Conclusion

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La volonté de noblesse


La modernité comme tiraillement, comme contradiction inévitable : affronter la fin du monde, ne plus avoir le droit à l’avenir, ne plus pouvoir chérir l’humanité devenue ennemi, se condamner être lunatique par le chantage au devoir face à la décadence. Affaiblis mais porteur d’une puissance immature, je suis piégée dans le carcan de la morale moderne. N’est-ce pourtant ma lucidité qui ne cesse de répéter, durant ces soirs étranges, son mantra éternel : « que faire » ?

Que faire si je n’ai pas la force de sauver le monde ; et si le vouloir m’empêche de me sauver moi, si le vouloir m’oblige à la maladie, à l’aveuglement, aux compromis face à l’absurdité ?

Il est passé le temps ou je me contentais, entre deux lâchetés, d’actes symboliques de résistance – ces « petits riens » qui ne sont rien d’autres que rien. Mon noble instinct n’est plus aussi dupe qu’auparavant : il veut autre chose pour jouir et s’étendre, lui le gourmand, lui le prétentieux.

Mon noble instinct veut s’extirper de l’histoire et du poids de l’humanité – il veut se sauver lui ; car il se sait en danger. Il a deviné, dans le cœur de mille hommes, qu’ils iront jusqu’aux bouts, que rien ne les arrêtera. Dans leurs profondeurs, il est en jeu une chose bien supérieure aux habitudes et au vouloir : nous le savons puisque contrairement à l’humanité entière, nous avons fait face à ce monstre-là – nous connaissons sa force vertigineuse et le prix mortel de son évincement.

Mon instinct noble l’a deviné : ses conditions de bonheur ne se trouvent pas dans ce monde-ci, ni dans son opposition – mais dans sa négation.

Parfois, il phantasme de devenir héro, de participer a cette foule qui viendra sauver le monde : mais il parvint à se rassurer un peu, avant de remarquer qu’il ne s’agit jamais d’autre chose qu’une morale politique utilisé comme narcotique pour se calmer l’esprit. D’autrefois, il rêve vivre dans une autre civilisation, un autre temps ou le phantasme alliée au romantisme nous offrent assez de volonté pour passer à l’action – mais le mur du progrès totalitaire s’oppose à chacun de ces mouvements.

Mais peu à peu, mon noble instinct parvient à insuffler son souffle dans mon âme ; à abattre névrose après névrose, à bâtir morale après morale, pour finalement découvrir, pour la première fois, sa liberté. Toujours en danger par la violence matérielle du progrès, elle se dresse faiblement : alors que peut-elle faire contre le mur froid, concret, infranchissable de la fin du monde ? Nous découvrons tous, je crois, ce nouvel état de l’âme : la frustration profonde de l’impuissance impersonnelle.

Que faire alors ? Que faire de notre nouvelle aptitude à la souffrance ?


Condition libératrice


La philosophie doit être médecin : elle doit analyser pour guérir – et rien d’autre. Alors donnons-nous la légèreté d’un véritable peut être. De ces peut-être qui peuvent sauver.


Peut-être : la santé de l’homme est construite pour ne jamais s’étendre au-delà de sa vue. Le confort de sa puissance ne doit pas – et ne veut pas – aller conquérir les fausses terres du symbolisme que sont le temps longs, l’espace planétaire et la domination de la nature. Il y a là-bas trop de lourdeur, de peur liée à l’interprétation et de perversité pour que ses instincts puissent librement agir – librement jouir.


Peut-être : le monde doit être perçu dans sa résonance spirituelle, mais jamais dans sa “réalité” mathématique. L’âme veut accepter de pas savoir, d’être superficiel par profondeur pour se concentrer sur son seul chemin : « Ma communauté, son soin, mon bonheur ». Au-delà : la conscience n’est pas prête et ne pourra l’être sans sa pleine puissance.


Peut-être : les choses nouvelles sont les plus immatures du règne animal. Notre conscience ne parvint pas à tout intégrer par cette faute-là : avec elle, l’environnement a si vite changé qu’elle n’est plus parvenue a se protéger des violences symboliques – qu’elle est devenue esclaves d’une force qui la dépasse en tout point. Ce retard, nous le rattrapons par un chemin qui nous est si étranger et artificielle qu’on y croirait une obscurité mortelle. Le mieux alors : se sauver de la modernité, retrouver un équilibre et réfléchir. Ou ma conscience est elle capable d’aller ? Jusqu’où ma puissance peut-elle s’étendre ? Voici les questions fondamentales – dont seule une âme saine peut entreprendre d’y répondre. La santé : voici – peut-être ! – notre priorité.


Peut-être : donner la priorité dans le sauvetage de notre humanité – donc dans le rejet et l’abandon de la masse. Un jour, notre philosophe a inventé le grand mépris : sans doute est-ce là un gage de santé qu’il nous faut conquérir. Alors nous garderons près de nous, l’amour réel, l’amitié profonde, l’existence puissante comme autant de jouissance réel : mais nous condamnerons les hommes modernes à vivre au-delà de nos plus hautes montagnes : celle de la certitude scientifique, de la dialectique marxiste. Nous allons nous défendre et enterrer comme jamais auparavant notre époque – et notre bonheur sera notre univers.


