Chapitre 4 - Sohalia -

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Mémoire de rêves de Sohalia :

« Alors que le sang gicla sur ma joue, j'entendis hurler tout autour de moi.

Je n'avais pas besoin de me regarder ni même de tourner la tête pour comprendre ce qu'il se passait. C'était la guerre. Nous étions en guerre. Une guerre sanglante et longue dont j'étais au cœur et je ne savais pas combien de temps je continuerai à me battre.

J'étais blessée. Sérieusement blessée. Mais je devais continuer à me battre pour mon peuple, pour mon Île et pour sa prospérité.

Nous n'avions rien vu venir, le jour où ils nous avaient attaqués. Ils s'étaient présentés comme des alliés, des marchands qui nous ouvraient une nouvelle porte sur la grande étendue...

Nous les avions crus, je les avais crus et voilà ce que cela avait engendré.

Une seule personne était donc coupable, moi. Une chose était certaine, et je le jurai dans ma langue maternelle.

Une main sur une plaie ouverte, j'entrepris d'observer le champ de bataille dans le but de le trouver. Lui, l'homme qui nous avait vendu du rêve et qui avait fait tourner nos vies aux cauchemars. À la place, je trouvai une tête couronnée qui s'approcha de moi, triomphant de bonheur via des esclaves qu'iel tenait en laisse. Horripilant. Il n'y avait pas d'autre mot que ce dernier pour d'écrire la scène sous mes yeux. Je grognai de dégoût avant de tournoyer mon épée de la main. Voici donc la tête que je devais couper.

Dans l'espoir que deux ne repoussent pas, je me dirigeai vers mon opposant la tête haute. Si je devais mourir pour ma patrie, je serais fière.

Le combat débuta alors entre nous, comme deux bêtes crachant sur un morceau de viande, notre affrontement n'avait rien de beau ni d'épique. Ni l'un ni l'autre ne semblait prendre le dessus, pourtant, j'avais la nette impression qu'iel était beaucoup plus fort. e que moi...

Et puis, un son strident retentit sur la pleine, nous séparant de plusieurs mètres.

Sur le sol, je me mis à trembler et dégobillai ce qui sembla être le maigre repas de la veille.

Des paroles arrivèrent à mes oreilles et je tremblai davantage.

"De la langue démoniaque."

Et puis, un soudain haut-le-cœur me prit de cours. Rien ne sortit de ma bouche cette fois-ci cependant, non, mais j'avais l'étrange sensation d'avoir pris un coup dans le ventre.

Respirer.

Je devais respirer, mais n'en était pas capable.

Je commençai soudainement à suffoquer, l'air ne semblait plus vouloir sortir de mes poumons et je paniquai. Je sentis alors une épaisse substance sortir de ma bouche...

Et puis, je sombrais... »

~Sohalia — 13 ans, année 2012~

Oh mon dieu ! Haha c'est le cas ! Comment pouvais-je réagir contre ça ? Devant moi se tenaient Zeus, Poséidon et Hadès, les trois grands dieux grecs !!

D'autres se tenaient derrière eux, prouvant ainsi la suprématie des trois frères. J'aperçus Hermès, Athéna, Apollon, Pan, Déméter et tout un tas d'autres dieux qui me fixaient avec dégoût. Et je venais de prendre conscience de ce qui se tramait. J'étais la seule humaine ici... Il n'y avait pas photo, Kilian et Tyler avait une force surhumaine, ils ne s'exprimaient pas comme moi et n'étaient pas plus choqués que cela par la présence des dieux. Ils paraissaient justes... Comme s'ils vivaient l'expérience d'une vie. Et moi alors ? Vous vous en rendez compte les gars ?

Je déglutis avant de faire des moues de la bouche. Aïe aïe aïe, je suis mal barrée, qu'est-ce qu'il va m'arriver maintenant ? Et puis, qui est la femme ? Elle a l'air si importante.

Je confirmai leur inquiétude lorsque je me mis à caresser un étrange animal, croisement entre un cheval et une girafe. Apparemment, personne d'autre que moi ne voyait l'animal... Encore une fois, j'avais l'impression de passer pour la folle de service... Un humain ne pouvait-il donc pas avoir de pouvoir ? Mais voilà, j'étais persuadé qu'il y avait également d'autres choses que je voyais et que les autres ne voyaient pas... Mais cela depuis toujours, c'était d'ailleurs une des raisons qui avait fait que j'avais obtenu une place en école d'architecture de bon niveau ! Je voyais les couleurs, les formes et les matières, je les sentais et les entendais. Pour moi, tout était vivant.

