— Nous vous demandons de reprendre votre calme Smiley36. Vous ne faites pas un usage conventionnel de l'Urbanride 80X.

Les forces de paix n'avaient pas tardé.

Il faut dire qu'elles ne pouvaient rien rater. Tout était filmé dans cette ville. Absolument tout. Les hommes en blanc, casquettes vissées sur la tête me pointaient avec leurs tasers :

— Posez la trottinette au sol et respirez profondément Smiley36.

Je n'en fis rien, pas moyen d'obtempérer à présent. Pourquoi continuaient-ils à m’appeler comme ça ? Étais-je encore la même personne ? Je resserrai mon emprise sur mon arme résolu à désobéir. Je me tournai vers eux avec un sourire. Ce n'était pas celui que le sel de lithium vous collait au visage toute la journée. Non. Celui-ci je l'avais choisi — il était mauvais et sombre— il leur promettait du sang. Je m'élançai à l'assaut de ce mur blanc dans une course insensée, la tête la première en riant, criant:

— Je suis Joshua ! Joshua ! Les fils s’emmêlèrent sur mon torse.

Je tremblai, désarticulé. Une chaleur m'envahissait de la tête au pied, J'allai m'endormir, je le sentais. Je marmonnai alors avec mes dernières forces ce nom, le mien, celui que je m'étais choisi. Celui qu'il s'était choisi. Je le répétai encore avant que, comme un rêve, il ne s'estompe, devient flou puis disparaisse. Mon nom... Je fermais les yeux alors que mon corps dansait encore la tecktonik. Puis vint le calme. La morsure froide du sol de la gare du nord contre mes muscles tétanisés me fit du bien. Je tombai dans un doux néant, une douce inconscience :

— Il est 8h du matin. Bonjour monsieur. Tout va bien, la voix délicate d'Amanda sélectionnée parmi une trentaine d'enregistrements me ranimait toujours de mes nuits barbituriques.