Chapitre 2 (2ème partie)

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Quand je rouvris les yeux, je vis que le soleil avait disparu derrière la falaise et que même si sa lumière dorée se devinait encore vers le couchant, les premières étoiles s'allumaient déjà dans le ciel. Le souffle régulier d'Arouk caressait mon cou, alors qu'il avait reposé sa tête contre l'abri de mon épaule, le front sur ma natte. Je n'avais pas dénoué mes jambes d'autour de ses reins, tout juste mes muscles s'étaient-ils relâchés. Mes mains caressèrent doucement ses épaules, effleurant à peine la cicatrice laissée par les dents de l'ourse sur son omoplate.

- Ourga, me murmura-t-il avec tendresse, mais en restant immobile.

- Arouk ?, dis-je d'une voix faible, encore marquée par le plaisir que nous avions partagé.

- Ourga, reprit-il avec plus d'assurance, c'est délicieux d'être en toi. J'en ai eu envie dès que je t'ai vue la première fois... Mais tu es insaisissable... Je te cherchais partout et tu n'étais jamais là où je le pensais.

- J'en ai eu envie moi aussi... dès ce jour-là, dis-je en sentant la joie inonder ma voix. Et moi aussi, je t'ai cherché.

- Maintenant que je t'ai trouvée, je te garde, dit-il après s'être redressé et tout en me fixant droit dans les yeux de son beau regard clair.

Il sourit et je lui souris en retour. Après nos deux premières étreintes, si intenses et si fortes, et ce tout premier plaisir partagé simultanément, il était certain que je ne le laisserais pas partir comme s'il n'était qu'un compagnon d'une ou deux nuits. Je voulais partager encore bien d'autres plaisirs avec lui.

Il pencha son visage vers moi et alors que je pensais qu'il m'embrasserait simplement sur le front comme nous le faisions souvent en signe de tendresse, il posa ses lèvres sur les miennes, glissa sa langue dans ma bouche et la fit tourner autour de la mienne. Mes yeux s'ouvrirent en grand, toute surprise que j'étais, car, parmi les miens, jamais je n'avais eu connaissance d'une telle pratique. Mais je me sentis bien vite fondre sous cette découverte que je jugeais alors plus intime encore que de sentir un membre d'homme au fond de moi.

Quand il cessa et écarta légèrement son visage du mien, je le regardai encore étonnée. Il me dit :

- Je sais que les tiens ne font pas cela. Mais chez les miens, si.

- J'aime cela aussi, lui répondis-je en souriant. Apprends-moi à le faire.

Et il m'embrassa de nouveau, sa langue guidant la mienne dans nos bouches, explorant mes dents, m'incitant à découvrir son palais, ses lèvres.

- C'est délicieux, soupirai-je. Et cela me redonne envie du plaisir.

Il rit et son regard se mit à pétiller, comme si d'infimes étoiles s'y étaient allumées. Ce regard me rendit heureuse, comme lorsque assombri, il avait déclenché mon désir la première fois.

- Je ne crois pas que nous rentrerons au campement ce soir, me dit-il. Mais je pense que nous devrions déguster tes poissons.

- Oh !, dis-je. Je les avais oubliés... J'espère qu'une loutre n'est pas venue me les voler...

- Nous allons nous en assurer bien vite, dit-il en se retirant lentement de moi, provoquant alors un vide qu'il me tarderait de combler.

Et je ne pus m'empêcher de frissonner, bien que le vent fût tombé et que la fraîcheur de la nuit ne se fasse pas encore sentir.

- Moi aussi, j'ai envie de revenir en toi, Ourga, me dit-il comme s'il avait compris le sens de mon frisson. Mais nous devrions manger d'abord.

Je hochai la tête, me relevai et me dirigeai vers la rive. Mes poissons étaient toujours là, attachés à leur petit bâton. Je les tirai hors de l'eau, et alors qu'Arouk allumait un petit feu, je pris mon couteau et les nettoyai. Quand je m'approchai du feu, je vis qu'il avait aussi préparé des tiges longues et pointues pour les faire cuire au-dessus du foyer. Il me prit les poissons des mains et s'employa à les empaler. Je dis :

- Je vais me laver un peu et je viens t'aider.

