Chapitre 1 (2ème partie)

7 minutes de lecture

Le soir venu, Ilya et moi descendîmes à la rivière. Otant nos vêtements, nous entrâmes dans l'eau avec plaisir : la journée avait été chaude et nous nous étions beaucoup activées. Nous nageâmes un moment, puis nous trouvâmes des bulbes de saponaires que nous écrasâmes entre deux pierres pour en faire une mousse lavante. Je lui lavai les cheveux et elle fit de même. Sa chevelure était plus sombre que la mienne, presque noire, alors que j'étais très brune. Puis nous nous assîmes, encore nues, sur de grands rochers plats, sur la rive opposée à celle de notre campement. Le soleil réchauffait doucement nos peaux humides. Nous étions assez loin et tranquilles pour parler. Je tirai un peigne en os de la petite poche de cuir qui ne quittait jamais ma ceinture, Ilya fit de même et, tout en coiffant nos longs cheveux, nous parlâmes plus sérieusement.

- A l'automne, commença Ilya, nous avons eu la visite d'un groupe de chasseurs du Clan du Lynx, nous ne les avions pas vus depuis deux printemps.

Je hochai la tête : pour ma part, les gens du Clan du Lynx m'étaient en grande partie inconnus car je les avais vus pour la dernière fois lors du dernier grand rassemblement estival, soit cinq étés plus tôt. J'avais alors tout juste 11 printemps.

- Un des chasseurs me plaît, vraiment, me confia Ilya. Il s'appelle Drong. Nous avons passé plusieurs nuits ensemble... en fait, presque toutes les nuits de leur présence avec nous, sauf la première !, rit-elle. Nous avons eu beaucoup de plaisir tous les deux et je ne cesse de penser à lui depuis.

- Tu as accueilli d'autres hommes de ton clan, cet hiver ? demandai-je.

- Oui, trois. Mais... ce n'était pas pareil. Alors, je n'ai pas vraiment cherché à recommencer. J'espère que Drong voudra à nouveau de moi cet été. Je suis prête à réaliser le cercle de pierres pour lui.

Je fixai mon amie avec gravité : le cercle de pierres était le signe qu'une femme, jeune ou sans compagnon, était prête à s'unir. Elle créait alors un cercle avec des pierres, de forme plutôt ovale, dans lequel elle s'installait. Elle disposait juste d'une peau pour s'asseoir et, devant elle, elle plaçait l'insigne représentant son clan, afin que chacun ait connaissance de sa filiation. Les hommes qui voulaient s'unir à elle déposaient alors ce qu'ils possédaient à l'extérieur du cercle, montrant ainsi de quoi ils étaient capables et ce qu'ils pourraient apporter à son foyer. Quand elle avait fait son choix, elle ouvrait le cercle de pierre devant l'homme qui pouvait alors y entrer et s'y placer avec elle. Ensuite, on procédait à la cérémonie d'union. Elle pouvait dessiner le cercle à tout moment, quand elle le jugeait bon.

- J'espère pour toi, dis-je avec émotion. Et j'espère que vous resterez vivre au Clan du Renne, car ainsi, nous pourrons toujours nous voir, chaque été.

- Oui, tant que toi, tu resteras au Clan de l'Ourse, me fit-elle remarquer avec justesse. Car tu pourrais bien aussi vouloir créer un cercle de pierres cet été.

Je souris simplement de sa remarque, mais comme je sentis Ilya désireuse de me parler encore plus de Drong, je l'incitai à me raconter leur rencontre.

**

Ils étaient arrivés de la veille et dès les premiers moments, Ilya s'était sentie très attirée par Drong. Il possédait une bonne carrure et s'était montré habile à la chasse organisée le jour-même par les hommes du clan. Il avait été capable de porter un renne sur son dos, sans aide, et sans le traîner derrière lui. Il démontrait déjà une certaine force. Il n'était pas aussi grand que bien des hommes, mais avait les épaules larges et une solide musculature. Après le grand repas du soir, elle lui fit comprendre qu'elle était désireuse de passer la nuit avec lui. Il en fut visiblement très heureux lui aussi.

Le campement du Clan du Renne avait la particularité, contrairement au nôtre, de posséder des abris plus petits que nos grands abris familiaux. Les jeunes gens, dès qu'ils avaient reçus les rites initiatiques sexuels, pouvaient ainsi disposer d'une certaine intimité et c'était le cas d'Ilya qui, comme moi, avait été initiée durant l'été précédent. Depuis qu'elle avait quitté le rassemblement estival, elle n'avait pas accueilli d'hommes dans sa couche et était très désireuse de partager le plaisir avec un nouveau partenaire.

Elle avait allumé un petit feu dont la fumée s'échappait par un trou laissé libre dans le toit de son abri : en cas de grosse pluie, elle pouvait toujours le refermer. Il était impossible à un adulte de se tenir debout dans l'abri, aussi Drong s'était-il assis sur la couche d'Ilya, là où les peaux et fourrures formaient une chaude épaisseur. Les lueurs du feu faisaient danser les ombres sur les parois de sa tente et, quand elle retira ses vêtements, Drong put voir combien Ilya était belle et désirable. Elle avait de longues jambes, bien musclées, des fesses rondes et fermes, et une poitrine aux seins lourds dont les tétons durs pointaient vers lui, comme autant de tentations délicieuses.