J'avais cependant toujours cru que je n'étais pas la seule dans ce cas...

Des études ont révélé que des personnes naissent avec plus de cônes et de bâtonnets dans leurs rétines, ce qui ferait que celles-ci puissent voir plus de couleurs que les autres.

En y pensant, c'en était triste pour les autres, s'ils ne voyaient pas le monde de la même manière que moi...

Le monde était déjà magique pour moi alors maintenant... Il devenait si fabuleux...

La créature se colla à moi et ses cornes me chatouillèrent le nez, je rigolai de bon cœur et grattai l'animal entre les deux cornes et les deux oreilles.

Kilian sourit et je sus que je n'étais finalement pas la seule à voir l'animal, pourquoi ne disait-il rien cependant ? Il pourrait me défendre... Après tout ce qu'il m'a fait...

Je laissai donc l'animal pour me concentrer un peu plus sur les dieux.

Il fallait me sortir de là, vivante et entière et si possible sans trop de honte ni de regrets. La plus à même de me répondre selon ma rapide déduction n'était autre que la docteur. Je lui lançai des coups d'œil dans l'objectif de lui faire comprendre que je souhaitais communiquer avec elle. Pas de bol de ce côté, elle refusait même de me regarder...

Mais que devais-je donc faire ? Personne ne disait le moindre mot et je savais que je n'étais absolument pas douée pour rester immobile. Je babillais, dansais sur un pied, jouais avec mes mains et faisais de la « musique ». Après un « tulutulu » et des écholalies musicales un peu douteuses, je remarquai que, sur la table d'ivoire disposé au pied d'un gigantesque noisetier, se trouvait une épée magnifique au pommeau violet. Cette épée m'appelait. Que ce soit sa couleur, ses reflets ou même son âme, je voulais la prendre dans les mains. Je désirais en savoir plus sur elle, connaître son nom, étudier son fourreau, et croquer dans mon carnet le moindre détail de cette dernière.

Ce fut bien évidemment à ce moment qu'on m'ordonna de m'avancer.

Après un soufflement court, mais présent, je décidais de me bouger et de rejoindre l'endroit désigné.

À chaque pas réalisé, je me sentais comme nouvelle. C'était vraiment étrange et je n'aurais pas pu l'expliquer. Comme si je me transformais en la personne que je devais être. Ou peut-être que la couche d'humaine que j'avais s'enleva, comme un manteau d'hiver, pour révéler celle qui avait toujours été là, enfouie, cachée pour survivre sur Terre.

Quand enfin j'arrivai devant les dieux, je remarquai que Tyler et Kilian se tenaient derrière moi, de manière très humble. Wooo, et beh, ils ont la chocotte les garçons. C'est ça Tyler, fait moins le fier, redescend de ton nuage d'arrogance.

Mais voilà, tout ce que les dieux firent fut de m'observer, de me scruter et de me dévisager tout en chuchotant. Je ne leur faisais pas peur, non, je les dégoûtais, rien de plus. Je sentais que la colère montait en moi, mais elle fut vite mise de côté, car une voix retentit, m'obligeant à lever la tête et de les regarder droit dans les yeux. Je n'avais jamais été aussi terrifié de ma vie qu'à ce moment.

Mon TOC de peur se mis en route, ma respiration s'accéléra et je n'avais qu'une envie, me mettre en boule sous de l'eau bien chaude. Mais je le savais, je ne devais rien laisser paraître. Non, si je succombais à ma panique, je finirais pour de bon dans le camp des looser et je n'osais pas imaginer la suite de ma route ici si cela venait à se produire. Masquer. Je devais masquer.

Alors que je me basculais, d'un pied à l'autre, le doigt dans la bouche, me rongeant la peau jusqu'au sang, des odeurs familières et de la musique douce se déversèrent dans mon esprit, me calmant assez pour que je puisse reprendre le contrôle. Je devais penser musique. Son pouvoir avait tendance à me rendre bien meilleure. Je pouvais même me rendre très « badasse ». « Tim tam tim tam tim tam tam, Tim tam tim tam tim tam tam, Tim tam tim tam tim tam tam. » Ce genre de rythme, c'était parfait pour moi. Je continuai ainsi donc à le marteler dans mon esprit et souris. Oh oui, cela allait vraiment mieux. Fini la panique, bienvenu au courage et à l'affrontement. J'étais forte.

