Chapitre 5

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Au moment même où je démarre le moteur et passe la marche arrière, trois autres Escalopes décident de garer leur camion à l'entrée d'une allée de garrigue. « Histoire de faire une petite pause, de fumer une clope et de discuter de la suite des événements. »
Selon Dodge, cela faisait quelques minutes qu'ils avaient dépassé le stade des plaisanteries sur le GPS ou sur le sens de l'orientation du conducteur. Palu n'en menait pas large mais demeurait obstinément mutique, malgré les questions fréquentes de Stan.
« Attends, t'es sûr que t'as tourné au bon endroit ? Et comment tu sais que c'est par là ? C'est quand la dernière fois qu'on a vu un panneau ? »
Autour de la camionnette, les arbres se rapprochaient graduellement, formant bientôt comme une voûte feuillue au-dessus de la route, de plus en plus serrée.
« Sans déconner, les gars, on dirait un couloir creusé dans la jungle. »
C'était Stan.
« Techniquement, c'est pas une jungle », rétorqua Palu.
« N'empêche qu'on dirait un putain de couloir. »
Deux minutes plus tard, après une série de virages en épingle, le camion déboucha dans ce qui pouvait passer pour une clairière. La chaussée s'élargissait vaguement, les arbres culminaient à deux mètres et s'éloignaient de la route. C'est là que Palu repéra le sentier, sur la gauche. Ni une ni deux, il s'y engouffra et coupa le moteur.
« Ok, j'en ai ras le cul. Pause clope. »
Fin du flash-back. Palu sort du véhicule sans demander son reste, s'allume une cigarette et consulte son portable. Pas de signal. Stan marche sur la route en brandissant son téléphone au-dessus de sa tête. Il lâche des « merde » et des « putain » tous les deux pas tandis que Dodge libère sa vessie quelques mètres plus loin.
« Bon, qu'est-ce qu'on fait ? »
C'est Dodge qui a lancé la question à cent balles. Il revient vers le camion en rattachant la ficelle de son pantacourt. Stan est toujours sur la route, à râler sur l'absence de petites barres sur l'écran de son Nokia. Palu hausse les épaules et propose de rebrousser chemin.
« Honnêtement, je vois que ça. »
Stan, qui s'est déjà éloigné d'une bonne vingtaine de mètres, leur crie que ça va prendre un temps fou et que ça fait chier. Dodge se marre brièvement avant de demander :
« En même temps, est-ce qu'on a le choix, hein ?
- Voilà », dit Palu. « C'est pas comme si on avait des masses d'options. En revenant sur nos pas, on retombera sur la route de départ et là, ben...
- … on suivra scrupuleusement les indications de Rafa. »
« Crois-moi, mec, si ça n'avait tenu qu'à moi et si on avait eu du réseau, je t'appelais direct pour annuler le concert », me racontera Stan quelques heures plus tard. « Je voyais l'heure filer, j'avais l'impression que le soleil bougeait trop vite et qu'il ferait nuit avant qu'on ait eu le temps de dire ouf. Et tourner en rond dans la cambrousse en mode nocturne, vraiment, j'avais pas envie. Alors on est remonté dans le fourgon et Palu a fait demi-tour comme il a pu et c'est là qu'on s'est pris une balle dans le pare-brise arrière. »

Selon Dodge, la balle a effleuré son oreille gauche avant de traverser le pare-brise avant et de ressortir se perdre dans un tronc. S'il ne s'était pas penché, une seconde plus tôt, à travers sa fenêtre grande ouverte pour exécuter son demi-tour, Palu aurait probablement reçu le projectile dans la nuque. Au lieu de ça, et malgré la stupeur provoquée par la détonation, Palu a achevé sa manœuvre sans tortiller, à la manière d'un cascadeur dans un film d'action : brusque et sec, il a passé la première et démarré en trombe sous les cris effarés de ses passagers.
Il conduit tête baissée, trop vite pour ce genre de route. Mais il la connaît déjà pour l'avoir parcourue dans l'autre sens. Il ne dit rien, comme souvent, et tâche de rester concentré. Surtout ne pas réfléchir à ce qui vient de se passer. Ne pas penser à la trajectoire de ce pruneau, à peine déviée par le demi-tour qu'il était en train d'effectuer.
