Amicales réflexions

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Dans leur bar préféré, les deux amies discutèrent à bâtons rompus,

— Mais, Fran, tu penses vraiment que ça pourrait marcher lui et moi ?

— Ecoute Valentine, tu es bien avec lui, vous avez les mêmes valeurs, il te respecte… Vous vous êtes roulé des pelles d’enfer… Pourquoi tu ne tenterais pas la chose ?

Valentine eut une petite moue dubitative en lui répondant,

— Mais je ne sais pas, j’ai l’impression que je passerais un peu pour une garce, non ? Tu sais, je me fais un gars et puis je me fais le cousin…

Dodelinant de la tête, Françoise lui avança,

— Attends, de ce que tu m’as raconté, il a l’air vachement preneur, non ?

— Oui et c’est moi qui le tiens à distance, mais parfois quand on parle, autant il ne veut pas que je le compare à Axel, autant cela me rappelle qu’il est son cousin.

— En fait s’il ne te causait plus d’Axel, tu te sentirais mieux pour lui faire des avances, c’est ça ?

— Euh… en archi résumé, oui, je pense que je serais plus à l’aise pour l’envisager comme un partenaire.

Songeuse, Françoise murmura,

— Oui, c’est ça… C’est autre chose qui se passe pour toi Valentine… Autre chose.

Intriguée, Valentine lui demanda,

— C'est-à-dire ?

Françoise prit une bonne inspiration puis lui fit part de ses réflexions.

— L’autre, Axel, tu n’en parlais de lui que comme « amant », Sébastien, tu l’envisages comme un partenaire, c’est différent.

Prenant le temps d’y réfléchir, elle finit par se l’avouer,

— C’est vrai… Maintenant que tu le dis, je me rends compte que je n’en parle pas de la même façon.

Valentine soupira puis dévoila ses craintes à son amie.

— Je pense qu’effectivement, avec Sébastien, il y a moyen de construire quelque chose, mais j’ai un peu peur du côté plus intime, tu sais, il reste réservé même quand il me prend dans ses bras.

Sur un ton moqueur, son amie lui lança,

— Aaah Valentine ! N’oublie pas que toi aussi, tu ne fais que le prendre simplement dans les bras pour lui dire au revoir hein ! Et après lui avoir dit que tu ne voulais pas de copain pour le moment… Comment veux-tu qu’il déclare sa flamme aussi ?!

Françoise soupira puis reprit,

— Et depuis que tu lui as roulé un patin, c’est comment ? Tu le sens comment ? C’était bien, non ?

Souriant au souvenir du moment en question, Valentine se montra cependant sceptique.

— Oui, c’était bien… J’aurais bien continué, et lui aussi, mais… En fait, je n’ose pas Françoise… je crois que j’ai peur de ne pas être à la hauteur.

Etonnée, Françoise l’interrogea,

— A la hauteur de quoi ?

Valentine eut un sourire crispé avant de lui avouer ce qui la tracassait ;

— Mais, tu sais, qu’il me prenne pour une gourde qui s’est laissée avoir par son imbécile de cousin… En fait j’appréhende le fait qu’il me voie comme une fille facile.

En levant les yeux au ciel, Françoise lui balança,

— Oh mais dis, tu te trouves vraiment toutes les excuses possibles pour ne pas concrétiser les choses avec lui aussi !

Un rien outrée, elle rétorqua à son amie,

— Oui, mais je suis quand même passée rapidement dans les draps de l’autre …

— Et alors ?! Ça faisait des mois que tu bavais dessus… Tu as saisi l’occasion quand elle s’est présentée à toi sur un plateau d’argent, c’est tout.

Déconfite, elle lui balança,

— Oh Fran ! Je ne sais pas… Je suis une handicapée de l’amour !

— Mais arrête Valentine ! Tu t’empêches de vivre, c’est tout !

Une lueur triste dans le regard, Valentine se tut, puis finit par dire,

— Je me sens nulle et j’ai peur, Fran…

Connaissant son amie depuis l’adolescence, Françoise ne connaissait que trop bien le peu d’estime d’elle-même que pouvait, parfois, avoir Valentine. Elle la secoua gentiment.

— Peur de quoi Valentine ? Et t’es pas nulle, arrête ça !

