Les contes 03 : Les monstres aldams

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Sur le toit de la Machine, devant Vonhoë, toutes les formations de toges blanches, nombre de maître Däev et d'invités privilégiés ou d'habitués, se tenaient en spectateurs. Devant eux, Dourbatson, maître des lueurs et Tianpa, maître des chambres présentaient leur arme à l'autre.
Un toit ovale et bien visible, dominant Capital et les montagnes de Sifrer, point stratégique pour la collecte d'eau. Autour de la bâtisse les arbres ; des dragoniers, des rosiers et des gerbes de tous genres, entouraient quelques tomates à couper le souffle et des racines aux nombreuses vertus. Leurs couleurs contrastaient avec celles des cultures de fruits et de cannes, à l'ouest. Les routes aimantées de la ville aux neuf cent quatre-vingt dix neuf portes, s'étendaient en quadrillage. Ce matin là, certaines des coques sphériques qui protégeaient les maisons et récoltaient la pluie, brillaient encore depuis la veille. Leur jardin et celui aux abords des hautes tentes et des pyramides des administrations ou des industries, rejoignaient les champs de crystalines et d'agrumes. Au centre de marches, de lignes de portails et de barreaux qui s'empilaient, sur le toit de la forteresse en M, au-dessus de ses tours protégées par des feuilles de grinette qui bougeaient et se rejoignaient tel un œuf, Vonhoë savait, pour qui le sang allait couler.
Autour de lui, la musique s'accordait au crépuscule et saluait l'âme de celui qui allait survivre. L'instant et le courage pour celui qui allait partir, criaient les moines en tambourinant sur la peau de chèvre tendue. Trois autres serviteurs des symboles de la Machine étaient portés sur des épaules et frappaient sur de longues colonnes, pour obtenir des sons et des hologrammes de symboles d'équilibre et de fractals, qui se mêlèrent au public, assis devant des bannières dédiées aux dieux Dopidécaorède et Langlumos. Tous étaient de profil, devant le bouclier qui portait le M, accroché au mur du fond. Des disciples et des adeptes, proches, mais qui ne contemplèrent la violence que de derrière le bouclier de Nïten. Chacun plaça ses roches sur le plateau du duel. L'un s'en servit comme projectile, après les avoir recouvert de lave. L'autre, préféra respecter une symbolique plus vieille et voulut trancher le Satan désigné. Ils cherchèrent ensuite à savoir, qui pouvait tirer le plus vite. Tout allait bien, puisque celui qui venait de naître devait être plus fort que celui qui s'apprêtait à tomber. Il plut de la lave, il jaillit des roches et des cratères ; une belle tunique, que revêtit le coucher de soleil. Toits du monde, tanière de l'aigle, ou cimetière terré d'une fourmilière ?
Pour la faune qui observait d'en bas, une première explosion anima la soirée. Les roches qui tombèrent vers eux ensuite, furent ramassées et gardées glorieusement par la Machine, en mémoire du maître des lueurs.
Le toit vide, dans le respect, le maître de maison se laissa faire par la nostalgie.
Vonhoë l'enfant, avait croisé un homme, alors même qu'un dieu lui avait remis une épée morte depuis fort longtemps dans la mémoire de la civilisation, le katana des cauchemars. Un homme ancien, qui dégageait d'autres clivages et des rêves sans superstition
" Que vas-tu faire avec ça ? Voulait-il savoir.
- ...
- Hausser les épaules n'es pas une solution. Veux-tu faire résonner l'éphémère ?
- Tu sonnes bizarrement. Lui avait d'abord répondu, le petit Vonhoë.
- Nous sommes dans un monde remplit d'amour, mais il a toujours besoin d'être défendu. L'amour d'une famille, l'amour animal, l'amour matériel. Rempli d'amour. Mais ce n'est qu'une seule énergie. Il y a la colère, il y a Altos, il y a mille illusions et mille pouvoirs, il y a la force pure...
- Vous allez être le héros qui défendra tout ça ? Demanda intelligemment l'enfant.
- Je connais des arts et des sciences, je connais tout de la chasse et je peux te montrer, comment tenir le monde dans ta main.
- Une preuve pour graver l'instant, c'est possible ? "
L'inconnu suspendu une pierre au-dessus de la terre et prit la poussière au pied de Vonhoë, avant de la tremper dans une fiole caché dans son sac de toile souple. Il secoua le tout et déposa la poussière d'or qui flottait, dans le creux des mains de l'enfant.
" Plus on se connaît soi-même, plus on connaît ce qui nous entoure. Loin de tout on pense aux autres. "
Des souvenirs trop lointains pour tenter de les retenir, se dit le véritable archevêque. Autant rêver.
Que se passait-il ailleurs ?

Dritch le douban, Ülikan Volcov et un commandant du grand ordre l'amoes Shoulioultak allaient se battre pour obtenir une nouvelle arme, pour le moment dans la main de l'espèce la plus faible des trois : l'humain Volcov. Le dieu Lan vint arrêter ces fous pour aller offrir cette arme qui la méritait...

Après la quatrième lune d'attente, dans l'ombre de l'anneau planétaire de l'Aldalam, sur le désert d'Hérongo ; les vents et les fleurs, se racontaient les derniers potins de par le monde. Des ragots sur tous les arbustes bleus, alors qu'ils n'en cherchaient qu'un seul en vérité. Un laurier-cerise, qui dansait aux pieds d'Asuvenilia, la déesse amoes de l'harmonie. Entre ses trois auréoles, elle jouait du pipeau pour les poissons et les algues d'un lac.
À deux pas de là, très loin du regard de Vonhoë, près d'une mine de souffrine, Alibéla et son samens Bouny, péchaient pour passer le temps. La toge bleu écoutait sa nouvelle amie Méséane SainteRose De Pericorde et son acolyte Edia, un solène muet, en pleine jouxte verbale sur des sujets qui la dépassait. Un ancien chasseur de Melikin et une humaine au sang froid de Capital, deux soldats fidèles du grand ordre.
Des canons à collision atomique de catégorie 4 et des robots-pilones à leurs côtés, ils tenaient leur position, au sujet de l'élection du nouvel archevêque, dans le sud. Des conséquences sur les discours des dernières cultures nomades tonchires, qui migraient en bas des péninsules.
" C'est Nicolas Oudouaïr qui a commandité le départ des attaques de kogras, sur les Morceaux du Centaure. Il a donc déclenché cette vague de départ, en sachant que leur accueil allait porter préjudices et empêcher certains de participer au vote. Ce qu'il trame en cachette, ne doit pas être joli. Alors je pense que les réformes de Paul Beethoven pourraient apaiser ce genre de mise en scène. En plus, c'est un Beethoven qui nous a emmenés ici.
- Je ne suis pas d'accord, contrecarra Edia, après avoir longuement tapoté sa réponse sur son bracelet. Ça n'a ni queue ni tête. Je pense que tu crois trop aux rumeurs parce que tu es une naïve. Bou.
- hein ?
- Hoho, se permit discrètement Alibéla.
