Son quotidien habituel étant enfin de retour, Marvin put souffler et vivre sa vie de collégien normal pendant un certain temps. Tout avait beau être banal est absolument ordinaire, il put, cette fois-ci, apprécier sa chance et se contenter des petits plaisirs qui s’offraient à lui. Pas de devoir pour la soirée ? Une occasion pour cuisiner en compagnie de sa mère ? Il acceptait et saisissait chaque instant. Si peu de choses lui était arrivées, elles lui avaient fait réaliser à quel point il tenait à sa routine habituelle, son quotidien, aussi ennuyeux et barbant soit-il.

Néanmoins, un soir, alors qu’il était devant son écran d’ordinateur, il se leva pour aller chercher la bouteille d’eau à l’extrémité de son bureau. C’est à ce moment qu’il l’aperçut de nouveau. Une lueur verte, qu’il avait prise à tort pour un reflet du carreau, la dernière fois. Il se rapprocha de la fenêtre, et changea de position, d’angle de vue, jusqu'à pouvoir la voir.

Il avait trouvé la lumière émeraude.

Très excité, le jeune garçon descendit l’escalier à toute vitesse, enfila ses chaussures et sortit dans son jardin. La chose se trouvait au milieu d’un décor d’herbe verte, de chêne vigoureux et de ciel orangé, couleur du coucher de soleil d’été.

La « lueur » était en fait une pierre, et plus précisément un joyau. Elle était enterrée au pied de l’arbre, dans un buisson. Une face seulement dépassait de la terre. Marvin la déterra et fut éblouis par la brillance du joyau. Il n’avait jamais vu de pierre aussi lumineuse, même parmi la collection de pierres précieuses de son cousin. En rentrant dans la maison, il fut étonné de voir que celle-ci brillait même dans le noir, et avec tout autant de clarté. Il se demanda comment cela était possible.

Peuh ! se railla-t-il. Puisqu’elle a un lien avec le machin sombre, c’est forcément une pierre magique ! Pas étonnant qu’elle brille autant.

Il avait hâte de montrer ça à Sarah et David, ils seraient soufflés.

- Ah, cool.

Telle fut la réaction de ses amis. Marvin enrageait. Ils avaient de quoi être surpris là ! Qu’est-ce qui

leur fallait de plus ? Non mais franchement, un joyau qui brille comme un soleil dans le noir, qui

plus est certainement magique, c’était pas un truc de ouf ?

La seule attitude qu’il put remarquer et à laquelle il s’était attendu fut celle de Sarah qui, quoique cohérente avec ses attentes, surprit sensiblement le jeune homme :

- Oh ! Mais c’est ça que j’avais vu ! C’était dans un vieux livre tout bizarre avec une langue hyper étrange, il y avait une image de cette pierre.

- Non, tu rigoles ? Interrogea Marvin, bouche bée. Pourquoi tu l’as pas dit avant ? J’ai un bouquin comme ça dans mon grenier !

- Ah, bah voilà, tout s’explique ! répliqua David, plié en deux. Alors, Marvin, on connaît son grenier par cœur ?

- Oh, la ferme, hein, Monsieur l’ingénieur invétéré !

- Bon, c’est pas le tout, mais il est déjà dix-huit heures, maintenant qu’on est rentrés, remarqua la jeune fille en observant le ciel crépusculaire. Donc moi, je vais pas tarder. Salut, les garçons !

- Salut ! chantèrent-ils à l’unisson.

- Mais c’est qu’elle a raison en plus ! Il est tard ! Allez, à plus mec ! enchaîna le gamer.

Mais, malgré la bonne humeur collective, Marvin n’avait pas oublié le sujet premier de la discussion, et apparemment, il fallait plus qu’un soleil palpable pour les convaincre. Il avait son idée.

Il chercha, essaya, observa et réfléchit jusqu’à en avoir des migraines, et ne réussit pas comme il l’avait espéré. Toutefois, le jeune homme ne perdait pas espoir et se dit au contraire que, si cela était aussi difficile à trouver, c’était que la magie qu’exprimerait la pierre une fois qu’il l’aurait activée n’en serait que plus impressionnante. Il songeait déjà à la tête que ferait David s’il lui montrait un joyau créateur d’hologrammes à volonté ou à la réaction de Sarah s’il lui prouvait qu’il pouvait se rendre au sommet de l’Everest ou au pied de l’Acropole d’Athènes en moins d’un quart de seconde. Waouh ! Ce serait génial !

Bien que l’histoire aurait pu s’achever ici, laissant un fou chercher jusqu’à sa mort ce qu’un pauvre joyau avait de magique, il en fut autrement…