Untitled

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Caleb retourna à l’intérieur du diner. Le restaurant fourmillait maintenant de familles affamées, de bambins braillards et de camionneurs bourrus. Caleb fendit la salle et alla trouver Rosa derrière le comptoir. Cette dernière lui tendit un sac en papier et lui indiqua la direction de la cuisine.

  • Tiens, de la part de Désirée. Va te changer à l’arrière.

Rosa s’éclipsa en salle sans attendre, croulant sous la demande, sa cafetière greffée à la main. Ses boucles chatoyantes virevoltaient d’une table à l’autre avec la grâce d’un cervidé.

Dans le sac, Caleb trouva quelques douceurs achetées au comptoir par Désirée. Des pâtisseries et viennoiseries qu’elle avait pris soin de laisser à l'attention de son petit protégé. Tout au fond, soigneusement empaquetée dans une serviette en papier, Caleb découvrit une petite liasse de billets. Il mit le tout de côté, enfila un tablier maculé de taches, une paire de gants en caoutchouc et plongea les mains dans la mousse.

Une petite tête rousse apparut dans l’embrasure de la porte.

  • Caleb ?
  • Tout va bien de l’autre côté, Rosa ? Tu as besoin d’aide ?
  • Non, ça s’est calmé, le restaurant est presque vide. J’ai quelqu’un pour le coup de feu de vingt heures, tu peux rendre le tablier !

Caleb retira le bandage boueux qui recouvrait son crâne et entra dans la cabine de douche. L’eau qui coulait sur son visage était chaude et délicieuse. Le liquide argileux, ruisselant le long de son torse jusqu’à ses chevilles, disparaissait dans le siphon.

Caleb essuya la buée du miroir de la salle de bain. La plaie encore fraîche décorait largement le côté gauche de son crâne. Derrière la glace, un petit cabinet lui offrit de quoi changer son pansement. Il recouvrit de nouveau sa blessure d’une bande blanche, immaculée.

La caravane sentait l’humidité. Chaque petite fenêtre était agrémentée de rideaux fleuris, miteux et décolorés. Caleb s’assit sur le lit et poussa du pied une pile de linge rongé par la moisissure. De son sac à dos, il extirpa les douceurs offertes par Désirée. Il choisit une grosse pâtisserie couverte de miel et y planta les crocs. Le sucre fondant dans sa bouche et coulant dans sa gorge apporta à Caleb un réconfort singulier, le plaisir simple de chasser la faim.

Il sorti du sac la liasse de billets, la générosité de Désirée n’avait décidément pas de limite. Caleb compta une centaine de dollars qu’il rangea soigneusement comme un trésor. Il s’allongea et déposa sur l’oreiller la photo d’Ella. Au-dehors, la pluie chantait sur les toits et abreuvait les cultures.

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