Des retrouvailles indésirables

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Le lendemain, Lisa vient me voir en cour de récréation. Elle me tend son cahier, sur lequel est écrit :

"Est-ce que ça va ? Tu es parti précipitament hier alors je me suis inquiétée."

Je prends son cahier et le stylo qu'elle tient à la main pour lui répondre :

"Tout va bien, tu n'as pas à t'inquiéter."

Après avoir lu ma réponse, elle lève ses yeux bleus vers moi pour les plonger dans mon regard gris et m'adresse un doux sourire. Je sens mon coeur s'emballer et, gêné, je détourne le regard. Je ne sais pas ce qui me prend, ces derniers temps. Je suis toujours pris d'une drôle de sensation en sa présence. Une sensation incontrôlable, que je suis obligé de refouler si je ne veux pas perdre mes moyens.

Le cahier que la jeune fille glisse sous mes yeux me tire de mes pensées. Je lis ce qui y est écrit :

"On retourne à la bibliothèque après les cours ?"

Je hoche la tête. Son sourire s'élargit. Cette fois il est sincère et ce détail me fait plaisir.

C'est ainsi que nous retournons à la médiathèque en cette fin de journée. Nous nous installons à la même table que la veille et sortons une fois de plus nos affaires pour réviser ensemble. Je ne le lui ai pas dit, mais elle ferait une bonne prof. Elle explique bien les leçons et parvient à attirer mon attention et éveiller ma curiosité contrairement à nos enseignants. Je lis donc attentivement tout ce qu'elle écrit. Lorsqu'elle finit de m'expliquer le chapitre, elle me propose à nouveau un problème à résoudre. Je lis l'énoncé qu'elle vient de rédiger, puis lève les yeux vers elle. Je rêve ou elle me fait les yeux doux ?

Je pousse un long soupir et marmonne

- C'est bon, je vais le faire ton exercice . . .

J'attrape mon stylo et me concentre sur l'énoncé. J'utilise l'une des formules du cours pour prouver l'appartenance du point B au vecteur u. Dès que je termine de rédiger la solution, j'entends Lisa m'applaudir avec un visage radieux, visiblement très fière de mon travail.

J'étais sur le point de reposer mon stylo lorsque mon regard est tombé sur le cahier que nous utilisons pour communiquer. Une idée me vient en tête et je la formule aussitôt par écrit :

"Tu voudrais bien m'apprendre aussi la langue des signes ? Ce serait plus simple et plus discret pour communiquer que de se servir de cet encombrant cahier."

Ses yeux s'illuminent lorsqu'elle lit ma demande et son visage s'éclaire d'un énorme sourire ! Elle hoche la tête de haut en bas et prend à son tour un stylo pour me demander :

"Quand veux-tu commencer ?"

"Maintenant. Je ne veux pas rentrer tout de suite et ce sera sans doute plus simple et intéressant que ces cours de maths."

Elle acquiesce et écrit :

"Bon, commençons par les bases. C'est ainsi qu'on dit "Bonjour" en langue des signes . . ."

Elle met ensuite une main sur sa bouche avant de la tendre dans ma direction. Je reproduis son geste et elle le valide d'un hochement de tête.

Nous continuons ainsi jusqu'à ce qu'un employé de la bibliothèque vienne nous dire :

- Il faut partir, les jeunes. On va fermer dans cinq minutes.

Je fais signe à Lisa qu'on doit s'en aller et nous rangeons nos affaires avant de quitter le bâtiment. En sortant, nous constatons que la nuit est déjà tombée. Je rabats la capuche de mon manteau sur mon visage et nous nous dirigeons vers l'immeuble de la jeune fille. Je tiens à la raccompagner jusqu'à chez elle pour m'assurer qu'elle rentre saine et sauve car les rues ne sont jamais sûres la nuit et cette fille est incapable de se défendre seule.

