6. Anarchie Fermière

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A bord d’un chargement d’angoisse et entassés

Nous nous laissons porter en dociles moutons

Dont les têtes n’ont pas encore été coupées.

Anxieux de l’abattoir vers lequel nous allons.

Les bouchers, d’ordinaire, attendent depuis tôt.

Autour d’eux, le bétail coule en trots anodins,

Aux muscles relâchés, déferlant en troupeau.

« Ne savent-ils donc pas qu’il n’en restera rien ? »

Le chef tient un couteau, serré entre ses dents.

Lorsque la porte baille, il nous ouvre les bras.

Des charrues et labours attendent dans le froid

Qu’on saisisse nos mors jusqu’à l’épuisement.

Nous tirons comme si chacun de nos soupirs

Repoussait un peu plus le tranchant de leurs lames.

Comme si la souffrance assurait l’avenir !

  « Ils savent ! Mais qu’ont-ils comme choix ? Pauvres âmes !

  Nous travaillons ainsi pour de longues années,

  N’eût-il pas mieux valu mourir et s’incliner

  Goûter aux justes coups de nos tortionnaires ?

  Par-delà la douleur, qu’on rejoigne nos pères !

 - Forts de notre nombre, pourquoi ne pas s’unir ?

  Ignorons notre peur, à cinquante contre un

  Nous les submergerions, nous pourrions les détruire

  Et arracher leurs scalps comme s’ils n’étaient rien.

 - Par malheur, nous, bétail, n’agissons de la sorte

  Que lorsqu’encerclés, nus, en l’absence d’espoir

  Semblant de courage la rage nous exhorte

  A nier notre peur contre ce cauchemar.

  Car nos cœurs, nos craintes, vivent d’une lueur.

  Celle d’être affranchis quand nos chairs empoisonnent,

  Lorsque l’âge nous rend, inutiles personnes

  Qui respirons l’espoir de mourir sans labeur.

 - Mais ce rythme infernal atrophie nos cerveaux

  Et leur nourriture décime nos organes.

  Quel espoir avons-nous ? Observe ces deux ânes,

  L’un d’eux marche courbé et l’autre sur le dos.

  Pourquoi ne fuient-ils pas, désertant cette vie ?

  Je ne vois ni gardes ni tour de guet au loin,

  Aucune clôture ne les maintient ici

  La libre immensité demeure entre leurs mains.

 - Nombre d’entre eux sont nés dans cet endroit maudit

  Ou transportés ici depuis un autre camp

  Ils ne connaissent rien d’autre que cette vie,

  N’envisagent en rien d’ouvrir la voie des champs.

  Lorsque l’un d’entre nous, travailleur et servile

  Aime nos tourmenteurs et leur baise la main

  Se laissant caresser tel un bon chien docile,

  Il devient l’un d’entre eux, son agonie prend fin.

  N’en sois pas étonné car voilà la survie !

  Quand l’un d’eux nous quitte, l’on doit le remplacer ?

  Suite à quoi l’un des nôtres enfile ses habits

  Et les plus ambitieux atteignent des sommets.

 - Nous sommes nos propres bourreaux ? Quelle infamie !

  Trouvons celui-là, qui dirige ces salauds

  Qu’il rompe la chaîne de cannibalerie.

  S’il refuse, nous lui arracherons la peau !

 - Un autre prendra donc sa place sur le trône

  Ils en choisiront un, nouveau mais pas meilleur

  Plein de futilités pour réduire leur labeur,

  Qui agira pareil à tous ses autres clones.

 - Ami, rassemble-les, ceux braves et solides.

  Titille leur fierté pour les bien désigner,

  Et qu’ils n’aient ni femmes, ni enfants à aimer.

  J’aiguiserai leur haine et deviendrai leur guide.

 - Une rébellion, inverserait le jeu

  Mais de nouveaux bourreaux viendraient, et plus nombreux

  Réduiraient à néant notre union mutine

  Remettraient en marche l’immortelle machine.

 - Il est inutile d’attaquer nos bourreaux.

  C’est cette boucherie qui cause tous nos maux !

  Par le feu et le sang, Amis, détruisons-la,

  Que nos contemporains soient exemptés de choix.

  Mais notre cher peuple, figé par l’inconnu

  Ne pourra se résoudre à apporter son aide

  Nous devrons agir seuls, et ce, sans être vus.

  Je déplore les morts que causera ce raid. »

Ainsi, un petit groupe armé et courageux,

Avec quelques produits courants et bricolés,

A travers un épais nuage de fumée

Tomba la machine, sonnant le glas du jeu.

Quelques uns moururent pour délivrer leurs frères

D’autres rejoignirent notre troupeau armé.

Puis le peuple libre rebâtit cette terre

Pour les familles dont les enfants sont tombés.

Enfin les boucheries, tour à tour s'effondrèrent.

Nouvellement guidés par cette vie sans lois,

Ceux qui étaient encore esclaves autrefois

Refondirent l’acier pour s’abattre entre frères !

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