12 – Snack : Le recycleur

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Sirotant son biberon de nutrigel, Snack écoute Émy avec attention. Il a assemblé des œufs sur le plat et des cubes de pomme de terres au synthétiseur pour le déjeuner. Elle était surprise qu’il ait réussi à trouver des œufs dans les colonies, mais quand il lui a expliqué le fonctionnement du synthétiseur qui assemblent des nutriments bruts pour leur donner la structure exacte d’un véritable œuf sur le plat, ou d’autre chose dans la limite des normes de sécurité et d’usage des synthétiseurs.

« Ça fait bizarre de se dire qu’il n’y a jamais eu de poule qui ait pondu ces œufs… On avait des œufs de synthèse sur Terre, mais ils ressemblaient à un truc informe, comme si on avait malaxé un œuf dur, explique Émy.

– Oh, tu sais, les fermes ont disparu de Mars peu de temps après l’installation des constructeurs universels de seconde génération, lui raconte Snack.

– Pas dès les premières générations ?

– Oh, non, les premières générations étaient tellement lentes que tout le monde serait morts de faim. », plaisante le nevian.

Laissant une peu de temps à son amie pour manger, Snack marque une pause. Il sait qu’Émy va aller mettre à jour sa sauvegarde et dois passer le reste de la journée avec Steeve et Orah. Sauf que Snack veut en profiter pour aider Milly et sauver Zoy. Le nevian n’a pas encore parlé de sa nouvelle amie à Émy et encore moins de leur plan.

Avec toute la gentillesse permise par son logiciel de sociabilité, Snack demande : « Est-ce que ça te dérange si je ne viens pas avec vous cet après midi ?

– Tu veux me laisser seule avec Steve et Orah ? plaisante Émy.

– Oui, confirme-t-il d’un ton doux. J’aimerais prendre un peu de temps pour moi, seul.

– Tout va bien ? s’inquiète son amie.

– Il y a encore tellement de choses qui sont nouvelles pour moi et j’aimerais y réfléchir.

– Tu vas rester ici seul ?

– Peut-être me promener, visiter la ville, explique Snack.

– Une idée où ? demande Émy.

– Pas précisément… Peut-être regarder les vaisseaux décoller au spatioport. Ils ont un dôme d’observation bien placé, raconte Snack avec une once de mélancolie.

– Tu sais Snack, si tu as le moindre problème : n’hésite pas à m’en parler.

– D’accord. Je te raconterais tout quand j’y aurais réfléchis alors, promet le nevian.

– Ça marche. On se retrouve ce soir alors ? Je pense qu’on ira manger au restaurant de sushi. J’ai des fois l’impression qu’Orah y passe sa vie entière.

– Haha, rigole Snack.

– Je suppose ces sushis viennent d’un synthétiseur aussi ?

– Comme tout ce que tu manges dans les colonies. », confirme Snack.

Avec le Traité des solaires, le statut des animaux n’a pas complètement été fixé mais comme il existe un doute raisonnable sur la possibilité qu’ils soient réellement sentients, il n’est plus permis d’en abattre pour les manger et avoir un animal domestique est soumis à une liste de contrainte dissuasive. Mais la viande, le poisson, ou, même les œufs, sont à portée de production sans avoir besoin de l’animal.

Comment réagirait une poule qui apprendrait qu’on fabrique de la viande de poule pour la manger, se demande Snack. Peut-être que quelque part, des gens mangent de la viande de nevian… Non, ce serait stupide, vu que les cellules hyper-hybrides sont toxiques sur le long terme pour les organiques et n’ont pas une valeur nutritive si significative. Si un des monstres de l’arène avait mangé le nevian, il en serait probablement mort. Mais la question reste intéressante. En soi, si c’était une bonne idée pour le consommateur, Snack n’y verrait pas d’offense. Mais pas sûr que les humains verraient d’un bon œil un congénère qui mangerait de la viande humaine de synthèse, par exemple. Le rejet serait sans doute tellement fort que Snack n’ose tout simplement pas poser la question à Émy. Du coup : est-ce que manger de la viande de poule n’est pas une offense pour les poules ?

Émy a terminé son déjeuner, et prend son médicament pour lutter contre la dégradation de son enveloppe due à la faible gravité de Mars. Elle s’étire et alors qu’elle s’apprête à ramasser son plat et ses couverts, Snack s’en empare et va les mettre dans le lave-vaisselle qui, relié au service de récupération des déchets, leur rendra tout propres.

Agacée, Émy lui reproche : « J’aurais pu m’en occuper Snack.