Alors que nous avançons dans les rues de notre ville, seulement éclairées par quelques lampadaires, je remarque une silhouette au coin de l'une d'elles. Je ralentis le pas pour prendre le temps de l'observer et constate qu'elle ne bouge pas. En plissant les yeux, je remarque qu'elle est face à nous, comme si elle nous observait, mais avec la distance et une si mauvaise luminosité, impossible de distinguer son visage. Cependant, j'ai un mauvais pressentiment qui ne fait que croitre au fur et à mesure que nous approchons de cette personne qui se trouve sur notre chemin. Je prends donc instinctivement la main de Lisa dans la mienne, sans quitter des yeux l'individu.

Au moment où nous passons près de ce dernier car il nous faut tourner au coin de la rue pour rejoindre l'immeuble de la blonde, une voix s'élève :

- Salut, vous deux.

La voix m'est familière, je suis sûr de l'avoir déjà entendue quelque part. Je ne ralentis cependant pas le pas car rester auprès de cette personne ne m'inspire pas confiance. L'individu poursuit :

- Où est-ce que vous allez comme ça ? Vous n'êtes pas heureux de nous retrouver ? Parce que nous, si . . .

Nous nous arrêtons net en remarquant les types qui viennent se mettre face à nous pour nous bloquer le passage. Je me tourne vers celui qui a pris la parole et vois qu'il rabaisse sa capuche, révélant ainsi son visage : c'est le client qui a essayé de me voler la drogue que je voulais lui vendre ! Génial . . . Il nous manquait plus que ça ! Qu'est-ce qu'ils font ici ? ! Ils vivent pourtant à l'autre bout de la ville !

Je fronce les sourcils et place Lisa juste derrière moi, prêt à la défendre. Mon ancien client a un sourire malfaisant pendant qu'il déclare :

- Ne t'inquiète pas pour elle, on ne lui fera aucun mal et à toi non plus si tu nous donnes bien gentiement ce que tu aurais dû nous remettre il y a un bon moment . . .

Quelle bande de gros forceurs ! Je n'arrive pas à croire qu'ils aient entrepris des recherches pour nous retrouver juste pour un sachet de drogue ! Ce sont vraiment des obsédés !

Mon agresseur ajoute :

- Et cette fois, je te conseillerais de ne rien tenter si tu ne veux pas que vous finissez criblés de balles . . .

En disant ces mots, il sort un revolver de la poche interne de sa veste ! Effrayée à la vue de l'arme, Lisa agrippe fermement mon manteau. Je peux sentir ses mains trembler de peur. Je ne peux pas prendre le risque qu'elle se fasse tuer. Mes poings se serrent de frustration et après un long soupir, j'ouvre mon manteau pour fouiller dans la poche interne de mon sweat et en sortir le sachet. Je le tends au brun, qui le prend aussitôt pour le glisser dans la poche intérieure de sa veste avant de déclarer :

- Te voilà enfin raisonnable. C'est bien. On va te laisser tranquille maintenant.

Il rejoint ensuite ses acolytes et claque des doigts en passant devant eux. Aussitôt, le plus costaud d'entre eux attrape Lisa par le bras pour la tirer brutalement vers lui. Cette dernière pousse un cri, accompagné par le mien :

- Lisa !

Je me dépêche d'attraper son autre bras pour empêcher qu'ils l'emmènent, en disant à leur chef :

- Tu n'es qu'un sale menteur ! Tu as promis de nous ne faire aucun mal si je te donnais ce que tu voulais !

- C'est vrai, j'ai dit que nous ne vous ferons aucun mal et je tiens parole. Nous emmenons ton amie, certes, mais je peux t'assurer que nous ne lui ferons pas la moindre égratinure.

- Et moi, je ne vous laisserai pas l'emmener, peu importe ce que vous comptez faire d'elle !

- Ça suffit, maintenant, tu commences vraiment à nous agacer !

À ces mots, l'un de ses hommes me donne un violent coup de pied à l'estomac, me coupant le souffle ! Je tombe à terre, pendant que le grand costaud jette Lisa sur son épaule. Cette dernière se débat tant bien que mal, mais en vain.

Il faut que j'agisse maintenant, sinon il sera trop tard . . .

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