- Ces attaques, poursuivi le chasseur avec une arme dans ses pattes, ont été commandités par un groupuscule nouveau, qui veut se lier à ces kamikazes d'extrémistes Shoemien, qui sont allés mettre leur boxons chez vous. Mettez-moi tous ces vieux noms à la poubelle et ouvrez les yeux sur de vraies choses, les aveugles.
- Vous n'êtes jamais d'accord en politique, s'interposa Alibéla, cessez de vous diviser pour cela. Logique pirate, ponctua-t-elle en se tournant vers eux.
- Grandis dans le sud.
- Grandis dans le nord. Répondirent-ils pour leur défense.
Alibéla scruta ses compagnons pendant qu'ils regardaient ailleurs. Les bottes de Méséane étaient en cuir de dormade, cher en rinbats mais sûres, si l'on en prenait soin. Son manteau, entre le camouflage et le voyant, comme le pelage d'un chat de gouttière, lorsqu'il ne volait pas. Les manches retroussées, pour être à l'aise avec ses bracelets. Du fer fin, assortis avec ces colliers, des tressages et des amulettes à l'honneur d'Altos, du démon Sounu et comme le tatouage de vagues et de crocs à côté de son œil, au gardien des océans. Des bijoux qui la rendaient plus belle, que son gilet de catégorie 2 ou 3. C'étaient les plumes de hiboux, dans ses mèches argentées et sa tignasse noire, qui la faisaient passer difficilement inaperçue. Elle était fière de ses origines et elle avait des yeux d'un vert, qui regardait Alibéla bizarrement.
Edia quant à lui, un solène foncé à la crinière grise, avec le même gilet en grinette plein de capteurs et de récepteurs dont les messages faisaient des ondes colorées par endroit. Lui et Méséane ne pourraient pas se perdre, grâce à ces gilets. Ses bottes étaient épaisses, de l'écaille de dragon, comme les protections noires sur ses jambes ; des formes qui le gênaient, pour gambader comme il l'aurait souhaité.
Des brillelunes, des möns et des solènes passèrent en transportant des caisses de roches, détournant l'attention des passifs près du lac. Ce lac était une flaque, si l'on avait demandé leur avis à des huit pieds, pensa Méséane. Alibéla et ses alliés, cachés sous un parasol flottant, à l'abri sous le ventilateur, observèrent les miniers suaient pour une misère, sous les yeux du soleil Héliode. Une silmexe claire et maigrichonne vint leur apporter à boire et à manger et on les vit s'arrêter un instant dans leur labeur, pour laisser la joie s'emparer de leur visage et le plaisir, remettre les forces nécessaire dans leur corps. Cela en revanche, la troupe d'Alibéla s'en retrouvait privée.
" Tout de même, l'Ordre et les pirates qui travaillent ensemble. Nous sommes bien dans une drôle de situation. Reprit Méséane.
- Pour un drôle de monde, conclurent-elles en même temps.
- La souffrine qu'ils cherchent à aller extraire plus profondément. Celle qui est défendue par l'hybride dont nous sommes venus prendre la vie...
- À ce sujet, s'indigna Edia, les toges vertes et les deux mauves, ils sont bons pour concurrencer le vent, où un brillelune dénudé. D'habitude, on les voit plus qu'un pet de panda dans l'eau. Aujourd'hui, fiuu... À part toi, ils sont autant à l'heure, qu'un réveil qu'on n'a pas réglé.
- On se fait désirer là-haut, pas vrai ? Taquina Méséane en pinçant la joue de la Old entre ses doigts gantés.
- Ben cette souffrine, elle servira à faire tourner les machines qui labourent les terres où l'on plante les graines de soja en lianes, de pommes triples et celle de diamantine. Après ça, si elle passe par la forêt souveraine, elle sera détournée par un commando de bombos qui veulent reproduire l'œuvre de Shiro et faire sauter la tête et l'influence de Ganma au passage. Ils kidnappent des gens. Si cela arrive Ganma ne le laissera pas passer. Si cela se passe, se sera qu'un autre imbécile l'aura provoqué. Pourtant, on sait tous que ça se passera, ça arrangera autant les traditionalistes que les séparistes, que la Machine ou que votre Ordre, croyez-moi.
- Tu t'en fiches de ça pas vrai ? Dit Méséane pour redonner du baume au cœur d'Alibéla. Tu es un pirate, conclut-elle en rigolant.
- Une archéologue, particulièrement aventureuse je dirai.
- Tu penses aux rinbats avant tout, tu ne vas pas le nier. Reprit la voix robotique d'Edia.
- Un poisson ! héhé ! "
Une belle truite fraîche...
D'autres barbotaient, dans une autre rivière de l'autre côté du globe, sans que personne ne vienne leur enfoncer d'hameçon dans le gosier.

Dess, le jeune homme.
" Je me souviendrai de ta promesse Dess. Les combats qui m'attendent, si je te suis. Lève-toi, je veux partir immédiatement ! Déclarait Hayden en secouant le jeune humain, gavé de sommeil au bord de l'eau. Dess ! Dess ! J'ai une chose à te demander, réveille-toi ! Comment peux-tu être sûr qu'ils nous hébergeront ?
- Mon nom... Charabia ...
- Quoi ton nom ? Lèves-toi ! Grr! Rérrvr !
- Mon nom est toujours celui de l'unité. "
Dess sentit des pointes glisser sur sa peau, puis des mains serraient fermement son épaule et son mollet. Se sentant décollé du sol, il entendit ensuite avant de voltiger :
" Alors emmène-moirrr ! "
Le porteur de Nihenne n'ouvrit pas les yeux tout de suite. Mais il dut bien être prêt à nouveau. La promesse du dragon des fleuves du temps, allait être tenue et avec elle, l'arrivée de nouveaux ennemis lâchés vers les deux aventuriers, était inéluctable.
Hayden grognait, pour éloigner un être à la peau rayée comme l'écorce et grise comme l'argent. Des cornes comme des coraux, prenaient racine sur son front, pour faire le tour de sa tête et lui faire don d'une couronne naturelle. Ses pupilles étaient bleus et une troisième plus fine, logeait au-dessus de son nez. Son visage était sans expression, son torse nu et recouvert de peintures de formes géométriques, simples et symétriques. Un torse droit, élevé sur quatre pattes, deux bras aux muscles saillants et aux poings serrés, un pelage marron et zébré qui démarrait en bas de sa colonne vertébrale et parcourait son corps, jusqu'à sa queue de félin. Un canon de catégorie 3 pendait dans son dos, attaché à une sangle. le manteau de Jagan se dressa soudain devant lui, un poil en retard. Mais il ressentit que d'autres arrivaient dans son dos. Un nombre, qui convainquit le jeune homme de retenir son coup. Suffisant, pour que la holanne et lui, choisissent sagement de se rendre au peuple des abssyles. Ce fut malin, mais pas suffisant.