Peut-être : se détacher de l’histoire, de son temps et de sa fatalité : voici nos conditions au bonheur et à la pleine vision : a ce moment précis, nous seront capable de pouvoir envisager notre rapport au monde. Préparons-nous à cette grande décision, que notre devenir le prennent en charge, qu’il nous libère de ce poids qui nous écrase et que nos ressentiments s’épuisent vers cette promesse de compréhension. Que la promesse devient mythe, que nos instincts soit duper par de tel stratégie : nous en ressortirons que plus grand.


Si ces peut-être deviennent, pour un an ou deux, notre réalité profonde, que répondront nos nobles instincts ?

" Voilà ce qui semble être un bon début "


La nécessite de l’action


Soyons comme l’enfant dont une idée vient de lui traverser l’esprit : ne la lâchons pas, suivons là jusqu’au bout. Nous avons se luxe de pouvoir ignorer les dangers : la décadence, la névrose, la frustration, elle est là, en ce moment même, permanente, reine et empereur de toutes choses. Nous sommes maintenant dans le plus viscéral et méprisable des dangers : nous avons un devoir du mouvement. Qu’attendons-nous !

Pourquoi rester dans ces terres si arides ? Allons ! L’enfant n’a pas besoin de tant de chose pour s’enfuir : alors partons.

Mimons-le, et comme lui, soyons attentif aux belles histoires. As-tu oublié la plus grande d’entre elle ? Fut un jour ou nous avons vécu tous les deux un bonheur si différent des autres. Dans son intensité, il fut révolutionnaire et transcendant. Si puissant et satisfaisant qu’il nous a coupé le souffle. Toi, comme moi, nous avons vécu ce qui reste impossible dans la modernité, interdit dans la décadence, l’innommable bonheur réel – au-delà du plaisir et de la morale, au-delà de la bêtise du désir marchand ou autre merditude de notre époque.

Notre souvenir est parfois corrompu par de mauvais instincts, mais nous ne serons l’oublié : lui nous guide et nous chuchote parfois a l’oreille :

« Voici l’existence, ton droit le plus sacré, que tu dois chérir et réclamer à chaque instant au monde. »

Ce que nous sommes : des nobles prétentieux. Notre volonté de bonheur est à 6 000 pieds par-delà la modernité et de leurs temps. Ce bonheur-là, cette jouissance, notre puissance pleinement exprimer : c’est notre devenir – et nous en sommes responsable.


Notre devoir


Nous ne sommes pas des esclave de la tranquillité : nous serons trouvés, dans la multitude des économies d’âme, une communauté qui sera nous rendre beaux et fier. Le bonheur est une plante qui demande beaucoup de savoir faire, de patience et de ressource : nous en serons digne. Devant nous, l’étendu de notre monde a notre vu et l’horizon laisser aux seuls rêveries : que cela me semble plus beau que tout !

Moi, humain, sans peuple, sans société, sans histoire, cherchant avec mes Frères la parfaite résonance de l’existence pour mes instincts Nous serons alors devenus des créateurs, des juges, des danseurs. La modernité détruite de nos êtres, à quoi ressemblerons-nous ? Ah, je peine l’imaginer – mais le désir m’emporte de le ressentir un jour !

Malin que nous sommes, avec la science de la décadence comme bouclier, nous seront devenu de puissant anti-philosophe prêt à jubiler de l’existence – à ne plus jamais se laisser emporter comme la masse par la folie marchande. Nous seront devenu sain. Enfin.

Tout en haut de notre montagne, après avoir soigneusement mit un pas devant l’autre, nous rirons franchement du chemin parcourus, de ce que nous étions à ce moment où l’aire n’avait pas cette pureté des hauteurs. Nous rirons de nous revoir genou a terre par la pesanteur de la morale, de la vérité, de la cohérence : ce poids d’insensées que nous portions comme un chameau dans son désert.

Nous rirons de notre maladresse, mais avec le respect infini envers notre passé. Lui, qui plus que survécu à la souffrance, à su trouver la force pour surmonter le monde moderne.

Nous sommes le héros de notre avenir.


Un jour avant l’effondrement


La fin du monde ne sera jamais autre chose qu’un retour a l’existence. Enfin, la nature va reprendre ses droits dans l’instinct humain. Celui-ci sera freiné, coupé dans son élan d'infini. Personne ici ne peut prédir les boulversements que provoquera en chacun l'effondrement. Il sera l'événement le plus important de l'humanité : après la mort de Dieu, la mort de son ombre la plus persistante...

Jamais l’homme ne vivra de telle expérience : cela définit le nouveau rôle de la philosophie : rendre possible le deuil et créer les premiers Hommes post-moderne. Voilà notre voie, notre devoir. Alors : à nous la puissance, à eux la souffrance : nous sommes la prochaine civilisation. Soyons, patient, joyeux – et organisés.

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