir en arrière sur ma nuque, le visage tourné vers le soleil. J'appréciai la caresse de ses rayons tout comme celle de mes mains. A force de me caresser, mes tétons étaient si durs que c'en était presque douloureux. Je ressentais le besoin d'Arouk, de sa présence. Je l'imaginai, à genoux devant moi, sa tête posée sur mon ventre, ses mains caressant mes seins. Puis sa langue viendrait se glisser entre mes cuisses, il me lècherait avec délicatesse comme il le faisait si bien, faisant suinter ma liqueur en un flux abondant.

Je gémis, et je fis glisser une de mes mains sur mes lèvres intimes, gonflées et couvertes d'une humidité qui n'était pas celle de la rivière, ni celle de la mousse onctueuse que je continuais d'étaler sur mon corps. Mes doigts caressèrent ma vulve, étirèrent mes grandes lèvres, puis partirent à la recherche de mon petit bouton. Je poursuivis mon rêve tout en l'excitant. Quand l'envie d'Arouk en moi devint trop forte, que je ne pus plus résister à l'appel de ce désir battant, je gagnai la rive.

Mes gémissements augmentaient, la sueur coulait dans mon dos, entre mes seins, se mêlant à la mousse de saponaire. Les images qui me venaient à l'esprit étaient si nettes, si précises, le désir si violent, que je ne pus résister. J'avais perdu le contrôle de mon corps, et deux de mes doigts s'insinuèrent dans ma vulve, alors que mon pouce tourmentait toujours mon bouton. Ils plongèrent à la rencontre de mon point sensible, mais l'atteignirent difficilement. Je me mis alors à genoux, jambes écartées. L'eau frôlait ma vulve, mais ne pouvait éteindre l'incendie qui s'y était allumé. Mes doigts purent aller plus profondément et trouvèrent ce qu'ils cherchaient si avidement. Je me cambrai, me tordis sous l'effet du plaisir qui montait en moi. Mon autre main était restée sur mes seins, étirant mes tétons, l'un après l'autre, augmentant encore la sensation de plaisir qui me gagnait toute entière, jusqu'à participer à l'explosion finale. Je jouis en criant le nom d'Arouk et je gémis de son absence. Le plaisir avait été bon, mais c'était meilleur avec lui.

Je mis un peu de temps à reprendre mes esprits, et, le corps quelque peu apaisé, je me glissai entièrement dans le lit de la rivière pour me rincer. Je remontai ensuite sur la rive, pris mon peigne, et, assise sur un gros rocher rond, les pieds frôlant la surface de l'eau, j'entrepris de me coiffer. J'avais basculé toute la masse de ma chevelure, alourdie par l'eau, sur le côté gauche et la démêlais tranquillement. De temps en temps, je remontais une de mes jambes que je pliais, puis faisais de même avec l'autre. Me coiffer prenait du temps, et je n'hésitais pas à saisir l'occasion quand elle se présentait. Tout en regardant les dents du peigne glisser entre mes cheveux, je songeais aussi à l'échange que j'avais eu avec mon frère.

Je repensais à ce qu'il m'avait dit, au fait que quelques-uns n'appréciaient pas de me voir avec Arouk. Quelques-uns, certes, mais pas tous. Gourn ne m'avait rien dit de particulier, ma mère non plus. Grak, notre chef, l'avait félicité après la chasse : Arouk faisait partie du groupe de rabatteurs qu'il menait. Je me dis, même sans avoir trop prêté attention aux racontars ou aux attitudes des uns et des autres, qu'il y avait plus de gens que ma relation laissait indifférents ou qui l'approuvaient, que le contraire.

J'en étais là de mes réflexions lorsque j'entendis quelqu'un marcher derrière moi, sans chercher à être discret. Sa voix me renseigna bien vite : c'était Drong.

- Hé, Ourga !

Je redressai la tête et me tournai vers lui.

- Oui, Drong ?

- Je peux te parler un moment ?

- Oui, bien sûr, dis-je en pensant qu'il voulait me parler d'Ilya.

Il s'assit à mes côtés, non sur le caillou voisin, mais sur le même gros rocher que moi. Même si ce rocher offrait de la place, il n'en était pas moins qu'il pouvait me toucher et, d'ailleurs, ses jambes frôlèrent les miennes quand il s'assit. Je jetai un oeil sur le côté, mes vêtements étaient un peu loin pour que je m'en saisisse sans bouger. Je me levai alors pour prendre ma tunique, mais Drong me retint par le poignet.

- Tu peux rester ainsi, Ourga. Cela ne me dérange pas du tout. Tu es très belle, ajouta-t-il en laissant courir son regard sur mon corps nu.

- Peut-être, dis-je. Mais si tu veux parler sérieusement, je préfère me rhabiller.

- Et moi, j'aimerais bien que tu restes ainsi, dit-il en serrant son poing autour de mon poignet et en m'attirant vers lui pour me forcer à me rasseoir.

Je fronçai les sourcils. Je n'aimais pas ces manières, ni la tournure que prenait notre "conversation". Je tentai de me défaire de sa poigne, mais je n'y parvins pas. Ne voulant pas tomber sur lui, je m'assis et il me lâcha alors. Mais il alla droit au but :

- Ourga, me dit-il. Sache une chose. Je suis attiré par Ilya, mais je veux pouvoir connaître d'autres plaisirs avant de m'engager avec elle. Et j'aimerais les connaître avec toi.