Pour un prisonnier, le seul chemin d'accès en absyllam, au nord de la forêt de Payeng, dans le terrier nommé Akotaboz par eux-mêmes, était d'offrir la défaite à un de ces stupides cerfs. On le comprenait à la façon dont ils battaient sur leur poitrine et dansaient en rond, autour des pirates et des singes. En poussant l'épaule de Dess, Hayden s'avança. Tel était le prix pour la survie à leur côté. La louve fut la première mise au défi, tout du moins la première qui le demanda, de son point de vue de maîtresse de forêts.
Étais-tu donc toujours incapable de retenir ta curiosité louve, au point qu'aucun risque ne t'arrête ?
" Regarde comme ils sont forts Dess. "
Tu es bien si folle que ça, pensa l'humain derrière son sourire et ses yeux, impressionnés au point de luire.
Celui qui se dressait devant Hayden portait une série de losanges incrustés les uns dans les autres, sur sa poitrine. Sa chevelure rousse tombait sur ses épaules. Son pelage était d'un brin foncé, son troisième œil, pourpre et aveugle. Saphroth s'inquiéta pour la holanne. Le combat commença avec un menjoro qui survola la scène et Hayden, qui souffrit dans son avant-bras, en décollant après un coup de sabot. Elle attrapa les bras et les pattes de son adversaire pour le retenir et lutter contre ses charges. Lorsqu'elle prit la chose au sérieux, elle traça des lignes sanglantes sur le corps de l'absylle trop fier. Pour l'occasion, elle libéra joyeusement les crânes des armes dans son dos. D'abord, la morsure bloqua ses épaules et offrit son sang au bel Altos. À la suite de cela, Hayden incisa la peau du torse avec ses griffes, pour tirer ensuite sauvagement sur les lambeaux et dévoiler sa chair, à tous ses congénères.
" Apprenez donc à respecter les holannes, rejetons des marais. "
Une division des êtres aux six membres se sépara pour surveiller Hayden. Le rituel du tambourinage de torse se répéta et la louve bomba le sien, fièrement. Saphroth monta sur le dos de l'adolescent et Dess pointa son épée, sur celui qui tenta de les séparer. Ils furent adversaires.
Moins de losange, plus de flèches, mais le plus grand de sa rangée, à l'écorce et aux poils plus vert. "La métaphore d'un oignon". Lui n'avait ni l'audace, ni intérêt de jouer et Dess lui brisa une jambe, à la première seconde. Side encaissa une claque dans les côtes, qui l'envoya s'allonger par terre en contrepartie. L'abssyle n'aurait jamais imaginé qu'un objet porté par un être si chétif, puisse avoir ce poids. Puisque Dess fut celui qui se releva, il fut déclaré vainqueur, avant qu'une vie soit prise. Dans des cages de ronces, surveillés par des hanennes, ils allèrent vers la forêt de Payeng. Celle qui jouxtait les oasis de Kildana dans les contrées nord, celle qui abritait scribeville, mais ce n'était pas là-bas qu'ils se rendaient, au grand désarroi de Dess. Dans leur voute céleste on voyait les satellites de l'anneau planétaire, ombrager la route, en absyllam, dans les tréfonds de Payeng, dans les bordures d'Hérongo.
Ils marchèrent peu de temps, mais n'arrivèrent pas avant la nuit tombée. Dess regardait en l'air, des étoiles brillantes, dans un ciel où l'on distinguait des coins clairs, dans une nuit sans lune, nuageuse à faire peur. Certains des astres se dissimulaient timidement et scintillaient une seconde plus tard, de manière alternative, dévoilant leur large lumière, comme un enfant qui joue à cache-cache. C'était plus qu'étrange. Il était connu de tous, qu'il n'y avait pas de nuages, là où il y avait les lettres.
Parmi des feuillages composés, Akotaboz, lieu introuvable par les marcheurs, invisibles pour les panmins et les satellites n'avait qu'une seule entrée, camouflée dans un arbre vol, vieux et sans racines. Depuis le trou creusé dans le tronc à l'écorce cireuse et zébré, jusqu'au fin fond de cette civilisation retranchée, la majorité des routes étaient des escaliers faits de rondins de bois plantés en hauteur, l'un derrière l'autre. Resté concentré ne leur permit pas particulièrement d'apprécier le paysage. Un cadran tissé dans des feuilles d'arbres d'Oton, impressionna tout de même le däever sans blason. Une œuvre là pour honorer les lames du corps de Ouashdaï. De l'eau qui se déplaçait et se maintenait en suspension. Leur pont sur des cordages aussi, bien que les prisonniers n'eurent pas droit d'essayer ces merveilleuses tyroliennes qui donnaient tous leur sens à leur système routier. Après des sauts et des sauts stressants entre les rondins qui n'en finissaient plus, un large triangle en grinette accueillit les nouveaux prisonniers. Trois poteaux entre lesquels pendait un crâne, au centre d'une toile. Pas de cités, de village, ou de châteaux, mais des milliers de tissages de fil de grinette, entre les arbres. Une mise en garde, avant d'entrer dans leur ruche. Des globes brisés et des dragons, étaient les images qui revenaient souvent entour d'eux. Les contraires et la dualité étaient des notions pour lesquelles ils semblaient avoir beaucoup de respect. Ils connaissaient et montraient la propriété. Les espaces étaient délimités par des roches. Ils avaient des autels différents, pour de nombreux dieux. Ouashdaï et Logongirthr, successivement dieu de la pluie et du feu, dominaient pour la tribu d'Akotaboz.
Le peuple sauvage y vivait simplement, ils connaissaient la sculpture, le plus souvent à leur propre effigie. Ils utilisaient la peau des dgeïkos, comme papier. Ils marquaient leur histoire ; difficile d'en dire plus. Ils gravaient les arbres dans lesquels ils avaient aménagé. Dess se demanda, comment ils pouvaient bien monter et travailler à ces hauteurs. La réponse était dans les gravures, c'était si simple que Dess n'y avait pas pensé. S'ils étaient habiles dans les arbres, c'est qu'ils vivaient dans la canopée de leur planète d'origine.
Au sol, des tressages grisâtres formaient des paravents, l'intuition de la louve lui dit que la matière exploitée sous leurs pieds était la clé de la discrétion d'Akotaboz. Le fait qu'ils aient changé de lieu ne rassura nullement le jeune homme. Une des tentes en hexagone était ouverte et Hayden ne put s’empêcher, de commenter ce qu'elle y vit.
" De l'armement militaire. Ici, en Absyllam. Il est passé par Hérongo et le patrifique, à n'en pas douter, disait Hayden inquiète. " Dess, la tête tournée, rêvassait en jouant avec des fleurs pleines de petits pétales orangées, qui s'écartaient, au contact du bout des petits pieds humains.
La holanne connaissait les machines à air comprimé qu'ils utilisaient, sans plus de moyens que le bois, pour envoyer leurs piques taillées avec efficacité. Des armes dangereuses, jamais catégorisées d'ailleurs. La perversité du peuple de Dess, aurait-elle amené son affection pour le chaos, jusqu'ici ?
Dans le nid hexagonal d'à côtés, elle lui décrivit des armes, qui pouvaient téléporter une explosion sur des distances variables avec ou sans flammes.
