4 avril 2021 (Le cher disparu)

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Toute la France est désormais confinée (3e confinement) après le week-end de Pâques, dit « week-end de tolérance ».

Elle : - « J’ai entendu dire qu’il était très beau, blond, les cheveux assez longs, les yeux bleus… N’empêche, il a bien mal fini.

Moi : - C’est sûr. Il a disparu avant son heure.

Elle : - Mais il a lancé un mouvement.

Moi : - Il y a contribué fortement, il n’était pas tout seul.

Elle : - C’est fou la ferveur qu’il laisse chez les gens… je suis épatée.

Moi : - Pas tout le monde, quand même, mais oui, c’est assez remarquable…

Elle : - On peut dire qu’il a changé la vie de nombreuses personnes, non ?

Moi : - Faut peut-être pas exagérer… (Après un bref silence) Attends, de qui on parle ?

Elle : - Ben, de Patrick Juvet !

Moi : - Je pensais que tu me parlais de Jésus !

Elle : - Jésus ?!? Pourquoi ? Il fait l’actu cette semaine, comme l’autre chanteur, là ?

Moi : - Un peu quand même ! À ton avis, pourquoi nous sommes ici ?

Elle : - Oui, bonne question, pourquoi suis-je à nouveau enfermée dans le garage de tes parents ? Tu n’avais pas besoin de laver tes draps ce week-end ?

Moi : - Non, c’est Pâques.

Elle : - Oh. J’aurais dû le savoir : quand on vient ici, c’est soit en cas de fête religieuse, soit pour un lavage de draps. Vous êtes quand même vachement pratiquants, dans cette famille.

Moi : - En fait, non. Mes parents ne m’ont pas élevée dans la religion chrétienne.

Elle : - Ben alors, qu’est-ce que vous fabriquez tous ensemble ce week-end ?

Moi : - Rien, je viens les voir. Je profite du jardin de mon père…

Elle : - Tu parles ! Il pleut !

Moi : - On mange du chocolat tous ensemble…

Elle : - Mmm ? Au fait, les effets de ton vélo d’appartement sur ta silhouette se font attendre, il me semble !

Moi : - Écoute, je viens tout juste de commencer !

Elle : - Et tu carbures au chocolat, en plus !!! J’espère que tu nous as au moins gravi le Tourmalet comme tu l’avais annoncé l’autre jour !

Moi : - J’ai revu mes objectifs à la baisse. Ce sera l’équivalent du Mont des Récollets pour la fin du mois.

Elle : - Toi, pour te sauver, c’est au moins l’équivalent d’une fête de Pâques qu’il te faut, un méga-miracle ! (Après un instant) Mais au fait, Pâques, c’était pas plus tard, l’an dernier ?

Moi : - Si.

Elle : - C’est quoi, le sketch ? Pâques, ça bouge ?

Moi : - Oui, d’année en année. C’est une fête qui se calcule d’après le cycle lunaire, donc ça ne tombe jamais deux fois à la suite sur le même dimanche. C’est un jour férié qui flotte.

Elle : - Il est pas capable de mourir tous les ans à la même date, l’autre ? Il arrive bien à naître tous les 25 décembre ! Déjà que le truc de mourir et de résurrecter, c’est déjà assez fort de café, mais là !!! LÀ !!!

Moi : - Apparemment, ça pose pas tant de problèmes que ça !

Elle : - Imagine deux secondes qu’on fasse ça avec Patrick Juvet !

Moi : - Quoi donc ?

Elle : - Il est bien mort le 1er avril, le chanteur ?

Moi : - C’est ça, le jour des poissons.

Elle : - Les poissons ? Ça a un rapport avec son décès ?

Moi : - Non.

Elle : - Bon, alors, admettons que l’an prochain, on dise à ses fans ″Oui… enfin, cette année, on n’est pas sûrs si on va fêter la mort de Patrick le 1er avril, on va faire ça plutôt deux semaines plus tard, question de lune qui flotte…″

Moi : - Qu’est-ce que tu me racontes ? D’abord, on ne fête pas les morts, on les commémore…

Elle (poursuivant) : - Tu imagines la gueule des fans du Patrick en question ? C’est juste pas possible !!!

Moi : - M’enfin, tu ne peux pas comparer la mort de Jésus avec celle de Patrick Juvet. Ça n’a pas la même portée, ni la même signification !

Elle : - Et le fan-club de Jésus, il réagit jamais ? Il pétitionne pas ? Il aime la flottaison ? (Après un silence) À moins que… À moins que…

Moi : - Quoi ?

Elle : - Il ne s’agisse d’un truc pour vendre plus de T-shirts chaque année ! Mais ouiiiiii !

Moi : - Qu’est-ce que tu racontes ? Pâques n’est pas une opération commerciale !

Elle : - Ah non ? Avec tous les kilos de chocolat qui s’écoulent sur le marché ? Avec les restaurateurs qui soupirent après leurs pertes de recettes parce qu’ils ne peuvent toujours pas rouvrir ? Hé, la cloche de Pâques, c’est pas moi, hein ! »

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