Je retournai à la rivière, me glissai dans le courant et l'eau froide s'enroulant autour de mes jambes m'arracha un petit cri quand elle effleura mes lèvres intimes. Je fermai les yeux, crus défaillir alors que le sang se mettait à courir vivement dans mes veines. Mais ce n'était pas dû à la fraîcheur de l'eau, mais au réveil de mon désir, à la sensation saisissante de ce brusque gonflement de mon bouton sensible. M'efforçant de ne pas imaginer Arouk me comblant à nouveau, je nageai jusqu'au milieu de la rivière avant de revenir. Mes sens étaient à peine calmés, car lorsque je m'approchai du petit feu qu'il avait allumé et que je le vis, assis, faisant tourner avec habileté deux poissons au-dessus des flammes, je sentis une nouvelle bouffée de désir m'envahir. Mes seins pointèrent en avant, mes tétons durcirent à m'en faire mal et je me demandai bien si je parviendrais à manger alors que je n'avais qu'une envie : que sa bouche se refermât sur mes seins.

Mais le parfum délicat du poisson grillé eut raison, au moins pour un court instant, de cette autre faim dévorante. Je m'assis en tailleur, comme lui, et m'emparant des deux autres poissons, je les fis tourner à mon tour.

- Tiens, me dit-il, celui-ci est cuit.

Avec précaution, je pris le bâton, puis détachai la peau grillée de la chair rosée. J'avais mangé maintes fois des truites, mais celle-ci me parut être la meilleure que j'aie jamais goûtée. Nous mangeâmes d'abord en silence, puis Arouk me posa quelques questions sur moi, sur ma famille et mon clan. Je lui parlais du foyer de ma mère, de mon père que je n'avais pas connu, et de Gourn qui m'avait élevée comme si j'avais été sa fille. Je lui parlais aussi de Lorg et il me dit qu'il avait apprécié de chasser avec lui, qu'il trouvait que mon frère avait un grand sens de la chasse.

Le repas terminé, il gagna à son tour la rivière et j'eus soudain envie de nager à ses côtés. Je le rejoignis bien vite et nous nous laissâmes porter par le courant, avant de remonter d'une nage soutenue vers les rochers plats. Debout près de la rive, l'eau ruisselant sur nos épaules, il me prit dans ses bras et m'embrassa à nouveau. Cette fois, je ne marquai pas la moindre surprise, mais lui répondis avec ferveur. Son membre se dressa aussitôt et vint buter contre mon ventre. Il me désirait à nouveau et je le voulais aussi.

Il s'écarta à peine et me poussa doucement vers les pierres plates, m'incitant à m'y allonger. La pierre avait gardé la chaleur du jour, même si elle était moins chaude qu'en fin d'après-midi quand je m'y étais étendue - il y a une éternité.

- Ourga, laisse-moi te goûter, maintenant, me dit-il en accompagnant mon mouvement pour m'étendre sur la roche.

Je poussai un long soupir en réponse et, fermant les yeux, j'attendis ses premières caresses. Ses lèvres se posèrent sur un de mes seins, il lécha lentement mon téton, le faisant durcir sous sa langue. Sa main caressait mon autre sein, le pressant contre sa paume. Je glissai mes doigts dans ses cheveux humides, frôlant sa nuque, descendant jusqu'au creux de ses reins, puis remontant encore et appuyai sa tête contre ma poitrine, pour l'inciter à me caresser et m'embrasser encore plus.

- Tu es affamée de plaisir, Ourga, me dit-il d'une voix sourde.

- Oui..., répondis-je en gémissant. Oui... j'en veux encore... avec toi...

Alors que sa bouche me tétait toujours, sa main s'aventura entre mes cuisses et il me fit pousser mon premier cri :

- Arouk ! Oh... oui...

Mon sexe était en feu, le sang battait dans mes lèvres et dans mon bouton, alors qu'il m'avait à peine effleurée. Je sentais ma moiteur se répandre sur le haut de mes cuisses, liquide onctueux et odorant. Arouk se glissa dans la rivière, m'attira plus vers le bord du rocher. Mes pieds frôlèrent la surface de l'eau, mais, déjà, il écartait grandement mes jambes et plongeait son visage entre mes cuisses. Son premier baiser me fit me cambrer au point que seules mes épaules et mes fesses reposèrent un instant sur la roche, avant que je ne retombe de tout mon dos sur la pierre chaude. Je plantai mes ongles dans ses épaules alors que ses lèvres épousaient les miennes pour un premier baiser intime et intense. Sa langue s'introduisit dans mon antre, plongea, butina, lécha, goûta, avec une passion évidente. Je haletais déjà rapidement quand un de ses doigts l'accompagna dans sa découverte, bientôt suivi d'un deuxième. Je crus défaillir quand il introduisit un troisième et que ses doigts fouillèrent alors mes replis abandonnés par sa bouche qui, elle, vint se poser sur mon petit bouton. Il ralentit à peine le rythme de ses doigts, quand ses lèvres embrassèrent très délicatement mon bouton, le suçant tendrement pour le faire émerger de sa peau protectrice.

