Chapitre 1-5

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Palatinat, l’ancien nom du territoire princier, est surtout connu pour avoir été ravagé par les Français de Louis XIV, à une époque où les termes « crime de guerre » et « crime contre l’humanité » n’existaient pas encore.

Les lois avec effet rétroactif ne devaient venir que bien plus tard et à l’époque, massacrer la population et raser un pays vaincu ne choquait personne, à l’exception peut-être des victimes, mais ce ne sont là que des broutilles. De cette époque glorieuse, il nous reste le château de Versailles. Combien de touristes allemands qui le visitaient se rappelaient cette histoire ? À l’époque où il y avait encore des touristes.

Le Palatinat fut ensuite démembré, merci la Révolution française, et Napoléon, de vous être occupé des affaires des autres, puis intégré, pour une partie, dans le Land de Baden-Württemberg, qui disparut lui aussi depuis l’avènement du nouveau régime. Les deux avaient été décrétés depuis illégaux par la loi fondamentale 14 qui précise les modalités linguistiques pratiques de l’avènement du nouveau citoyen.

Ils finirent dans les poubelles linguistiques de l’histoire comme leurs copines : Bavière, Saxe, Thuringe, etc.

L’idée fondamentale, bien connue et théorisée depuis longtemps, est qu’un être humain ne peut concevoir et réfléchir que sur des notions qu’il peut nommer. Le nouveau régime avait donc, par vague, systématiquement écrémé le lexique de tout ce qui pouvait présenter le moindre danger de permettre à la population de réfléchir à leur existence misérable.

Qui ne peut raisonnablement concevoir verbalement sa condition ne peut pas se révolter.

Pour prendre un exemple à la limite de l’absurde, essayez de discuter avec votre voisine de votre chat, si les mots « chat », « félin », « carnivore », « souris », « domestique », « fourrure », « croquettes », « caresser » et « ronronner » n’existent pas dans votre vocabulaire. Bon courage.

Alors vous laissez tomber le matou et vous allez cultiver des brocolis dans votre jardin.

Tout totalitarisme passe obligatoirement par le contrôle de la langue. Une langue unique et formatée par une académie officielle est le rêve et l’instrument de toute tyrannie sérieuse.

Sur ce thème, ce n’est même pas la peine d’aller chercher la novlangue du roman 1984 d’Orwell, la lèpre du politiquement correct et de la langue de bois qui pourrissaient le discours politique, économique et social du début du siècle et qui, accompagnait le tsunami néo-libéral qui détruisait tout sur son passage, inhibait toute idée même d’opposition ou de révolte, en est un exemple suffisamment parlant.

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