Chapitre 11

9 minutes de lecture

❤️ BETTY-LOU ❤️


De passer la journée avec Oscar c’est beaucoup moins excitant que d’être avec le lieutenant Varnier mais ça a le mérite de m’apprendre pleins de choses.


Il m’a fait un cours théorique dans le hangar sur le nom de chaque matériel et de leur utilité. Pour vérifier que j’ai été bien attentive, Oscar me questionne sur tout ce qu’il vient de me montrer.


Les réponses que je lui fournis semblent le satisfaire à mon grand soulagement. Ethan passe plusieurs fois apporter des choses dans le hangar, je ne le calcule pas mais sens son regard se poser sur moi.


Oscar continue d’enrichir mon vocabulaire et ma culture au sujet de la caserne et toujours avec une pointe d’humour.


J’explose de rire par moment et cela me remet du baume au cœur.


Après m’être douchée, je sors du vestiaire vêtue de ma petite robe dans des tons chauds décolleté en V. Celle-ci se met sans soutien-gorge car elle présente des bonnets légèrement rembourrés, mes petits escarpins. Un maquillage léger et rafraîchissant.


Je sursaute en ouvrant la porte du vestiaire ne m’attendant pas à voir le lieutenant calé contre la porte.


  • Ce n’est pas possible d’avoir un peu d’intimité dans cette caserne ?! M’exclamai je sèchement.

  • Betty-Lou attends s’il plaît ! S’exclame t-il en courant presque.

Je lui renvoie la porte d’entrée dessus et précipite le pas pour atteindre ma voiture.


Ethan m’attrape le bras pour que je lui fasse face, je me dégage aussitôt.


  • Betty-Lou ! Attends ! Je dois te parler afin de m’excuser de ma réaction de ce matin dit-il.

  • Non ça ira lieutenant, je vais rentrer chez-moi me reposer. Les excuses je les ai attendu toute la journée retorquai je.

  • Betty-Lou, je ne sais pas comment me faire pardonner mais je serai bien avancé si tu me faisais la tête répond Ethan.

Ses beaux yeux gris attendent une réponse c’est évident mais je n’ai aucune envie de lui parler.


  • Acceptes de venir dîner avec moi ce soir, je t’emmène autour du port. Promis je t’expliquerai tout... quitte à te dévoiler certaines choses personnelles. Je ne veux pas qu’il y ait ce froid entre toi et moi. Alors certes je l’ai bien cherché mais j’ai réagi par protection et venant de ta part, ça m’a surtout vexé.

J’avoue que l’idée d’avoir une sorte de rencard avec le beau Ethan est largement plus tentante que de rentrer à la maison.


  • C’est d’accord dis je de manière laconique.

Ethan m’adresse un sourire bienveillant comme toujours et retrouve son air doux.


Il m’ouvre la porte de sa voiture, je m’installe en bouclant ma ceinture. Durant le trajet il tente de me faire la conversation, je ne réponds pas et me tourne contre la vitre. Ce n’est pas parce que j’ai accepté de faire un tour avec lui et d’écouter ses explications que je vais lui parler durant le trajet ! Il faut qu’il comprenne que ça m’a attrapé.


Arrivés sur place, il m’ouvre la porte. On voit que c’est les beaux jours, il y a tout de même beaucoup de monde aux abords du port.


Nous marchons côte à côte pour ne pas aller en terrasse trop tôt. Ce petit tour autour du port est très sympa. De temps en temps sa main frôle la mienne, il est possible que ce soit volontaire de sa part.


Je ne lui en veux déjà presque plus, il est tellement mignon que j’ai du mal à vouloir le bouder plus.


Nous nous installons au comptoir du port, Ethan tire ma chaise pour que je puisse m’asseoir.


  • Merci Ethan murmurai je.

Nous commandons des Malibu. Lorsqu’ils nous sont servis, on trinque yeux dans les yeux.


Je me perds dedans en attendant qu’il débute une conversation.


Ethan me sourit tout en posant son menton sur ses mains croisées. J’ai bien l’impression qu’il essaye de me charmer.


Les échanges de regards se font pendant plusieurs minutes.


  • Je suis intimidé me chuchote t-il en me cherchant du regard.

  • Tu n’as pas à l’être dis je en posant hâtivement ma main sur la sienne. Ce n’est que moi Ethan.

  • Raison de plus dit il en souriant. Je m’excuse sincèrement envers toi, jolie jeune femme. Je n’aurai jamais dû te pousser à bout comme je l’ai fais.