Mon humeur se déversait sur la roche, mes jambes se posèrent sur les épaules d'Arouk, je me cambrai à nouveau, poussant de petits cris aigus :

- Arouk ! Encore ! Oui... ! Oui !

Le plaisir déferla dans tout mon corps, partant simultanément de mon bouton et d'une zone sensible de mon antre sur laquelle ses doigts avaient insisté. Je retombai de tout mon poids sur la pierre plate, mais Arouk maintint avec fermeté mes jambes ouvertes. Sa bouche parcourait toujours mes lèvres, provoquant de nouvelles flammèches de plaisir dans tout mon être. J'eus le sentiment que mon corps allait succomber à tous les assauts de ce plaisir, au point d'en devenir comme folle.

Enfin, il écarta son visage, déposa de petits baisers sur mon ventre, à la limite de mon triangle sombre. Les yeux fermés, il respirait les effluves de mon plaisir, alors que ses doigts se trouvaient toujours en moi, caressant lentement mes parois intimes, accompagnant ainsi les derniers soubresauts de mon orgasme.

**

J'étais toute amollie, incapable de bouger, et Arouk me souleva dans ses bras pour me porter jusque sur l'herbe, là où nous nous étions précédemment étendus. Je caressai lentement son torse, dessinant ses muscles. Il était quasiment imberbe, ce qui était assez rare pour un jeune homme de son âge : la plupart possédait déjà un duvet plus ou moins épais. Malgré les cicatrices laissées par les griffes de l'ourse, je le trouvais très beau. J'admirais aussi son courage et sa volonté de faire partie des nôtres, même si un attachement certain le reliait toujours à son peuple.

Sa main se posa sur ma joue, caressant mon cou, ma poitrine. Mes seins étaient devenus tout amollis eux aussi, mais j'appréciai grandement les dessins que ses doigts formaient sur mes aréoles.

- Tu es très belle, Ourga. Je te désire encore tant !

- Je te veux encore, Arouk, dis-je d'une voix alanguie.

- Tu n'es pas encore revenue, me sourit-il. Nous avons le temps...

- Hum..., gémis-je dans un long soupir.

Les yeux fermés, je savourai ses caresses, puis, malgré la chaleur de nos deux corps, je commençai à frissonner. Il se leva, ramena nos vêtements et me couvrit de sa tunique. Je respirai avec plaisir son odeur et m'endormis sans m'en rendre compte. Il resta à me regarder longuement, alors que la lune s'était levée et éclairait mon visage de sa pâle clarté.

**

Le premier rayon du soleil fusant au-dessus de la plaine eut raison de mon sommeil. Avant même d'ouvrir les yeux, je pris conscience de la présence d'Arouk à mes côtés. S'il m'était arrivé, certains matins, de me réveiller auprès de l'homme avec lequel j'avais partagé une nuit, cela n'avait pas été si fréquent et s'était produit surtout au cours de l'hiver.

J'étais couchée sur le flanc, il avait passé son bras sous ma tête et j'avais enfoui mon visage contre son torse. Nos corps s'étaient épousés et nos jambes s'étaient emmêlées. Je n'avais pas froid, ainsi étendue contre lui, son autre bras passé autour de mes épaules, et nos tuniques posées sur nous. Je me dis que notre petit feu avait dû s'éteindre, mais que cela n'avait pas grande importance.

Je resserrai mon étreinte autour de sa taille et, de ma main libre, je caressai son dos en de lents petits cercles concentriques. Arouk bougea légèrement, sa respiration prit un rythme un peu plus rapide, et il ouvrit les yeux. Son regard plongea dans le mien et il me sourit avant de poser ses lèvres sur les miennes. Je n'hésitai plus désormais à lui ouvrir ma bouche et à le laisser s'emparer de mes lèvres, de ma langue. Il me fit basculer sur le dos et ses mains me caressèrent à nouveau, m'apportant une nouvelle chaleur. Je lui répondis tant et plus et, bientôt, nous fûmes tous deux avides de nous unir.

