Le grand chantage

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Réalité

Le capitalisme induit une dépendance entre les actions de notre peuple et la sauvegarde du monde, de l’avenir et des communautés présentes : jamais tel pouvoir n’avait été accordé à une masse – et jamais masse ne fut plus décadente et incapable que la nôtre.

Prévilège des temps modernes

Le poids du monde, c’est d’en supporter la fin qui s’impose devant notre regard. Le monde accélère à chaque instant sa chute dans sa course immonde : alors nos yeux se remplissent de dégout pour ces enfants capricieux, si apte à l’horreur, eux graine de merveille, si malicieux à la destruction. L’esprit veut mépriser, mais le cœur est lui incapable de retenir a chaque crise de lucidité son cri de douleur.

Notre espérance, sans doute notre empathie et beaucoup de notre sécurité dépendent encore trop de ces autres pour jouir du monde. Aucune projection saine n’est possible : l’humanité est notre jambe boiteuse. Elle nous condamne à choisir le cœur et devenir un héros tragique, malheureux et lamentable, ou un acerbe misanthrope, rognant amour et société dans un même acte de violence envers eux et soi-même.

Quitter se monde, abandonner l’idée de le sauver, le laisser entre ses propres mains, n’est-ce pas, aussi, le condamner ? Mais comment s’en résoudre ? C’est là le dilemme qui dépasse l’être humain – peut être réservé aux empereurs fous, mais surement pas à nous. La question est biaisée. C’est elle la violente, l’imprudente à se poser la, face à nous.

Que faire de ce chantage impossible ? Le laisser là, il nous déchirera tout entier…

Sursaut

Allons : notre philosophie doit être capable de résoudre le problème de la fin du monde. Sinon, à quoi bon ?

Chute

Notre époque n’est pas neutre : elle est une chute stable, sas cris, sans panique. Un spectacle puissant - trop puissant pour mes yeux. Il me submerge et me paralyse. Ma morale dépassée, moi juge de la Terre, réduis à cela, moi prêt à l’amour de la nature, moi voulant une existence et une puissance seulement humaine, voici mon héritage empoisonné : prisonnié de l’empathie et de la guerre, au chevet forcé d’une humanité mourante. Moi, piégé dans ce chantage, devenu incapable de rien, traversé par trop de forces contradictoires, moi perdu dans l’orage de mon âme, au sens des responsabilités vacillantes, aux volontés d’évasion devenu trop romantique – irréel.

Face aux poisons, mon âme s’étire et se trahit. Il y a bien quelques choses d’autre que moi sur mon chemin, un obstacle étranger. L’ancien maitre m’aurait ordonné de le mépriser et de m’envoler : oui, mais le voilà devenu universelle et capitaliste – il emporte dans sa folie la terre de notre repos promis. Cela est trop, cela est trop…

Je ne serais être un héros, de telle passions ont été bannis depuis longtemps de mon esprit. Mais c’est ce que le monde m’ordonne d’être, dans son pathétique appel à l’aide. Comment faire confiance à l’avenir quand le dieu d’hier, ma grande Nature brisée, celle à qui je voulais offrir mes doutes et les affres, est là, devant moi, rampante aux pieds de chaque homme pour en implorer la pitié ?

Promesse

L’effondrement est une promesse de violence murmuré à notre force vitale. Une terrible prophétie, en réalité. Car au fils des éveils, un être profond et visionnaire se forme dans nos esprits. Une pensée forte, hors du temps, s’élevant au-dessus du monde. Nos instincts comprennent finalement la nécessite de nous laisser maitres d’une telle création. Notre beauté est un être de calme, celui des forets, qui a grandit par les murmures de la terre et son éternel retour.

Oui, mais l’effondrement est aussi une promesse de guerre imposé a notre être toute entier. Nos projections font face à ce mur terrible dont on ne peut jamais se défaire de sa réalité. La contradiction s’impose. Elle n’apparait jamais autrement que sous le masque de l’angoisse. Une peur nichée au fond de nos êtres, venant s’immiscer dans chacune de nos actions, y hurler notre impuissance et l’urgence. Elle est un danger inévitable, insurmontable, un renversement matériel trop brutale des valeurs.

Ainsi, la santé qui fut toujours celle des hommes lucides, l’amenée à cette frustration ultime, à la projection logique vers la fin du monde, et donc, la fin de toute liberté. Se savoir condamner par l’organisation humaine hérité de nos ancêtres, alors même que la nature et notre spiritualité nous promettait une voie, un bonheur accessible – n’est pas la nôtre plus grande tristesse ?

Le monde est devenu une mauvaise nouvelle – soit, et maintenant ?

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