Chapitre 19

11 minutes de lecture

❤️ BETTY-LOU ❤️


Une semaine est passée, Ethan a pu convaincre ses parents d’organiser notre rencontre. Je passe par la case coiffeur afin d’avoir une coiffure suffisamment apprêtée et en harmonie avec ma luxueuse robe de cocktail. La coiffeuse tire ma mèche pour donner un peu de volume à mes cheveux, puis les autres mèches sont bouclées pour faire un chignon bas. Un diadème est posé sur le dessus de la tête.


En quelques coups de pinceau, elle me propose un joli maquillage. Je la remercie tout en ressortant au bras d’Ethan.


Je soupire au moment où l’on descend de la voiture garée sur le parking de la demeure. Il m’est difficile de marcher dans les gravillons, le bras de mon chéri m’aide à avancer. Les traits de mon visage se crispent , mes chevilles me désobéissent et le stresse me gagne.


  • Franchement Ethan ! Donnes moi les clés de la voiture ! Je vais mettre ma paire de baskets ! J’ai trop mal aux pieds ! Et je ne sais pas marcher avec ! Le suppliai-je.

  • Hors de question ma chérie, tes talons doivent s’entendre au marcher ! Me répond t-il. Marche doucement et respire tout va bien !

Une calèche est tractée par deux chevaux de trait, un magnifique alezan crins lavés et le second un robuste gris pommelé.


Ils s’arrêtent à notre niveau. Mes yeux se plongent dans ceux d’Ethan, je lui presse le poignet.


  • C’est pour nous ? (Chuchotai-je) (Bien sûre !) ce n’est pas un peu trop le tour en calèche ? Demandai je à Ethan.

  • Tu es étonnée ma chérie ? Moi je trouve ça très banal dit il en affichant un large sourire.

Je tends ma main pour caresser le chanfrein des chevaux. L’un deux me pousse avec sa grosse tête pour réclamer quelques caresses supplémentaires.


Le chauffeur descend de la calèche, il affiche un large sourire tout en me baisant la main.


  • Je suis enthousiasmée de faire votre connaissance ! Déclarai-je sur un ton soutenu.

  • Bonjour mademoiselle Betty-Lou ! Jean- Marc Van Damme, le chauffeur des Varnier De Saint-Éloi !

  • Mon second père ! S’exclame Ethan en souriant. Celui qui m’a éduqué ! Qui a veillé à ce que je ne déconne pas ! Et qui a toujours respecté mes décisions !

  • Tu peux me tutoyer sans problème ! Renchérît Jean-Marc en souriant. Tu verras je suis l’un des plus cool de ce château ! Montez ! Montez ! Tu sais que ton père n’aime pas attendre ! Sinon très belle robe Betty-Lou ! Mais même avec une robe très simple, je pense que tu la rendrais sublime ! Très bon choix Ethan ! Je valide la petite copine !

  • Merci Jean-Marc ! Je pense que tu vas bien être le seul... et peut-être la gouvernante mais à part vous, j’ai très peu d’espoir répond tristement Ethan en me caressant tendrement le dos.

Je grimace tout en tournant la tête vers la vitre de la calèche pour regarder les espaces verts à perte de vue aménagés de fontaines et de statues présentant quelques dorures. Les parterres de fleurs sont merveilleusement bien garnis et les haies entretenues.


Un grand château se dresse devant nous, il n’y a rien à dire c’est une très belle bâtisse. Deux silhouettes apparaissent au milieu de la cour, ma main se resserre autour de la sienne. Je ne peux retenir mon soupire saccadé et mes mains se font mouates.


Ethan balaye ma mèche de cheveux pour me dégager le visage et m’embrasse avec amour.


  • T’inquiètes pas ma chérie, je suis là ça va aller murmure t-il.

Jean-Marc descend le premier puis me prend le bras pour m’aider à descendre de la calèche, Ethan prend le relais et m’accompagne jusqu’à ses parents.


Monsieur et Madame Varnier De Saint-Éloi se tiennent droits comme des i, ils affichent une allure de coincés.


Je me sens pas à l’aise, je m’efforce d’afficher mon sourire le plus gracieux possible ainsi que de marcher un pied devant l’autre avec le plus d’élégance possible.