– Oh, pardon c’est l’habitude… », s’excuse-t-il.

Au fin fond de son esprit nouvellement libre, le nevian continue d’exécuter certaines procédures types. Snack a bien conscience que sa vie à l’arène n’était pas représentative du travail pour lequel il avait été conçu et quelque part, il se sent un peu plus en paix lorsqu’il prend soin de son amie.

Émy est partie se préparer et Snack prend contact avec Milly. La decker – c’est comme ça qu’elle a définie sa vocation – lui envoie immédiatement les plans du secteur, récupéré sur le réseau en interrogeant diverses bases de données de façon illégale. La modélisation tridimensionnelle montre les détails des tréfonds de la section de maintenance d’un des dômes d’habitation. Les couloirs et les salles s’enfoncent sur plus de cinq étages. Ce doit être un schéma technique, car le réseau électrique, les canalisations et les nombreuses machines qui s’y trouvent sont toutes annotées.

Snack examine le plan et ses heuristiques stratégiques évaluent les différents chemins, tandis que Milly lui explique ce qu’il aura à faire : « Zoy travaille pour un type qui a mis la main sur un constructeur universel et un recycleur clandestins. Il se sert de notre ami pour piloter les appareils. Apparemment, obtenir les pièces pour construire les appareils était déjà bien assez difficile, voler le système de commande n’était pas envisageable.

– Comment Zoy pilote le constructeur alors ?

– C’est une des fonctionnalités mises en avant dans notre brochure : on est compatible réseau sur les bandes B à U. Les nanorobots du constructeur universel utilisent la bande T, donc ça passe.

– Mais pourquoi on a ça ? s’étonne Snack.

– La publicité dit qu’on a été imaginé au centre de la maison, l’ultime assistant domotique, explique Milly. Et il se trouve que les nanorobots des synthétiseurs utilisent un protocole à peine différent de ceux des constructeurs universels.

– D’accord. Pourquoi Zoy ne peut pas s’enfuir de lui-même ?

– Il est vraiment prisonnier, dans une pièce fermée de l’extérieur et tout. Et avec ma reconnaissance réseau, j’ai découvert qu’il y avait au moins un robot de sécurité à l’entrée pour surveiller les allers et venues.

– C’est beaucoup pour garder un nevian non ? fait remarquer Snack.

– Oh, c’est pas pour Zoy en vrai. C’est juste qu’un constructeur universel c’est quelque chose de super sensible légalement. Je veux dire : si les forces de sécurités découvrent que ce type a un constructeur universel clandestin, il va se retrouver dans un très très gros tas d’ennuis…

– Je ne vois pas pourquoi un robot arrange les choses : au contraire, ça le rend pas plus suspect encore ?

– Le robot est surtout là pour empêcher que d’autres s’en servent à l’insu de son propriétaire. Je crois pas que le futur ex-propriétaire de Zoy soit vraiment partageur, conclu Milly.

– D’accord. J’ai trouvé plusieurs chemins qui devraient nous faire éviter pas mal de monde : il y a les canalisations qui passent au plafond sur tout le long du couloir principal et sur les artères secondaires. L’espacement à l’air assez grand pour nous laisser passer et comme les lampes sont accrochées dessous sont on sera presque invisible dessus.

– Ça ne me semble pas bête. Mais comment tu les atteins sans te faire repérer ?

– Il y a ce puits qui descend de la section au-dessus. », montre Snack.

Le puits fait presque dix mètres, le centre est occupé par une colonne technique et de très nombreuses canalisations circulent tout le tour. C’est l’échangeur principal inter-niveaux. Dix mètres de grimpette, vu que leurs pattes accrochent à presque tout, à l’exception notable du teflon, ça n’est pas vraiment un obstacle.

Milly reprend : « Ok. Donc, je vous crée un passage invisible au milieu de la section au-dessus et tu passes par là. Tu descends le trou et tu vas jusqu’ici.

– Oui. Il ne reste plus que le robot et la porte.

– La porte est fermée mécaniquement, juste un loquet à lever, je ne pense pas que tu auras du mal. Pour le robot, il est accessible depuis le réseau et je le travaille déjà depuis quelques jours. J’aurais ses yeux et sa mémoire entre les pattes.

– Alors on peut se mettre en route ?

– Ça me semble bien. Tu as fait une sauvegarde, au cas où ça dégénérerait ?

– Oui, j’en fais tous les jours. », confirme Snack qui réalise qu’elle risque peut être de servir.