  • Surtout que je n’ai fais exprès de te froisser Ethan... déclarai je. Mon intention était seulement de te taquiner ! Je n’avais pas l’intention de me moquer de toi ! Je t’aime bien et je voulais t’embêter. Donc oui ta réaction m’a blessée.

  • Oui je sais c’est bien pour ça qu’on est là tous les deux... je ne sais pas trop par où commencer. J’espère surtout que tu ne porteras pas de jugement à mon égard.

  • Je viens effectivement d’un milieu aisé rempli de snobinards.... j’ai grandi dans ce moule, je n’étais pas à l’aise dans ce monde qui est loin de ma simplicité. Vers l’adolescence voir même un peu avant j’ai décidé de sortir de tout cela. Ça m’a valu de nombreuses réflexions et engueulades avec ma famille ! Mes parents ne comprenaient pas que je n’aspire pas à la bourgeoisie. Mon géniteur est un grand marchand d’art possédant des galeries dans toutes les grandes capitales !

Je fixe attentivement mon lieutenant.


  • Ça doit te choquer que je dise géniteur plutôt que père mais tu vas vite comprendre les raisons. Il y a toujours eut un fossé entre lui et moi. Je n’étais que son digne successeur avant même d’être un fils pour lui. Il a essayé de me formater, de m’éduquer dans ce sens mais je me suis vite braqué ! Tout ce que je voulais c’était de l’amour et de l’attention de mon père ! J’ai toujours aspiré à autre chose, j’avais envie de me sentir utile pour la société et aussi avoir de la reconnaissance des gens ! Car je n’en ai jamais eu au sein de ma famille ! Il fallait absolument que je vouvoie mes parents pffff du grand n’importe quoi ! D’ailleurs jamais je ne voyais mes parents ! Ceux qui en faisaient office c’était le chauffeur et la gouvernante qu’ils m’ont collé. Mon chauffeur était un second père pour moi, il avait beaucoup plus de valeurs humaines ! Je tiens ma passion pour la mécanique de lui ! Je passais beaucoup de temps avec lui, je devais lui faire pitié, de fil en aiguille nous avons noué une bonne relation et il m’a expliqué tout un tas de choses sur les moteurs. Ado, je l’aidais à entretenir les voitures et les motos. Ça énervait mon père que je puisse avoir les doigts pleins de cambouis avant de passer à table ! Je m’en foutais c’est ce que j’aimais ! Sinon la vie était emmerdante là bas ! Mes parents n’ont jamais compris pourquoi je voulais absolument travailler et encore moins de devenir pompier et d’être au service des autres. Car pour lui avec notre patrimoine je pouvais prétendre à autre chose. Tu vois pour eux c’est la honte d’avoir un fils pompier, pas friqué et qui casse les codes de son milieu. Ils n’ont jamais compris et pensent que je fais une crise d’adolescent, que je reviendrai à la maison ! Je ne supporte pas mon nom de famille, il me rappelle tant mes origines, mes souffrances, mes galères pour devenir pompier. Ça m’a suivi de partout ! Encore plus lorsque je suis rentré à la caserne ! Qu’est-ce qu’un petit bourgeois peut bien foutre dans une caserne ? Ça m’a valu de nombreuses moqueries de la part de mes collègues. C’était invivable ! Un jour j’ai pété un câble, j’ai recadré tout le monde. Depuis j’ai décidé de me faire appeler VARNIER. Il n’y a que sur les feuilles d’intervention et les papiers officiels que c’est obligé d’être complet. Je m’excuse d’avoir été plus que pas cool avec la fille que j’aime bien mais saches que j’ai perçu ça comme une moquerie. Ça faisait très longtemps que ça ne m’était pas arrivé... j’aurai dû me douter que venant d’une femme aussi douce que toi ce n’était pas méchant dans le fond mais je me suis emporté.

Je maintiens un long silence tout en ne le quittant pas des yeux. Ma main glisse le long de la table pour se poser délicatement sur la sienne. Je reste ainsi de nombreuses minutes et il ne se dégage pas pour autant.


  • C’était peut-être immature de ma part de blaguer là dessus murmurai je. Je m’en excuse, je ne l’aurai jamais fais si je savais que ça te blesserait m’exclamai je. Parce que c’est la dernière chose que je souhaite : te blesser.

  • (Se racle la gorge, ses joues ont pris des couleurs) Tu ne pouvais pas savoir.