(putaiiiiiin, le trou dans le pare-brise est là, juste devant)
Stan, légèrement courbé, jette de rapides coups d’œil en arrière.
« Pourvu qu'ils ne nous suivent pas, bordel ! »
La tête sur les genoux, Dodge recommande le calme mais lui-même tremble comme une feuille. Il ne cesse de demander si quelqu'un a vu quelque chose et personne ne lui répond. Palu donne de violents coups de volant et appuie souvent sur le frein pour passer les virages. Il aimerait rouler plus vite. Bon dieu, il aimerait rouler trop vite mais il sait qu'il ne dépasse qu'à peine les 40 km/h, ce qui est largement suffisant pour semer un piéton.
Mais pas forcément une seconde salve.
« Il faut qu'on prenne de la distance, les gars », dit Palu.
Il parle d'une voix froide et atone. La voix d'un soldat qui vient d'essuyer un tir de barrage et qui refuse de perdre le contrôle. Dans son rétroviseur, il croit percevoir un mouvement, mais il l'ignore délibérément. Il ne sait pas ce qu'il a vu et il s'en tape. Les événements se succèdent de façon frénétique, à une vitesse folle, et il ne doit pas s'éparpiller.
Stan lui hurle d'accélérer, Dodge appelle au calme, encore et encore – sa voix se perd bientôt dans un mantra halluciné qu'il peine à maîtriser. Le fourgon, pourtant chargé à bloc d'amplis, de fûts et d'instruments divers, s'accroche à la route comme une mouche à son festin. Ses roues mordent sur le bas-côté, ses flancs se cognent aux branches, et Stan continue de hurler :
« Mais c'est quoi ce putain de bled de merde ! »
Autour d'eux, les arbres offrent une enveloppe protectrice mais Palu ne peut s'empêcher de les juger sinistres. Il sait qu'il suffirait d'un mauvais coup de volant pour se ficher dans un tronc. Il sait qu'ils risquent leur peau et ne comprend pas pourquoi. Après tout, ces bois grouillent peut-être de psychopathes armés jusqu'aux dents voués à répandre la mort sur leur passage. Il frémit à cette idée et son pied pousse davantage sur l'accélérateur.
Au bout de dix minutes de ce régime, la voix de Dodge lui parvient. Une voix blanche et flûtée. La voix d'un petit garçon effrayé qui reprend lentement ses esprits.
« Ralentis, Palu. Tu vas nous jeter dans le décor et y a rien derrière. »
Palu ne l'écoute pas. Ou plutôt si, mais il lui faut du temps pour déchiffrer le message. Son attention se focalise sur la fuite, la route qui serpente encore un peu, cette foutue végétation qui semble se moquer de lui en lui masquant l'horizon. Puis, progressivement, il lève le pied, se redresse sur son siège, décrispe la main qui tient le volant. Lorsqu'il se décide à parler, les mots lui viennent par à-coups, tranchés.
« Sérieusement. Vous avez vu quoi, vous autres ? »
Stan secoue la tête.
« Rien, mec. J'ai vu que dalle. Et toi, Dodge ? »
Ce dernier se contente de secouer la tête. Son oreille gauche a légèrement rougi mais il ne sent rien pour l'instant.
« C'est pas la saison de la chasse, non ? J'y connais rien mais il me semble bien que...
- Mais bien sûr que non, putain ! La chasse, c'est à la fin de l'été, quand y a plus de touristes !
- C'est juste des braconniers, les gars. C'est des connards mais je pense qu'ils voulaient juste nous faire flipper.
- Ouais ben ça a marché. »
Palu est demeuré silencieux pendant cet échange. Quelque chose en lui ne va pas tarder à exploser. Maintenant que la tension est retombée, il le sent venir et il attend le moment où il pourra enfin lever son cul de ce fauteuil trempé de sueur et s'en jeter un derrière le gosier.
Sauf que ce moment ne vient pas.
