31 décembre 2020 (L’année de tous les dangers)

3 minutes de lecture

Elle : « C’est l’heure des bilans ?

Moi : - Oui, en principe. Mais c’est même pas la peine de tirer un bilan de 2020 ; c’est rare qu’une année fasse autant l’unanimité contre elle.

Elle : - Que des déceptions, alors ?

Moi : - Bof… De l’écume, qui partira noyée par la chasse d’eau du temps.

Elle : - Dis donc, c’est presque beau, ce que tu dis !

Moi : - Il y a eu tellement de contrariétés cette année… Je ne me rappelle même plus de la première… Mais je me souviens fort bien de la dernière, parce qu’elle est récente et liée à Giscard.

Elle : - Giscard ? C’est quoi, ça ?

Moi : - C’est un ancien président de la république.

Elle : - Avant Macron ?

Moi : - Bien avant Macron. Il est mort au début du mois.

Elle : - Et alors ?

Moi : - J’avais enregistré un dimanche soir un documentaire sur la Shoah, et je souhaitais le regarder la semaine dernière, afin de me rassurer un peu sur notre époque et me dire que ce que nous vivons n’est pas si grave. Je me suis aperçue qu’à la place, j’avais enregistré un documentaire sur la vie de Giscard, diffusé suite à son décès. J’ai été déçue, mais déçue ! Je pensais voir des camps de concentration en noir et blanc et en fait j’ai vu des mecs en sous-pull orange et pattes d’éph’ rouler en R5. Forcément, ça fout un choc.

Elle : - C’est clair que ce n’est pas le même genre de misère.

Moi : - Les années 70, c’est quand les gens criaient qu’on leur retirait leurs libertés fondamentales parce qu’il fallait mettre sa ceinture de sécurité en voiture – et encore, seulement à l’avant.

Elle : - Et maintenant, c’est devenu normal de boucler sa ceinture. Tu verras que dans quarante ans, le port du masque sera parfaitement admis.

Moi : - J’espère bien que dans quarante ans, le masque ne sera plus qu’un souvenir !

Elle : - C’est sûr que ça vous change un homme ou une bonne femme, un masque ! On ne sait même plus si tu souris ou non… Quoique… tout bien réfléchi… Tu ne souriais déjà pas beaucoup avant.

Moi : - M’en parle pas ! J’ai l’impression de vivre en permanence dans une chanson de la Compagnie Créole, "Au bal masqué". C’est désagréable quand on n’aime pas la musique antillaise.

Elle : - Ouais, encore un genre musical que tu n’aimes pas. On ne les compte plus !

Moi : - J’ai lu l’autre jour qu’il convient de traiter son masque comme un slip.

Elle : - C’est quoi, un slip ?

Moi : - C’est ce que les humains portent en-dessous de tout. En principe, un bon slip doit être confortable et ne doit pas bâiller pas sur les côtés. Eh bien, tu vois, un bon masque aussi. Il vaut mieux ne pas porter un slip s’il est à l’envers. Pareil pour le masque.

Elle : - Ah.

Moi : - Ensuite, il ne faut ni toucher son slip ni l’ajuster, surtout en public. Il ne faut pas non plus l’emprunter ou le prêter. Il faut qu’il soit propre, et s’il est humide, on doit le changer. Enfin, s’il a des trous ou s’il est usé, on s’en débarrasse. Eh ben c’est tout pareil pour le masque.

Elle : - Là, j’ai appris un truc.

Moi : - Sinon, si on fait le bilan de 2020, ça va être difficile d’y trouver du positif… Ah si ! On a réglé le problème des poux à l’école…

Elle : - Moi, c’est la première fois que je roule aussi peu.

Moi : - Le vieux mot "bamboche" est redevenu tendance, les guides de voyage n’ont pas prospéré… Vraiment une drôle d’année… C’est également la première fois que je me suis rendue aussi peu au cinéma depuis l’année de mes quatorze ans, quand je devais encore demander l’autorisation d’y aller à mes parents.

Elle : - Et moi, je dois te demander la permission de me dérouiller les roues un peu plus souvent ?

Moi : - Je ne voudrais pas trop t’attrister, Pucette, mais l’an prochain risque d’être pareil. Tout le monde est impatient d’être en 2021, alors que demain sera juste un jour de plus. Je te le demande : qu’est-ce qui va changer en une nuit ?

Grande Sœur : - Chais pas, peut-être le fait d’aller jacasser ailleurs que sous mon nez ? On peut plus roupiller tranquillement, ici ! »

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