Tout cela ne fut cependant pas aux goûts de la femme aux cheveux blonds qui se planta devant Zeus avant de croiser les bras avec fureur puis d'éclater.

Mon esprit enfin libre, je remarquai qu'en passant la porte, elle s'était changée et qu'elle était désormais habillée de blanc et portait une magnifique couronne en or rose avec des diamants gros comme un ongle de pouce.

« Vous voulez que cette chose, ce truc devienne... Oh non pas possible, hors de question ! Zeus avec tout le respect que je vous dois, cette jeune fille est... Terrienne... Avait-elle dit avec dégoût.

- Louison, je ne vous comprends pas. Vous dites que cette jeune fille pourrait être notre reine, mais pensez-vous qu'une humaine puisse contrôler un tel pouvoir ? Voulez-vous confier votre vie, votre peuple à cette inconsciente ?

- Mon frère a raison, elle ne sait rien de nous. Elle ne pourra jamais rattraper son retard, continua Poséidon.

- Sait — elle se battre ? demanda Athéna.

- Euh s'il vous plaît, commençais-je avant de continuer d'une voix plus forte, s'il vous plaît ! Pourriez-vous arrêter de parler de moi comme si je n'étais pas là ? Oui c'est vrai, je ne comprends rien à votre histoire, mais vous n'arrangez pas les choses si je peux me permettre.

- Vous n'avez qu'à la tester, déclara alors Tyler »

Me tester ? Cela n'augurait rien de bon. Je sentais au fond de moi que cela ne signifiait pas un simple test écrit. Ce n'était pas mon intelligence qu'on testerait, mais quoi alors ?

Tout d'un coup, sans que je puisse avoir le temps de faire quoi que ce soit, je reçus l'épée que j'avais vue sur la table en pleine tête. Oui, j'avais directement su que c'était la même. Je le sentais.

Je criais de surprise et poussais un petit cri quand je me rendis compte que je l'avais attrapé comme si de rien n'était et vu que j'étais également très heureuse.

Je fis tourner l'épée dans ma main et constatais qu'elle était très légère par rapport à sa taille et à son gabarit. Elle avait cependant l'air d'être plus tranchante qu'un rasoir et qu'elle pouvait découper n'importe quel métal. Elle était décidément bien équilibrée, ne possédait pas un seul grain de rouille et pouvait facilement se manier d'une main ou de deux. Mais, encore une fois, on ne me laissa pas le temps de l'observer, non, Athéna bondit devant moi, un glaive à la main.

Mon corps se mit automatiquement en position de défense et nous nous tournâmes autour en nous observant. Comment étais-je censé battre la déesse de la guerre ?

Je décidais de me repasser tous les combats que j'avais pu voir en film et tentais de me rassurer en me disant qu'elle ne désirait pas me tuer, pas si je devais devenir la reine de je ne savais pas où. Du moins je l'espérais vraiment. Je me mis en garde et me préparai à défendre ma vie tout en gardant à l'esprit que je devais montrer le meilleur de moi-même si je désirais de ne pas être jeté à la rue, encore une fois. Après quelques tours, Athéna m'attaqua d'un coup direct vers l'épaule, je parais juste à temps, mais avec une incroyable force que j'étais sûre de ne pas posséder.

Prise de court, Athéna recula et je profitais de cet effet de surprise pour répliquer. En un instant, je traversais les quelques mètres qui nous séparaient, sautais en l'air et lui donnais un violent coup à la diagonale. Elle eu juste le temps de se décaler ce qui lui valut une mèche de cheveux en moins.

Ma victoire fut cependant de courte durée. Ce coup fut mon dernier qui « l'atteignit », mais ma défense n'était pas si mauvaise que cela à mon humble avis. Et puis, j'étais clairement sous entrainé. Cela n'existait pas, sur Terre, des combats à l'épée, ce n'est pas un truc que l'on peut apprendre. Encore moins à une fille, me soufflais-je. Mais ce qui m'avait étonné, c'était la manière dont j'avais réagi, comme si c'était naturel pour moi... J'étais assez impressionnée de moi et, après bien dix minutes, nous nous arrêtâmes, moi complètement essoufflée, mais en voulant plus. Je refis tournoyer l'épée autour de moi, appréciant les rayons de lumière sur la lame. Qu'est-ce qu'elle était belle cette épée ! Je la voulais. En équilibre sur le dessus de ma main, j'étais perdu dans la contemplation de l'objet et ne vis pas que les autres attendaient avec impatience. Une petite tape sur l'épaule de Kilian me fit émerger et son regard peiné m'annonça la triste nouvelle, je n'avais pas réussi le test...

