La soirée mondaine partie II

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Jack cherchait Laura du regard, Élisabeth toujours pendue à son bras. La tombola terminée, les hôtes de la soirée s’apprêtaient à faire une annonce. Élisabeth ne tenait pas en place. Il entendit vaguement prononcer le mot mariage mais il était focalisé sur le fait que Laura semblait introuvable. Serait-elle partie ? Cela aurait été compréhensible, cependant, il espérait le contraire. Elle occupait toutes ses pensées depuis qu'il l'avait rencontrée. Elle paraissait tellement différente des autres femmes. Tellement à l'opposé de Lisbeth. Outre l'attirance physique, il avait irrépressiblement envie de la combler, de la protéger, de prendre soin d'elle. Ses précédentes relations s’étaient soldées par des échecs à différents stades. Même les plus sérieuses n’avaient pas résisté ni à sa famille, ni à Élisabeth. Cette fois, il ne pouvait, ni ne voulait laisser passer sa chance. Perdu dans ses réflexions, Jack revint à la réalité lorsqu’un homme d’un certain âge vint le féliciter. Étonné, il avait une Élisabeth visiblement au comble du bonheur, à ses côtés.

— Lisbeth ?! Qu’est-ce que ça signifie ? C’est quoi cette histoire de mariage ?!

— Père et Mère viennent d’annoncer nos fiançailles mon chéri, lui répondit-elle tout sourire.

— Pardon ?! Mais…

— Il est temps, Jack !

— Je regrette mais je ne suis pas d’accord !

— Ton père perdait patience et moi aussi ! Cesse de faire ton rebelle et assume…

— Assumer quoi ! Combien de fois devrais-je le dire ?! Je ne t’épouserai pas et mon père n’a qu’à prendre ma sœur comme successeur : elle n’attend que ça !

Laura n’était pas dans la pièce, c’était une certitude. Plus tôt, il l’avait vue avec une fillette.

— Tu sais où est Laura ?

— Pfffff… Cette petite dinde à déjà dû s’enfuir… comme toutes les autres ! ricana-t-elle.

— Ne parle pas d’elle de cette façon ! Mets-toi bien dans la tête que c’est différent . J’en ai fini avec tout ça, une fois pour toute. Vous m’avez perdu définitivement, sache-le !

Il partit à la recherche de Laura dans les étages, Élisabeth sur ses talons. Il monta au premier étage et ouvrit toutes les portes jusqu’à tomber sur la bonne.

— Elle est là ! dit-il mi-soulagé, mi-triomphant.

— Jack… commença t-elle pitoyablement alors qu'il lui envoyait un regard méprisant. Au grand désarroi de cette dernière, quelque chose avait changé.

— Laura !! Je suis désolé tout va bien ?

— Oui, Jack. Grâce à Georgie, j'ai passé une très bonne soirée. Nous sommes devenues très amies, répondit-elle en souriant à la fillette.

— C'est vrai. Laura est mon amie maintenant !

— Il est tard… Je vais rentrer chez moi… dit Laura en se dirigeant vers la porte.

— Je veux pas que tu partes, dit la petite en se levant à son tour.

— Je reviendrai te voir, promit Laura.

— Georgie, laisse-la partir, lui intima Élisabeth tout en l'attrapant par le bras. Viens avec moi. Je vais demander à la gouvernante de te coucher.

— Mais je veux pas !!

— Georgie, tu sais, moi aussi, je vais rentrer dormir. Tu veux que je t'accompagne jusqu'à ta chambre ? Je peux même te lire une histoire et après j'irai moi-même plonger dans les bras de Morphée. Je suis épuisée, essaya-t-elle de convaincre en s’étirant et en baillant.