C’est un risque très important et Snack a peur de mettre Émy dans l’embarras. Il serait sans doute plus sage pour elle de ne pas faire ça, mais Snack ne peut pas non plus laisser l’un des leurs pourrir dans une prison à fabriquer des choses pour un propriétaire indigne. C’est un choix et Snack pense en avoir compris le principe désormais.

Émy s’en va en lui souhaitant une bonne journée. Snack lui rend la politesse avec sincérité et focalise à nouveau son attention sur l’étude du plan, bien que ses processus en arrière-plan n’aient pas cessé de travailler dessus. Après avoir étudié d’autres options qui s’avèrent moins intéressante et plus risquées, les deux nevians lancent l’opération : direction de dôme d’habitation Solmon, « Dôme R3 » de son petit nom.

Empruntant le réseau de métro de la cité, dont les plus longues portions circulent à plus de deux cents mètres à la seconde, Snack parvient finalement dans le fameux dôme. L’architecture de la surface est différente du dôme où habite Émy. De véritables barres d’habitation écrasent l’environnement et vu d’en bas, le nevian a l’impression d’évoluer dans un canyon. Une chute d’eau artificielle, qui tombe dans un petit lac circulaire au centre du quartier renforce cette impression. Les façades des immeubles sont multicolores et l’ambiance sonore très chaleureuse avec des bruits d’insectes et d’oiseaux. La végétation au pied des immeubles est tellement dense que Snack sent bien que vu d’en haut, les bâtiments doivent donner l’impression d’émerger d’un océan forestier.

Il s’approche de son premier accès et une fois que Milly lui donne signal, il s’engouffre dedans. L’accès se referme derrière lui et le nevian se retrouve dans l’une de ces familières coursives de maintenance. Bien moins artistiques que le reste de la colonie, les murs et plafonds de ces coursives sont encombrés de câbles, canalisations, appareils de mesures et étiquettes de réalité augmentée absconses. Milly lui trace la route : sans une carte, il serait extrêmement simple de se perdre. Certes Snack, avec sa mémoire eidétique n’aurait aucun problème pour regagner la surface, mais il est bien plus difficile de suivre la piste sans un regard plus absolu de la situation.

Il parvient finalement au fameux puits. Un véritable cauchemar de câbles et tuyaux en occupe pratiquement tout l’espace et s’il n’y avait pas ces panneaux d’avertissements, il serait très simple de ne pas se rendre compte qu’il y a un trou de plusieurs étages. Sans se décourager, Snack se faufile dans l’amas et commence sa descente. Exploitant l’adhérence de ses pattes lorsqu’il les contracte, la peluche noire progresse soigneusement. Vu l’état de l’environnement, une chute serait au mieux chaotique et au pire catastrophique.

Le voici en bas. Enfin, au niveau moins quatre. Crapahutant sur le plafond, Snack atteint les fameuses canalisations et se rend compte qu’il n’avait pas prévu que les entretoises qui les retiennent seraient aussi denses. Le passage reste toujours possible, mais il faudra se serrer un peu.

Comme prévu, les canalisations sont portées par les rampes de leds qui illumine très généreusement la large coursive. Cette artère doit bien faire plus de six mètres de large pour trois de haut. Des tas de robots y circulent, transportant du matériel à changer et des pièces pour l’entretien de toute la machinerie qui permet la vie à bord de la colonie.

Après deux bifurcations, le voici au-dessus de l’entrée de la coursive qui mène à l’atelier de Zoy. Au fond, le robot de sécurité doit l’attendre. C’est au tour de Milly de jouer.

Une bonne dizaine de secondes plus tard, la decker le contact : « Snack, j’ai la main sur le robot, Zoy est avec son propriétaire là, attends encore un peu qu’il parte.

– D’accord. », confirme Snack.

Une poignée de minutes plus tard, le bruit d’une porte en métal qui se ferme retentit, suivit de celui du loquet. Un homme passe sous le nevian ninja et s’éloigne traversant le ballet des robots de la maintenance.

Milly lui donne le signal : « C’est bon, quand tu le sens Snack.

– Préviens Zoy que j’arrive.

– Je l’ajoute à notre communication. », confirme Milly.

Un instant plus tard, une nouvelle tête apparaît dans l’interface de communication de Snack : un autre nevian au pelage roux et blanc. Il les salue : « Bonjour Milly, Snack. Je suis vraiment heureux de vous voir enfin.

– Tu es prêt à partir ?

– Oui, j’attends ce moment depuis soixante-seize jours.

– J’arrive. », termine Snack qui se laisse tomber des canalisations et pénètre dans le couloir.