  • Oui c’est sûr mais j’aurai préféré ne pas me prendre la tête avec toi. Merci de m’avoir expliqué toutes ces choses à ton sujet, je comprends un peu mieux ta réaction. Et que ça n’a pas dû être simple dans ta vie.

  • Merci de m’avoir écouté et de ne pas me juger. Je ne suis pas fier de mon passé et de mes origines... mais tout ça est à peu près derrière moi n’en parlons plus. Ça n’empêche pas que je m’en veuilles de t’avoir parlé comme ça.

  • N’en parlons plus Ethan murmurai je en caressant sa main avec le bout de mes ongles puis la relâche.

Il soupire avant de m’adresser un magnifique sourire. Du genre craquant... mais vraiment trop craquant quoi !


Le serveur nous amène le repas que l’on a commandé et nous discutons durant tout ce temps-là. Il est intéressant, mâture et sait tenir une conversation.


Nous sortons de table, il se montre galant et paye l’addition.


Puis nous allons faire le tour du port en marchant très doucement pour pouvoir apprécier le moment et ne pas rentrer trop tôt. Lorsque je suis avec lui je n’ai pas envie de rentrer !


Sa main frôle la mienne, elle est toute mouate, est il nerveux ? Puis il ose venir me tenir la main. Ses doigts s’enlacent aux miens.


Mes yeux brillent d’excitation, je suis la plus heureuse et tous mes soucis se sont envolés comme par magie. Son avant bras se cale contre le mien. J’ai envie de le prendre par le cou ! De l’embrasser ! Il me fait un effet monstrueux !


Les sentiments que j’éprouve pour Ethan vont au-delà de l’amitié. En espérant que cela soit réciproque mais il y a des regards qui je pense ne trompent pas.


Ethan s’arrête en me faisant constater le magnifique coucher de soleil. Mes cheveux virevoltent dans le vent, je suis émerveillée par cette soirée et ces couleurs chaudes qui peignent le ciel.


Ethan photographie le ciel avec son portable puis je lui prends des mains tout en me calant devant lui pour prendre un selfie de nous deux. Je regarde la photo pour être sûre qu’elle soit réussie et on dirait vraiment une photo de petit couple.


  • Merci, je n’ai pas osé le faire mais j’étais bien tenté déclare t-il en regardant l’écran de son portable.

  • Ethan je passe la plus belle soirée de ma vie chuchotai je du bout des lèvres.

Mon lieutenant réagit en me faisant face et en m’offrant en câlin. J’en profite pour me coller à lui. Son cœur bat assez vite sous la paume de ma main. Je l’effleure avec tendresse. Si j’arrive à accélérer les battements de son cœur c’est tout de même un sacré signe !


J’expire du souffle chaud à l’intérieur de son cou ayant presque envie de le goûter.


Ses bras se resserrent autour de moi et sa main me froisse les cheveux.


  • Il se fait tard murmure Ethan à mon oreille. On ne va pas trop tarder.

  • Non en effet... dis je à contrecœur.

Avant de relâcher mon étreinte, mes lèvres frôlent la peau parfumée de son cou puis embrassent l’intérieur de celui-ci. Ethan lâche un ´´ hummm ´´ discret quasiment inaudible de surprise.


Si j’osais je lui sauterai dessus ! Son contact me procure certaines.... sensations.


Je me détache de lui tout en ne quittant pas sa main. Nous sommes encore assez proches, il me dévore du regard étant à seulement quelques centimètres de mon visage. Mes yeux se perdent dans ses magnifiques iris grises.


Son regard parcoure mon corps ce qui m’inflige une douce vague de chaleur. Je me sens désirable lorsque ses yeux suivent la ligne centrale et les courbes de mon décolleté. Il revient sur mon visage.


  • Tu es une femme vraiment très belle... magnifique serait même plus approprié me chuchote mon lieutenant.

  • Ohhhh venant de ta part ça me fait trop plaisir ! Dis je en rougissant. Et toi... tu es plus que canon. Vraiment bel homme.

  • Est-ce que je serai ton genre ? Dit il avec un air malicieux en commençant à prendre la direction du retour.

  • Peut-être dis je de manière évasive.

Cela le fait sourire.


  • Peut-être que tu es le mien aussi... continue t-il.

Lorsque je descends pour reprendre ma voiture, nous nous étreignons. J’aime vraiment son parfum, sa personne, sa douceur... presque envie de ramener cet homme à la maison. Ethan me fait une bise sur chacune de mes joues presque dans le coin de ma bouche.


C’est comme ça que nous nous sommes quittés.

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