" Un bijou qui s'accroche à la ceinture. Parfait, si l'on tombe sur un primitif, ou un sauvage. Probablement fait de la main des ingénieurs du grand Ordre, ou une mesquinerie de la Machine.
- Bien moins sauvages que ce que tu me disais, fut la seule réponse de l'humain. "
On les mena derrière un long paravent, où une phrase répétée ainsi qu'un dessin leur interdisait de ne pas penser à Oushdaï. Derrière ce passage, au-dessus d'un marais bouillant, ses algues mortes et ses branches pointues inspirant peu confiance, des cadres vides attendaient patiemment des prisonniers. Bon nombres paraissaient déjà là depuis longtemps, ligotés dans une toile attachée à des rondins, installés en losange, ils n'avaient pas l'air d'avoir la force de bouger. Telle des cibles, qui s'apprêtaient à recevoir un lancé de couteau, ou de fléchette, ou comme des moucherons trop curieux de ce qu'est une toile d'araignée ; très peu de chance de trouver la gloire aspirer par les fidèles de Xat dans tous les cas.
Quelques abssyles circulaient sur les rondins. Probablement en train de trier des chats et des bombos. Ils aiment en manger. Était-ce là qu'ils allaient finir, s'interrogeait le porteur de Nihenne, alors qu'ils étaient encore au premier rang. Après être entré et sorti d'un ascenseur qui utilisa la forme et l'élasticité d'une branche pour les surélever, vers une autre plateforme des prisonniers, Dess vit un vieux türouck estropié a la moustache et a monocle de marin, endormi et enchevêtré dans du fil à cocon renforcé par des couches de pollen. Sans son bonnet, pour la première fois, Dess vit la cicatrice qui couvrait tout le front de Jacquie.
Hayden regardait don booman d'un air réprobateur.
" Jacquie, cria-t-il soudain ! " Avant d'être réprimandé de la droite, d'un garde qui l'envoya comater sur l'épaule d'Hayden, à coup de gourdin.
L'idée de Dess avait marché. Ne serait-ce qu'à moitié, car Jacquie, avait bel et bien ouvert les yeux.
" Hayden ! Dit au loupiot d'pas d's'inquiéter. L'seul ici. C'est qu'pou qu'c't'instant. Hurla à son tour le vieux loup, plein d'entrain et de vignasse."
Lorsqu'il commença à se débattre, un absylle arriva au galop pour le faire taire lui aussi, à coup de bâton dans la mâchoire.
Dess rouvrit les paupières difficilement et vit que même si ses mains étaient enchaînées, au moins, les yeux d'Hayden ne lui en voulaient plus. Il enleva sa main sur l'épaule de la louve et sortit sa nuque de sous son bras pour reprendre une marche plus normale. Les attaches de Nihenne lui écrasaient le torse. On avait dû essayer de la lui enlever.
" Ils n'ont même pas de globes au de distributeur, dit la louve en observant le réveil de son compagnon.
- Chez toi aussi, vous ignorez ce que consomme les autres ; pas de scribes, pas de restaurant.
- Pas de booman qui ne peut pas se taire. La forêt reste impassible, devant vos bêtises. Hm "
Non loin de là, sur les plages d'algues qui longeaient le marais, un autre türouck sortait son nez d'un petit bosquet. Il époussetait les carapaces sur ses avant-bras et ses tibias. Hayden le vit de loin, le singe aussi regardait dans cette direction. Elle fut fort satisfaite que les gardes n'aperçoivent pas le visiteur rouge, de leur côté. Les nouveaux prisonniers passèrent ensuite un portique, puis un autre et furent menés dans un coin des plus odorants du marais. Putride, au point que les poutres se voulaient déjà moisies, par les vapeurs infectes qui se dégageaient du fonds de la poubelle d'Akotaboz. Ils s'arrêtèrent sur une petite plate forme, faite d'un long travail de tissage, qui cachait des troncs d'arbres, vidés et remplis de graines. Un radeau suspendu, comme fondations de ce tapis grisâtre, à l'effigie de leur dieu du feu, serait peu être le témoin des derniers pas de ceux qui vainquirent Balukan. Puis, vint un moment fatidique, que Dess aurait dû prévoir. Lorsque trois abssyles s'avancèrent pour lui prendre ses affaires, le samens ne fut évidement pas d'accord. Saphroth descendit des épaules de l'adolescent et resta à ses côtés, les poils hérissés et les flammes de son corps qui triplaient de taille. Hayden resta de marbre, elle ne pouvait qu'attendre la suite des événements.
Le samens se mit alors à tambouriner sur le sol. Les graines battirent contre le bois et une musique s'éleva.

Dans sa vision floue, Pian le Türouck voyait que quelque chose n'allait pas, dans cet endroit qu'il venait de découvrir. Encore un endroit dangereux, où il devrait interdire à ses futurs progénitures de se rendre. Les petits türoucks avaient besoin d'aide. Il voyait les türoucks à six pattes, qui voulaient en empêcher d'autres de vivre la vraie vie. Il allait les aider, lui le türouck fort qui sait. Mais avant toute chose, il devait trouver de la nourriture, au cas où il trouverait sa türouck.
Le porteur de Nihenne avait les mains liées et l'esprit sous pression. Du point de vue des abssyles, il n'y eut qu'un filet de lave qui s'échappa du dos du jeune humain, pour libérer ses pattes. Puis, cette pierre qu'ils avaient déjà vue à l’œuvre, contre un de leur guerrier, commença à causer ses problèmes. La holanne restait néanmoins un danger et l'un d'entre eux, entra dans une confrontation avec elle en attendant que les renforts répondent à leur appel.
Pian voyait bien que la tension montait parmi les türoucks sur le marais. Six d'entre eux allaient se battre. Ils sont libres de se battre, mais la liberté de soumettre n'existe pas. Pian lui, n'était libre que de faire le bien. Beaucoup de türoucks là-bas. Mais ces türoucks là ne connaissaient pas Pian, pensa-t-il avant de s'avancer.
Dess enchaînait des moulinets avec son épée, laissant une bonne distance entre lui et les absylles. Une noirceur proliférait dans son cœur, à l'idée de son combat. Si la sauvagerie était la solution pour défendre la liberté, alors ainsi soit-il.
Pian le türouck avançait discrètement sur les algues, pour s'approcher des démunis entre les rondins. Bien qu'il soit un peu bête, de croire que sa grosse tête bordeaux et sa barbe aux poils blonds et hérissés, puissent passer inaperçues pour qui que ce soit. Ce qui devait arriver arriva bien évidemment, il fut repéré et immédiatement encerclé. Il allait combattre, dos à dos, avec le mini Türouck, au manteau trop long.
Hayden n'avait toujours pas bougé. Elle avait senti un vent se lever, à la gauche du marais. Une odeur différente de tout ce qui se trouvait dans ce trou verdâtre. L'odeur d'un vent, qui devait usuellement se promener dans les fleurs, était venu faire un tour dans ce marais. Pourquoi cela ? Elle aurait bientôt une réponse qui, elle le savait, allait mettre un terme à ces chamailleries momentanées. Car la nature est en ordre, lorsqu'un désordre se produit, ce n'est jamais par hasard et c'est toujours bruyant. Mais pourquoi cet imbécile de türouck, était-il venu par ici ? Ne put-elle pas s'empêcher de se demander
Le manteau de Jagan saisit l'instant. Les renforts ne tarderaient pas, avec l'arrivée incongrue d'un prisonnier, qui s'offrait gratuitement à eux.