Jack observait la scène. Il ne s'était pas trompé sur elle. Elle était vraiment spéciale. Non seulement, sa présence l’apaisait mais surtout, elle avait résisté au manège d’Elisabeth avec patience. Laura et Georgie passèrent devant eux et se dirigèrent vers une pièce à l'étage au-dessus. Lorsqu’elles entrèrent dans la chambre de la petite, Georgie alla se brosser les dents sans qu'on le lui demande et revint en chemise de nuit.

— Et bien te voilà prête pour faire de beaux rêves ! Dis-moi, que veux-tu comme histoire ?

Bien au chaud sous les couvertures, Georgie désigna un livre à Laura qui s'assit sur le bord du lit en faisant attention à ne pas froisser sa robe et le superbe couvre lit brodé de perles. Jack et Élisabeth se tenaient dans l'embrasure de la porte et observaient la scène. Avant la fin de l'histoire, la petite s'endormit. Laura reposa le livre en silence puis sortit en passant entre les deux autres qui s’écartèrent.

Laura redescendait vers la salle remplie d'invités en cherchant les coordonnées d'un taxi sur son portable quand :

 - Laura attendez… supplia-t-il en esquissant un geste pour la retenir.

 - Jack, ne vous inquiétez pas, vous pouvez rester. Je peux rentrer seule. j'ai trouvé les coordonnées de taxi, dit-elle en montrant son téléphone.

Élisabeth retenait Jack par le bras :

 - tu vois bien qu'elle souhaite rentrer sans toi !

— Lisbeth, soupira-t-il agacé. Ça suffit, je te l'ai déjà dit : je ne t'aime pas. Trouve-toi quelqu'un d'autre et je te prie de croire que ce que je t'ai dit tout à l'heure est applicable dès maintenant.

— Jack... supplia-t-elle.

— Oublie-moi définitivement !

Il prit Laura par le coude et l'entraîna vers la sortie. Il pleuvait à torrent. Pendant que le voiturier ramenait la limousine, Jack se rapprocha de d'elle par dèrrière suffisemment près afin de la protéger, levant les bras pour tendre sa veste au dessus d'elle . Ce faisant, il l'effleura légèrement, provoquant un frisson involontaire chez la jeune femme. Cette position, qui permettait à Jack de l'envelopper de ses bras sans réel contact physique, l'a fit se sentir bien. Elle le remercia et monta dans la voiture quelques minutes plus tard. Le trajet se passa dans un silence pesant. Arrivés devant chez Laura, la pluie n’avait pas cessé, le vent également.

Elle descendit en lançant un : au revoir Jack. Il sortit à son tour et contourna la voiture.

— Laura attendez…

— Je suis fatiguée...

— Ne partez comme ça. Vous devez être déçue, peut-être fâchée ! Vous en auriez le droit. J’en suis infiniment désolé…

— Jack, laissez tomber…

— Je vous en prie, écoutez-moi, supplia-t-il.

— Jack, soupira-t-elle. Je peux comprendre toutes ces... simagrées de votre monde et je ne vous en veux pas. Maintenant, bonne nuit, répondit-elle en se détournant pour sortir ses clés.

— Pardonnez-moi, je vous en prie ! Je me rattraperai… Cette soirée à été un fiasco ! J’aurais dû le prévoir et vous inviter ailleurs cependant, j’ose… espérer qu’il n’est pas encore trop tard ?!

Laura poussa un profond soupir. Elle regarda Jack dans les yeux. Il semblait sincère, tellement désolé. Elle sourit à l’idée qu’il ne voulait pas la laisser partir sans savoir si elle accepterait de le revoir.

Ils étaient toujours devant la maison sous la pluie froide, transis et trempés jusqu'aux os quand elle éternua .

— Par ma faute vous avez en plus attrapée froid ! Vraiment, quel imbécile je fais ! Permettez ? demanda t-il en tendant une main pour qu’elle lui donne les clés.