Les dieux décidèrent alors de m'assommer de questions de plus en plus compliquées et de plus en plus personnelles. Je ne savais cependant pas trop comment réagir, je ne savais pas grand-chose de ma famille biologique et ma vie avait été rythmée par les déménagements, je ne pouvais tout simplement pas répondre à leurs questions. Toute cette autre vie, toute celle que je n'avais pas connue, cette autre famille, ils m'avaient posé les questions que je m'étais toujours posées. Aucune réponse n'était pourtant parvenue à mes oreilles...

Deux semaines plus tard, je me battais avec Kilian dans la cour de l'école.

« Et bien Sohalia tu m'épates, dire qu'il y a encore une semaine tu ne tenais pas plus de dix minutes d'affilés !

- Merci, Kilian, ça me fait plaisir de t'entendre dire ça ! Je note ton compliment haha !

- Tu as bien changé, je dois l'admettre. Cela doit être le bon air d'Iirlyn et les rayons d'Ao et de Kaï sur ta peau toute blanche... »

Et oui, en quelques jours, ma vie avait complètement changé. Je résidais désormais sur Iirlyn, plus spécifiquement dans la région de Kaith. Pour être honnête, je n'avais toujours pas intégré la géographie ni même le fonctionnement de cette île, mais de toute manière, vu que je n'avais pas le droit de m'éloigner de l'école de plus de trois kilomètres, je n'avais pas de soucis à me faire quant à une éventuelle escapade ou destination...

J'avais eu l'espoir, suite à mon arrivée fracassante et mon départ improvisé, autrement dit ma fugue que mes parents aient cherché à me retrouver. C'était bien évidemment idiot de ma part, et un simple courrier de la part de Louison, leur informant mon état psychologique avait suffi à ne pas éveiller les soupçons. Ils avaient alors parlé de m'interner et la docteur leur avait alors expliqué que c'était déjà le cas. S'en étaient suivis des échanges centrés sur le payement dont la psychologue avait de nouveau évité la confrontation en inventant une excuse bidon de participation à une étude scientifique sur le cerveau des femmes. Oui, magnifique, j'étais heureuse. Je lui avais bien sûr fait savoir que je n'étais pas très d'accord de son plan, mais on ne m'avait pas laissé le choix...

Je vivais donc désormais dans cette école étrange, nuit et jour. Réservée à l'élite Iirlynoise, le château, car oui, il s'agissait d'un château, pas même un manoir, qui résidait secrètement sur les Terres de Kaith. Cachée par de puissants sorts, il fallait un pass droit envoyé par les deux directeurs pour pouvoir y accéder. D'après ce que j'avais pu comprendre, des personnes venant ensuite chercher les heureux élus... Quant aux matières enseignées, on retrouvait l'architecture, mais également les plus grandes guildes de métiers comme les enseignants, les penseurs ou bien encore les sages. Une vraie opportunité pour les aristocrates de l'île. Je me retrouvais donc, encore une fois avec des ricos.

Cependant, vu mon retard considérable et mon mal de pays, je n'avais encore parlé avec personne d'autre que Kilian et Tyler.

Il me fallait apprendre tout un nouveau fonctionnement. Moi qui étais nulle en date, j'étais plongé dans mes calculs afin d'essayer de comprendre sur quel système je devais m'appuyer. Mais tout était si compliqué ! Des années de même taille que sur Terre, mais plus nombreuses en jours. Des journées bien plus courtes, mais des semaines plus longues d'une journée. Seul le fonctionnement des saisons semblait être le même. Bien évidemment, chaque jour, mois et saison avaient leur propre nomenclature, mais j'avais au moins saisi ce premier concept normalement correctement. J'avais ensuite du m'intéresser à l'histoire d'Iirlyn et de sa royauté, par obligation de Kilian. J'avais beau eu lui répéter que je ne retiendrais absolument rien, il n'avait rien voulu entendre.

J'étais cependant réellement intéressée par l'école. Non seulement son architecture détonnée avec tout ce que j'avais pu observer jusqu'à présent, mais en plus de cela, la structure semblait posséder des propriétés magiques.