— Peur que cela recommence avec Sébastien…

— C'est-à-dire ?

— J’ai peur d’être à nouveau trahie Fran, que cela recommence ; que je m’attache et puis que je tombe sur un os.

Tentant de rassurer son amie, Françoise tenta,

— Avec Axel tu l’as dit toi-même, tu l’as senti dès le début qu’il y avait un problème, et ici, avec Sébastien, tu le sens comment ?

Quelque peu recroquevillée sur elle-même, Valentine répondit,

— Mais comme je te l’ai dit… J’ai peur qu’il m’utilise, me juge et qu’il me largue après… J’ai vraiment l’air d’une gourde ! Avec l’autre con, je me suis jetée tête en avant dans l’aventure et je m’en suis mordu les doigts.

— Valentine de quoi as-tu réellement peur avec Sébastien ?

Elle répondit vivement, mais les yeux mouillés,

— Mais je te dis, qu’il me prenne pour une gourde !

Françoise ferma les yeux puis reprit,

— Non, « en toi », Valentine, qu’est-ce qu’il y a de différent entre Axel et Sébastien ?

Perdue, Valentine regarda son amie et lui avança,

— Mais, enfin, je ne comprends pas ce que tu veux me faire dire Fran !

Après avoir gesticulé sur sa chaise et avoir cherché ses mots, Françoise entreprit de lui expliquer ce qu’elle voulait lui faire comprendre.

— Comment dire ? Axel, quand tu en parlais, c’était essentiellement de l’aspect physique, jamais tu ne parlais de vos discussions, de vos idées, de vos projets… Tu vois ?

— Euh, oui, avec Axel, la relation était effectivement essentiellement physique… C’était un bon coup, mais côté conversation, ce n’était pas ça.

— Et Sébastien ?

— Là, oui, lui il en a, de la conversation !

Valentine esquissa un sourire qui retomba devant l’insistance de son amie.

— Et ?

— Et quoi ?

— Le reste…

Valentine fronça les sourcils et lui répondit platement,

— Mais je ne sais pas Fran, je n’ai jamais couché avec lui !

Prenant un faux air mystérieux, Françoise susurra,

— Donc tu ne sais pas comparer… Mais surtout, j’ai l’impression que tu ne veux pas comparer !

Interloquée, Valentine lâcha,

— Je ne sais pas…

Françoise en rajouta,

— Parce que tu as peur de constater que non seulement il a de la conversation, que vous vous respectez et qu’en plus il est bon au lit !

— Mais !?

— J’ai tort ?

Françoise attendit sa réponse, sourcils levés et sourire en coin. Valentine bredouilla,

— Je ne sais pas Fran… Mais tu sais, je ne sais pas si j’oserais sauter le pas avec lui… Peut-être que j’ai peur de me faire des illusions.

Souveraine, Françoise trancha,

— Mais tant que tu ne tenteras rien avec lui, tu ne connaitras que des illusions Valentine, voire même des désillusions !

Valentine ne put s’empêcher de sourire franchement devant le regard coquin que lui adressa son amie et glissa,

— Mmh, c’est peut-être vrai…

Elle se ressaisit tout d’un coup et annonça à Françoise,

— Dis, au fait, Marcelle, la mère d’Axel, la tante de Sébastien, m’a invitée à un barbecue le weekend prochain, elle veut me présenter Vanessa, sa fille.

Faisant le tri dans les informations qu’elle avait déjà reçues, Françoise demanda,

— Celle qui s’était barrée de chez elle à cause d’Axel ?

— Oui ! Elle est aussi la cousine de Sébastien, il m’a dit qu’il s’entendait bien avec elle.

En pianotant sur la table, Françoise lui indiqua,

— Eh bien, profites-en pour t’informer un peu plus sur lui … et qui sait, il sera peut-être là ? Non ?

Les yeux pétillant, Valentine lui répondit,

— On ne sait jamais… C’est là que je l’avais croisé avant notre dernier resto !

— Et nous, on y va au resto ce soir où on commande des pizzas ?

— On va au resto ! Viens, on décolle et je te donnerai des nouvelles de Grégory.

— Oh oui, raconte-moi les dernières nouvelles de ton grand frère.

Elles filèrent vers leur restaurant préféré.

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