Je manque de tomber juste en arrivant à leur hauteur, la honte ! Je me sens m’empourprer toute entière, je m’excuse timidement. Tous les deux me regardent hilares, sa mère se retient de rire en mettant sa main contre sa bouche.


Ils sont tous les deux vêtus avec des habits beaucoup plus classes que les nôtres.


  • Père, mère je vous présente ma dulcinée Betty-Lou, c’est avec elle que je veux faire ma vie déclare Ethan d’un ton noble.

  • Enchanté déclare monsieur Varnier de Saint-Éloi en baisant ma main.

Ses yeux gris croisent les miens, je suis frappée par la ressemblance avec son fils.


  • Tu comprendras tout seul que ce n’est pas ce genre de femme qui te convient déclare sa mère en me regardant avec mépris.

  • Quelqu’un qui n’est pas de votre classe sociale ? Demandai je pour affirmer mon caractère. Vous savez avec tout mon respect, cela ne fait pas de moi une femme minable et sans ambition.

  • Certes mais c’est deux mondes différents à un moment ou à un autre cela va vous rattraper et votre amour ne sera plus possible continue cette vipère.

  • Le votre et le sien sont différents c’est certain ! Mais je suis comme elle , un homme simple ce qui fait de nous un couple parfaitement compatible rétorque Ethan en resserrant sa main dans la mienne tout en la défiant du regard.

  • Tu es tombé bien bas fils depuis ton entrée chez les pompiers ! Tu vaux tellement mieux que ça !!! Tu aurais pu aspirer à beaucoup mieux ! Posséder toi aussi tes propres galléries d’arts dans toute l’Europe ! Continue sa mère.

  • Si c’est pour que vous me rabaissiez, nous repartons directement ! Tonne Ethan d’un air sec. Vous êtes mes parents j’étais heureux de vous présenter ma petite femme ! De toute façon ce n’est pas à vous qu’elle doit plaire mais à moi ! Que ça vous convienne ou non c’est pareil !

  • Bon soyons courtois, entrons dans la demeure ! Et arrêtons ces enfantillages... s’exclame le père.

Les deux bourgeois nous précèdent, mon homme est déjà sur ses gonds prêt à bondir au prochain assaut. Je comprends mieux pourquoi il ne supporte pas ses parents. Le château est immense autant à l’intérieur qu’à l’extérieur. La salle à manger est typiquement ancienne avec des fresques, des dorures signe de richesse. Forcément je ne me sens pas du tout à l’aise.


Ethan me tire la chaise sur laquelle je prends place. Elle est en tissu épais au niveau de l’assise dans les tons de bordeaux avec des grappes de raisins et autres motifs du genre.


Il me chuchote de poser ma serviette sur mes genoux.


Je suis complètement perdue devant la multitude de verres et de couverts, tout des trucs que je trouve complètement débile.


Ethan me prend la main sous la table alors que son père nous sert un doux vin blanc qui doit coûter extrêmement cher.


  • Alors Betty-Lou que faites-vous dans la vie ? Demande son père en croisant ses mains et posant son menton dessus.

Je constate qu’il porte exactement le même genre de chevalière que celle qu’Ethan a sorti dans la boutique.


Je me sens nerveuse, mes mains tremblent posées sur mes genoux.


  • J’ai toujours aimé être au service des autres Monsieur Varnier de Saint-Éloi commençai je la voix tremblante. J’ai débuté en tant qu’infirmière pendant un an (sa mère me regarde hautainement) puis j’ai eu une révélation en sauvant une personne dans la rue. Je suis sapeur pompier professionnel, j’ai pour vocation de sauver des personnes. Certes c’est loin d’être un métier de richesse, ça rapporte pas des cents et des mille mais ça me passionne vraiment. Et vous ?

  • Nous sommes propriétaires de grandes galléries d’arts à l’étranger et en France ! Répond son père.

  • Ce sont les plus connues et renommées ! Renchérît sa mère pour montrer leur importance comme si je ne l’avais pas compris. On peut dire que l’on a réussit dans la vie ! On a tout pour nous !

  • Wahou c’est formidable ! M’exclamai je étonnée.

  • Par contre on ne peut pas dire que vous ayez réussi les liens familiaux ! L’amour d’une famille ! L’amour de votre fils ! Lâche mon homme sans retenue.

  • Ethan arrête chuchotai-je en effleurant sa cuisse fortement tendue à l’extrême.