Il l'avait attirée vers lui, la prenant dans ses bras avec assurance, et s'était empressé de téter ses seins. Elle avait poussé un long gémissement, preuve de son désir évident pour lui. Mais déjà, la main de Drong s'était glissée entre ses cuisses et il lui aurait dit : "Tu es déjà prête ?" Elle avait hoché la tête, incapable de prononcer le moindre mot.

- Tourne-toi, avait-il soufflé en retirant ses propres vêtements.

- Là, me fit-elle remarquer, j'ai hésité... Tu sais que je n'aime pas trop de cette façon, contrairement à toi, ajouta-t-elle avec un petit sourire. Mais j'avais tant envie de lui !... Alors, j'ai accepté.

- Et tu ne le regrettes pas, dis-je en la voyant encore si rêveuse à évoquer leur première étreinte.

- Non... Ce fut vraiment bon ! Il me prit tant et si bien que j'en mordis la fourrure qui était sous moi. Je te montrerai la trace, si tu veux, on voit encore la marque de mes dents...

- Je te crois, dis-je, mais si tu y tiens, je serais curieuse de voir cette marque...

Nous rîmes ensemble avant qu'elle ne reprenne son récit.

- Nous avons recommencé plusieurs fois au cours de la nuit et, au petit matin, il me réveilla en me léchant entre les cuisses.

- Ca, tu n'as pas dû dire non...

- Je n'ai pas protesté, tu peux en être certaine. Il était vraiment habile..., soupira-t-elle.

J'imaginai sans peine mon amie, étendue sur ses fourrures, les jambes écartées, son triangle foncé offert à la langue, à la bouche, aux doigts de Drong, se cambrant sous les assauts du plaisir, gémissant et râlant, les yeux fermés pour mieux savourer. A peine était-elle revenue de son plaisir que Drong l'avait pénétrée et ce nouvel assaut les avait laissés comme anéantis. Je compris alors pourquoi mon amie tenait tant à le revoir...

**

Le Clan du Lynx fut le dernier à arriver. Ce matin-là, je me trouvais à la rivière, et je pêchais. J'étais en train de me faire la réflexion que je n'allais pas tarder à quitter l'eau, car l'heure passant, le soleil montant dans le ciel, les poissons se cachaient de plus en plus. Pour pêcher plus aisément, je m'étais entièrement dévêtue, laissant ma tunique et mes jambières sur la rive. Je remontai le courant, puis gagnai la terre ferme par un petit passage sableux entre des rochers. Mes orteils s'enfoncèrent légèrement dans le sable humide. Portant mes poissons, je retournai à l'endroit où j'avais laissé mes vêtements. Le trajet n'était pas long, mais ma peau était déjà sèche en arrivant et je commençai alors à me rhabiller. J'enfilai d'abord mes jambières, puis, relevant la tête, ce fut à ce moment que je les vis arriver. Je les regardai venir, immobile, le torse découvert, la poitrine pointant avec un rien d'arrogance, mes tétons durcis par le vent léger et encore frais.

Ils marchaient en une longue file, large de deux ou trois personnes. Leur chef et leur Grande Mère menaient le clan. Quelques enfants couraient sur les côtés, riant et jacassant de plaisir. Quelques hommes suivaient le chef, puis venaient les femmes, les enfants. Enfin, un dernier groupe de chasseurs, portant des charges plus lourdes, mais aussi leurs armes, fermaient la marche. L'un d'entre eux était donc Drong, mais, malgré la description que m'en avait faite Ilya, plusieurs jeunes hommes pouvaient lui correspondre et je ne me serais pas risquée à tenter de l'identifier ainsi.

J'enfilai ma tunique, nouai ma ceinture en m'assurant, d'un geste machinal, que mon petit sac de cuir s'y trouvait toujours et, reprenant mes poissons que j'avais laissés par terre, je me dirigeai vers l'aval, en parallèle avec eux qui se trouvaient sur l'autre rive, pour leur indiquer le gué.

Le chef traversa le premier, puis me salua et je lui répondis de même, me présentant comme étant Ourga, du Clan de l'Ourse. Il me sourit, puis, s'écartant légèrement, il prit place sur la rive pour surveiller la traversée de tout son groupe. Je m'inclinai alors avec respect devant leur Grande Mère.

Je les vis traverser lentement, certains avec prudence, d'autres de façon plus aguerrie. Ce fut à ce moment-là que je remarquai l'un des jeunes chasseurs qui fermaient la marche : il traversait sans même regarder le sol, très sûr de lui. Je me dis qu'il devait vraiment avoir l'habitude de marcher sur un sol accidenté, caillouteux, voire humide. Il était un peu plus grand que ses compagnons et sa chevelure se détachait de celle des autres aussi par sa couleur plus claire, presque blonde. Cette couleur n'était pas fréquente parmi nous. Alors qu'il achevait de traverser, son regard plongea dans le mien et je me sentis aussitôt profondément émue, au point que mon sexe se gorgea d'humidité. Un violent frisson que je ne pus cacher me parcourut et je compris d'emblée que je désirais ardemment m'unir à lui. Il me fixa avec intensité et je crus voir un éclat de surprise tout autant que de désir s'allumer dans ses yeux d'un bleu aussi clair que celui de la rivière dans l'aube naissante.

Il passa cependant devant moi comme les autres, me saluant d'un signe de tête. Je restai immobile un instant, puis me décidai à remonter prestement toute la colonne pour rejoindre la tête et les guider jusqu'au campement.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 3 versions.

Vous aimez lire Pom&pomme ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0