Il avait glissé quelque peu pour embrasser mon triangle et titiller mon bouton sensible, aussi l'ai-je surpris en me retournant pour lui offrir ma croupe. En grognant, il me couvrit de tout son corps, pour venir mordiller mon épaule, ma nuque. Cela déclencha en moi une nouvelle onde de désir que je sentis se répandre entre mes cuisses.

- Arouk... ! Viens, viens !

J'avais l'impression que j'allais exploser s'il ne venait immédiatement en moi. Ses mains glissèrent jusqu'à mes hanches, son membre s'introduisit en moi en une seule et longue poussée. Son gland toucha plus précisément encore qu'auparavant ma zone sensible et je poussai alors un long cri.

- Ourga... !, me souffla-t-il à l'oreille avec étonnement. Tu es déjà prête ?

- Oui... Oui... Viens... viens... Arouk... Je t'en prie ! Viens... Viens !

Il fit ressortir son membre, m'arrachant une plainte de protestation, pour revenir aussitôt, ressortir, revenir encore et encore, de plus en plus vite et de plus en plus fort, comme s'il avait voulu aller toujours plus loin en moi, s'enfoncer encore plus dans mes chairs accueillantes. Mon plaisir explosa, ma tête plongea dans les herbes humides de rosée. Mais Arouk ne me laissa pas profiter de cette fraîcheur et il me redressa vivement, m'obligeant à demeurer proche de lui. Je me retrouvai presque assise sur ses cuisses, et, d'une main, il s'empara d'un de mes seins, le pétrissant, faisant pointer mon téton, m'infligeant une vague à la fois douloureuse et délicieuse. Ses lèvres pincèrent la peau de mon cou, son membre s'enfonça durement en moi et il connut lui aussi une jouissance intense, laissant échapper mon nom en un long cri rauque.

Nous retombâmes alors dans l'herbe, haletants, le corps secoué par les spasmes du plaisir, nos noms murmurés en saccades.

**

Nous avions regagné le campement en fin de matinée, rapportant plusieurs poissons que nous avions pêchés au lever du jour. Ma tente était vide, ma mère, Gourn et Kari devaient vaquer de ci, de là. Arouk raviva le feu et nous mangeâmes trois de nos poissons. Je fis fumer les autres afin de pouvoir les conserver jusqu'au soir, puis je les enveloppai dans de grandes herbes pour les protéger des mouches et autres insectes qui voudraient en faire leur repas.

Les jours et les nuits suivantes, nous les passâmes ensemble. Quand il partait chasser, j'allais avec lui. Même si les chasseurs étaient le plus souvent des hommes, les femmes savaient aussi chasser. Elles abandonnaient cette activité quand elles avaient un enfant, mais il arrivait aussi, surtout lors de grandes chasses occassionnées par les rassemblements, qu'elles y participent à nouveau. Nous ne dormions cependant pas au campement, préférant un endroit près de la rivière que nous avions choisi au bout de deux jours. Il se trouvait plus en amont des grandes pierres plates, mais possédait une minuscule plage sablonneuse par laquelle il était aisé de descendre dans l'eau. Un bosquet de bouleaux poussait là, offrant ombre, abri et bois pour le feu. Chaque fin de journée, quand nous nous y rendions, nous apportions chacun une fourrure. J'avais réalisé une couche sommaire, faite d'herbe tendre, de mousse épaisse. Et je n'étais pas sans considérer que c'était la meilleure couche que j'aie jamais eue. Quand j'en fis la remarque à Arouk, il éclata de rire, mais me prit dans ses bras et m'y fit basculer, m'emportant vers une nouvelle étreinte alors qu'il avait entrepris de rallumer le petit foyer que nous avions entouré de quelques pierres. Mais ce feu pouvait attendre, ce qui n'était pas le cas de celui qui couvait dans nos corps.

Même si nos étreintes étaient fougueuses, la tendresse n'en était pas exempte et pas une fois, il ne me fit mal ou ne me blessa. Je me sentais toujours prête à le recevoir en moi, mais j'appréciais aussi beaucoup quand il faisait naître mon plaisir en embrassant et caressant mon sexe ou qu'au contraire, il me laissait prendre le sien en bouche jusqu'à ce qu'il ne puisse plus retenir son propre orgasme. Je goûtais alors avec délectation à la sève salée qu'il vidait dans ma gorge.

Mais une autre réalité allait mettre bientôt fin à nos quelques jours de bonheur sans nuage.

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