Devant lui, la route poursuit son tracé rocambolesque et la végétation s'intensifie. Les arbres s'épaississent, leurs troncs se tordent et leurs feuillages semblent ramper sur la terre brune. Des rochers affleurent en dents de scie au-dessus de la canopée, dont les dominantes de vert sombre contrastent avec la luminosité encore agressive du soleil d'été. L'aspect général qu'offre cette étendue de plus en plus sauvage rappelle à Palu de vieilles photos de la campagne, à l'époque où les villes, les autoroutes et les exploitations agricoles n'avaient pas mangé les trois quarts des forêts. Ses yeux fouillent frénétiquement l'asphalte envahi de chiendent, puis chaque côté de cette étrange voie goudronnée, les amas de chardons qui mordent sur la chaussée, bizarrement lisse, malgré les longues fissures d'où émergent de véritables bouquets de mauvaises herbes. Il se refuse toutefois à dévier le regard, clouant celui-ci sur les quelques mètres de visibilité que lui accordent les nombreux lacets de la route qui se déploie sous ses roues comme une mue de serpent jetée au vent.
S'il levait la tête, il verrait un ciel morcelé par les branches torves qu'il imagine pousser les unes vers les autres dans l'espoir de se toucher. Il discernerait peut-être un amas rocheux, à quelques centaines de mètres sur la droite. Des pierres escarpées envahies d'orties, de renoncules. Ca et là, des troncs morts, vraisemblablement brûlés des années plus tôt par un feu de forêt. Et toujours cette profusion de verdure bilieuse, dont les teintes brunâtres évoquent les algues et la pourriture.
A sa droite, Stan a cessé de causer. Il a chaussé ses lunettes noires aux verres opaques et sa proéminente arcade sourcilière accuse des rides d'anxiété. Sa bouche close aux lèvres serrées laisse présager un voyage silencieux et lourd.
C'est pourquoi Palu et Dodge sursautent de concert lorsque Stan lâche ces quelques mots :

« On est pas passé par là tout à l'heure. »
Haussement d'épaules chez le chauffeur, petit rire forcé à l'arrière. Dodge non plus n'a pas lâché la route des yeux.
« Qu'est-ce que tu veux dire par là, Stan ? On a fait demi-tour et on se dirige vers la sortie d'autoroute.
- Je m'en souviens parfaitement, Dodge. Parfaitement. »
Sa voix s'éteint dans un léger souffle. Il reprend sa respiration avant d'ajouter :
« Et pourtant, je vous dis qu'on est jamais passé par là. Ce n'est pas la bonne route. »
Palu a levé le pied. Le camion roule à environ 30 km/h, ce qui, sur ce chemin sinueux, ne leur paraît pas excessivement lent.
« Je ne reconnais pas les arbres. Ni même les virages. »
Puis changeant de ton :
« Sérieusement, putain ! Palu ! Tu vois bien qu'on n'est plus du tout sur la même route, non ? »
Dans les affres de la conduite, Palu lui lance un rapide coup d’œil dans lequel Dodge croit deviner un mélange d'effarement, de colère, et de quelque chose d'autre qu'il n'identifie pas sur-le-champ.
La voix de Palu résonne comme un couperet.
« Tu sais quoi, Stan ? Je ne sais pas ce qui se passe mais ce que tu dis, là... »
Il déglutit, comme s'il rechignait à répéter les paroles exactes de son interlocuteur. Comme si l'idée toute simple d'envisager une telle hypothèse lui apparaissait comme une injure à son code déontologique.
« Ben ça, là, ce que tu dis, c'est pas possible. Ca te va, comme réponse ? C'est pas-pos-sible ! »
Les derniers mots de Palu résonnent dans l'habitacle de longues secondes avant que Stan ne referme la bouche et oriente son attention sur le ciel tacheté d'ombre. Il s'abîme quelques instants dans la contemplation de cette garrigue qui lui demeure étrangère avant de reprendre à voix basse, les dents serrées sur un mégot éteint.
