Vieux et en bonne santé ?

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Oui, je ne suis pas très gaie en ce moment. Il faut dire que j'ai rencontré plein de vieux il y a peu de temps. Vieux n'a rien de péjoratif. On peut aussi dire sénior, personne âgée, papy... mais j'aime bien le mot vieux.

Ce qui va souvent de pair avec la vieillesse c'est la tristesse. Certains ne parlent que de leurs problèmes de santé et de ceux des autres, d'autres ont encore la volonté ou l'envie de parler de leurs enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants.


Il n'y a pas de solution idéale pour les vieux : rester chez eux, être « placé » en maison de retraite. Il y a les formidables pubs des Ehpad où l'on voit les vieux heureux, encadrés par du personnel, pratiquant des loisirs.

Dans tous les cas, les vieux deviennent des boulets, j'entends encore mon cousin me dire « chacun sa croix ». Il faut dire qu'il n'est pas gâté. Son épouse s'est suicidée alors que leur fille avait un an et demi. Il n'a plus jamais été le même.

À 49 ans, fils unique, il doit maintenant « supporter » à lui seul, son père cancéreux et sa mère qui a perdu la tête. Il doit aussi s'occuper de sa fille qui a 15 ans.

Lui et moi avons des similitudes puisque moi aussi, il y a une décennie, je me suis retrouvée « fille unique ». Mes parents ont donc subi le pire : perdre un enfant !


Alors, me direz-vous ? On en connaît tous des vieux de 85 ans qui font leur jardin, de la marche, du vélo. Qui ne portent pas de lunettes, qui ne sont pas sourds, qui ont de la mémoire, qui sourient. Ah là, il faut bien l'admettre, on en connaît beaucoup moins, peut-être aucun.


Si je pouvais choisir ma mort, je demanderais une crise cardiaque comme mon grand-père.

À 82 ans, un samedi matin, il rentrait du marché. Il a rangé, comme à son habitude, son portefeuille en haut de l' armoire, il est tombé près de son fauteuil, c'était terminé.

Ma grand-mère lui a survécu plus de cinq ans. Deux à trois ans après, elle était presque aveugle, elle a décidé de partir en maison de retraite. Quelle force de caractère !


Mon père souhaitait aussi terminer comme cela mais ce n'a pas été le cas.


Pourquoi une crise cardiaque ?


Parce que je pense qu'il n'y a pas (ou peu) de souffrance. Quoi demander de plus que de ne pas souffrir. On souffre à différents épisodes de sa vie, alors pour le dernier, ce serait quand même sympa. Hier, une de mes tantes m'a dit que mon père n'avait pas souffert longtemps. Maigre consolation. Surtout que des épisodes, il en a eu ! Et il a souffert de la solitude. Est-ce une souffrance imposée aux vieux ? Probablement une des dernières.


Parce que c'est rapide et que l'on ne devient pas un boulet. Car ce qui m'ennuie le plus dans la vieillesse, ce n'est pas de voir mon corps se dégrader, ni la tête qui ne fonctionne plus bien mais les soucis que je pourrais créer à mon entourage et tout particulièrement à mes enfants. Je ne souhaite pas qu'ils se sentent redevables envers moi. Je ne veux pas devenir une charge.


Mais, bien sûr, on ne choisit pas...

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