Air
La montée du col avait été éprouvante. La partie qui traversait la forêt tout d'abord, avec son sentier sinueux et parcouru de racines torturées. Puis la pente herbeuse, que découpait une piste longiligne maintes fois piétinée.
Pressés d'en finir avec ce côté de la montagne, ils avaient forcé l'allure, et avalé les derniers mètres comme on grimpe un escalier quatre à quatre.
Lorsqu'ils parvinrent en haut, la sensation de fatigue disparut. L'air leur brûlait les poumons, le sang empourprait leurs joues. Le dernier effort leur avait coupé le souffle, mais l'air s'insinuait à nouveau en eux comme une liqueur brûlante, qui vague après vague, les rendait à la vie.
Le paysage était époustouflant.
L'horizon n'avait pas de limite, il s'étendait devant, derrière, autour, et leur donnait le tournis. Chaque détail du paysage était à la fois si lointain, et si pénétrant, qu'on ne pouvait s'y attarder sans ressentir un émoi troublant.
Elle avait chaud. Lui aussi. Ils se glissèrent hors des bretelles de leur sac à dos et se dressèrent lentement, vertèbre après vertèbre, comme deux automates un peu rouillés. Une fois debout, elle déboutonna sa chemise, pour que plus rien, pas même la pudeur, ne se dresse entre elle et la montagne.
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