15 mars 2021 (Lundi matin)

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Elle : « Bonne matinée ?

Moi : - Oui, ça a été. Mes élèves sont parfois assez drôles. Il y en a un qui m’a demandé s’il fallait tout apprendre ce que nous voyons en cours. Je lui ai dit : "Ben fais ce que tu veux, mon gars, vis ta vie… Bien sûr qu’il ne faut pas tout apprendre. Mes cours ne sont pas des cours, c’est du meta-apprentissage – if you prefer in English, meta-learning. Je viens là juste pour résoudre des problèmes de méta-cognition entre deux cours d’informatique. C’est à toi de savoir ce qui est important et ce qui l’est moins dans ce que je dis, tu fais le tri dans ta méta-mémoire. Si tu as envie de bazarder, bazarde… Et puis l’anglais est tellement négligeable quand il s’agit d’informatique…"

Elle : - Eh bien !

Moi : - Ça fait des années que je dis que la seule chose qu’il suffit de savoir dans la vie, c’est signer les chèques. Le reste n’a aucune importance.

Elle : - Tu leur racontes vraiment ça, à tes stagiaires ?

Moi : - En fait, non, mais parfois j’aimerais bien. Comme m’a démangé l’envie d’être franche avec le stagiaire que je mentionnais à l’instant.

Elle : - Dis-moi, puisqu’on est lundi… On ne va plus voir tes étudiants à Villeneuve d’Ascq ? Je trouve ça curieux.

Moi : - Non, il me reste quelques cours à faire en visio avec les chats-chats et c’est tout.

Elle : - Alors quoi ? Le gouvernement demande à l’automne de fermer les universités par précaution, et toi tu continues les cours en présentiel, et maintenant qu’il faut refaire des cours en présentiel pour préserver la santé mentale des étudiants, tu fais des cours en distanciel ?

Moi : - Saluons la loi relative aux libertés et responsabilités des universités pour cela. D’ailleurs je sens qu’on n’a pas fini cette semaine de pointer toutes les absurdités et incohérences que nous subissons plus ou moins depuis un an, avec l’anniversaire du premier confinement qui arrive dans les jours qui viennent.

Elle : - Ah ouais… Ça fait déjà un an.

Moi : - J’imagine déjà les commentaires que nous allons entendre ! Il y a au moins une constante dans la crise que nous vivons, qui brille tel un phare dans la nuit éternelle : ça râle toujours autant. Le gouvernement interdit tout, comme en mars dernier ? Il infantilise les Français. Le gouvernement assouplit le confinement, comme en novembre dernier ? "On n’y comprend rien." Le gouvernement modifie ce qui ne fonctionne pas bien, comme pour la campagne de vaccination ? "C’est de l’amateurisme, c’est de la politique de crânes d’œufs." Le gouvernement persiste dans ses décisions ? "C’est de l’autoritarisme, on vit vraiment en dictature", et on pourrait continuer longtemps comme ça.

Elle : - En tout cas, vu comment les choses tournent, il va falloir vérifier l’état de ses plaquettes.

Moi : - Hein ?

Elle : - Bah ouais, depuis quelques jours, on ne parle que de freiner l’épidémie.

Moi : - Mmm. Le plus drôle dans tout ça, c’est qu’on parle des règles qui vont peut-être s’appliquer exactement comme si on causait de cuisine. Confinement light, ça va être le régime vapeur sans matière grasse, ou confinement tradi, ça va nous tomber direct sur les hanches.

Elle : - Sans beurre et sans reproche, quoi… Est-ce que c’est pour ça qu’on parle tellement de margarine ces jours-ci ?

Moi : - De margarine ?

Elle : - Ben, AstraZeneca, c’est pas une marque de margarine ?

Moi : - Non, c’est juste le variant anglo-suédois du vaccin contre la COVID.

Elle : - Oh ?

Moi : - Remarque, ça fait aussi un peu Salon de la Voyance. "Bonjour, je suis Madame Astra Zeneca, spécialiste des travaux occultes. Je peux aider à trouver une solution à vos problèmes : amour, connaissance du futur, envoûtement, désenvoûtement, protection, chance, environnement professionnel, impuissance sexuelle, etc. Travail rapide, sérieux, et durable. Paiement sécurisé possible."

Elle : - Et alors, c’est quoi le fond de l’embrouille ? Pourquoi on en parle autant ? AstraZeneca va tous vous marabouter ?

Moi : - Figure-toi que c’est bien l’un des problèmes qui se posent en ce moment : on n’est certain de rien avec ce vaccin-là.

Elle : - Z’avaient qu’à choisir un nom un peu moins ésotérique, si les vendeurs d’AstraZeneca veulent que les humains aient confiance… »

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