Boulette de mie de pain
Antoine se resservit un verre de vin et le but cul sec. Il était anéanti.
Son épouse, Bianca, celle qu’il aimait depuis plusieurs années, la prunelle de ses yeux, venait de lui asséner la sinistre vérité : tout était fini entre eux, elle le quittait.
Elle lui avait porté le coup de grâce alors qu'ils en étaient au dessert, puis elle s’était levée et lui avait dit, le regard triste :
– Je suis vraiment désolée, Antoine !
Ensuite, il l’avait entendue aller et venir dans le salon, et brusquement, la porte d’entrée avait claqué.
Il était seul dans la maison.
Seul dans sa vie.
Seul.
Son cœur se déchira. Il émit un drôle de son, entre le cri et la plainte, et ses yeux s’embuèrent.
Qu’allait-il devenir à présent ? Il était perdu sans elle. Il ne vivait que pour elle. Son poste de directeur dans une société de maintenance lui permettait de subvenir largement aux besoins du ménage. Bianca ne travaillait d’ailleurs pas et passait le plus clair de son temps à courir les boutiques ou à fréquenter les salles de sport.
Et ce soir, il ne lui restait plus rien d’elle, même pas l’enfant qu’il avait tant désiré et qu’elle n’avait pas souhaité.
Bianca était belle et elle avait un autre homme dans sa vie. Depuis quand ? se tortura-t-il. Elle ne le lui avait pas dit.
Antoine réalisa soudain qu’il tenait entre ses doigts une boulette de mie de pain. Depuis quand la triturait-il ?
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