Chapitre 19 : Déconnecté (1)

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Vyrian se sentit peu à peu revenir à lui. La lumière l’éblouissait à travers ses paupières closes. Il gémit et se retourna pour échapper aux rayons lumineux. Il s’arrêta net. Il ne parvenait à cerner le problème, mais il en était désormais certain, quelque chose n’allait pas. Pourtant, tout lui paraissait ordinaire. La dureté du matelas sous son dos, la rugosité des draps contre sa peau, tout y était. Mais, aucune voix ne venait hanter ses pensées. Pour la première fois depuis bien longtemps, il se sentit seul. L’absence des souvenirs et de Mère lui fit ouvrir les yeux.

La pièce était déserte. Sa fréquence cardiaque augmenta. Les mains moites, il repoussa les draps. A la vue de ses membres frêles, il se sentit mal à l’aise. Tremblotant, il bascula ses jambes dans le vide et se laissa tomber. Ses pieds percutèrent le sol froid. Il frémit. Un pas après l’autre, il entreprit de découvrir la pièce dans laquelle il se trouvait, dans ses souvenirs, elle était différente, plus grande.

Il se surprit à se déplacer de manière de plus en plus fluide. Ce n’est qu’en osant toucher ses membres rachitiques qu’il rencontra une légère boursouflure. Il exerça une légère pression, un exosquelette apparut. Surpris, le biologiste se redressa vivement. Il observa la structure se dévoiler. Fine et légère, l’armature permettait des mouvements fluides. Le scientifique fit une série de flexions-extensions afin d’observer le fonctionnement du mécanisme. Il fut à la fois déçu et admiratif de ne rien pouvoir apprendre de cette technologie. Elle s’adaptait si bien à son corps que Vyrian peinait à savoir quand l’exosquelette l’aidait.

Il n’y avait plus l’ombre d’un doute, il n’était plus dans son monde. L’absence des autres survivants s’expliquait. Alors que Vyrian prenait peu à peu conscience de sa condition, il observa d'un oeil nouveau son environnement.

Les souvenirs des derniers événements lui revinrent en mémoire. Il se rappelait du contact brûlant du sol sur sa peau, de la rupture de connexion avec Mère, de la perte de contact avec le Monde Mythique.

La douleur encore bien présente dans son esprit, n’avait laissé aucune trace sur son corps. Toutes ses plaies anciennes et récentes avaient disparu. La blouse qu'il portait, laissait supposer qu’il se trouvait dans un hôpital. Mais, il ne vit aucune trace d’intraveineuse sur sa peau. Plus le scientifique prenait conscience de sa nouvelle réalité, plus les questions se pressaient dans son esprit.

Etourdit, il se rassit sur le lit. Ferma les yeux, tenta de calmer les battements effrénés de son coeur et se concentra. Il devait faire un point sur sa situation. Il espérait pouvoir visualiser les événements comme il l’avait fait pour comprendre l’arrivée de Feyna dans le Monde Mythique.

Le biologiste sentit tapis au fond de son cerveau une présence familière. Il se détendit quelque peu en reconnaissant sa connexion avec Mère, il essaya de l’activer, mais rien ne se produisit. Il était seul, prisonnier de son ignorance et de sa solitude.

Le raclement d’une porte attira son attention, il ouvrit les yeux. Un homme se tenait face à lui. Vyrian sut son nom instinctivement : Rayec. Pour une raison que ne parvenait à s’expliquer le scientifique, Mère semblait lui avoir transmis ses connaissances. Néanmoins, curieux de la manière dont se présenterait le nouveau venu, il attendit.

— J’ai cru que tu ne te réveillerais pas.

Vyrian ne put s’empêcher de tressaillir à ces mots. Effectivement, jamais il n’aurait dû se réveiller en ce lieu. Pourtant, les événements avaient pris une tournure inattendue, il devait s’y adapter, aussi, il posa la question qui lui brûlait les lèvres.

— Combien de temps ai-je dormi ?

— Deux jours

— Deux jours ?!

Le scientifique n’osait imaginer le nombre d’informations qu’il avait pu manquer durant ce court laps de temps, tout était allé si vite.

— Vu l’état dans lequel je t’ai trouvé, ça aurait pu être bien pire.

Vyrian regarda son corps encore une fois, à la recherche de preuves de sa souffrance passée.

— Que s’est-il passé ?

— Je comptais sur toi pour me l’expliquer. Je t’ai trouvé non loin d’ici. Tu étais inconscient dans la cendre, ton corps à moiti enseveli. Je t’ai déterré, ramené et soigné. Après t’avoir fait passer un bilan complet, je t’ai installé cet exosquelette.

— Merci.

Vyrian ne savait comment réagir. Il était reconnaissait envers cet homme de l'avoir sauvé, mais il ne parvenait à croire qu'il l'avait fait par pure charité. L'installation d'une telle technologie était longue et difficile, les cernes sous les yeux de l'homme le confirmaient. De plus, Vyrian ne croyait pas à la chance, pas après ce qu'il venait de voir. Si cet homme l'avait trouvé et aidé c'était pour une bonne raison. Convaincu du bien fondé de ses pensées, mais se sentant irrespectueux, il interrogea son beinfaiteur.

— Pourquoi m’avoir aidé ?

— Parce que tu es comme elle.

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