« J'ai la nausée. Ca m'arrive rarement, en bagnole, mais ça m'arrive quand ça tourne beaucoup, comme maintenant. J'allais parfaitement bien à l'aller, Palu. Et tu sais pourquoi ? Parce que tout à l'heure, à l'aller, c'était des lignes droites, légèrement courbes, quelques virages amples, une ou deux épingles à cheveux, mais pas ce slalom qu'on se paye depuis qu'on a redémarré. Et ça, que tu le veuilles ou non, je vois pas comment l'expliquer. »
Derrière, Dodge s'agite nerveusement sur son siège. Il se racle la gorge mais Palu le devance d'un sifflement exaspéré.
« On vient de vivre un expérience traumatique. Je te rappelle qu'on nous a tiré dessus. On a détalé aussi vite comme on a pu et, je sais pas si t'as remarqué, mais on pas vraiment eu le temps de se poser et de digérer tout ça. Il me semble aller de soi que nous sommes désorientés et fatigués nerveusement. Franchement, si ça t'étonne de ne pas reconnaître la route, libre à toi de partir dans des délires mystiques, mais y a rien de plus normal dans la situation qui est la nôtre.
- Ah ! Tu l'admets enfin ! Toi aussi, tu reconnais que dalle. On n'est plus sur la même route, on est d'accord !
- C'est pas ce que j'ai dit. »
Dodge intervient alors pour glisser un semblant de baume dans la discussion.
« Les gars, on est tous d'accord sur le fait qu'on vient de vivre un truc particulièrement pas drôle. Peut-être qu'on ferait mieux de parler de ça.
- Pfff, qu'est-ce que tu veux qu'on en dise ? On nous a canardés. Probablement un chasseur qui avait picolé, fin de l'histoire. »
Stan a parlé d'une voix lasse. C'est à cet instant précis que Dodge saisit le degré de terreur qui s'est emparé de ses camarades. Palu se tient curieusement droit, les bras tendus, les doigts crispés sur le gainage imitation cuir de son volant. Les lèvres pincées, le regard noir et fixe. Et Stan, à côté, planqué sous ses lunettes-miroirs, la jambe droite soumise à un tic nerveux, ses mains tambourinant le haut de ses cuisses. Il se mordille l'intérieur des lèvres, comme un enfant jouant avec les morsures de son appareil dentaire, le front barré de trois profonds sillons.
« Tu crois vraiment que c'était un chasseur qui faisait le con ? »
Intrigué, Stan se retourne sur son fauteuil pour observer Dodge dans le blanc des yeux.
« Eh bien, ma foi... A quoi tu penses, sinon ?
- Un taré. Un vrai taré. »
Les deux amis échangent un regard grave. Sans doute défilent dans leur esprit les mêmes images de psychopathes, les mêmes sinistres histoires glanées dans un JT, un journal ou YouTube. Probablement songent-ils tous deux que si ces histoires deviennent des faits-divers, c'est bien qu'elles se déroulent dans le même espace-temps. Elles ont eu lieu et les déséquilibrés existent. Les fous furieux armés de machettes, de haches ou de tronçonneuses, les sociopathes pour lesquels nous ne sommes qu'objets soumis à leur bon vouloir, les tueurs en série et leurs modus operandi aussi imaginatifs que barbares. Et ils se disent aussi qu'un groupe de rock qui parcourt des milliers de kilomètres chaque année augmente ses chances de croiser un tel monstre sur son périple. Ils pensent à Ted Bundy et à Francis Heaulme. A Michel Fourniret, à Leatherface, au Dépeceur de Mons et à Marc Dutroux...
Dodge affiche un sourire inquiet, les yeux pétillant néanmoins d'un rien de facétie.
« Bon, ok, c'est vrai que si ça change légèrement la donne de départ, on peut pas dire que ça aille dans le bon sens...
- Hé, les gars ! Fermez vos gueules une seconde ! »
En général, quand Palu s'exprime de la sorte, le reste du groupe obtempère avec force râleries sur les « s'il vous plaît » qui viendraient à manquer. L'humeur flirte volontiers avec le badinage et les plaisanteries douteuses. Ce n'est pas le cas aujourd'hui.
Stan et Dodge ont bien perçu l'urgence dans la voix de Palu et ils n'éprouvent ni le besoin ni l'envie de le reprendre.