Le manteau fit glisser Nihenne ses ennemis. La pierre se sépara de la lame et Nihenne brûla ; la patte du premier, le torse d'un second, le crâne de quatre autres avec un hachoir de lave et un malin plaisir. Mais lorsque Dess se fut déplacé et placé pour frapper le dernier qui l'attendait, la lave cessa soudain de bouillonner. En l'espace de quelque seconde, le froid atteignit le poignet du jeune guerrier. Il recula en abaissant son arme et en calmant ses ardeurs. L'animal en lui détestait ce froid, lui aussi. La lave n'était plus et l'épée, n'était qu'une relique gelée.
Pian, n'allait surement pas se laisser prendre dans leurs cordes facilement. Ils avaient le droit de se mettre à plusieurs s'ils étaient faibles. Mais Pian était Pian. Il mangeait des reines de fourmilières.
Hayden la ressentait maintenant, la magie qui amenait ce vent aux senteurs de paix. Elle tourna le dos à Dess, au singe, aux absylles et au türouck, pour attendre la venue de la lumière…
Dess grognait. Pour la première fois, il sentait que son arme avait un poids. Il sentait l'agitation autour de lui, sans pouvoir se permettre de regarder. Il ne savait pas quoi faire. Il ne lui fut pas permis de rester inerte ; le médaillon dans son manteau trouva son chemin dans le brouhaha, pour aller se coller dans le dos de Dess et fondre avec sa chair. La méthode qu'avait le médaillon de Juana, pour se défendre.
Hayden continuait d'attendre. Le salut viendra d'une âme perdue. À travers son errance, elle tombera sur cette scène sale et emportera ceux qui n'y avaient nullement leur place. Une manifestation d'un sorcier ou d'un artefact, ou un esprit de la planète peut-être; qu'importe, ils devraient dire merci.
L'absylle n'avait pas détourné ses yeux de l'humain, petit qui pliait sous un mal inconnu. Mais une chose l'intrigua bien plus que les yeux révulsés de son ennemi, Saphroth avait cessé de tambouriner sur le sol.
Hayden fut étonnée de voir le singe s'agenouiller en premier. Elle le fut encore plus, de voir qu'il fut le seul à le faire avec elle, volontairement.
C'était donc cela, la forme de l'âme qui enseigna la magie aux amoes. Tu sens bon, tu brilles. Pensa la holanne sans oser le dire et sans oser dire son nom.
Le félin au torse d'écorce face à Dess, plia les pattes au moment où l'adolescent ne put retenir son genou et son dos de s'incliner. Side força et put voir la cause de ce changement, le visage qui faisait taire la violence, par son unique présence. Sa robe, qui dévoilait ses épaules et son buste fin, ne faisait qu'un avec l'eau du marais. Une eau devenue claire et des algues qui renaissaient et grandissaient avec son passage. Un chemin de corail, se traçait au rythme de ses pas. Des boucles tintaient et étincelaient le long de ses oreilles. Du même rose que les trois pierres qui parcouraient son front. Elle avait un sourire léger et un regard rempli d'amour. Sa longue chevelure, bien qu'une partie soit retenue par un tissu des plus simples, se soulevait et pointait vers le ciel. Elle était portée par une aura dorée, qui contournait son corps.
Tu viens aider toi aussi, pensa Pian. Bienfaitrice et maîtresse du langage des anges, retire-moi ces türoucks accrochés à mes carapaces.
Ce fut bien là ce qu'elle fit, sauver Pian. Telle fut sa mission qu'elle remplit, avant de quitter les lieux, les auréoles dans son dos se rétractant jusqu'à ne plus être.
Lorsque Dess recommença à s'inquiéter de son sort, Nezrouj grimpa de nouveau sur son dos, son bâton déployé, parce qu'on ne sait jamais. Un regard vers Hayden, elle était encore toute souriante de cette visite fantôme. Le manteau allait lui taper sur l'épaule et espérer qu'elle comprenne qu'il était temps de fuir. Faire confiance, suivre le samens, la seule solution qui l'avait sauvé dans les temps difficiles. Il esquiverait la première charge de l'absylle et viendrait ce qui allait suivre, pas le temps pour se lancer dans de longues analyses. Heureusement pour lui, ce ne fut pas ce qui se passa. Le jeune homme fut sauvé par celui qui n'avait rien vu de la scène. Un vieil estropié s'était défait de ces liens tandis que toute surveillance était détournée et ce fut la piraterie, qui vint tirer Dess d'affaire. Le porteur de Nihenne profita de l'inattention de l'absylle, ébahi par la vitesse de pointe d'un gros türouck aux jambes taillée dans le bois du dieu brillelune Ganikan.
Qui plus est, le vieux Jacquie n'avait pas lésiné sur la diversion en partant. Pensez-vous, il avait abaissé un levier par-ci et libéré toute une rangée d'agitateurs, qui courraient, comme des lutins perturbateurs. Sauf que lui, savait qu'il allait vers Dess et il savait que ce loupiot, n'allait jamais nulle part sans Saphroth.
Il s'en suivit une débandade désordonnée, durant laquelle le porteur de Nihenne et ses amis se retirèrent dans la boue, pour disparaître parmi les algues sur la gauche. Les rescapés coururent ensuite parmi quelques ravins et passèrent quelques corniches, pour s'engouffrer de nouveau dans la forêt, loin d'Akotaboz. Ce fut lorsque la glace fondit sur l'épée de Dess et qu'il rappela les pierres qui constituaient son fourreau, que les problèmes recommencèrent encore, pour ceux qui avait voulu traîner avec sa poisse. En effet, la rébellion fut bien vite matée en Absyllam.
Tandis que l'un d'eux, avec la patte tranchée, se faisait traîner pour être soigné, son ami vit près de la sienne les pierres volcaniques que leur ennemi invaincu avait laissées par terre, en fuyant. Des pierres qui tremblaient, se soulevaient et traçaient vers l'est. Il salua son ami sur la civière en se frappant le torse et parti à la recherche de son combat. L'absylle belliqueux souffla dans une dent creusée, comme dans un cor, car venait l'heure de la chasse.
Dess interrogeait Hayden au sujet de l'étrange déité, qui s'était montrée et avait mis fin à l'altercation.
" Pourquoi elle ne nous a pas pris avec elle ? Elle avait l'air vraiment spécial cette magicienne. Tu imagines ce qu'on aurait pu voir. Hayden ?
- …
- Hayden ? Jacquie, tu le comprends toi ? Pourquoi ce fou et pourquoi pas nous ?
- J'ai très soif Dess, si ...