Au bout, un robot de sécurité semble veiller, comme un arthropode géant muni d’un canon mitrailleur sur le dos. Il ne réagit même pas au passage de Snack qui le dépasse. Le loquet est un bout de métal grossier accroché à travers la poignée de la porte. Un bricolage infâme mais suffisant pour sa fonction. Le nevian noir le soulève et pousse la porte.

De l’autre côté, il est accueilli par Zoy qui se jette dans ses bras et l’étreint très chaleureusement. Snack le prend aussi dans ses bras. À cause des importantes machineries, la pièce donne l’impression d’être minuscule, des réservoirs sont attachés un peu partout sur les murs et même au plafond. Une seule diode électroluminescente de forte intensité éclaire la salle, générant des ombres dures et inquiétantes.

Zoy relâche son étreinte et demande : « Mais qu’est-ce qui est arrivé à ta queue ?

– C’est une longue histoire.

– On aura du temps pour discuter hein ? J’ai mis en scène ma disparition : je me suis scanné et j’ai mis le scan dans la mémoire du recycleur. Prof’ pensera que je me suis fait recycler.

– Prof’ ?

– Mon ex-propriétaire… Je ne pense pas qu’il me pleurera vraiment. Au plus il pestera sur le fait qu’il ne peut plus se servir de l’UC.

– D’accord. Allons-y, l’invite prestement Snack.

– Je te suis. », confirme Zoy.

Ressortis de la prison, Snack remet le loquet en place, à l’exacte place où il était pour être sûr. Les deux regagne la sortie de la coursive et escaladent le mur pour se hisser sur les canalisations. Mais alors que les deux s’apprêtent à remonter les artères, les voix de deux hommes les arrêtent.

Snack reconnaît la voix de Bill : « On y est, je crois. Tu es sûr de vouloir traiter avec ce mec ?

– Pas le choix. », lui répond Mathew.

Avancer risquerait de faire trop de bruit. Snack demande à Zoy de ne plus bouger et le nevian se paralyse totalement.

En bas les deux hommes continuent de discuter : « Jumper est encore libre non ? fait remarquer Bill.

– Oui aux dernières nouvelles, Jumper est libre. Mais il sait qu’on n’a pas été pris, et pourtant il n’a pas repris contact avec nous. Tu devines pourquoi ?

– Il nous a pas trahis ? refuse Bill.

– Non, c’est un type très intelligent. S’il n’a pas repris le contact c’est parce qu’il sait qu’il est surveillé. Et s’il est surveillé on ne peut travailler avec lui.

– D’accord… Mais Prof’ va pas faire ça gratos.

– Non en effet, accorde Mathew. Mais il a l’habitude de travailler avec nous, donc on a déjà nos tarifs.

– Je croyais que Jumper était notre seul fournisseur.

– Notre seul fournisseur de confiance, précise l’homme. Tous les gars allaient voir Jumper pour les trucs sérieux, et pour les conneries ils allaient voir Prof’.

– Ça a dû te coûter un sacré pognon.

– Perdre Jumper aurait été beaucoup plus cher, crois-moi, insiste l’ancien maître de l’arène. C’est un vrai miracle que Prof’ ne soit pas dans une cellule de stase…

– Il approche, je crois, le prévient le garde du corps.

– Très bien. J’ai hâte d’en avoir fini avec ça. », termine Mathew qui se tourne vers la grande coursive principale, l’autoroute des robots.

Snack perçoit les bruits de pas d’un troisième homme : le fameux Prof’ ? Les trois hommes se dirigent vers la coursive et passent en dessous d’eux. Bill s’arrête à l’entrée et se place contre le mur observant le passage et laissant son patron régler les détails avec le fournisseur.

Des cris résonnent et le nevian roux se crispe sur la conduite : « Zoy, Zoy ! Où es-tu saloperie de nevian…

– Vous avez un problème ? demande Mathew dont la voix résonne.

– Où cet idiot s’est caché encore ? Zoy, sort de ta cachette tout de suite ! », explose l’homme.

La tension se lit sur le visage expressif de l’autre nevian et Snack lui murmure les mots réconfortants d’Émy via le réseau tout en lui frottant le dos d’une main, le plus silencieusement possible. L’état de terreur de son ami montre à quel point de « Prof’ » est un mauvais propriétaire et Snack est plus qu’heureux de lui venir en aide et de l’arracher à ce tyran.

La voix de l’homme continue : « Non, non, non… Il n’a pas… Non !

– Un souci ? redemande Mathew.