« Qu'est-ce qu'il y a, Palu ? T'as vu un truc chelou ou quoi ? »
Pas de réponse. Le camion roule quasiment au pas. Une brise lourde s'insinue dans l'habitacle, brassant des parfums que ses passagers ne peuvent s'empêcher de juger surprenants. Et pas franchement agréables.
Stan est le premier à commenter cette intrusion inattendue.
« Je rêve ou ça sent la viande morte ? »
Puis, s'adressant à Palu :
« C'est quoi l'embrouille ? »
Palu le fait taire d'un « chut » machinal, qu'il adoucit d'un « attends une seconde » plus amène.
Les deux autres, ça leur cloue le bec. Stan, vexé, se tourne vers la fenêtre et se plonge dans une observation fiévreuse de la végétation. Dodge se concentre sur le monde par-delà le pare-brise troué. Il plisse les yeux en tâchant de suivre ceux de Palu, ne distingue rien de particulier. L'odeur, pourtant, s'intensifie, imprégnant bientôt le tissu de leurs vêtements, leurs muqueuses et leurs narines. Ils ne le savent pas encore mais ils s'y habituent déjà.
« Je crois que j'ai vu un truc bleu. »
Palu et sa précision légendaire.
« Ok, Palu », répond Dodge, d'une voix patiente qui pourrait ressembler à de l'ironie. « Mais encore ? T'as rien de plus tangible qu'un... « truc bleu ? »
- C'est peut-être une bagnole. Ca pourrait être...
- La Logan ! » achève Dodge, plein d'espoir.
Palu hausse les épaules et cherche son briquet. Une cigarette pré-roulée est apparue comme par magie entre le pouce et l'index de sa main gauche et il aimerait bien l'allumer.
Au moment où Stan lui tend son mini Bic noir, la camionnette déboule dans une route sensiblement plus large. Il n'aura fallu qu'un coup de volant, un virage serré, effectué quasiment à l'aveugle à cause des feuillages de chêne vert qui balaient la chaussée sans se soucier des véhicules qui seraient susceptibles de l'emprunter.
« Et là, vous reconnaissez ? »
Les deux autres ont deviné que la question de Palu tenait de la pure rhétorique, voire du narquois foutage de gueule dont il est coutumier. Si la nouvelle voie leur semble familière, tous acceptent désormais l'idée pourtant absurde que c'est bien la première fois qu'ils empruntent ce chemin. Stan examine les arbres et les amas d'arbustes. Les tailles diffèrent, la couleur des feuillages, des tiges ou des troncs également. Leur localisation a changé également comme s'ils s'étaient éloignés de la route, offrant une vue plus dégagée et une bien meilleure visibilité.
« Si c'est Rafa et Sam, on devrait les rattraper dans peu de temps mais on pourrait essayer de leur passer un coup de fil, non ?
- Je m'en charge ! » s'exclame Dodge en déverrouillant son i-phone.

La suite, je vous la fais en deux temps, trois mouvements.
Effectivement, le « truc bleu », c'était nous, Sam et moi dans ma superbe Logan MCV break de 2006, ce vieux clou à l'aile droite enfoncée, aux vitres sales, au pare-choc plus trop droit. Le tas de chair déliquescente se situait à environ dix minutes derrière nous. Nous n'avions échangé que peu de mots durant ce laps de temps et je devinai chez Sam un malaise croissant. Je dois reconnaître que je me sentais moi-même désorienté, l'esprit encore coincé là-bas, dans les sous-bois où nous avions installé notre système de sangles et de poulies improvisées.
Lorsque le téléphone de Sam a sonné, nous avons tous deux sursauté comme deux gamins devant ces films d'horreur pop-corn dont nous sommes tous deux friands à nos heures perdues.
« Arrête la bagnole ».
C'était Dodge. Qui a renchéri :
« Ils sont juste derrière nous. »
Un coup d’œil au rétro, une brève décélération, un ultime coup de frein. Nous n'avons pas attendu longtemps avant de voir débarquer les trois autres.
Il m'a suffi d'un coup d’œil à la mine renfrognée de Stan, tapi derrière ses verres fumés, pour comprendre qu'à eux aussi, il leur était arrivé quelque chose.
J'ai sorti ma gourde et mon tabac, puis on a causé.

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