- Stupide humain ! Lança Hayden, pour couper le sifflet au vieux pirate. Ne sais-tu donc rien respecter ? Elle ajouta une poussée sûr l’arrière du crâne de Dess, qui sonna comme une claque, histoire d'être sûr de son attention. Ce n'était pas la déité qui était spéciale, mais bien la magie dont elle fit usage. N'as-tu donc pas remarqué, à quel point elle était différente de celle de Balukan ?
- Elle ne ressemblait pas à ceux que l'on croise fréquemment non plus.
- Pour sûr, qu'il y avait de la différence ! Scanda Jacquie.
- Votre Avémaria est apparue, alors que le peuple qui avait vu le jour en même temps que le mien s'était presque éteint. Balukan était déjà l'un des derniers anciens, lorsque vous la priiez, jusqu'à lui donner vie. Les choix et les chemins où emmène cette magie, vont plus loin que la compréhension d'un petit humain teigneux et d'une maîtresse de la forêt. " Jacquie voulut dire un mot, mais se retint. Ce qu'il n'aurait pas eu à faire, car Hayden ajouta : " plus loin que l'avis d''un vieil ivrogne boiteux. Son chemin concerne tous les peuples. Ce fou, comme tu dis, fera sûrement de grandes choses. Des choses plus grandes que nous. Il nous a déjà sauvés. Comprends-tu maintenant ?
- À ta première phrase. Pourquoi aimes-tu autant t'étendre sur tous les sujets ? "
Des griffes dans son épaule furent sa réponse.
Tandis qu'il se touchait la plaie et qu'il marmonnait en grognant, Dess vit une ombre inhabituelle derrière la sienne. Il observa son mouvement et se baissa. L'ombre d'un bras qui décollait passa au dessus de sa tête. Arrêté par l'habit de roche de Nihenne, un bras d'écorce clair déclenchait les hostilités. Ces maudits absylles ne voyageaient-ils donc jamais seuls ? Néanmoins, cette fois-ci, se rendre n'était plus une option pour Dess et Hayden. Jacquie dansait et chantait devant la cinquantaine d'ennemis, impatients d'assister, ou de participer au combat. Ils furent tous servis, car ils durent tous se battre, une fois que le vieil ivrogne eut terminé sa chanson :
" Quand il y a de la bibine pour Jacquie ! C'est qu'il y a qui ?
Quand il y a des chon-bi pour les zombies ! C'est qu'il y a qui ?
Des armes et des larmes
Des tirs et des rires.
Des chars qui charment
Des lyres qui délirent
Dess vint y mettre de son grain pour continuer la chanson. Il y a qui ? Il y a qui ?
Il y a qui sans lois ni cour ?
Qui vit pour chaque jour.
Chaque secret sous chaque dune.
Nous dansons pour la lune
Drôle d'oiseau, suis donc la plume
Des chiens et des chiennes.
Des singes et des chaines
Il y a qui ? Il y a qui ?
Quand il y a ma bande là ?
La bande à Alabanda
À l'abordage ! Entendit-on résonner au ciel et sous leurs pieds.
Ainsi, le vaisseau apparut et les commandos des Olds furent lâchés du ciel. Le bataillon absylle priait Amétra, avant de charger pour aider leurs alliés en première ligne, déjà encerclés par les mécréants qui leur sauter dessus comme des taupes, subtilement et silencieux comme les renards. Un pirate était rarement loin de son équipage, le genre d'adage, ignoré par la fierté des peuples sauvages.
Hayden admirait cette espèce. On disait chez elle, que les abssyles vouaient un culte au jour d'Impalis. Les architectures des champs en absyllam en témoignaient. Vénérer la fin, vénérer le recommencement, c'était une spiritualité sans défaut selon elle. Elle se convainquit de ne pas participer au combat. Il n'était pas question d'en tuer beaucoup et encore moins, d'abimer la forêt. Dess quant à lui, offrit à l'absylle le combat qu'il souhaitait, mais ne lui accorda nullement sa vengeance, préférant lui brûler l'écorce offrir sa place auprès de ses semblables tombés.

La troupe entière à Alabanda était venue et venait encore haut les cœurs à la bataille, ce n'était pas différent pour leurs ennemis. Au centre névralgique de leur territoire, sans même le savoir, l'exécutif tant vanté commençait à se questionner. En trouant quelques absylle avec son canon à collision atomique de catégorie 4, son esprit allait lentement et sa vision semblait vouloir le duper. Des canons inépuisable, létales, mais pas des plus efficaces pour la situation. Ces arnaqueurs du grand ordre, pensait Alabanda, en maudissant le vendeur rovekin qui les lui avait montrés. Le canon était mauve, le capitaine aurait dû s'en douter, il détestait le mauve. L'absylle qui voulu le prendre dans son dos en revanche, aurait aussi du deviner que l'exécutif des bandas, aurait pensé à lui tirer dessus, avec le canon sous sa cape. Le plasma c'était beaucoup plus distractif que les trous noirs pour l'utilisateur. Mais cela, affichait indéniablement votre position. Ah, l'imbécile d'Alabanda. Il ne devait plus se laisser aller, il devait avoir l'esprit à la bataille et sur l'agencement de ses troupes.
De son côté, en grondant son humain de compagnie qui prenait son temps, Hayden devait maintenant se défendre, en plus de commencer à s'impatienter. Il fut difficile de compter combien d'absylles, passèrent dans les mâchoires de ses armes, avant d'être projetés sur ses lames. Une ligne de corps et de défenses charcutées se créa, autour des Bandas. Il aurait suffit de la suivre pour voir la démence de la louve, ouvrir le feu, pour disperser des bandes ennemis et se laisser aller à étriper quelques fuyards avec sa nouvelle main dans la foulée, ou piétiner le crâne, de ceux qui la chargeaient. Cependant, il en vint tant, qu'elle revint vers son booman, avec le même visage blasé et ennuyé que lorsqu'elle l'eut assommé, après le crash dans la forêt Onyx, quelques années auparavant.
" Alors tu es sûr de vouloir rendre ce médaillon ? Il a était très utile la dernière fois.
- Il est incontrôlable. Arrête de rêver vieille louve cupide."
Le däever sans blason cria de douleur, lorsqu'Hayden fouetta son mollet d'un coup de queue. Grâce à ce cri, non seulement les combats autour d'eux ralentirent, mais par un heureux lien de causalité, Alibéla put le repérer et sortit de terre.
" On se la fait dans les règles. On passe par les souterrains, on les écrase sur les autres dimensions du terrain. Proposa Dess en se rapprochant de la holanne.
- Tu veux passer par les chemins les plus fréquentés par les pirates, parce que tu veux retrouver Alibéla Old.
- Pour l'instant, occupons-nous juste de quitter cette forêt une bonne fois pour toute, d'accord ?
- Nous sommes déjà partis. Il suffisait de le demander. Pointa la louve en tapotant le bout du nez de son booman.
