Brancardier !
« Brancardier ! »
Encore un…
On les ramasse à la… Je ne compte plus tellement ils sont nombreux.
On les ramène dans les tranchées pour sauver ce qui peut-être.
De la découpe à coup d’alcool, sans morphine. Y en a plus !
Le visage de la guerre : l’atrocité de la scie.
On envoie les gueules cassées à l’hôpital le plus proche, déjà surchargé des morts en sursis de la veille.
Un quotidien sanglant, fait de cris, de hurlement, de viscères qui traînent par terre et qu’on remet dans le malheureux à la va vite ; bout de viande dans un esprit toujours en vie.
A force on devient sourd à la souffrance, et à leur terreur.
J’assiste même les blouses blanches maintenant le pauvre bougre qu’on opère à ciel et corps ouvert.
Souvent c’est l’amputation pour éviter la gangrène, par manque de médicaments.
Un bras. Une jambe. Parfois les deux.
C’est… C’est… je n’ai plus les mots. Fatigué de cette boucherie.
« Brancardier ! »
Celui-ci est perdu, cisaillé en deux au niveau du tronc. Alors on le laisse dans la boue.
Celui-là, il meurt sur le brancard avant même d’avoir franchi les lignes de retour.
« Brancardier ! »
Un appel. Un ordre. Un supplice. Ça n’en finit plus. Ça n’en finira jamais...
A force nos tuniques sont repeintes en rouge de leur sang.
Infatigable va et vient. Un flux et reflux de corps à moitié en vie, le regard souvent rempli d’espoir de pouvoir rentrer chez eux, même s’il en manque un bout...
« Brancardier ! »
C’est mon tour. Du shrapnel.
Un pied arraché.
Et un bout de bras qui pendouille et ne tient plus qu’avec des nerfs…
Et je hurlerai à mon tour, sous la scie…
Foutu guerre !
Saleté de guerre !
Maudits Fous…
Fx’
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