Vient l’heure de clore la séance et de se dire au revoir.
Lentement les acteurs de ce rendez-vous mensuel s’en vont, chacun retournant à ses pénates. Est-il vraiment utile de détailler tous les endroits où j’espère croiser Camille sur le chemin du retour ? Bon, puisque vous insistez…

Dès la sortie de la salle de réunion je jette un œil pour la trouver ; ici vers la salle de pause, là vers un bureau de passage. En vain.
En sortant de l’immeuble je m’attendrais presqu’à ce que la voiture garée là-bas klaxonne pour me faire signe. Raté. Arrivé à l’hôtel, je rêve de la voir dans le grand salon, posant son magazine et venir vers moi. Là aussi, désillusion…

Je récupère mon bagage et hèle un taxi pour qu’il me dépose à la gare. Le chauffeur a beau tenter de me dérider en usant tous les thèmes de discussion possibles, je ne fais que répondre machinalement. Il n’y qu’elle dans mes rêves, dans mes désirs, mais point sur ma route !

Quel sortilège m-a-t-elle lancé dans ce train ? Je pensais l’avoir moi ensorcelée mais si en fait c’était elle qui avait utilisé ce fameux collier, ou sa chemise magique, pour m’hypnotiser ?
Quel est son talisman secret ? Quand en a-t-elle usé pour me faire tomber dans ses filets ?
Nous arrivons enfin à la gare. Je règle la course et me dirige vers le hall des départs.
Cette silhouette là-bas qui entre dans le point presse, est-ce que par hasard… ?

- Camille !!

Mais Camille ne daigne pas se retourner… la silhouette n’est pas sienne. J’erre dans la gare en attendant que la voix annonce la voie.

« Le TGV numéro 3204 à destination de Strasbourg effectuera son départ de la voie 5. »

Sur le quai ? Non, cesse de te torturer René, il faut se rendre à la raison, elle n’est plus là et il me faut maintenant reprendre ma petite vie normale.

Le retour n’a pas la même saveur que l’aller. Je me retrouve dans une voiture sans étage ce qui m’arrange bien. Il n’aurait plus manqué que je sois à nouveau dans un carré pour que la nostalgie ne me gagne plus encore… Je sais bien que cette fois-ci elle ne me réveillera pas.
Afin de ne pas avoir l’impression que le trajet soit interminable, je prends mon casque et en route pour ma playlist spéciale… Blues bien sûr pour aller avec l’humeur du moment.

FIN