L'argent

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Dix-huit heures. L'école vient de fermer ses portes. Elle a intérêt à ne pas être en retard, sans quoi je le lui ferai regretter.

Quelques secondes plus tard, je la vois arriver en courant. Elle s'arrête devant moi, essoufflée, puis fouille dans la poche de sa veste pour en sortir le dollar que je lui ai demandé. Je le lui prends et l'examine un instant avant de lui faire signe qu'elle peut partir.

C'est alors qu'elle s'incline devant moi, comme pour me demander pardon. J'attends qu'elle se relève, mais elle ne le fait pas. Alors, agacé, je l'attrape par les cheveux pour la relever. Elle porte ses mains à l'arrière de son crâne, là où j'ai tiré sur ses cheveux et le masse pour calmer la douleur. Ensuite, elle me regarde droit dans les yeux, en souriant et me désigne du doigt, puis le pointe sur elle-même avant de serrer ses mains.

Je lève un sourcil, intrigué, ne comprenant pas ce qu'elle vient de faire. Elle me pointe à nouveau du doigt, sans doute pour répéter le même geste, mais je ne lui laisse pas le temps de terminer : je repousse sa main et lui crie :

- Va-t-en ! Je t'ai déjà demandé de t'en aller !

En disant ces mots, je lui fais signe de déguerpir. Elle hésite un instant, puis me fait un petit signe de la main, toujours en souriant, avant de tourner les talons. Je la regarde s'éloigner jusqu'à ce qu'elle disparaisse de mon champ de vision en tournant au coin de la rue. Ensuite, je me dirige vers l'ancienne zone indistruelle.

Je monte encore une fois par l'arrière jusqu'aux combles, où je m'installe sous la lucarne. Je sors mon cahier de dessins et commence à gratter le papier, en me laissant guider par mes pensées. Je n'arrive pas à me retirer de la tête le sourire de cette blondasse. Comment peut-elle encore sourire après tout ce que je viens de lui faire subir ? Le simple fait d'être sourde aurait dû la plonger dans un profond désespoir ! Alors pourquoi ? ! Pourquoi continue-t-elle à me sourire tous les jours ? !

Je serre mes poings si fort que le crayon se brise entre mes doigts. Et mince ! C'est tout ce qui me manquait !

Je prends une grande inspiration pour essayer de retrouver mon calme et pose mes yeux sur le dessin que je viens de réaliser. Mes yeux s'écarquillent sous la surprise et l'étonnement.

Sur la page de mon cahier est représentée Lisa, souriante comme à son habitude, mais de ses yeux bleus coulent des larmes. Je regarde la paume de ma main où se trouve toujours le crayon brisé. Pourquoi ai-je dessiné ça ?

Je secoue la tête pour chasser cette pensée de mon esprit et range mes affaires dans mon sac, avant de me lever et de quitter les combles. En redescendant par l'escalier de secours, je vois à travers la fenêtre du rez-de-chaussée l'un des types de la bande qui squatte ici, endormi. Il s'est sans doute effondré après avoir ingurgité trop de substance . . .

Je finis de descendre l'escalier en métal et me dirige vers la grande porte en fer de l'usine, dont le cadenas a été forcé depuis bien longtemps. Je la pousse et entre dans la pièce. Il n'y a personne d'autre que celui que j'ai aperçu par la fenêtre. Je m'approche à pas de loup de ce dernier et fouille aussi discrètement que possible dans les poches de sa veste. J'y trouve ce que je cherchais : un sachet de cocaïne. Je vais le revendre à un bon prix au marché noir, ça me fera un peu d'argent . . .

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