Chapitre 3

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  Il me fait signe de me dévêtir. J’abandonne la toge pour me retrouver à nouveau nue face à lui. Il saisit la robe par un bout qu’il tend de ses mains et place dans son champ de vision. Je ne vois plus que la moitié de son visage. Il me fixe du regard, ferme un œil pour mieux voir l’étoffe rougeoyante qui s’interpose entre lui et moi. Il positionne un cierge près de ma peau puis reprend du recul pour refaire l’exercice, en changeant de place jusqu’à disparaître dans l’obscurité la plus totale.

  Ses pas s’approchent de moi, des lames de bois craquent sous leur poids. Il réapparait, s’avance lentement en dépliant la robe.

  • Ce sera à toi, me dit-il en me la tendant.

Alors, je me lève, délaissant le linge sur le lit qui me couvrait. La lumière du cierge vacille.

  Puis, il s’approche de moi. Je lève docilement mes bras pour qu’il puisse m’enfiler la rouge étoffe, comme il se plait à le faire à chaque fois, avec une précaution que je ne connais nulle part ailleurs. Une attention, une douceur à la lueur des bougies suffisamment forte pour me faire oublier les ténèbres qui encombrent mes nuits, se bousculent dans ma tête, dans mon être.

  Avec cette belle parure qui m’enveloppe désormais, loin de ma robe rapiécée que j’ai délaissée à mon arrivée, je me surprends à me dire que ce que je vis aujourd’hui, c’est peut-être ça, mon paradis. Au contact de cette étoffe flamboyante, moins rêche, plus riche que la toilette qui me couvrait juste avant, je ressens les coutures glisser sur ma peau. Rien, aucun fil n’accroche sur moi. C’est dire le bel ouvrage, le beau tissage que je porte là. Est-ce la raison pour laquelle je n’ai rien d’autre ?

  • sans corset… ni chemise ? me dis-je, à voix basse.

Il recule, comme pour vérifier un détail. Un sourire fugace courbe ses lèvres. Il reprend son air grave et s’affaire en plaçant scrupuleusement ses lumières autour du lit.

  • De dessous, tu n’auras nul besoin. Ça ne te sera d’aucune utilité, poursuit-il, concentré à vérifier le placement de ses lumières.

Il hisse davantage un grand lustre, comme pour m’éblouir tout en s’assurant d’éliminer dans mon dos la moindre lueur.

J’attends qu’il termine, assise sur ce promontoire en bois improvisé en lit. J’attends qu’il me dise qui incarner cette fois-ci.

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