- Alibéla, cria Dess, qui déborda de joie en oubliant de répondre à sa holanne. "
Un petit trou noir se forma juste à côté de sa tête, il fut ramené à l'ordre. Les quelques gouttes de sang qu'il perdit, firent sursauter la toge bleu. Toutefois, lorsque l'espace entre leur bras fut suffisamment clos pour avoir accès au privé, la première chose qu'ils offrirent à l'autre, fut un rire. Elle avait seize ans et lui quinze maintenant. L'affection qu'il avait pour elle n'avait jamais diminué. Sans tarder, la bande joyeux lurons se mit à couvert.
" Tu es venus me chercher. Dit Dess totalement admiratif.
- Pas moi, moi, je festoyais avec tous les autres. C'tait pas l'éxec qui conduisait.
- ...Est-ce que tout le monde ici ?
- Ouep... Dit-elle, en avalant un gorgée de vignasse qui fit rosir ses joues, pour confirmer l'idée de Dess."
Le désastre... Beaucoup de choses furent claires pour le jeune homme à ce moment-là.
" Je l'ai trouvé L'éxéc ! J'ai trouvé Jacquie là ! S'époumona Alibéla Banda dans son émetteur.
- Retraite ! Sonna dans tous les émetteurs.
- Des absylles commencent à mettre le souk, avec leur armure en écaille de dragon. Dit Hayden, comme pour changer de sujet, alors qu'elle regardait des images sur l'émetteur de Jackie. On comprit au ton de sa voix, quel serait sa prochaine acquisition, quand elle serait retournée à la civilisation.
- Les toges et les catégories 7, à l'est pour ramener vos compagnons avant de partir, cria l'émetteur en urgence. "
Un tremblement de terre s'accapara alors l'attention de tous. Un arbre plein de pustules d'où commençait à naître des frelons, trop laids pour être des enfants de la planète, poussait à une vitesse ahurissante en étendant ses racines épineuses pour s'accrocher au sol et aux roches et ainsi barrer des chemins, au cœur même des feux.
" Qu'est-ce que c'est ? Interrogea Dess.
- La magie absylle, rétorqua Alibéla, le coude appuyé sur l'épaule de son däever. La croissance de l'arbre se doit être de la science, influencée par quelques anciens sorciers dgeïkos et les frelons, je mise sur les conséquences de leur mélange.
- Quelle serait ton expertise ? Je veux dire en tant qu'experte de la chose.
- Ça put. Clairement.
- Ça put vraiment. Remarqua Dess avec une grimace.
- Ne t'inquiète pas pour ce machin. Si c'est là, c'est pour appâter Altos. Si lui il débarque, là, on aura un problème. Expliqua-t-elle, en poussant le nez de Dess avec son doigt."
Une nouvelle arrivante, fit oublier à Dess de lui répondre à elle aussi.
- C'est elle qui a vu l'appel de Détresse de Jacquounet. Alabanda s'est relevé d'un ko, avec son canon à la main, en entendant ça.
Sur une araignée H-9, la demoiselle pleine d'amulettes venait de pointer son nez devant Alibéla, en faisant disparaître quelques absylles au passage.
- Merci, dit l'adolescent.
- Je ne te connais pas toi. Jacquie, comment tu te sens ?
- Où est la vignasse ?
- Où tu vas Méseane ? Interrogea Alibéla.
- Stopper le sorcier, où l'arme, où quoi que ce soit. On ne doit pas laisser de traces visibles depuis les satellites, ce genre de chose. On s'en va avant l'arrivée de leur gouvernement, parlement, emprisonnement, truc en ment.
- Tu vas arrêter ça toi. Nous, on s'en va. "
Alibéla dit cela en caressant une mèche de Dess, dans le but de l'entraîner seul avec elle. Elle vit le regard du däever qui partait avec son amie. Jeune immature imbécile, pensa-t-elle, en regardant Méseane s'éloigner. Elle eût la nausée une seconde. Méséane fut rejointe par une autre araignée, une H-12 avec un solène sur son dos.
Elle alla aider son amie, elle ne put pas s'en empêcher. Elle ne pût pas s'empêcher non plus, de partir avec les derniers blessés, comme elle l'avait dit. Durant tous ce temps, elle n'avait plus osé regarder Dess et Méséane. Qu'est-ce qu'ils en savent eux, de la vie de pirate ? De toute façon, c'était elle qui avait volé les graines capables d'appeler Altos. En plus, vu comment la terre tremblait, un huit pieds se baladait pas loin. Peut-être, viendrait-il tout chambouler ici et donner à ces ingrats, ce qu'ils méritent. Ne pas souhaiter de mal, se répétât-t-elle. Encore moins, y mêler la splendeur des huit pieds. Celui la sauta par-dessus la scène. Une tête de dragon, son corps de chat et sa queue de chien, il perdit une écaille de sous ses pattes dans la volée. Cela aussi, se serait pour Bébé. Un bouclier, se dit la toge bleue en constatant qu'il résistait à un tir de canon.
Edia et Méséane furent détournés de leur objectif, par une de ces rencontres si rocambolesque que la vie nous propose, sans retour et marquée de résonnances, intuitive et fortuite. Lorsqu'à leur retour, ils virent leur supérieur rendre des comptes à un homme qui disait être aussi vieux qui la machine et qui parler avec dédain de leur institution, des archevêques et des toutes les espèces vivantes, s'en fut fini du Grand Ordre pour eux.

Six mois plus tard, Hayden et Dess marchaient dans les rues du marché d'Hédridre, capitale de Soldomon. Sur des toiles portées par des arcades de pierre aux bords pointus, Saphroth gambadait. Au-dessous de lui, ses compagnons discutaient.
Assis à la table d'un cuisinier, fédérateur sudiste, au cerveau lavé par la Machine avant cela, ils se contentaient pour le moment de miche de pain. Le Solène orangé avec une tunique longue, un pull qui ne fermait pas et une crinière qui subissait le vent, leur parlait dans le plus grand des calmes.
" Manger ? Si je puis vous apporter la moindre aide dans cette vie, mes amis d'une journée, je le ferai avec grand plaisir.
- Pourquoi la mériterions-nous ?
- La Machine nous a déjà tout donné. Vous êtes des voyageurs, sans elle vous seriez bien triste. Je suis là pour elle, je suis là pour vous. Dess s'inquiéta de cette réponse.
- Tu veux aider des voyageurs, malgré le blason sur ton pull. Je croyais que Ganma faisait grande honte, à ceux qui avaient embrassé les causes.
- J'aide tous ceux qui aiment le bon poulet.
- Sans sagesse, est celui qui n'a pas confiance en la cuisine des Solène. Répliqua Hayden d'un ton révérencieux.
- Profitez en bien, les fermes des couloirs seront bientôt dans les mains des Nordistes.
- Là où on les élève avec la crystaline, dodu comme les dodos du volcan de Kat.
- Ça même.
- Ah ! Dess resta bouche bée. La première bouchée, lui en fit prendre une autre par réflexe, avant de redevenir bouche bée. Malédiction ! Reprit-il ensuite. Que Deïdam nous vienne en aide !
- Avez-vous entendu parler de la pluie qui s'est abattue sur Xat ?
- Nous y étions.
- Alors ? Demanda le Solène, sans plus de détails.
- C'était l'orage le plus terrible que j'ai vu.