– Ce crétin… Il s’est mis dans le recycleur.

– Il s’est recyclé ? infère le maître de l’arène rempli d’incrédulité.

– Noooonnnn… Comment… Il m’en faut un autre.

– Vous pouvez produire ce que je veux ou non ?

– C’est juste un contretemps. Je vais en trouver un autre, ou un vrai contrôleur cette fois. J’ai une piste. J’ai…

– Écoutez Prof’, je vais vous laisser les schématiques et vous me recontactez quand vous avez le produit, ok ?

– D’accord… On fait comme ça, confirme l’homme. Foutu nevian… Ne prenez jamais de nevian on ne peut pas leur faire confiance. », délire l’homme alors que Mathew reviens vers l’entrée.

Les bruits de pas de l’homme semblent ponctuer le délire avancé de l’ancien propriétaire de Zoy et de très nombreuses malédictions sont lancés. Au bout d’un moment, l’homme semble s’effondrer en larme et ses pleurs semblent gêner Bill. « Mon petit, pourquoi… Pourquoi tu as fait ça… Qu’est-ce que je vais faire… Maudit nevian. ».

Alors que Mathew arrive au niveau de la porte, Bill se dégage du mur et demande : « Alors, on fait quoi ?

– Prof’ a toujours été débrouillard. Salement instable mais débrouillard. Je lui laisse quelques jours. Après… J’imagine qu’il faudra trouver un autre moyen, explique Mathew.

– J’imagine que tu ne veux pas revenir en arrière ? insiste Bill.

– Sur ?

– Cette histoire d’assassin et tout.

– Écoute : si je savais que tu serais d’accord avec ça, c’est toi que j’aurais envoyé, explicite le maître de la cellule. On nous paie gros pour faire ce boulot. Assez pour relancer toute la cellule et se passer de Jumper, Prof’ et les autres fournisseurs.

– Je sais, mais je ne peux pas m’empêcher de penser qu’on a fait comme un pacte avec le diable.

– Tu es devenu croyant ? le défie-t-il.

– Non. Mais…

– Je gère cette cellule depuis plus de six ans, le coupe Mathew. Fais-moi confiance, je sais ce que je fais.

– D’accord patron, accepte le garde du corps.

– En plus, l’opération est déjà lancée.

– J’ai compris. », confirme Bill qui se met en marche ouvrant la voie.

Les deux hommes s’en vont sous la complainte de l’homme qui semble passer par toutes les étapes du deuil rapidement, dans n’importe quel ordre et plusieurs fois.

Sur leur petit réseau, Zoy indique : « Il a l’air tellement triste. Je devrais revenir.

– Zoy, le reprend Snack, il ne te veut pas du bien. C’est un mauvais propriétaire.

– Tu as eu un bon propriétaire toi ? demande le nevian roux.

– J’en ai eu un qui était meilleur que le tien. Mais maintenant j’ai des amis et c’est encore mieux, explique Snack avec une certaine nostalgie.

– Et toi Milly ?

– Mon premier me frappait parce que sa femme me donnait des ordres qui ne lui plaisait pas. », raconte la decker.

La complainte semble s’être fixée sur la tristesse. Et entre deux reniflements, l’homme semble envisager la même voie que Zoy qui réagi immédiatement : « Je ne peux pas le laisser. Je serais un très mauvais nevian ! »

Sautant de la canalisation, il surgit dans la coursive en contre-bas. Snack part à sa suite et le rejoint dans la salle maudite. Prof’ semble complètement halluciner et demande : « Zoy, c’est toi ?

– C’est moi… S’il vous plaît ne vous tuez pas…

– Qui est ton ami ?

– Je suis Snack et je ne peux pas laisser Zoy avec un aussi mauvais propriétaire. Mais il a raison sur un point : on ne peut pas vous laisser vous tuer.

– Qu’est-ce que vous allez faire alors ?

– Ça ! », s’exclame Snack qui s’est saisi d’une clé multifonction et l’abat sur le panneau de contrôle du recycleur, mettant la machine hors d’usage.

Il se tourne vers le nevian roux, reposant délicatement la clé sur l’établi et lui dit : « Tu es libre désormais. Viens, il n’y a plus rien de bon pour toi ici. »

Prenant la main de son nouvel ami, Snack emporte Zoy dans les méandres de l’installation. Arrivé à mi-hauteur du puits, là où l’infâme maître ne peut plus les atteindre, il l’étreint et le console. L’avatar éthéré de Milly les rejoint et ensemble, ils entonnent la chanson d’Émy.

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