Là où meurent les vagues

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    Finalement, tout était d'un manichéisme absolu. Les méchants étaient punis et les gentils sauvés, libres, pour la plupart, de poursuivre leur vie comme si rien ne s'était jamais produit. 

    Mais que reste-t-il alors de ceux qui ne sont d'aucun des deux bords? Ni méchant, ni gentil. Ou peut-être un peu des deux. Ces écorchés qui ne peuvent tirer de conclusion lorsque l'histoire prend fin.

    Il faisait partie de ceux-là, il le savait, avant même que toute cette histoire ne débute. Alors il avait repris la route mais ce n'était plus les mêmes paysages qui défilaient derrière la vitre. Les arbres bourgeonnaient de nouveau, l'eau coulait avec plus de force dans les rivières, la lumière du jour se faisait plus intense. Comme un symbole de renaissance. 

    Ses doigts tapotaient nerveusement le volant, il sentait sa peau moite collée au revêtement rêche du siège. Le silence régnait dans la voiture. Après tous ces kilomètres, après toutes ces rencontres fortuites ou non, il était seul. Il regarda avec une certaine amertume le siège passager vide. 

    Le rire de Lydia résonna dans ses souvenirs comme un écho fantomatique. Ses cheveux bataillant avec le vent qui s'engouffrait par la fenêtre ouverte, ses jambes sensuellement étendues et ses pieds nus battant la mesure d'une chanson oubliée de tous. 

    Il pourrait faire demi-tour, la rattraper et lui expliquer son geste. Lui raconter toute l'histoire et s'excuser. Ce n'était pas trop tard. Mais alors l'histoire ne serait pas finie et il faudrait tout recommencer. Elle était en sécurité maintenant, c'est tout ce qui importait.

    Il appuya un peu plus fort sur l'accélérateur, comme si la distance qu'il mettait entre elle et lui pouvait l'empêcher de commettre cette indicible erreur.

    Les kilomètres défilaient, le soleil s'approchant de plus en plus de la ligne d'horizon. Il lui faudrait trouver un endroit où dormir. Dormir et prendre une douche pour se débarrasser des tâches de sang séchées qui lui collaient encore poisseusement aux poils et à la peau. Ce sang qui n'était pas le sien, le faire disparaître définitivement dans le siphon d'un motel quelconque. Et demain, reprendre la route. S'éloigner encore un peu plus.

    Tant qu'il détenait la boîte et son contenu, alors rien ne pourrait recommencer. Il s'abaissa et glissa sa main sous le siège passager en tâtonnant. Elle était là. Comment aurait-elle pu disparaitre après tout, il ne s'était pas arrêté un seul instant depuis son départ et personne n'était ni entré ni sorti du véhicule. C'était ridicule, comment se serait-elle évaporée ? Le contact du métal sous ses doigts le rassura pourtant. La boîte était là et son contenu en sécurité tant qu'il roulerait, peu importe la direction, peu importe la route. Rouler jusqu'à un jour atteindre la côte, là où les vagues furieusement se rompent et meurent. Là où tout avait commencé.

    

    

   

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