René

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René, Aimé, Lucien et Pierre couvraient Guy Blanche qui, depuis son moulin abandonné, allait bientôt recevoir la visite du Chasseur ou d'un de ses hommes.

« Au fait, Chef, dit Pierre, je suis désolé Monsieur mais je n'ai pas trouvé Pensée. Il avait dit qu'il serait dans la grange et il n'y était pas.

-Il a du aller faire un tour, répondit René. T'inquiètes, Petit Mitron. On n'a pas besoin de lui, il faut de la discrétion pas de la puissance de feu. Et puis, on a Cupidon et le Chanoine. »

Ils s'interrompirent en entendant du bruit.

« Vous croyez que c'est le Chasseur ? demanda Pierre.

-Il serait en avance, répondit René en jetant un coup d'œil à sa montre. Mais ce n'est pas impossible."

Ce n'était pas le Chasseur qui arrivait. Ni un de ses hommes, à moins que le Chasseur n'ait légèrement changé d'opinions.

Car ce fut l'un des blindés interrompus la veille qui arriva dans la clairière du Moulin, par une voie coupant toute possibilité pour trois des résistants d'alerter Guy Blanche. Restait Lucien, qui, lui, pouvait encore bondir jusqu'au moulin, siffler tea for two ou simplement lancer l'alerte, et fuir par l'arrière.

Il ne fit pas un geste. Pierre sentit son cœur se briser en comprenant qu'il y avait un traître dans leur groupe. Un sale traître, un cafard abject, une pourriture, un fumier, une ordure. Son vocabulaire n'était pas encore assez étendu pour qu'il ajoute quoi que ce soit.

Les soldats allemands investirent le moulin, traînèrent Guy dehors. Celui-ci, à genou, les mains derrière la tête, gardait la tête haute. Il avait compris qu'il n'y avait plus d'espoir pour lui, mais tant qu'à mourir, autant mourir dignement, et avec panache.

Il commença à chanter leur code pour les embuscades. La Marseillaise.

Les Allemands lui dirent de se taire une fois, puis, voyant qu'ils continuaient, ils tirèrent une rafale dans sa direction. René serra Pierre contre lui pour l'empêcher de voir la scène. Puis il le traîna plus loin dans le bois et lui dit, sans parvenir à contenir son émotion :

« Retourne à la grange. Bouge tout ce qui est à nous, avertis tout le monde de ne pas y revenir. Si nous sommes encore en vie, rendez-vous tous le douze au Café Suzette. Fais passer le message. »

Pierre hocha la tête et s'enfuit à toutes jambes, bien content de n'avoir ni public pour voir ses larmes couler, ni à rester et à voir le corps de Blanche gisant par terre.

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