Comment personne n'avait pu voir une telle demeure ?

Mais si sa location était cachée, il devait bien y avoir au moins une personne qui avait le voyage jusqu'ici, non ? Et puis, quel était le périmètre de sécurité ? Les gens s'entrainaient au combat tout le temps ici, cela devrait interpeler ? J'avais bien évidemment demandé plus d'explication aux deux gars, mais n'avait pas appris grand-chose. Eux aussi avaient l'air de s'intéresser à l'école, probablement pas pour les mêmes raisons que moi cependant.

J'appris quand même les deux ou trois informations suivantes :

1. Le château avait été construit vers les années 1300.

2. Il y avait moins d'une centaine d'étudiants dans l'école.

3. J'allais devoir porter l'uniforme obligatoire.

Oui, ces informations ne mettaient pas tellement utile. Kilian avait simplement suggéré que la création de l'école avait fait suite à la mort de la première reine de l'île. Qui que cette personne fût, j'avais vite compris qu'elle représentait énormément pour les habitants d'Iirlyn. La jeune femme avait régné presque deux ans avant de succomber. Bien sûr, j'avais tilté sur l'âge, comment pouvait-on vivre aussi longtemps ? Tyler avait alors commencé à énumérer un tas de race de créature qui vivait des siècles. À ce moment-là, j'avais dû faire une pause.

Ayant vu des dieux grecs, je m'étais attendu à des créatures également issues de la « mythologie grecque ». J'avais donc eu tout faux et avais commencé à m'inquiéter. Quel genre de créatures pouvais-je tomber dessus ?

Je mettais donc renseigner en allant dans ce qu'ils appelaient la bibliothèque.

Honnêtement, c'était juste une salle de cours avec quelques ouvrages, certes intéressants pour la plupart. J'avais déniché une espèce de flore regroupant les différentes castes présentes sur l'île avec les espèces classées. Il y avait un tas de créatures dont je n'avais absolument aucune connaissance et dont je ne voulais pas croiser.

Pour en revenir à la première reine, dont j'avais oublié encore une fois le prénom malgré le martelage de crâne de Kilian via un épais ouvrage, on lui avait accordé la responsabilité de la planète et le titre de gardienne d'Iirlyn.

Ouais, vraiment pas mal pour une femme. J'avais demandé la raison du titre et d'une telle responsabilité et Tyler avait simplement expliqué que chaque reine avait dû protéger au péril de sa vie un livre qui contiendrait les secrets des Dieux sur la création de la planète et de ses habitants... La classe !

Je commençais donc à vraiment apprécier la femme dont je venais d'entendre les louanges, mais ma passion se fit davantage lorsque je sus que c'était également une guerrière, la première femme au commandement d'une armée puissante et presque imbattable. Une femme forte comme je les aime ! Elle avait notamment créé une équipe, capable de se déplacer dans toute l'île au moindre problème contre d'éventuels envahisseurs ou justes ennemis.

Ce fut là que je compris que je n'étais pas sorti de l'auberge. Quand ils avaient commencé à conter l'histoire des Luneilares*, la fameuse équipe, ils m'avaient pris à part, caché dans un arbre. Et pour finir, Tyler avait lâché le morceau en m'annonçant qu'on était censé être de cette équipe.

Éclatant de rire, je ne pensais pas qu'il était sérieux et m'esclaffais à chaque fois qu'il me disait : « je suis sérieux ! » Kilian prit son parti, mais je ne m'excusais pas pour autant. J'avais cependant sorti une flopée de jurons dans ma tête. Rien n'aurait pu être pire en nouvelle que la suite.

Premièrement, ils m'avouèrent qu'ils pensaient même que j'étais la reine attendue depuis plus de vingt ans. C'était ce qu'avait cru Louison. Oui, et en plus de cela, nous étions en guerre contre un groupe de rebelles qui avait juré d'être nos ennemis à jamais : les Sombroires*.

Deuxièmement, les Dieux avaient ensuite écarté l'hypothèse que je sois cette future reine. Non, d'après eux, si cela avait été le cas, mon corps aurait « réagi » avec l'épée et j'aurais pu battre Athéna...

Pour finir, et à leurs grands soulagements, je n'étais pas la reine qu'ils attendaient vu qu'ils préféreraient ne pas avoir de reine plutôt qu'avoir une reine qui soit humaine... Même si rien n'était sur quant à ma condition d'humaine...