  • Arrête tes gamineries Ethan Varnier de Saint-Éloi ! Tonne son père en fronçant ses sourcils châtains clairs. Tu n’as manqué de rien ici ! On a toujours veillé à ton bien être ! Tu as été bien nourri ! Tu as fais de bonnes études qui d’ailleurs auraient pu t’offrir un merveilleux métier ! Tu avais un toit sous la tête alors de quoi te plaindre ?!

  • Manquer de rien !? Vous êtes sûr de vous père ?! Je n’ai eu aucune relation avec vous ! Je n’ai pas eu l’amour de mes deux parents ! Si je peux vous appeler ainsi d’ailleurs ! Jamais on ne se voyait ! Vous n’aviez aucun moment à m’accorder ! Ceux qui m’ont éduqué et qui sont ma famille c’est Jean-Marc et Joséphine la gouvernante !

  • STOP ! Crie son père en tapant du poing sur la table ce qui me fait sursauter.

Nous sommes à présent servis pour les entrées.


Des toasts de caviar autour d’un lit de salade verte avec une vraie tranche de saumon avec des petits assortiments du genre tomates cerises, framboises, groseilles, tranches de citrons, coqueret du Pérou.


Je regarde Ethan ne sachant pas quels couverts utiliser tellement il y en a.


  • Tu commences par l’extérieur, les plus loin de ton assiette, ceux sont ceux pour l’entrée me murmure t-il en déposant un baiser sur ma joue.

Je le gratifie d’un petit sourire en portant ma fourchette à ma bouche puis je tapote le coin de mes lèvres avec ma serviette.


  • Vous n’êtes pas très causante Betty-Lou ! Déclare sa mère. Je ne comprends pas comment mon fils peut vous porter de l’intérêt !

Je lui souris poliment ne sachant quoi répondre. Il est difficile de tenir aisément une conversation avec une personne n’ayant pas les mêmes centres d’intérêts ni même les mêmes moyens.


  • Vous savez que ce genre de boa est totalement démodé ! Toute comme votre coiffure qui n’est pas des plus modernes ! Vous n’êtes tout de même pas très classe rétorque sa mère pour tenter de me déstabiliser.

Je vois que les doigts de mon chéri se resserrent autour de sa fourchette, ses joues rougissent également ainsi que quelques gouttes de sueur dégoulinent le long de son front.


  • Je vois bien que je ne suis pas celle que vous auriez aimé avoir comme belle-fille ! Mais j’ai fais l’effort de m’adapter à vos codes ! Et je vous respecte, j’aimerai que ça aille dans les deux sens afin que l’on passe tous les quatre une merveilleuse journée. Moi non plus tout vos habits, votre style n’est pas forcément de mon goût mais je ne critique pas dis-je d’un ton ferme.

  • Au moins vous savez ce que vous voulez, vous êtes entêtée c’est une bonne chose dit son père pour détendre l’atmosphère.

Les assiettes sont débarrassées et les suivantes nous parviennent aussitôt.


Un délicieux chapon aux truffes dont Monsieur Varnier de Saint-Éloi nous explique la recette et la provenance.


Il faut avouer que la cuisine est délicieuse, je ferme les yeux pour savourer chaque bouchée et la sauce qui accompagne le plat.


Ses parents quittent quelques minutes la table une fois nos assiettes terminées. Ethan me prend la main et m’embrasse amoureusement.


  • Je suis désolé de toutes les remarques que tu te prends dans la figure me murmure t-il ça me fait mal pour toi.

  • T’inquiètes pas je tiens le coup dis je en le bécotant n’ayant pas vu que ses parents reviennent à table, sa mère me regarde avec dégoût.

Sa mère ne cesse de balancer des réflexions à mon égard ce qui me déstabilise de plus en plus, je me sens blessée et bloquée de toute réponse.


Je baisse les yeux dans mon assiette alors que mes mains se triturent nerveusement. Je ne sais pas si elle est jalouse ou tout simplement conne et méchante mais j’ai beaucoup de mal à encaisser. Je comprends mieux pourquoi Ethan ne supporte pas ce milieu et encore moins ses parents. Son père m’a testé lui aussi mais ce n’est pas le même ressenti, elle c’est vraiment de l’acharnement.