- Mais c'était la première tempête d'orage que tu voyais. Précisa Hayden.
- Une de ces pluies, reprit Side sans plus de conjectures. Des torrents qui vous fouettiez le visage. Il n'a pas été aisé, de trouver ce que nous cherchions. À dix minutes près, nous y serions restés pris au piège, encerclés par des cascades et des débris de nids.
- Prenons donc le pari, que leurs confréries ne bougeront pas d'un pousse et que les nordistes nous jetterons le blâme.
- Vous êtes un peu pessimiste. Répondit la louve à la présomption du lion.
- Quelques rumeurs. Cela par contre, c'est du concret. Dit le cuistot en badigeonnant les plats d'une sauce de sa préparation.
- Mais quel poulet que vous nous avez préparé ! Lança Hayden, comme si elle avait vécu toute sa vie pour cet instant.
- Connaissez-vous quelque chose, à propos de Juana.
- La tombe de Ric III. Je sais qu'elle n'est nullement perdue. Son emplacement, il est caché dans le récit de Gaouni. Ho ! Désolé mes chers clients, je dois écourter la discussion. Votre plaisir est le mien, régalez-vous et la bonne étoile aux aldams. "
Des soldats de l'Ordre étaient entrés. Huit légionnaires, que le cuistot interpella et servit avec la plus belle des politesses. De sacrés gaillards, sûrement aptes à reconnaître l'adolescent qui avait d'un seul coup tout intérêt à détaler, dans la discrétion. Il posa quelques rinbats sur la table, mit le poulet dans son manteau et se leva en silence.
Malheureusement, la holanne attira contre son gré l'attention d'un scribe, lancier au service de l'Ordre. Elle leur tira la langue, ils en furent amusés et Dess fut bien surpris, d'être protégé de la sorte. " Au Poulet brillant " Dess retenu le nom de cette enseigne et son indice sur l'emplacement de Juana. Ils soudoyèrent ensuite un autre aubergiste, pour utiliser son téléporteur.

" La route des pirates mènent sous terre pour ceux qui tardent trop. " Hayden avait entendu parler d'une rivière souterraine, qui leur éviterait trop d'efforts jusque atteindre leur prochain but. La construction des tunnels avait prise des centaines d'années aux dgeïkos. Lorsque, grâce à Deïdam, la hâte les avait pris de s'installer au-dehors, ils laissèrent quelques traces que certains marginaux qui passaient encore par là, trouvaient parfois par chance. Quand ce n'était pas un nid de mites à ailes jaunes, sous peine d'attraper la fièvre rouge à leurs contacts. Une fièvre qui provoquait des hallucinations à vous donner envie de tuer. Dess lui, fut guidé par le samens vers un mur qui servait autrefois de réserve à des dgeïkos. L'adolescent retira quelques lourds couvercles enfoncés dans la terre pour y trouver des vivres amers et de la joaillerie rare. Hayden fut intéressée par la perlite qu'exploitait le grand peuple à l'époque, une pierre si rare, si fragile et si belle. Dess et Saphroth quant-à eux, n'écoutèrent que leur ventre et ne virent que la quantité de fromage sucrés, qu'ils ne purent pas terminer.
Les chemins souterrains de Silvadiva étaient tout aussi tortueux que ceux des montagnes borgnes, ou les couloirs d'Astarad. Sa curiosité avait aussi traîné Dess, qui ne faisait que suivre en cet instant, contrairement à Saphroth et aux oreilles de l'holanne. Mise à part ça, il fut le premier des trois, à courir pour voir de plus près cette eau, d'un bleu si luisant. Ses algues lui donnaient sa couleur et sa lumière, ses poissons un reflet perlé. Les yeux perdus dans l'eau, Dess se mit à repenser à Alibéla et s'envola.

Ma déesse des rêves.
Je meurs d'amour pour toi, mais tes lèvres me réveillent.
Dans mes sentiments je vis près de toi.
Mes souvenirs me font quitter le néant.
Ta peau, mon océan,
ton souffle, mon vent.
Ta voix caressant mon oreille, le voile de la paix qui se déploie.
Mon respect pour toi, c'est de l'amour.
Mon amour, mon amour pour toi c'est de l'amour.

Puis il tendit le médaillon de Juana et sa lueur fut leur chemin.
Il les mena aux plaines les plus vertes qu'il fut donné de voir à Dess et à ses deux compagnons. Cela se devait pourtant d'être là, cette fameuse cité. Rescapée et salvatrice de la mémoire des premiers amoes. Les descendants des primitifs, où étaient-ils ? Dess ne trouvait rien en fouillant les mots de Gaouni, mais Hayden fixait quelque chose. Qu'était-ce ?
" Tout en haut, regarde ! Une grotte.
- Et ?
- Pourquoi ce ne serait pas caché là ? Vas voir !
- On parle d'un peuple dit immortel et parfait. Civilisé et beau, pas ces gorilles de bouffeur de terre de dgeïko. On utilise de trop grands mots, on ne trouvera pas cette Juana ! Non ! Vraiment ! Hayden, j'en ai marre. Et si on gardait ce médaillon ? La foi, on lui demandera au dragon Héliode, ce qu'on doit en faire.
- Ce n'est pas la peine de te questionner à ce sujet petit. C'est autre chose qui va nous arriver maintenant. "
La Holanne pointa du bout du doigt, derrière son booman. Celui-ci attarda un instant son regard sur la main d'acier, qui avait remplacé la vraie. C'était de sa faute, même si Hayden avait déjà tenté de le convaincre du contraire. " Il attend et nous observe ainsi depuis cinq bonnes minutes, ajouta Hayden, pour que le jeune se décide enfin. "
Dess se tourna, prêt à tout voir. Néanmoins, il aurait préféré croiser un amoes des origines, au lieu de cette aura impénétrable avec laquelle ils ne pouvaient éviter la collision.
Qui est cet homme ? Qu'attend-il ainsi ? Cherche-t-il une main ou une lame ? Pourquoi garde-t-il le silence ? Il ne bouge pas, il ne parle pas. Pense-t-il seulement ? Le vent souffle fort dans sa direction, mais même à lui, il semble fermé et sourd. Pourquoi ? Que souhaite-t-il trouver, ou apprendre, ici ? Que faisait le destin, à imposer à Dess une autre étape ici ? Alors même que son voyage se terminait, il croisait un soldat de la nation immortelle. L'armure du néo-nippon ne semblait pas épaisse, mais Dess avait entendu trop d'histoire, à propos de ces métaux polymorphiques. Trop aussi, de morts mystérieuses à cause de ces masques de démons, comme celui que portait le marcheur.
Ces guerriers n'hésitaient pas à être voyants, rien à voir avec les tenues de camouflage de l'ordre, ou ces toges aux couleurs trop fortes et oppressantes de la Machine.
Du bleu, presque blanc, sur son masque et ses vêtements tachés, celui-ci arborait même un bandeau mauve, sur le rouge et le noir de son armure aux reflets agressifs. Un autre qui voulait empêcher le médaillon d'atteindre sa destination ?

" Arrête de penser. Cria l'homme... "

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