Je le fixai, incrédule. Je finis par articuler :

- Quoi ? Tu veux partager le plaisir avec moi alors qu'Ilya est toute prête à le faire avec toi ? Et que tu veux t'engager avec elle ? Mais quelle valeur peut-on donner à ton engagement ? Tu vas de ci, de là, tu passes de bras en bras et tu parles d'union ?

- Ourga... Ne prends pas la mouche... Tu sais très bien qu'une fois qu'on est engagé, c'est moins aisé de changer de partenaires. Il faut souvent attendre des occasions précises, des fêtes... Tant qu'on n'est pas uni, on a beaucoup plus de liberté !

- Fais comme tu veux, Drong, mais moi, je n'ai pas envie de partager le plaisir avec toi ! J'aurais le sentiment de trahir mon amie et de trahir aussi Arouk !

- Peuh ! Tu n'es pas engagée avec lui ! Tu devrais profiter, au contraire ! Je suis certain que je pourrais te faire connaître des choses qu'il ne te fera jamais !

- Que m'importent tes prétentions, dis-je sans plus retenir ma colère. Ce que je partage avec Arouk est unique pour moi et mon amitié pour Ilya m'est précieuse ! Alors, ôte-toi cette idée de la tête ! Et si tu veux me parler d'Ilya, et bien, tu le feras à une autre occasion ! Je vais retourner aider les autres pour le repas !

Et je me relevai vivement pour prendre mes vêtements. J'avais à peine saisi ma tunique qu'il m'attrapa par la taille et me fit basculer en avant. Je me retrouvai écrasée sous lui et mis quelques instants à comprendre ce qui se passait.

- Drong !, criai-je. Es-tu fou ?

- Allons, Ourga... Ne fais pas ta timide... Quand Arouk est avec toi, tu ne dis pas non !

- Mais c'est Arouk ! Et avec toi, je ne veux pas ! Laisse-moi !

- T'en as envie... Il n'est pas là... Je t'ai bien vue te tourner sous tes fourrures, hier soir... Allons...

Et il commença à m'embrasser dans le cou et à caresser mes fesses. Je sentis un profond dégoût monter dans ma gorge, comme si j'allais vomir. Je tentai de lui échapper, mais il pesait si lourd sur moi que c'en était impossible. Quand je sentis que sa main abandonnait mes fesses pour défaire ses jambières, je compris alors qu'il allait me forcer. Et je vis là aussi le moyen de lui échapper. Cette pensée me fit l'effet d'un jet d'eau glacée et je réagis alors avec rapidité. Je tenais ma tunique, et mon sac de cuir dans lequel se trouvait mon petit couteau était à ma portée. Ce n'était pas une arme, mais je savais m'en servir suffisamment bien pour le blesser.

Comme je ne bougeais plus, il desserra un peu son étreinte, se donnant ainsi plus d'aisance pour se libérer de ses vêtements. Je tendis promptement le bras, saisis mon sac. Il avait soulevé ses jambes, libérant le bas de mon corps, me maintenant au sol uniquement par le poids d'un de ses bras sur mes reins. Dans un même mouvement, je me retournai pour lui faire face et sortis mon couteau du petit sac. Je le pointai sous sa gorge et il eut un vif mouvement de recul, qui me permit de me dégager entièrement.

- Hé, Ourga ! En voilà des façons ! Lâche ce couteau !

- Il n'en est pas question ! Te rends-tu compte de ce que tu t'apprêtais à faire ? Forcer une femme pourrait te faire exclure de ton clan et même de notre peuple ! C'est cela que tu veux ? Tu veux que j'aille rapporter au Conseil des Chefs et aux Grandes Mères ce que tu voulais me faire ? Et pire ? Ce que tu me ferais si tu ne t'en retournes pas tout de suite ? Je ne partagerai pas le plaisir avec toi, Drong ! Que ce soit bien clair !

Il me regarda d'un air totalement abasourdi. Il m'apparut alors comme l'être le plus veule et le plus abject que j'aie jamais côtoyé, et je me dis qu'Ilya méritait vraiment un autre compagnon que lui. Que je ferais tout mon possible pour que mon amie s'unisse à un autre homme.

Il se releva en bougonnant, renfila ses jambières. Je maintenais un écart conséquent avec lui, ne le lâchant pas du regard et ne lâchant pas plus mon couteau. Sans doute qu'avec sa force, il aurait pu me l'arracher, me jeter à nouveau à terre et me prendre contre mon gré. Mais mes menaces semblaient avoir fait leur chemin dans sa tête et, se redressant bien droit, respirant un grand coup, il me dit :

- C'est bon, Ourga. J'ai compris. Ne t'avise pas d'aller te plaindre au Conseil des Chefs. C'est tout ce que j'ai à te dire.

Et il tourna les talons, se dirigeant d'un pas vif vers notre campement. Quand sa silhouette eut disparu à ma vue, je me laissai tomber au sol, remarquant alors seulement que je tremblais de tout mon corps. Je mis un petit moment à pouvoir me rhabiller tant mes frissons m'empêchaient de faire le moindre geste. Je finis par rassembler mes quelques affaires, mon peigne, mon sac de cuir, mon couteau, et d'un pas lent, je rejoignis les autres.

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