Hésitant un instant, elle renifla et décida de lui donner une seconde chance. Aux anges, Jack donna des consignes au chauffeur, qui alla se garer plus loin dans la rue. Une fois à l'intérieur, il enleva sa veste détrempée des épaules de Laura afin de la mettre sécher sur le porte-manteau de l'entrée. Laura, qui grelottait et se frictionnait, alla chercher des serviettes. Elle en tendit une à Jack en lui indiquant la salle de bain. Elle lui avait proposé de prendre une douche chaude et en profita pour tenter de récupérer ses affaires afin de les faire sécher en machine. Alors qu'elle s'apprêtait à ressortir :

— Attendez une minute ! la retint-il en écartant légèrement le rideau pour la voir.

— Oui ?

— Vous allez attendre que j'ai fini pour prendre votre douche ?

— Non non prenez votre temps pour vous réchauffer. Je vais me sécher et me changer pendant ce temps.

— J'en étais sûr !

Il ouvrit le rideau et sortit.

— Jack mais enfin… objecta-t-elle en détournant les yeux, gênée.

Il enroula une serviette autour de sa taille.

— Vous allez vous déshabiller et venir sous la douche.

— Pardon ?!

— Ne vous méprenez pas. Vous n’arrêtez pas d’éternuer depuis tout à l’heure. Une bonne douche bien chaude vous fera le plus grand bien cependant ma présence vous en empêche…

Voyant qu'elle n'était pas décidée, il s'avança vers elle et entreprit de lui ôter sa robe. Elle refusa mais, devant l'air déterminé de l'homme à moitié nu qui lui faisait face, elle se mit en sous vêtements mouillés eux aussi. Il détourna les yeux pour ne pas la gêner et l’invita à entrer sous la douche.

— Attendez une minute ! Vous…

— Rassurez-vous, je suis assez réchauffé, à votre tour maintenant !

Elle savoura l’eau chaude, qui coulait le long de son corps, en soupirant d’aise. Il ne faudrait pas rester longtemps, elle n’était pas seule. Elle repensa à cette soirée ainsi qu’à Jack. Il était temps de sortir…

Entre temps, Jack s’était emparé du linge pour faire tourner le sèche-linge. Au retour de Laura dans le salon, il était assis, sur son canapé, l’attendant sagement.

— Ce peignoir rose vous va à ravir ! se moqua t-elle gentiment.

— Vous trouvez ? J’avoue, le rose me siéds parfaitement au teint ! répondit-il en riant.

Ainsi, pendant que Laura s’habillait, lui, s’affairait dans la cuisine pour préparer des boissons chaudes. Il était près d’une heure du matin. Assis sur le canapé ils devisèrent jusqu'à ce que Jack se décide d'aborder le sujet Élisabeth. Il lui expliqua le rapport entre leurs deux familles ainsi que sa décision de ne pas suivre la voie qu’on lui avait destiné. Malheureusement, il n’était pas pris au sérieux : la preuve ce soir avec cette annonce. Laura fut surprise d’apprendre tout cela et en fut désolée pour lui. Il lui raconta ses études de médecine, son combat pour le faire accepter par ses parents. Une mission de remplacement au Darfour avait terminé de le convaincre de sa vocation. Il repartirait dès que possible. Plus elle l’écoutait, plus elle aimait entendre sa voix raconter ses histoires. Frémissante d’effroi, s’attendrissant ou riant suivant les moments du récit, elle savait que c’était beaucoup trop tôt, mais son cœur se serra à l’idée qu’il y retourne. Il se pourrait qu’un jour il ne revienne pas. Il échangèrent également sur la vie le Laura lorsqu’une sonnerie les rappela à la réalité. Elle se leva pour vérifier si c'était sec. Malheureusement oui ! Elle apporta les vêtements puis il se changea. Déjà deux heures du matin ?! Il était temps pour Jack de partir. Laura lui assura qu'elle avait passé malgré tout une excellente soirée. La pluie et le vent s’étaient arrêtés. Il lui souhaita une douce nuit avant de se diriger vers la voiture qui s’était rapprochée.

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