Étant tout de même sensible, j’ai envie de pleurer. Je m’efforce à me contenir, je croise le regard d’Ethan, je le sens peiné et crois voir ses yeux luire. Cela me déchire le cœur et dire que c’est entièrement de ma faute, jamais je n’aurai dû lui réclamer une rencontre avec ses parents.


Elle continue d’appuyer là où ça fait mal, ça en est trop pour moi. Les larmes roulent sur mes joues devant le regard satisfait de sa mère qui jubile d’avoir réussi à me piquer à vif.


Ethan se lève brutalement de table, au passage tombent deux verres à pieds qui se rompent en morceaux tranchants.


  • C’EST BON ?! VOUS ÊTES CONTENTS ?! VOUS AVEZ RÉUSSI À FAIRE PLEURER BETTY ! P***** VOUS ÊTES VRAIMENT UNE GARCE ! S’emporte Ethan qui se contenait depuis un moment.

  • Comment oses-tu !? S’écrie sa mère indignée en agitant ses mains de manière choquée poussant des cris.

  • VOUS LUI MANQUEZ DE RESPECT ET ÇA C’EST INADMISSIBLE ! JE NE VOIS PAS POURQUOI J’EN AURAIS POUR VOUS ! Hurle t-il. VOUS DEVRIEZ ÊTRE HEUREUX POUR VOTRE FILS ! QUE DALLE ! CE N’EST PAS VOUS QUI VIVEZ AVEC BETTY ALORS QU’EST-CE QUE ÇA PEUT VOUS FOUTRE ?! TOUTE FAÇON À CHAQUE FOIS QUE L’ON SE VOIT ÇA SE PASSE COMME ÇA ! À UN MOMENT FAUT PEUT-ÊTRE SE REMETTRE EN QUESTION ! TOUT CE QUE VOUS ALLEZ GAGNER, C’EST DE PERDRE LE SEUL FILS QUE VOUS AYEZ ! CONTINUEZ VOUS ÊTES SUR LA BONNE VOIE ! FRANCHEMENT TU N’AS AUCUNE CLASSE ! TU NE VAUX PAS MIEUX ! C’EST BON VOUS M’AVEZ CASSÉ LES ....... !

Je reste scotchée sur ma chaise, je me sens mal d’avoir mis la zizanie tout ce que je voulais c’était de m’intéresser à sa famille.


  • Quelle vulgarité ! Grogne sa mère. Tu as intérêt à vite changer de ton et tu n’as aucune permission de me tutoyer !

  • Je n’ai pas à changer de ton, on va se casser ! Viens Betty-Lou ! M’ordonne t-il toujours autant en colère.

Je me lève à mon tour esquissant un demi sourire mêlé à mes larmes, ma main rejoint celle d’Ethan. Il précipite le pas jusqu’à l’extérieur où Jean Marc est en train de tirer sur sa cigarette.


J’essuie discrètement mes larmes alors que le chauffeur nous intercepte.


  • Vous ne partez pas déjà ?

  • Bien sûre que si, deux heures nous ont suffit ! Grogne Ethan.

  • Et encore deux heures c’est un record avec toi ! Dit Jean-Marc. Oh ma jolie Betty tu n’as pas l’air dans ton assiette ?

  • Ils ont été odieux avec elle surtout ma vipère de mère ! Une vraie connasse !

  • Aller détends toi c’est terminé ! Rétorque Jean-Marc avec un air bienveillant en posant sa main sur son épaule.

Ethan me prend par le cou et me blottit contre ses pectoraux, j’entoure sa taille de mes bras et me laisse aller contre son torse.


  • Je suis désolé bébé me chuchote Ethan.

  • Tu n’as pas à l’être rappelles toi que j’ai insisté pour cette rencontre renchérissai-je.

Nous montons dans la calèche qui rejoint le parking afin que nous puissions récupérer notre voiture.


Je m’attache silencieusement puis me tourne face à la vitre pour fondre de nouveau en larmes alors que mon copain salue Jean-Marc.


Ethan entre à l’intérieur de l’habitacle, je sens sa grosse main se poser sur mon épaule, cela m’arrache un sursaut mais ne me fait pas retourner pour autant.


Il démarre le contact en poussant un profond soupire en passant une dernière fois sa main dans mes cheveux. Il me raccompagne chez-moi. Je pleure de longues minutes dans les bras de ma maman alors que mon père tente de me rassurer par de douces paroles.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire passionfruits ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0