Chapitre unique

2 minutes de lecture

A chaque fois, l'histoire commence de la même manière. 

C'est une obscure annonce dans un journal, plutôt énigmatique. Pour une raison qu'on ne comprend pas vraiment, on se sent intrigué, comme appelé, et on décide de se rendre à l'adresse de la boutique.

Le plus souvent, c'est une échoppe d'antiquaire, un vaste bric-à-brac. Parfois, c'est une librairie, tellement encombrée qu'on peut à peine y circuler. Elle semble abandonnée, mais un panonceau indique que c'est bien ouvert et nous invite à entrer.


On vérifie l'adresse, un peu perdu, perplexe, et par curiosité, malgré la légère inquiétude qui monte, on pénètre dans le local sombre. La clochette de l'entrée tinte dans le silence des lieux. On entend juste, venant du fond, une vieille radio crachoter un air familier, ancien, populaire. C'est un air qui nous dit quelque chose, qui nous replonge dans des souvenirs plutôt vagues et imprécis.

Plusieurs secondes passent, on a le regard attiré par le contenu des étagères de la boutique. On entre davantage, on observe des objets hétéroclites ou des livres anciens, des références qui rappellent l'enfance, les grands-parents, les vacances.


On sursaute lorsqu'on entend le parquet grincer derrière nous, et un malaise s'installe lorsque votre regard croise pour la première fois celui d'Henry. 

Henry est le propriétaire de l'échoppe. C'est un petit vieux, habillé dans un costume hors d'âge, aux couleurs délavées, une fleur séchée à la boutonnière. Quand il vous regarde, il vous scrute, perce tous vos secrets, et vous connait bientôt mieux que vous même. Il vous cerne, jusqu'aux tréfonds de votre âme.

Sans un mot, il s'éloigne, se retourne et va fouiller dans ses tiroirs. Vous restez pétrifié pendant ce temps là. Rien ne vous empêcherait de fuir, mais si l'esprit y est, vos jambes refusent de bouger.

Henry revient toujours avec ce dont vous avez besoin, même si vous ne le savez pas encore. Il vous emballe ce dont il s'agit, proprement, dans du papier kraft bien épais, fermé avec une ficelle, et vous l'offre.

Vous êtes perplexe et protestez que vous n'avez rien demandé. Il reste muet, et vous regarde avec un sourire faible, conscient qu'il est de ce qu'il vous offre. D'un geste amical, il vous prend par l'épaule et vous emmène vers la porte. 


Dépassé par les événements, vous tentez sans succès de résister, de comprendre ce qu'il se passe, d'avoir des explications.

Sans vous en rendre compte, vous vous retrouvez dehors, complètement ahuri. Dans vos mains, un paquet, bien fermé, plutôt lourd, ou très léger, c'est selon. Quelques instants plus tard, vous avez repris vos esprits, et vous haussez les épaules, bien décidé à rentrer chez vous.


Vous faites quelques pas mais une sensation étrange ne vous quitte pas. Quelque chose est différent, sans pour autant que que vous ne puissiez mettre un mot sur ce qui vous perturbe. Les passants vous dévisagent.

Vous en faites autant.

Et la terreur vous saisit.

Vous n'êtes plus au même endroit. Vous n'êtes même plus à la même époque. Vous vous retournez et il n'y a plus de porte. La boutique a disparu.


Vous voilà seul, avec votre cadeau, pour commencer une nouvelle vie.

Car vous avez rencontré Henry.

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