Descendre un long escalier, parfois s'arrêter au milieu, lever la tête
Et se voir, étonnée, dans le plafond vitré qui le reflète
Attendre sur le quai la prochaine rame
Tremblement de l'air, tremblement de l'âme
Monter en ce train étrange, ce bateau électrique
S'installer à l'arrière, y demeurer statique
Pulsion, le voyage commence
Lentement puis plus vite le métro avance
Laisser se perdre son regard
Sur les rails disparaissant dans le noir
Quand soudain survient un éclair
De gens, de lumière
Que déjà l'obscurité efface
-Notre métro vient d'en croiser un autre-
Contempler les personnes dans la glace
Observer ces compagnons d'un trajet
Puis outrepasser ce reflet
Pour à nouveau suivre des yeux les rails dans les ombres s'enfoncer
Parfois un néon perce les ténèbres, jette dans le tunnel un semblant d'aube
Qui, bientôt, se dérobe
Une voix annonce les arrêts, trouble le silence des respirations et le ronronnement du métro
Ralentissement, les portes coulissent
Des gens quittent la rame, d'autres la remplissent
Va-et-vient dans le reflet
Avertissement sonore, les portes se referment, le métro file vers le prochain arrêt
Mécanisme bien huilé, des accélérations aux passagers
De cette machine, tout fonctionne parfaitement
Surtout ces rouages-gens
Qui montent ou descendent, s'entassent, se placent
Parfois restent sur le quai et attendent que le métro suivant passe
La voix annonce mon arrêt, pour moi c'est le terminus, fin du voyage
Il est temps de remonter à la surface, de retourner au rivage
Immobile du monde et du Temps

Métro, pour qui sait te voir et t'écouter
Tu es bien plus qu'un transport: tu es une éternité, un rêve éveillé, une horloge de rails, de gens, de rames, de lumière et d'obscurité