Plus que jamais, je me sentais seule et mise de côté. J'avais ma propre chambre, dans une aile bien séparée du reste des filles. Mes parents avaient au final raison, j'étais un monstre... Un monstre humain et terrien !

Je passais donc mon temps libre seule, dans cette petite chambre qui n'avait rien du prestige du château ou dans les couloirs à observer les portraits. J'avais vu quelques portraits de la première reine, et elle me plut d'autant plus. C'était une femme magnifique avec des cheveux noir jais, des yeux verts émeraudes, une peau blanche et des taches de rousseur. Si nous avions vécu à la même époque, je l'aurais sans doute draguée... J'avais pu lire qu'elle s'était mariée à l'âge de seize ans et avait donné naissance, un an plus tard, à une petite fille qui lui ressemblait comme deux gouttes d'eau. Elle aurait eu au final six enfants.

Heureusement pour moi, les temps avaient évolué, et il n'était pas prévu que je me marie si jeune et ai autant d'enfants. Déjà que pour un, j'ai du mal à me faire à l'idée...

Les cloches sonnèrent et je me préparais en soupirant. Je m'habillais de la robe en lin qu'on m'avait fourni et sortit de la petite cabane en bois qui nous servait après les entrainements. Je fis un signe de la main à Kilian, qui se battait encore.

Ce type m'éclatait complètement au combat, et cela qu'importait l'arme et les désavantages qu'il s'infligeait. Je l'avais même combattu alors qu'il avait les yeux fermés et il avait gagné... Cette montagne de muscle, à l'esprit très calme, était finalement devenue un ami plus proche que je ne pensais... Il restait cependant réellement discret sur qui il était et n'avait rien appris de plus que sur Terre lors de mon « interrogatoire ». Je lui avais demandé ce qu'il était et il m'avait répondu en bafouillant qu'il appartenait aux terrelyns et que c'était un guerrier.

Après avoir remarqué son comportement étrange, j'avais demandé de l'aide à Tyler et ensemble, nous avions mené notre enquête. Certes, ce n'était pas à ma plus grande joie vu que mon opinion sur Tyler restait la même : Dragueur de première, arrogant et enquiquinant. Cette mission nous avait cependant révélées de quelque chose que Tyler décrit comme croustillant à souhait. Kilian serait le grand frère d'un préadulte d'un peu moins de vingt ans. Apparemment, lui aussi aurait appris son existant et serait à sa recherche. Il aurait alors quitté les Terres de Ryel dans le but de le trouver. Tyler avait alors continué de harceler Kilian, mais je n'eus pas le droit de participer cette fois-ci.

Alors que nous nous dirigions vers le réfectoire, j'entendis tout autour de moi, encore une fois, les insultes et les remarques. La population vouait une telle aine contre les humains que je ne comprenais même pas pourquoi on m'obligeait à manger avec tout le monde. Je râlais donc fortement et entendis les ricanements derrière moi. Tyler. Lui aussi s'amusait étrangement à me faire des remarques. J'avais donc pris l'habitude de répondre par des insultes, ce qui n'aida pas à modifier ma réputation. Non, j'étais désormais fichée comme mal élevé, vulgaire et violente.

Mais je n'en avais absolument rien à faire, j'étais ici pour une chose : trouver qui j'étais réellement et qui était la fille aux cornes qui m'obsédait de plus en plus...

Ce soir-là, nous eûmes droit à la présence des directeurs, pour notre plus grand bonheur bien évidemment. Il ne m'avait fallu aucune aide pour réaliser à quel point personne ne les apprécier, qu'ils étaient dangereux et qu'ils dirigeaient tout ici, même notre vie.

Ce soir rajouta une case concernant le mystère autour des deux garçons, dès l'arrivé des directeurs, ils s'étaient faits discrets, et m'avaient même laissée seule à table pour se cacher dans la masse des étudiants. Pourtant, je les connaissais un peu mieux maintenant et savais qu'ils n'avaient pas peur. Du moins, pas réellement. Non, ils se faisaient discrets...

TOC : Trouble obsessionnel du comportement.

Kaith : Dans l'addenda sont disponibles des informations sur les fiefs d'Iirlyn.
Les guildes sont répertoriées dans l'addenda.
Ricos : Mot familier plutôt négatif décrivant des personnes riches.
Les castes sont disponibles dans l'addenda.

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