Harrisburg. Mai 1971
Cher Matt,
Au moment ou tu lis ces lignes, je suis en balade avec ton épouse Doris et la charmante Charlene, prunelle de tes yeux. Mais cette promenade planifiée avec le plus grand soin est bientôt terminée. Je vais aller à l'essentiel et leur conter ta furie de ce jour maudit de mai 1945.
La guerre avait pris fin. Tu le savais !
Mais la victoire alliée, les coeurs brisés des petites françaises, les pillages, cela ne te suffisait pas. Tu en voulais plus et en me capturant tu tenais ton trophée de chair et d'os.
Privation d'eau, d'air, de nourriture; Ce fut l'antichambre de l'enfer sous tes poings.
Le fracas de mes os contre le marbre de cette résidence au coeur de Berchtesgaden me hante encore.
Tu avais pourtant le choix Matt : laisser filer la souris, lui permettre de se fondre parmi les siens dans la masse hagarde des vaincus.
Mais comme tu me l'as si souvent sussuré : seul voir mon âme "s'envoler" t'importait. C'était ton crédo.
Cette lettre est finalement bien trop longue à mon goût. Mon talent de conteuse s'amenuise et ma patience touche à sa fin.
Je vais étancher ma soif dans le sang.
Ada
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